mar.
15
oct.
2024
PERSONNAGES
Assise sur une chaise à dossier droit de la pâtisserie Verdonck, elle est vêtue d’une robe noire arrivant aux mollets, et sur ses cheveux blancs, comme une crêpe, un petit chapeau de tulle noire, agrafé d’un camée. Penchée vers le comptoir, elle contemple les babas au rhum qui lui font monter l’eau à la bouche. Assis à la table voisine, seul comme d’habitude, je la regarde. Mon chien Pitz, loulou de Poméranie, accompagne mon vieil âge. Je voudrais parler à la dame car je ne rencontre plus personne, mes amis sont morts ou disparus, et les femmes me trouvent un caractère difficile qui empêche l’amour. J’en ai pris mon parti. Pas grave. Mais une conversation de temps en temps avec des personnes inconnues au cours de promenades, cela me plaît.
Je la vois qui lève un bras pour se signaler à Madame Verdonck, elle voudrait un des fameux babas. Moi aussi, mais je surveille mon poids, ma tension, un diabète ennemi des sucreries consolatrices. Je souris à Madame Verdonck et je continue à boire sans sucre mon café Gamma délices à petites gorgées. Je ne cesse pas d’observer la vieille dame tandis que mon chien dort à mes pieds tout près du radiateur. Nous sommes en novembre. La dame grignote son baba, avec une fourchette minuscule et pour recueillir le rhum exquis, une cuillère tout aussi petite. Je connais ce goût fort qui prend la gorge et réchauffe la tête. Mais rien de sucré ce jour. Je suis vieux, malade. Je marche avec précaution. Il ne faut pas commander une chaise roulante. Qui me pousserait ?
Il n’y a pas de clients aux autres tables, le salon de thé a les murs peints en rose avec des rideaux blancs aux deux fenêtres. De petits anges nus en plâtre attendent sur le comptoir qu’on veuille bien passer à la caisse.
Je me lève pour un besoin pressant, normal à mon âge, cela ne nécessite pas une visite médicale ni les honoraires d’un médecin. Du temps perdu, de l’argent cher payé, pour des embarras de prostate. Même si un ami célibataire en est mort à 80 ans, la famille s’est inquiétée trop tard après une semaine de silence du prostatique solitaire. Police, pompiers, et décomposition avancée du cadavre allongé sur son lit. Il était bien mort. Une prostate déréglée.
Au sortir des sanitaires, je vois la dame y entrer. Elle prend comme moi ses précautions avant de regagner son logis. Elle marche avec une canne. Moi, je me rassieds à ma table. Pitz n’a pas bougé. Il est habitué, bien dressé, poli et propre. Ah ! oui, j’aime ce chien, seul amour de ma vie.
Que dire à cette dame ? Si je l’aborde, elle risque de stresser. Aime-t-elle les gâteaux ? Vient-elle souvent ici ? Je ne l’ai pas vue avant ce jour, ni reconnue. Je ne suis pas physionomiste comme mon ami Karl qui n’oublie pas un visage. Il a fait une belle carrière dans la police et élucidé quelques affaires qui ont retenu la curiosité des médias.
Madame Verdonck est rentrée dans sa cuisine, ne pourra m’entendre si je dis quelques mots à la vieille qui déguste son baba.
Je lui dirai : « Il fait bien froid dehors, l’hiver sera rude. »
Mais j’attends qu’elle revienne s’asseoir. Sur son assiette, plus de traces de gâteries pâtissières.
Elle arrive lentement, se rassied, nuque courbée, rassemble l’écharpe, le manteau violet déposé sur un siège voisin. Je dis : « Il fait froid dehors, l’hiver sera rude. »
Elle doit être sourde ou mal entendante, comme on dit maintenant. Moi, mes oreilles fonctionnent bien, si on articule. Je ne me fâche pas si on ne répond pas. Chacun est libre, surtout si on est sourd. C’est une infirmité, je respecte les handicapés et les vieillards ralentis.
Il faudrait que je l’aide à revêtir le long manteau de laine violet, pas élégant mais couvrant jusqu’aux chevilles. Elle pourrait être gênée dans sa marche : un si long vêtement d’hiver !
Les vieux répugnent aux dépenses. On les croit pauvres en apparence, mais le carnet d’épargne et le compte à termes sont bien remplis. La mort est trop proche pour dépenser les économies.
Les vieux pensent chaque jour à leur mort dont ils ignorent la date et la cause. Accident, chute, ou maladie ? Quand cela ? Aujourd’hui ou demain, ou dans cinq ans ? C’est une méchante loterie. On a beau avoir des pressentiments, des rêves prémonitoires, des signes ou des fantômes rencontrés entre deux portes, rien n’est certain.
La mort vient comme un voleur, est-il écrit dans Les Evangiles. Le texte est précis : Le Seigneur vient comme un voleur dans la nuit. Aucune chance ! On dort, et la mort silencieuse traverse les murs de votre palais. La chaumière ne protège pas davantage.
Les esprits des défunts, qui nagent dans l’océan éternel, doivent rire de l’angoisse des futurs mourants. On s’est trop amusé dans ces temps de fête sans cesse renouvelée, et maintenant, il faudra rendre des comptes jusqu’au dernier centime.
Je pense à la mort quand je vois la dame âgée en robe noire et manteau violet. Elle va à la caisse où l’attend Madame Verdonck qui lui demande quelques euros. Ce n’est pas cher, j’entends la cliente qui a une voix fragile. Elle dit aussi : « J’adore vos babas, le rhum est délicieux. «
Je décide de quitter le salon de thé. Pitz a compris et se lève. Moi aussi. Je vais payer mon café Gamma délices et sortir derrière la dame âgée. « Au revoir Madame Verdonck », et je suis dehors dans le froid de novembre.
Il fait sombre dehors. Des réverbères éclairent parcimonieusement les trottoirs. Les politiques font des économies et ne pensent pas à protéger les mangeurs de baba au rhum.
Je me rapproche d’elle. Elle continue de marcher, à petits pas, appuyée sur sa canne : elle ne s’est pas retournée, elle n’a pas entendu que je la suivais. Je répète ma phrase : « Il fait froid dehors, l’hiver sera rude. »
Elle s’est arrêtée, avec un petit gémissement. Je vois mal son visage dans la nuit car l’éclairage est très réduit sur le trottoir.
Pitz s’est placé entre elle et moi. « N’ayez pas peur, Madame, le chien est très gentil. Je vous ai vue manger un baba à la pâtisserie. J’aime les babas, mais j’ai le diabète, ce n’est pas recommandé. »
Elle reste silencieuse, s’appuie contre le mur de la maison. Elle dit : « Laissez-moi tranquille, Monsieur, je dois rentrer chez moi. »
Le chien tire sur la laisse. « Mon chien demande la même chose, son panier et ses croquettes. Pas de babas pour lui. Au revoir Madame, excusez-moi de vous avoir fait peur. »
Elle n’a pas entendu ma phrase car elle s’est laissé glisser dos au mur comme une fusillée et est tombée en avant sur le visage.
Pitz a fait un bond sur le côté en aboyant. Que de bruits !
Des fenêtres s’allument. Je crie au secours.
Henri de Meeûs
2024
lun.
09
sept.
2024
Mes quatre trésors
J’ai eu successivement quatre chiens dans ma vie. Des cadeaux du Ciel. Des êtres adorables. Cela a duré quarante-huit ans, jusqu’à ce jour, soit douze années pour chacun des trois premiers chiens, et mon quatrième, Lola, toujours en vie, qui vient d’avoir douze ans, et qui se porte très bien.
Les trois premiers chiens étaient de la race des bouledogues français, et le quatrième, toujours en vie, est un lévrier anglais dit whippet.
CORA
Le premier bouledogue français, une femelle de couleur bringée, noir et feu, fut achetée à trois mois dans un élevage de cette race situé dans la Flandre profonde ; elle s’appelait Cora. C’était en 1976. Je l’avais ramenée emballée dans deux serviettes de coton et placée sur le siège avant droit de ma voiture, à portée de main pour la rassurer et, après une heure de route, la présentai à mes parents.
Je venais de changer de situation, très fatigué par 6 années le stress dans une société de courtage immobilier et par l’anxiété caractérielle du directeur général (dont le visage ressemblait à celui de Dostoïevski) et qui, de 1969 à 1976, s’il me faisait une entière confiance, n’hésitait pas, à m’interroger sans cesse sur le montant du chiffre d’affaires mensuel.
Vivant seul à Bruxelles, et y travaillant, il était impossible de garder Cora chez moi enfermée toute la journée dans un appartement sans pouvoir sortir pour des promenades.
Elle fut donc confiée à mes père et mère qui habitaient une jolie propriété en Campine anversoise, château, parc, étang.
A Cora, la liberté et la vie campagnarde. Pelouses, taillis, et petits gibiers.
Mes parents aimaient Cora qui le leur rendait bien. Elle accompagnait chaque matin mon père dans sa voiture quand il allait acheter les journaux au village. En semaine, Cora était la fidèle compagne de mes parents mais aussi une rivale pour les deux teckels, fameux chasseurs, qui occupaient la maison déjà depuis quelques années et qui n’envisageaient pas de laisser toute la place à la bouledogue. Mais elle apprit à composer et devint à leur contact une chasseresse passionnée de lapins, de chats et de rats musqués dans le parc. Elle courait aussi vite que les teckels mais plus lourde qu’eux, elle ne pouvait rattraper les zigzags d’un lapin que les bassets finissaient par coincer dans un terrier.
Folles chasses des chiens ivres d’espace. Aucun fusil.
A dater de 1976, je passais le weekend chez mes parents pour me reposer d’un nouveau job qui durera 27 ans dans une banque bruxelloise.
Lors de mes arrivées, le samedi midi, arrêtant ma voiture devant les cuisines, j’entendais les hurlements de joie de Cora qui savait que son maître était là. Cris d’amour, aboiements stridents, elle était la première à m’accueillir, descendant comme une folle les escaliers menant au jardin.
Aucun être vivant ne m’a jamais porté un tel amour. Cela dura toute sa vie de douze années. Quand j’étais là, mes père et mère n’existaient plus pour elle. Cette adorable créature me suivait partout. C’était moi son chéri, moi seul jusqu’au dimanche soir quand je la quittais pour rentrer à Bruxelles.
Jusqu’à ses derniers jours, à chacune de mes présences de week-end, elle refusait de s’éloigner de moi, et durant ses derniers mois de vie, elle se traînait encore pour me suivre, ses pattes arrières bloquées par une arthrose paralysante.
Mon âme pleure cette créature exceptionnelle, et cet amour, plus vrai, plus intense, que l’amour d’un être humain.
Le vétérinaire du village abrégea ses souffrances.
Pleurs et tristesse.
PYM
Après la mort de Cora, j’achetai en 1988, dans un élevage de bouledogues français en province d’Anvers un chiot bouledogue mâle, qui adulte devint magnifique de proportions, costaud, au large poitrail, à la grosse tête admirablement expressive, les oreilles toujours naturellement dressées droites, les courtes pattes supportant un corps trapu, et comme celui de Cora, un pelage de couleur bringée (noir et feu). Son caractère doux contrastait avec son apparence redoutable. On dit que lorsque un bouledogue tient une proie entre les mâchoires, il ne la lâchera pas. C’est vrai. Mais je n’ai jamais eu le moindre incident avec les bouledogues, ils n’ont jamais mordu personne.
Excellent gardien, il était toujours le premier à nous avertir d’une visite, en aboyant à la fenêtre du hall, perché sur une banquette, inspectant de haut les visiteurs, avant même le coup de sonnette.
Pym aimait beaucoup la famille, les enfants, les petits-enfants et, comme les bouledogues souvent fascinés par les bébés, ils sont de véritables nurses protectrices ne quittant pas la voiture d’enfants.
Il adorait jouer. Dans le salon, ses nombreux jouets étaient éparpillés sur les tapis. Il connaissait le nom de chaque jouet.
Quand on lui demandait d’apporter le canard en caoutchouc
qu’il gardait sur sa couche à la cuisine, il fonçait dans les escaliers qu’il remontait tout aussi vite pour nous montrer le canard jouet. Fier de sa prouesse. Même chose avec d’autres jouets. Son extrême intelligence nous captivait.
Dehors, outre la chasse au lapin, un de ses passe-temps favoris était de parcourir les pelouses, d’une taupinière à l’autre, pour s’arrêter subitement, le corps tendu, la tête immobile au-dessus d’une taupinière, guettant le passage de la taupe dans une des galeries souterraines des pelouses. Tout à coup, subitement, sentant la taupe approcher, et vif comme l’éclair, il plongeait son museau dans la terre accumulée par l’animal aveugle - persuadé à chaque attaque, de la ramener entre ses dents - mais la taupe plus rapide avait eu le temps de s’enfoncer dans ses souterrains.
Pym jamais découragé de rater sa proie.
Pym m’accompagnait à chacune de mes promenades. Un jour, au bord de l’étang, nous rencontrâmes un gros rat musqué. Pym se précipita sur lui sans hésiter et avec sa large mâchoire, lui brisa les reins. Le rat musqué eut le temps de mordre une de ses babines. Je craignis une infection, mais le vétérinaire désinfecta la plaie. Il n’y eut pas de suite heureusement.
Les bouledogues français sont très intelligents, fidèles, n’aiment ni la chaleur ni les trop longues promenades. Leur museau écrasé entrave l’aisance de la respiration. Ils sont l’idéal pour une famille, et notamment pour les enfants.
J’en veux à ma sœur aînée d’avoir discerné un hypothétique cancer de testicule à Pym qui se portait le mieux possible. Elle voulut le montrer au vétérinaire. Je le lui permis, hélas.
L’avis du vétérinaire fut d’opérer par précaution. Je ne réagis pas, étant trop occupé à Bruxelles par mon job à la banque.
Le chien fut donc endormi et le testicule enlevé. L’horreur fut que le vétérinaire avait injecté une dose trop élevée d’anesthésie à mon Pym qui, quand il se réveilla, avait perdu l’esprit, ne se retrouvait pas dans ses habitudes de vie, devint peureux. Il avait perdu son intelligence exceptionnelle. Quand je l’appelais, il arrivait en courant et s’il ne voyait pas qu’une porte était fermée, il se cognait la croyant ouverte. Il était désorienté, infirme, de la faute d’un vétérinaire incompétent. Depuis, je suis devenu extrêmement méfiant lorsqu’un on évoque une anesthésie.
Pym mourut en 2000 amoindri par cette erreur médicale.
BILLY adulte
Billy fut mon troisième bouledogue français. Les standards avaient un peu modifié l’allure du bouledogue, préféré plus petit à cette époque, avec des pattes plus courtes, mais les oreilles étaient toujours dressées bien droites, et la petite queue en s bien dessinée.
J’achetai Billy en 2000. Il garda le lit et les jouets de Pym, et comme lui fut un chasseur et le gardien de la maison de mes parents.
Commençant ma retraite en 2004, je résolus de le prendre avec moi dans l’appartement à Bruxelles. Billy avait un caractère calme, flegmatique et aimait dormir. Exemple : Je passais une journée à Paris, quittant Bruxelles à 8 heures et rentrant chez moi à 21 heures, je retrouvais Billy dormant profondément dans son panier. Mon absence n’avait causé ni dérangement ni désordre, et il restait toujours propre.
Il était gourmand, aimait les restaurants, suscitant la curiosité des clients. Il m’accompagnait toujours dans les promenades. Nous allions chaque samedi matin au Sablon au marché des Antiquaires. Billy était bien connu des marchands. Billy suscitait l’intérêt des touristes asiatiques qui me plaçaient au premier rang avec Billy pour une photo souvenir.
Nous allions aussi prendre le petit-déjeuner chez Wittamer où les croissants et le chocolat chaud nous rendaient la vie joyeuse. A Billy comme à moi.
Retraité, ayant davantage de temps, j’eus l’idée saugrenue d’acheter un second chien, mais d’une autre race que le bouledogue français. Mon choix s’arrêta sur le lévrier whippet, très différent du bouledogue. J’entrepris de chercher un élevage de lévriers whippets, en trouvai un excellent près de Liège, et réservai un chiot femelle pour octobre 2011.
Et ce fut une whippet que j’allai chercher à l’élevage dans les Ardennes. Elle portait le nom de Lost in love sur son pedigree, mais je simplifiai en la nommant Lola.
Billy vivait encore et dut accepter cette jeune chienne pleine d’exubérance et partager avec elle la couche et les jouets, ainsi que les promenades, dorénavant celles d’un maître et de ses deux chiens. L’attelage était comique, vu les différences de tailles : le vieux petit bouledogue trapu, à pattes courtes et la princesse whippet au profil aristocratique et au pelage tigré de grande dame snob.
Billy avait observé la donzelle ; il ne fit rien pour corriger les excès d’énergie, mais Lola dominante le houspillait dans l’appartement, courant derrière lui en lui mordillant les oreilles.
Billy jeune
Toutes ces émotions n’améliorèrent pas la santé de Billy. Il se réfugiait sous mon bureau, sachant que je le protègerais. En octobre 2011, sa santé déclina ; il commença des petites attaques qui l’étendaient raide sur le sol.
En mai 2012, il fallut l’euthanasier. Lola ne semblait pas affectée, mais exigea en hurlant la première nuit qui suivit la mort de Billy, de dormir dans le salon sur le canapé trois places. Ce que Billy n’avait jamais osé demander. Ce canapé la fit taire immédiatement et devint le lieu de repos diurne et nocturne de Lola. Elle détruisit en huit jours, à coups de dents, les 17 jouets de Billy. Je lui achetai quatre nouvelles peluches, toujours intactes à l’heure actuelle.
Lola a maintenant 12 ans. Elle est toujours bien vivante et en excellente santé.
Lola (suite)
Lola née Lost in Love en juillet 2012 est un chien magnifique de la race lévrier whippet, c’est-à-dire « chien du vent ». Une tête extrêmement distinguée, un long museau, des dents longues et pointues de chasseresse, un pelage strié de bruns, de noirs et de gris, de longues pattes fines aptes à la course. Ces chiens atteignent en course 60 km à l’heure.
Son éleveuse était renommée pour la beauté de ses chiens.
Le spectacle d’un lévrier courant est d’une extraordinaire beauté. La chasse avec cette race de chiens est interdite en Belgique car le gibier n’aura aucune chance d’échapper.
Je continue donc mon récit à propos de Lola.
Ce chien n’a qu’un seul maître, celui qu’elle adopte au début de sa vie, avec qui elle demeure, se promène. Elle est gourmande mais s’arrêtera de manger ses croquettes si elle voit que je me prépare à sortir. Elle supporte sans problème la laisse ou un lien plus long pour qu’elle puisse courir. Après une expérience de l’avoir attendue une demi-heure dans un bois où elle avait flairé un gibier, et ne revenait pas malgré mes appels
angoissés, je ne l’ai plus lâchée, de crainte de la perdre, ou qu’elle soit volée.
Personne n’existe vraiment pour elle que son maître, c’est-à-dire moi.
Au restaurant, dans les magasins, étendue sur les sièges arrières de ma voiture, elle est avec moi, elle participe, elle n’oublie jamais un restaurant où nous sommes allés, elle a une mémoire incroyable pour se repérer dans le paysage qu’elle voit depuis la fenêtre de l’auto. Elle adore les endroits où les serveurs avec ma permission, lui glisse une petite écuelle de blancs de poulets, qu’elle avale en deux bouchées.
Il y a toujours des clients, fascinés par sa beauté, qui viennent la caresser ou lui dire des mots doux. Elle se laisse faire mais en réalité, c’est son maître qui compte seul pour elle.
Je ne voyage plus depuis que j’ai ce chien. Le garder près de moi à Bruxelles me suffit pour mon bonheur. Avec elle, c’est du vrai. Après nos sorties, elle rentre dans l’appartement, et se précipite dans le canapé où elle domine la situation et peut s’endormir. Mais rien ne lui échappera, elle surveille d’un oeil mon fauteuil, mon bureau, si elle entend un certain déclic quand j’éteins l’ordinateur, cela lui laisse prévoir une promenade à pied ou en voiture.
Je remercie le Créateur de m’avoir donné tant de bonheur et de joies au contact de ces chiens superbes, dispensateurs de pur amour durant toute leur vie. Je crois que, s’ils sont au Paradis, et si Dieu le permet, je les retrouverai. Merci Seigneur.
Henri de Meeûs
2024
mar.
23
juil.
2024
Poèmes
_________________
Epousailles nordiques
°°°°°°°°°°°°°°
Je proclame à triple voix tes glorieuses épousailles
Venues du Nord, blondes, fraîches,
Descendues d’un carrosse armorié.
Le personnel du château attendait la souveraine
Et criait heureux les mariés, bienvenue !
Notre jeune dame d’un revers de sa main gantée
Caresse les joues des petits enfants
Que lui tendent les mères des cuisines
De blanc revêtues.
Il est barbu, bruni par l’été danois
Le long du Jutland terre des dieux
Où nu dans la délectable mer
Il nageait chaque jour vers midi
Une heure durant trop loin pour moi
Craignant qu’il se noie.
Cadeau à nos provinces
Elle se montre toute en grâces
Pas timide, main dans la main
De son beau prince la dame exquise
Jusqu’au baiser discret
Qu’applaudis ils se donnent.
Les lévriers accourent des chenils,
Aux colliers une rose.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
H de Meeûs 2024
Présence et Amour du Dieu caché
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Dieu est l’Amour infini hors fu temps et de l’espace, mais aussi
dans le temps et dans l’espace.
Dieu est invisible et pur esprit. Il est un seul Dieu en trois personnes, Il est la Trinité, Père, Fils et Esprit saint.
Trois personnes en un seul Dieu. Sans origine et sans fin.
Je crois à la divinité du Fils, Christ Jésus, mort sur la croix et ressuscité. Cela dépasse ma raison. Tant pis.
On prie Dieu sans qu’Il nous réponde. Son silence décourage.
Erreur ! Car Il nous parle dans le silence. Son expression n’est ni le bruit ni la parole. Il est de toute éternité dans le silence à notre égard.
Un Amour éternel et silencieux qui entend tout, voit tout, sait tout.
Il ne faut pas attendre de réponse ni cesser de Le prier.
Car Il est présent à chaque seconde dans le silence, qui L’entoure. Ecoutons ce silence. Devenons ce silence.
Il faut écouter le silence de Dieu ; c’est l’amour infini, la délicatesse infinie, la douceur infinie, qui nous font vivre, et nous transpercent d’amour.
Il faut délier tous les liens pour Le rejoindre. Plus de menottes ni d’enseignements. Confiance totale et détachement.
Ne plus s’accrocher à rien. Les religions sont humaines. Il n’y a pas de religion divine, car Dieu est en nous, nous donne tout. Dans le silence du cœur.
L’Amour infini nous a créés, nous tient en vie, et nous donne la mort. Par Amour. Le Père a accepté la mort du Fils, et L’a ressuscité. Croire à cette résurrection ? Terrible drame, horrible sacrifice accepté par le Fils que le Père semble abandonner.
HdeM.
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Adieu au vieillard
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Je voudrais tant vous dire, vous qui souffrez
De douleurs jour et nuit,
Votre supplice solitaire et le manque de visites
Je pense à vous le soir dans la prière.
Vous n’avez plus de livres, vos amours sont enfuies
Loin très loin
Vos parents sont morts depuis longtemps
Et votre beau chien tant aimé
Est mort aussi. Je l’aimais tant.
Elle s’appelait Lola,
Les gens se retournaient sur son passage.
O beauté céleste, ô mes amours
Secrets du passé, joies sans mesure
Cadeaux du Ciel, merci mon Seigneur d’avoir pu aimer
Celle qui fut si belle
Ma Lola.
H de M 2024
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ROSES
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Roses jolies, roses mignonnes,
Roses respirées les fins d’après-midi,
Compagnes de ma vie depuis le plus jeune âge,
Au soleil lisant assis sur la longue terrasse,
Entouré par les charmantes roses
Je regarde les prairies qui bordent la forêt.
Mon cœur est plein d’amour.
Je t’aime et ne dis rien de plus.
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H de M 2024
Le château des fins dernières
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Le château a le pourtour fleuri
De tant de beautés paradisiaques
Que je passe des heures à les nommer
Il n’y a pas de fin à l’inventaire
De ces milliers de fleurs
Que Dieu tout puissant donne en récompense.
Je ne mérite pas ce cadeau
Mes péchés me rebutent, Dieu seul est bon.
Ne me quittez pas Seigneur
D’être avec vous, ces moments sont si beaux
Ce sont les retrouvailles de l’amour
Je suis le triste vermisseau égaré dans les herbes
Qu’un chien curieux vient flairer par hasard.
Délivrez-moi Seigneur de ces poisons qui me serrent la gorge
Je suis le bienheureux, je finis ma prière.
Le Ciel a le bleu profond de ton regard.
Amour éternel.
H de M.
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ven.
14
juin
2024
La population est de plus en plus touchée par la maladie ; je vois de nombreux vieillards qui marchent avec des cannes, ou des béquilles, et des femmes âgées qui poussent un rollator, s’avançant à petits pas, tous menacés d’une chute. Pauvres victimes qui cherchent à sauver quelques mois de vie.
L’autre jour une dame de 97 ans, que je connais bien, a demandé à ses médecins de l’euthanasier. Elle avait préparé son projet en respectant les règles légales. Ses fils n’ont rien pu faire pour l’en empêcher. Elle était en revalidation, mais refusait de se soumettre à une opération qui aurait pu réduire une fracture de la hanche. Elle avait gardé un affreux souvenir d’une précédente chute d’il y a plusieurs mois, et de la revalidation dans une clinique spécialisée. Plus jamais cela ! Mieux valait en finir.
La vieillesse est une horreur. Nous y allons quasi tous et tout droit. C’est chacun pour soi. Heureux les décrépits qui gardent proche d’eux une personne aimée pour traverser les déserts de la grande vieillesse, où les Alzheimer se regardent dans un miroir sans pouvoir se reconnaître.
Le bruit court que l’état déplorable des personnes âgées est causé par les vaccinations anti-covid. Certains médecins en parlent tout bas, sans affirmation démontrée, mais ils disent, on verra dans trente ans. C’est cela, Messieurs les Docteurs. Mais on ne sera plus là.
Les médecins ont saucissonné le corps humain en de multiples sections. Il y a un spécialiste pour le doigt de pied gauche et un autre pour le pied droit. Peu sont capables d’approcher le malade sans le soumettre à une batterie de tests et d’examens innombrables, avec l’aide de moyens techniques les plus performants et coûteux, des analyses et des radiographies. Quand on a un problème, ils ne veulent plus examiner le corps dans son entièreté, mais enverront le malade à un spécialiste de l’organe concerné. Le premier spécialiste, ne trouvant pas d’explication sérieuse prescrira un second spécialiste. Il n’y a pas de fin à ce processus qui se resserre pour vous pousser dans la tombe.
Quelques examens médicaux ou la jungle, par ordre alphabétique :
Cela n’a pas de fin, sauf les
· Amniocentèse.
· Angiographie pulmonaire.
· Antibiogramme.
· Artériographie.
· Arthroscopie.
· Audiométrie.
· Bilan sanguin.
· Bilan urodynamique
· Biopsie
· Biopsie du trophoblaste
· Capillaroscopie
· Caryotype
· Coloscopie
· Coelioscopie
· Colposcopie
· Coproculture
· Coronarographie
· Cystographie
· Cystoscopie ou fibroscopie vésicale.
Etc, etc. On n’est encore qu’à la lettre C…
Je suis entouré de médecins, mais je ne fais pas confiance. Ont-ils seulement avalé une des gélules qu’ils prescrivent ? Ils conseillent de ne pas lire la liste des contre-indications qui accompagnent le médicament avec les avertissements les plus anxiogènes.
Abîmé par la maladie et achevé par son médecin !
Depuis qu’il avale des dizaines de remèdes chaque jour, B… a la mémoire qui se détraque et les chutes fréquentes dans sa maison lui laissent peu de souvenirs.
°°°°°°
Poèmes
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Mon pauvre ami malade
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Mon pauvre ami malade repose-toi
Ecoute ma musique
Découpe lentement ta viande en petits morceaux
Les purées sont conseillées, plus de bière ni de vin,
On te cache le chocolat
Ne sors pas du lit, ménage -toi
Ramène tes couvertures sous le menton
Le printemps est si froid
Et les oiseaux se réveillent tard
Dans le jardin des cerisiers en fleurs
De l’avenue.
Je viendrai t’apporter tes journaux
Ta seule distraction
D’écrivain solitaire
Qui a tant de mal à s’endormir.
Les visites sont rares
Les amis voyagent
Tu es seul et sourd.
°°°
Les belles fleurs
_____________________
Ah les belles fleurs qu’on jette sur son passage
Arc en ciel
Tout est soleil
Cris d’amour quand tu passes
Les chevaux noirs sont lents, je ne les presse pas.
Inutile sortie la dernière
Je lance mes baisers à la foule
Comme une Reine d’Angleterre
Qui a sangloté toute la nuit
La mort de son chéri.
°°°°.
En représentation
______________________
Je porte un chapeau rouge à longs rubans très noirs
Elève d’un collège de jésuites,
Mes mains sont transparentes
Un sang bleu les nourrit.
Que vous dire de plus
Quelles chandelles allumer
Dans l’austère château de parents décédés ?
Il y a des chiens partout
Qui font zizi sur les tapis.
Les invités se moquent
Une tasse de thé, des biscuits,
Le majordome rit de nous voir appauvris.
Peu importe le vent qui souffle dans les combles.
C’est la saison des morts programmées.
Henri de Meeûs, 2024
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mar.
14
mai
2024
La boucherie russe qui tue chaque jour des femmes, des enfants, des vieillards, n’empêche pas de dormir les autorités de l’Ouest qui ont avancé à reculons dans la livraison des armes et des munitions. Sans doute est-ce trop tard pour l’Ukraine qui a perdu 6 mois dans cette incapacité de l’Ouest de fournir des armes vitales ? Tous ces responsables mériteraient de passer en jugement pour non défense d’un peuple attaqué.
Horreur de ce monde. Horreur de ce Pape jésuite au visage sans joie, sans sourire . Comment peut-il supporter de rester silencieux face à ces massacres quotidiens ?
Sans doute est-ce trop tard maintenant, et l’Ukraine ne recevra plus les secours indispensables, vitaux, pour la sauver. Trop tard, trop tard ! Les Européens sont assis sur leur tiroir - caisse. Belles commandes tout azimut, mais rien de concret ne vient dans l’exécution des marchés sans doute faussés par la corruption.
Les hauts fonctionnaires européens, aux portefeuilles bien remplis, sont devenus grotesques quand ils viennent à Kiev. Leurs embrassades, les sourires de commande, masquent de plus en plus mal une criminelle lenteur en matière de livraison d’armes et de munitions, quand des milliers d’Ukrainiens vont mourir faute d’être défendus.
L’Allemagne se dégonfle face à la Russie. D’abord sauver ses affaires, l’économie, et les relations juteuses avec la Chine. Le dieu du commerce, Mercure, gouverne l’Allemagne. Mais l’Allemagne sera détruite.
Devenue la première armée d’Europe, les Polonais ont décidé de se barricader et de créer leur ligne Maginot. Quand on voit les militaires polonais, on se dit qu’ils paraissent bien fragiles avec leurs uniformes désuets. La Pologne, peuple martyr une fois de plus ?
On dit « Poutine ne cèdera rien ». Les Ukrainiens commencent à s’épuiser et manquent de la masse de soldats nécessaires pour tenir un front de 1.000 kms, ce qui les oblige à reculer actuellement. Les Russes avancent et les grignotent.
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Petite prière de saison
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Venez, prions quelques instants
Les femmes sont à la messe
Il y a tant de morts qui tombent chaque soir
Sur les champs reverdis,
Que l’épouvante monte.
De loin, de très loin,
Des prêtres âgés bénissent
Les jeunes combattants aux uniformes neufs
Je pleure de les voir quitter les vergers fleuris.
Les vieillards se terrent dans les souterrains
On mange des biscuits secs,
Il n’y a plus de viande fraîche
La source est tarie
Que ferons-nous demain ?
Nous sommes si seuls, nos amis enfuis
Tenons-nous par la main
Murmurons des choses douces à la Vierge
Nous ne voulons pas mourir.
Quand la nuit tombe, nulle lampe nous éclaire
On gagne les lits en rampant sur le sol
Il ne faut pas lever la tête
Le moindre bruit fait craquer les os.
Henri de Meeûs (2024)
Tennis
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Je t’avais bien dit fine raquette
Que je te battrais
Six à zéro, rien de plus, rien de moins
Tu sens la naphtaline
Vieux corbeau
Tes jambes sont courtes.
C’est moi le grand espoir
Le magnifique joueur
Le champion de grande classe
Jamais vaincu,
Tu n’as plus ri quand tu m’as vu
Quand nous avons croisé les lignes.
Je m’appelle Oscar Lavertu
Pif, paf, pouf, t’en mettrai plein la g…
On verra ta langue sortir de ta bouche sèche.
Il faudra s’agenouiller pour recevoir la coupe.
H de Meeûs (2024)
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Une pensée d’azur et d’or
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Que t’offrir de plus beau
Cette pensée d’azur et d’or
Qui descend l’espace infini
Chute sans fin, flèche d’amour caché.
Miraculeuse douceur qui traverse les âges
Vierge sainte
Mère de Dieu
Gardienne des temps divins
Mère du créateur
Aube du matin et trésor des eaux
Maison d’Or et passage précieux
Terreur des démons
Epouse de Joseph et de l’Esprit saint
Immaculée.
Henri de Meeûs (2024)
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mar.
02
avril
2024
Sommes-nous au bord de l’éclatement d’une 3ème Guerre mondiale, nous les humains persuadés de vivre dans la riche bergerie européenne, avec de gras bergers et des molosses armés, qui veillent sur nos jours et nos nuits, tandis que nous traitons nos petites affaires, chacun de notre côté, et que nous continuons à vivre comme les contemporains de Noë, avant le Déluge, sans soucis, en chantant, en dansant, intoxiqués par le numérique, les ordinateurs et autres intelligences robotiques ?
Que les dirigeants responsables des pays occidentaux menacés par Poutine ne se soient pas préoccupés durant les vingt dernières années de l’état désastreux de leurs forces armées, dont il apparaît que, pour la plupart, elles sont en état d’ échantillons embryonnaires, incapables de tenir dans une guerre longue et de haute intensité.
La France n’aurait que 200 tanks ! Alors qu’il en faudrait un millier pour résister aux Russes. La Belgique, qui n’a pas de tanks, est la nation la moins en règle de toutes celles de l’Otan pour le payement de sa cotisation annuelle, soit 2% du Produit intérieur brut belge (le PIB).
En 2014, les chefs d’État et de gouvernement des pays de l’OTAN sont convenus que chaque Allié consacrerait 2 % de son produit intérieur brut (PIB) à la défense, contribuant ainsi à faire en sorte que la disponibilité opérationnelle reste assurée à l’échelle de l’Alliance. Ils ont pris cette décision à la suite de l’annexion, illégale, de la Crimée par la Russie, et dans un contexte général d'instabilité au Moyen-Orient. L’engagement de 2014 s’inscrivait dans le prolongement d’une décision des ministres de la Défense des pays de l’OTAN, qui, en 2006, s’étaient mis d’accord sur l’objectif de porter les dépenses nationales de défense à 2 % du PIB. Le respect de la règle des 2% est un indicateur important : il signale la volonté politique de chacun des Alliés de contribuer à l’effort collectif en matière de défense.
En 2024, le nombre d’Alliés consacrant plus de 2 % de leur PIB à la défense devrait passer à 18 sur 30 ; c’est six fois plus qu’en 2014, date à laquelle trois pays membres seulement avaient franchi ce palier. Au cours des dix dernières années, les pays européens de l’Alliance n’ont cessé d’augmenter leurs dépenses de défense : celles-ci représentaient 1,47 % de leur PIB combiné en 2014, et elles atteindront la barre des 2 % en 2024 grâce à un effort d’investissement collectif de 380 milliards de dollars.
°°°°
La chaîne de la télévision LCI transmet du matin à la nuit des programmes détaillés sur l’évolution des guerres d’Ukraine et de Gaza. De nombreux spécialistes civils et militaires se succèdent pour commenter les nouvelles et les images de bombardements ininterrompus des Russes sur les villes et villages ukrainiens et de Gaza. On aurait aimé voir plus tôt ces spécialistes, si nombreux maintenant, et qui publient livre sur livre, crier leurs avertissements avant l’éclatement des conflits, et qu’ils voyaient les Russes s’armer dans une économie de guerre ininterrompue durant les 20 dernières années.
Trop tard maintenant.
Bientôt les grands massacres des peuples occidentaux trahis par leurs gouvernements !
Honte au Pape François qui n’a jamais voulu mettre un pied à Kiev, lui le défenseur oral des peuplades microscopiques sises en bordure de régions inexplorées. Il vient de sortir une autobiographie, décrivant notamment son amour pour une jeune fille, mais il put lui résister et se fit jésuite pour le meilleur et pour le pire.
On a tellement critiqué l’attitude du pape Pie XII insuffisamment énergique pour condamner clairement les nazis. Que dira-t-on plus tard du silence du Pape François alors que les cadavres ukrainiens s’accumulent chaque jour victimes des canons russes bénis par Sa Grandeur le Patriarche orthodoxe Kirill le fidèle pro Poutine.
La tête catholique et la tête orthodoxe, qui les jugera ?
Peuples européens, en cas d’échange nucléaire, nous allons tous mourir. Perdez toute espérance.
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Timide approche vers le mystère de la Sainte Trinité
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Dieu Trinitaire, Père, Fils, Esprit Saint
Gloire infinie, Puissance infinie, Amour infini,
Trois Personnes en un seul Dieu,
Trois purs Esprits
Eternellement présents, sans commencement ni fin.
Le Fils non créé mais engendré par le Père
Le Fils créateur, de qui tout vient
Le Fils, Verbe de Dieu, créa l’univers,
L’Esprit qui n’est ni le Père ni le Fils, mais l’Esprit du Père et du Fils, égal au Père et au Fils.
Hors du temps et dans le temps,
Le Fils, engendré par le Père, s’est incarné et rendu visible en Jésus-Christ , qui est totalement Dieu et totalement Homme, fils de la Vierge Marie et du Père.
Le Dieu caché se révèle dans son Fils, le Christ Jésus,
Jésus-Christ est le Fils créateur, de qui tout vient, Dieu visible.
Jésus est Dieu la seconde Personne de la Trinité.
Jésus-Christ fils de Marie est le créateur de sa mère.
Selon Saint Augustin : Ainsi encore le Père a engendré le Fils, en sorte que le Fils n'est point le Père: et de même le Père n'est point le Fils, puisqu'il l'a engendré. Quant à l'Esprit-Saint, il n'est ni le Père, ni le Fils; mais l'Esprit du Père et du Fils, égal au Père et au Fils, et complétant l'unité de la Trinité.
Le Fils martyr, Jésus-Christ, se dit abandonné le jour de sa mort sur la Croix, par le Père.
Il a l’expérience de l’abandon de l’Amour infini.
Mis en croix il meurt sur le calvaire, il est enseveli.
Pleurs et cris d’épouvante.
Les amis ont fui, sauf Jean l’ami.
Jésus Dieu vivant, totalement Dieu et totalement Homme, et Fils du Père, accepte de mourir abandonné, de renoncer à sa Divinité, la partie était perdue, le Père n’avait rien dit, n’avait pas voulu Le protéger ni Le sauver.
Le Père, en apparence, insensible à la douleur du Fils.
Jésus solitaire dans l’agonie du Mont des Oliviers, Sueur de sang, angoisse infinie
Lui Dieu vivant, Seconde Personne de la Trinité, qui sait tout, voit arriver la trahison, le suicide de Judas, les tortures, la flagellation, la couronne d’épines, le portage de la croix, la crucifixion, les clous qui percent les chairs et la mort, sa mort à lui, acceptée par son Père qui se tait, qui ne le protège ni ne le défend.
Le Fils rachète les péchés du monde. Il est sacrifié par le Père.
La mort du Fils est la mort de Dieu.
Malgré le silence du Père, le Fils va s’unir à Lui jusque dans la mort.
Les créatures humaines ne supportent pas le Fils, et le tuent.
Celui qui créa l’univers est mis à mort par ses créatures.
Le Père offre son Fils au monde. Le Fils consent mais il ignore les détails du sacrifice. Il demande au Père d’éloigner le calice. Mais il boit le calice des douleurs jusqu’à la lie.
Le Fils, Dieu-Homme, est le sacrifié, le Père est l’ordonnateur du sacrifice.
Le sacrifice de Jésus est donc la fusion de deux infinis : l’infinie bonté du Père qui a demandé à son fils Jésus de mourir pour sauver l’humanité, de cacher en apparence sa divinité en revêtant le corps humain, car Jésus est totalement un être humain de sa naissance jusqu’à sa mort, et en même temps cet humain est le Fils de Dieu, Seconde Personne de la Trinité, Dieu lui-même, qui accepte de descendre de sa Majesté divine infinie pour obéir à son Père jusqu’à la mort, sans connaitre l’essentiel du plan divin, vu qu’Il crie en mourant être abandonné par son Père.
Le Fils, Dieu fait homme, rejoint par la mort toutes les créatures qui naissent, vivent et meurent. Il se revêt de douleurs, de souffrances et de mort, en sachant une chose : le Père l’a abandonné. Il meurt désespéré. Le Christ a expérimenté durant sa courte vie terrestre toutes les douleurs, physiques et mentales, de l’humanité. Sa mort fut celle du grand abandon. Silence du Père et des Anges.
Le Christ montre que Dieu peut aussi souffrir toutes les douleurs, tous les supplices.
La majesté divine et infinie peut se soumettre à vivre la plus basse condition de l’humanité , celle qui est souffrante, torturée et mise à mort.
Le Fils est donc le lien voulu par son Père, bonté et justice infinies, pour payer par sa mort d’homme le sauvetage de l’humanité.
Sur la Croix , Jésus le Fils ignore comment finira la partie.
Sur la Croix, Jésus est Dieu abandonné par Dieu. Son Père a coupé le courant.
La résurrection de Pâques rétablit le courant. Le Fils se montre tel un être évanescent ressuscité de qui on peut toucher les stigmates de son martyre. Il regagnera bientôt le Paradis. Il parle peu, il traverse les murs. Il nous laisse l’Esprit saint. Le Père se cache à nouveau. Le monde est sauvé par Dieu, mais après et malgré la résurrection du Fils, les douleurs et la mort sont toujours présentes dans la vie des hommes rachetés.
Jésus est-il le Dieu Créateur ? Lire ici la réponse d’un site biblique https://www.gotquestions.org/Francais/
Réponse : OUI.
En effet, au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. » Colossiens 1.16 précise que Dieu a « tout » créé par Jésus-Christ.
La Bible affirme donc clairement que Jésus est le Créateur de l'univers.
Le mystère du Dieu trinitaire est difficilement compréhensible, mais il s'agit d'une doctrine révélée par les Écritures. Dans la Bible, Dieu le
Père et Jésus sont tous deux appelés berger, juge et Sauveur, ainsi que « celui qu'ils ont transpercé » (Zacharie 12.10). Christ est la représentation exacte du Père, étant de la même nature que lui (Hébreux 1.3). En un sens, tout ce que fait le Père, le Fils et le Saint-Esprit le font également et inversement. Ils sont toujours en parfait accord, tous égaux et tous un seul Dieu
(Deutéronome 6.4). Comprendre que Christ est Dieu et a tous les attributs de la divinité nous aide à comprendre qu'il est le Créateur.
« Au commencement, la Parole existait déjà. La Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu. (Jean 1.1) Ce verset nous révèle trois vérités importantes concernant Jésus et son Père : 1) Jésus était « au commencement » : il existait de toute éternité avec Dieu et était présent lors de la
création. 2) Jésus est distinct du Père : il était « avec » Dieu.
3)
Jésus est de la même nature que Dieu : il « était Dieu ».
Hébreux 1.2 dit : « Dieu, dans ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par le Fils. Il l'a établi héritier de toute chose et c'est par lui aussi qu'il a créé l'univers. » Christ est
l'agent de la création divine, le monde a été créé « par » lui. Le Père et le Fils avaient deux fonctions distinctes dans la création, mais ils travaillaient ensemble pour créer l'univers. Jean
dit : « Tout a été fait par [Jésus] et rien de ce qui a été fait n'a été fait sans [lui]. » (Jean 1.3)
L'Apôtre Paul ajoute : « il n'y a qu'un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses et pour qui nous vivons, et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui tout existe et par qui nous
vivons. » (1
Corinthiens 8.6).
Le Saint-Esprit, troisième personne de la Trinité, était également un agent de la création (Genèse 1.2). Le terme hébreu pour « esprit » étant souvent traduit par « vent » ou « souffle », on voit les trois personnes de la Trinité à l'œuvre dans ce verset : « Le ciel a été fait par la
parole de l'Éternel, et toute son armée par le souffle de sa bouche. » (Psaume 33.6)
Une étude approfondie des Écritures montre que Dieu le Père est le Créateur (Psaume 102.25) et qu’il a créé le monde par son fils Jésus. (Hébreux)
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Henri de Meeûs
2024
jeu.
22
févr.
2024
La lâcheté de l’Occident par Alexandre Soljenitsyne, dans son discours de 1978 à Harvard : ce grand écrivain russe avait tout compris.
« Le déclin du courage est peut-être le trait le plus saillant de l’Ouest aujourd’hui pour un observateur extérieur. Le monde occidental a perdu son courage civique, à la fois dans son ensemble et singulièrement, dans chaque pays, dans chaque gouvernement, et bien sûr aux Nations unies. Ce déclin du courage est particulièrement sensible dans la couche dirigeante et dans la couche intellectuelle dominante, d’où l’impression que le courage a déserté la société tout entière.
Bien sûr, il y a encore beaucoup de courage individuel, mais ce ne sont pas ces gens-là qui donnent sa direction à la vie en société. Les fonctionnaires politiques et intellectuels manifestent ce déclin, cette faiblesse, cette irrésolution dans leurs actes, leurs discours, et plus encore dans les considérations théoriques qu’ils fournissent complaisamment pour prouver que cette manière d’agir, qui fonde la politique d’un Etat sur la lâcheté et la servilité, est pragmatique, rationnelle et justifiée, à quelque hauteur intellectuelle et même morale qu’on se place. »
Alexandre Soljenitsyne
Ecrivain russe
(1918-2008)
Prix Nobel de Littérature 1970
Ses romans, parmi d’autres écrits :
Une journée d'Ivan Denissovitch (1962), Paris, Julliard, 1963.
Le Pavillon des cancéreux (1968), Paris, Julliard, 1968.
Le Premier cercle (commencé en 1955, version finale en 1968), traduit en français cette même année, Paris, Robert Laffont, 1968, (ISBN 2-213-01157-5).
Août quatorze : premier nœud (série de livres (nœuds) en plusieurs volumes (tomes), de 1972, traduits en français à partir de 1983 sous le titre commun La Roue rouge), Paris, Fayard, 1983.
La Roue rouge : deuxième nœud, Novembre seize, Paris, Fayard, 1985.
La Roue rouge : troisième nœud, Mars dix-sept, (4 tomes), Paris, Fayard, 1993-1998.
Aime la révolution !, (roman inachevé, écrit en convoi militaire en 1941), traduit en français, Paris, Fayard, 2007.
La Roue rouge : quatrième nœud, Avril dix-sept (2 tomes), Paris, Fayard, 2009-2017
Poèmes de Henri de Meeûs
Le beau soleil d’avril
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Ce n’est plus le printemps c’est déjà l’été
Les femmes sont légères dans des robes de tulle
Les hommes ont des tee-shirts et des pantalons de toile.
Sur la terrasse nous buvons des cafés noirs
Pour nous détendre on allume des cigares
Et la fumée tombe droite parfumant nos voisines
Qui tirent la tête nous font mille grimaces
De dégoût car elles détestent les hommes
Trop masculins dont les moustaches sombres
Leur rappellent leur père l’emmerdeur du logis
Qui tétait ses havanes et lançait sa salive
Dans des carafes vertes où nageaient des crapauds.
Ah que c’est long de t’attendre dans ce café jauni
Devant les plats de viande et les rutabagas
Personne sur les trottoirs la chaleur est trop forte
Deux chats noirs se pressent timides sous les arbres
Disparaissent pépères poursuivis par leur ombre.
Quand viendras-tu longeant l’avenue claire
Ton chapeau blanc à la main comme un soldat fourbu ?
Je te tends mon mouchoir la sueur sur ton front
Coule ah mon cœur tu ruisselles
D’avoir marché dans cette canicule
Il fait trop chaud pour ce début d’avril
Ouvre ta chemise il fait si bon ici.
Henri de Meeûs, 2007
Fin de vie
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Tant de jours se libèrent, tant de nuits solitaires
L’espace est vide et les étoiles ont fui.
Les paupières cousues et la bouche muette
J’avance à tâtons sur le chemin des ruines,
Des ombres se détachent pour me tendre la main.
Je refuse les signes je perds ma fierté d’homme
Douleur est mon partage je voudrais sentir les roses
Qui chez ma mère décoraient ses jardins.
Quel souffle encore faut-il pour bien mourir ?
Je tire au sort les pensées d’amertume
Qui me tiennent serré dans mon cerveau malade
Pour quel ange sourire
Pour quel démon se perdre
Qui me dira si les nuages passent
Dessous le bleu du ciel ô mon père ô ma mère
Vous avez disparu me laissant seul dans les gravats du temps
Je n’ai plus que mon chien pour les câlins du soir.
Mon cœur est une glace et je prends la tangente
Sur le chemin des astres le silence est la règle
On se perd on se damne nul abri ne vous couvre
Nul baiser sur ma bouche de tendre
Nul geste d’une douceur bénigne
Pour m’aider à descendre
Les marches de plomb les dernières du jeu.
Le gouffre s’ouvre méchant, les cris sont pour demain
La chanson des morts s’entonne dans le noir.
Henri de Meeûs, 2007
PROMENADE
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Quand la lumière comme une flèche
Parcourt les verdures
Du parc. Je regarde
Les oiseaux gris qui piétinent
Tête basse les pelouses rases
Je me dis quelle splendeur
De marcher dans cet air.
O mon Seigneur, c’est la beauté
Qui tremble portée par la douceur
Du vent.
O mon soleil ô mon tendre chant
D’amour qui retentit
Sous les feuilles des bouleaux
Que je meure dans la lumière
Que je perde mes sens
Dans cette beauté d’azur et s’or
Finir bientôt dans l’éclat d’un œil
De corbeau guettant l’insecte mort
Sur les berges du lac.
Mon repos dans le cœur, ma paix, mon Dieu
Que je la reçoive sans pleurs
Tendu vers vous comme un arc
Et crever l’espace.
Henri de Meeûs, 3 mai 07
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lun.
22
janv.
2024
Portrait de Fiodor Dostoïevski :
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« Petit, grêle, tout de nerfs, usé et voûté par soixante mauvaises années ; flétri pourtant plutôt que vieilli, l’air d’un malade sans âge, avec sa longue barbe et ses cheveux encore blonds ; et malgré tout, respirant cette « vivacité de chat » dont il parlait un jour. Le visage était celui d’un paysan russe, d’un vrai moujik de Moscou ; le nez écrasé, de petits yeux clignotant sous l’arcade, brillant d’un feu tantôt sombre, tantôt doux ; le front large, bossué de plis et de protubérances, les tempes renfoncées comme au marteau ; et tous ces traits tirés, convulsés, affaissés sur une bouche douloureuse. Jamais je n’ai vu sur un visage humain pareille expression de souffrance amassée ; toutes les transes de l’âme et de la chair y avaient imprimé leur sceau ; on y lisait, mieux que dans le livre, les souvenirs de la maison des morts, les longues habitudes d’effroi, de méfiance et de martyre. Les paupières, les lèvres , toutes les fibres de cette face tremblaient de tics nerveux. Quand il s’animait de colère sur une idée, on eût juré qu’on avait déjà vu cette tête sur les bancs d’une cour criminelle, ou parmi les vagabonds qui mendient aux portes des prisons. A d’autres moments, elle avait la mansuétude triste des vieux saints sur les images slavonnes. »
(Melchior de Vogüé, Le Roman russe 1906, p. 269-270 : il fut en poste en Russie où il rencontra plusieurs fois l’écrivain à la fin de sa vie).
Le traducteur Bernard Kreise dans son introduction au livre de Nouvelles de Dostoievski récemment publié chez l’éditeur Les Belles Lettres ajoute d’autres précisions sur l’écrivain : « Jeune homme, Dostoievski était ombrageux, terriblement nerveux et émotif. A 17 ans, il manifestait des traits de sauvagerie, demeurait à l’écart, ne participait pas aux jeux, restait assis, absorbé dans un livre, et recherchait un endroit isolé. »
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Imre Kertész, Prix Nobel de littérature 2002
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Découverte de l’écrivain hongrois Imre Kertész (1929-2016) né dans une famille juive de Budapest. Il est déporté à Auschwitz en 1944 et libéré du camp de Buchenwald en 1945. Depuis 1953, il se consacre à l’écriture. Ecrivain de l’ombre pendant plus de quarante ans, avant le succès en Allemagne, puis dans le monde entier, d’Etre sans destin, Imre Kertész a reçu le prix Nobel de littérature en 2002. Son œuvre est publiée en France par Actes Sud.
Voici quelques extraits de ses notes 1991-2001, publiées en octobre 2023 sous le titre Le Spectateur par Actes Sud (269 pages) :
Page 41 :
« Ma mère, la pauvre, la pauvre ; ce souvenir terrible (qui me hante depuis des jours) : elle se dresse dans son lit, squelettique, sa raison l’a quittée, et pourtant avec une expression douloureuse sur son visage dénudé par l’âge et la maladie, ce visage qui a changé d’une certaine manière, devenant plus authentique qu’au temps où il avait sa parure de chair et de fard, elle écarte les bras et, dans le désarroi absolu de son assujettissement, dit à deux reprises : « Je ne sais pas, je ne sais pas ! » - d’une voix à la fois irritée et implorante. Je ne pouvais pas l’aider. Elle avait perdu ses dents : je n’avais rien fait pour les faire remplacer. Ses jambes étaient « pourries » comme ils disaient « là-bas » ; je m’étais efforcé de ne pas le voir. Je n’avais rien fait pour qu’elle marche à nouveau, se rétablisse - même sachant qu’elle ne remarcherait ni ne se rétablirait jamais. Durant les mois, non, les deux années de son agonie, je ne m’étais soucié que de mon propre confort. Pourtant, le Dr L. m’a dit : « Tu as tout fait… » Je n’ai rien fait. Je ne pouvais rien faire – je me console en me disant que cela ne m’a jamais servi de consolation. J’aurais dû la veiller, guetter ses moindres souhaits, si elle avait faim ou soif. Au lieu de cela, je me réfugiais auprès de l’infirmière quand j’entendais fonctionner ses intestins.
Suis-je mauvais ? Oui, plutôt mauvais que bon, selon l’aune à laquelle je me juge. Dans les cas extrêmes, je suis plutôt mauvais, bien qu’il y ait des exemples du contraire ; je ne me sens pas dépositaire d’une bénédiction dont je pourrais illuminer les autres, comme avec un faisceau de lumière ; je doute aussi de mon talent, j’ai le sentiment de ma misérable imperfection (au bas mot). Et je réponds à l’affection par un sentiment de culpabilité : c’est peut-être le plus terrible, non seulement parce que cela me donne des remords, mais encore montre clairement mon indignité.
Page 42 :
Il est possible que les guerres soient dues à des intérêts économiques, etc., mais le fait est que les guerres du XXe siècle sont bibliques, peut-être comme elles ne l’ont jamais été. Elles ont l’air de guerres idéologiques et, dis-je, il est possible qu’elles soient dictées par des intérêts économiques et d’autres questions vitales ; mais le fait est que ce sont des guerres de caractère nettement moral qui opposent les forces destructrices et passagères aux forces constructives et pérennes, les forces créatives aux suicidaires, les forces de la maladie à celles de la santé, c’est-à-dire le «bien» au «mal» (…) Les guerres de ce siècle se déroulent entre deux types humains, deux sortes d’hommes et chacun des deux choisit et représente une attitude particulière qui peut se définir avant tout en termes éthiques et moraux.
Page 44 :
Toutes ces vieilles dames fines et frêles de Vienne : elles me rappellent toujours ma pauvre mère. Elle restera toujours une vieille dame fine et frêle et fragile dans mon souvenir : le sort est injuste envers sa jeunesse, sa beauté qu’elle a toujours tellement soignée et qu’elle voulait laisser dans les mémoires – comment dire, comment exprimer l’horreur de la vie, cette atrocité que l’éblouissement de l’existence réussit à me cacher seulement pour un instant, de temps en temps, mais toujours, partout et en toute chose, je sens, je vois le gouffre …
Page 84 :
L’animal domestique doit penser à son maître, l’homme doit penser à Dieu. Ce qui ne prouve ni son existence ni son inexistence, mais seulement un besoin humain semblable à la langueur dans le crépuscule gros d’un chagrin sans espoir ; mais le lendemain, dès les premiers rayons du soleil, l’homme s’affaire à nouveau gaiement et accomplit ses forfaits habituels avec son insouciance habituelle..
Page 120 :
Quand vous êtes malade, vous cherchez plutôt la compagnie d’autres malades, parce que tous les visages sains ne vous donnent à lire que votre condamnation à mort. De ce point de vue, l’organisation sociale moderne tout entière imite parfaitement la nature. Le respect de la mort a disparu avec celui de la vie ; tant que vous êtes jeune, on vous fait miroiter les promesses de la vie, plus tard, le ricanement des hommes couvre le rire moqueur de la nature – on vous écarte, on vous oublie au bord du trottoir jusqu’à ce que vienne vous ramasser un éboueur (dont le premier geste sera évidemment de vous faire les poches).
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Le livre d’Emmanuel Todd, La Défaite de l’Occident, paru chez Gallimard, janvier 2023, 384 p. Ci-dessous un résumé d’une interview d’Emmanuel Todd par un journaliste du Figaro Alexandre Devecchio (Figaro du week-end 13-14 janvier 2023) :
Extraits : Emmanuel Todd : « La guerre n’est pas terminée mais l’Occident est sorti de l’illusion d’une victoire ukrainienne possible. Mon constat de la défaite de l’Occident repose sur 3 facteurs.
D’abord, la déficience industrielle des Etats-Unis avec la révélation du caractère fictif du PIB américain. Dans mon livre, je dégonfle ce PIB et je montre les causes profondes du déclin industriel : l’insuffisance des formations d’ingénieur et plus généralement le déclin du niveau éducatif, dès 1965 aux Etats-Unis.
Plus en profondeur, la disparition du protestantisme américain est le deuxième facteur de la chute de l’Occident.
Après avoir théorisé le « catholicisme zombie » désignant la persistance d’une toile de fond religieuse en dépit de l’effondrement des pratiques, Todd constate désormais un « état zéro » de la religion : même le baptême, l’enterrement et l’idée que le mariage fonde la famille disparaissent. Simple constat, explique-t-il, réfutant au passage les accusations de poutinophilie ou les procès en réaction dont il fait l’objet. Car si la société russe reste plus conservatrice, le pays n’échappe pas à la crise de modernité générale, estime-t-il, pointant notamment la crise de la natalité.
Le troisième facteur de la défaite occidentale est la préférence du reste du monde pour la Russie. Celle-ci s’est découvert partout des alliés économiques discrets. Un nouveau soft power russe conservateur (anti-LGBT) a fonctionné à plein régime lorsqu’il est devenu clair que la Russie tenait le choc économique. Notre modernité culturelle parait en effet assez largement folle au monde extérieur, constatation d’anthropologue, pas de moraliste rétro. En plus, comme nous vivons du travail sous-payé des hommes, des femmes et des enfants de l’ancien tiers-monde, notre morale n’est pas crédible.
(…) Les Américains vont effectivement rechercher un statut quo qui leur permettrait de masquer leur défaite. Les Russes ne l’accepteront pas. Ils sont conscients de leur supériorité industrielle et militaire immédiate, mais aussi de leur faiblesse démographique. »
Dans un livre paru en 1976, La Chute finale, Emmanuel Todd avait prédit avec justesse l’effondrement de l’Union soviétique. Le « prophète » Todd se tromperait-il maintenant en annonçant La Défaite de l’Occident ?
(Propos recueillis par Alexandre Devecchio, in Le Figaro)
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lun.
18
déc.
2023
Des amis me disent, nous sommes dans les ténèbres. Oui, le monde s’est réveillé, il y a deux ans, sous l’emprise des démons. Poutine pique une nouvelle jeunesse depuis le ratage de la contre-offensive ukrainienne. L’Europe est incapable sans les Etats-Unis de sauver l’Ukraine. Manque d’armes, de munitions et de soldats face à une Russie fédérale et immense qui n’hésite pas à faire monter au front la chair à canon, inépuisable, martyrs esclaves par milliers d’un fou dangereux qui, après l’Ukraine, dévorera d’autres Etats, d’autres Nations.
Les Européens n’enverront pas d’hommes sur le terrain. Ils sont par essence des commerçants ne pensant qu’à leurs affaires, à leurs contrats juteux. Ils sont les spécialistes d’embrassades et de promesses d’aides pour la galerie mais sans exécution. Telle l’Allemagne et la France. Zelenski le président de l’Ukraine bientôt abandonné ?
Il suffit de regarder le visage des dirigeants européens pour comprendre qu’ils ne bougeront pas. Charles Michel le Belge en est le parfait exemple, lui qui fut choisi par la chancelière Merkel et le président Macron comme le dévoué serviteur de l’Allemagne et de la France. La Belgique est totalement désarmée avec ses arsenaux vides et ne fait peur à personne. Elle a de beaux bâtiments administratifs pour la foule des fonctionnaires européens censés y travailler, mais partout il n’y a que fantômes et déguisements, dépenses, gaspillages, et nulle inquiétude pour nos populations bientôt confrontées sans défense à la prochaine Guerre Mondiale.
Les Etats-Unis commencent à rater les marches du podium face à l’attaque de Poutine cherchant à regrouper en un ensemble offensif les grands pays autocrates, jaloux des USA puissance mondiale toujours la plus riche et capable de porter des coups mortels à qui cherchera à la provoquer.
Mais dirigée par un vieillard de plus de 80 ans, l’Amérique a perdu son punch ; on ne la respecte plus, elle ressemble à une bête blessée, attaquée par des fauves en chasse. La mise à mort approche-t-elle ?
Les populations se bouchent les oreilles et se ferment les yeux.
Chez beaucoup, règne le déni. A l’Ukraine de se débrouiller. On a déjà que trop donné, disent-ils. Ils n’ont qu’à cesser le feu et négocier la paix, quitte à abandonner les territoires russophones. Et puis il y a la guerre à Gaza ! Trop c’est trop pour nos petits budgets, pour nos âmes sensibles. Et puis, Poutine n’osera pas poursuivre son emprise sur les pays voisins, assurent-ils ! Mais l’Occident sera détruit sans défense, faute d’esprits supérieurs capables d’affronter la guerre et de sauver les peuples en les réarmant massivement.
°°°°°
La grande période des critiques littéraires fut au XXème siècle l’entre-deux guerres. Durant cette période, les écrivains critiqués étaient encore respectés. Leur sexualité n’était pas un sujet. Ce n’était pas convenable d’y consacrer des pages et des pages comme maintenant. On passait délicatement sur leurs mœurs.
Le critique littéraire ne jugeait pas la personne. Ce qui comptait, c’était l’œuvre et non la biographie sexuelle, la plupart secrète. Car qui connait qui ? Aplus forte raison, si l’écrivain est décédé.
Les critiques, souvent chrétiens à cette époque, respectaient la parole du Christ : « Ne jugez pas, Dieu seul est juge. »
Les divulgations inventées ou non sur la vie sexuelle de l’écrivain avec les détails les plus nombreux, les plus croustillants, les plus sordides, sont devenues un passage obligé de la critique pour la fin du XXème siècle, surtout après 1968 et jusqu’aujourd’hui. Cela montre la mauvaise qualité humaine de ces « chercheurs » plus habiles à découvrir de soi-disant secrets pour mieux vendre leurs polluantes découvertes.
Actuellement, tout critique croit bien faire s’il accumule des notes en bas de page, innombrables, dans la biographie qu’il rédige, allongeant certains volumes par des explications les plus détaillées possibles, telles les livres de la collection de La Pléiade chez Gallimard.
L’écrivain a effectué sa tâche qui est de créer une œuvre littéraire. C’est elle qui doit être critiquée. Inutile de conclure sur les détails de sa vie intime, sur ses amours supposées. Le critique avance des certitudes improbables, pour enjoliver sa thèse, pour s’affirmer critique universitaire, fabricant de thèses, ou professeur spécialiste. Il saccage la vie privée du mort, sans preuves, pour se faire lire, et flatter les voyeuristes. L’auteur outragé et décédé est sans défense.
Il ne faut pas compter sur les héritiers pour défendre le défunt exhibé comme un porc à l’abattoir.
C’est pour les spécialistes, disent les critiques. Mais ils ne cachent rien, se drapant dans une recherche méticuleuse et le droit d’exhiber les secrets les plus cachés et parfois imaginaires.
Tout serait, selon eux, une vérité à prendre à la lettre, alors qu’elle n’est souvent qu’invention ou hypothèse graveleuse.
On réduit l’écrivain à partir d’un diagnostic tout fait, psychiatrique, psychologique ou médical, qui l’anéantira : s’il est mort, il ne peut plus se défendre. Ces critiques collent à l’auteur une réputation répétée indéfiniment par d’autres critiques copiant les prétendues découvertes, qui ne pourront être mises en doute. « Salissez, salissez », telle est leur devise.
L’auteur deviendra une caricature sexuelle. C’est ainsi que certains auteurs remarquables, mais détruits, disparaissent.
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Poêmes
AMEN
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Oh que j’ai mal mon Dieu
De ne pas Vous entendre,
De tourner mes pensées
En cage dès l’éveil du matin.
Mes prières sans écho
Se répètent du matin jusqu’au soir
On ne voit pas mes lèvres bouger
On n’entend pas le murmure
Qui cherche votre Majesté.
Vous occupez tout l’espace
Dans l’infini se meut votre esprit
Vous m’avez créé, je suis blotti
Dans votre cœur
Qui contient mon cœur
Dites seulement une parole
Et je serai guéri.
Le temps n’est plus aux grands sourires
Aux fêtes vagabondes
La mort est là en robe noire
Et chapeau tralala
Guettant la moindre défaillance
Encourageant le hoquet final
La musique est sombre
Pour qui l’écoute
Dans le lit des misères non dites.
Ah mon pauvre ami que de tracas cités
Que de peines allongées sous vos tristes paupières
Je saisis votre main froide
Mille fois l’espace s’est rétréci
Adieu, adieu, dans vos pensées
A l’accès interdit.
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H de M déc 2023
Petit Lustucru
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Tu m’as vu ? M’as-tu vu, petit Lustucru ?
Pain perdu sous la mitraille
Rien n’est plus beau qu’une mouche écrasée
Sous le verre d’un Pape.
Je n’ai plus rien à dire, je m’envole
Pour ne plus revenir
Ecartez-vous pauvres gens de mon village
Notre Seigneur passe. Qui le voit ? Qui l’a vu ?
Au son des cloches brinquebalantes
Le jardin des roses ferme
Les oiseaux bleus sifflent leur grand aigu.
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H de M déc 2023
lun.
13
nov.
2023
A partir de 80 ans, on accumule les catastrophes : deuils, chutes, maladies diverses, c’est le défilé des médecins, des séjours en cliniques, des scanners et autres tortures techniques, on voit partout des vieillards marchant avec des cannes, simples ou doubles, quelle tristesse mon Dieu, la belle vie est finie, les mets fins des restaurants sont remplacés par le régime cruel du diabète, plus de vin, plus de desserts, et bientôt le cimetière.
Le vieillard malade fait le vide autour de lui.
Le vieillard est un édifice en ruines.
Peu d’amis résistent, les amitiés se défont en silence, on ne se montre plus, on refuse les comparaisons physiques, les récits de mauvaise santé, on envie les vieux qui marchent sans problème, qui roulent à bicyclette.
Ce sont les femmes qui gagnent le concours de la vieillesse, de loin.
Une cousine, veuve et âgée, a attendu longtemps pour satisfaire aux critères médicaux d’une opération au foie. La chirurgie fut un succès, mais six mois plus tard, la cousine mourut seule un soir devant sa TV. La mort n’aime pas attendre.
Un Cercle à Bruxelles, ancien et élégant, chic et composé d’un millier d’hommes mûrs ou âgés, hommes d’affaires, ambassadeurs, politiciens, des écrivains, des artistes, et même des prêtres, est le parfait lieu de réunion pour retrouver des amis et s’en faire de nouveaux.
Le vieillard malade renonce à s’y montrer. Espérant guérir, il se contente de payer sa cotisation annuelle.
La période actuelle avec un Covid qui a duré 3 ans, suivi de deux guerres, celle d’Ukraine et l’autre, celle d’Israël contre le Hamas terroriste, a fait monter le niveau d’anxiété. Trop, c’est trop. Peut-on rire encore ? Se divertir au théâtre ? Manger au restaurant ? Tout proclame la fin prochaine de notre civilisation. La mort n’a plus fauché, depuis longtemps, autant de vies. Pauvres innocents !
Il est temps que Dieu créateur de l’univers visible et invisible, à la puissance infinie, fasse le grand nettoyage sur la Terre et ramène les survivants à la raison.
Certains couples, bénis sans doute, ont une descendance très nombreuse. Partout des bébés sur les cartes de vœux qu’on m’adresse pour les fêtes de fin d’année. Moi, j’ai Lola, mon lévrier whippet, âgée de 11 ans, et d’une beauté telle que tous ceux qui la voient, s’agenouillent. Mais je n’envoie pas sa photo comme vœux de Nouvel An.
Je suis passionné par la vision des programmes de la chaîne TV française LCI qui, à longueur de journées et de soirées, commentent les détails des deux épouvantables guerres qui annoncent la future Troisième Guerre mondiale. Pauvres de nous, témoins de l’Apocalypse qui ne nous ratera pas. Les Juifs sont à nouveau participants en première ligne et sacrifiés comme chaque fois.
« Personne n’aime personne » ( Montherlant).
C’est vrai par période. Mais n’exagérons pas. IL y a des saints aussi.
Beaucoup de choses sont inutiles. On s’encombre durant une vie qui passe trop vite, et à la veille de la mort, on est cerné par le trop-plein.
J’ai beaucoup travaillé durant les 35 ans de ma vie professionnelle. Ces années ont passé très vite. Je n’ai pas aimé cette période même si les postes occupés étaient très intéressants.
Le travail permet de vivre financièrement, mais vous prive de liberté, car on est toujours le subordonné d’un supérieur. Malheur à celui qui a un supérieur qui ne l’aime pas.
Le stress est une horreur de ce monde fou. On déconstruit, on déshumanise. Les âmes sont mortes.
Pour vivre vieux, il faut lire LE FIGARO. La page de la nécrologie de ce journal, sur quatre colonnes chaque jour, annonce les décès d’hommes et de femmes, et la plupart meurent à plus de 90 ans. Très étonnant ! Et il y a, de plus en plus, des défunts centenaires ! Les veinards !
Albin Michel publie en novembre 2023 un livre tout à fait remarquable qui est Le Journal de Sandor Marai, le grand écrivain hongrois décédé en 1989, à l’âge de 89 ans, après s’être tiré une balle de revolver dans la bouche, comme Montherlant qu’il admirait.
Je ne résiste pas à citer quelques textes de ce Journal de 550 pages passionnantes à lire :
22 mai 1968 : La spontanéité avec laquelle les évènements français ont éclaté ne s’explique par rien d’autre que par l’érosion grandissante du pouvoir de De Gaulle : la magie s’est éteinte et, quoi qu’il fasse, sa parole n’a plus de force. Cette perte n’existe pas seulement en politique. Cette érosion atmosphérique règne aussi autour des écrivains, des créateurs intellectuels ; l’effet magique peut disparaitre autour d’une forme d’art ou d’une personne… Dans ces moments-là, il faut se retirer pendant quelques années ou un millénaire, et alors, parfois, la batterie magique se sera rechargée.
1er janvier 1969 : Entre les deux pôles, la naissance et la mort, la conscience est le labyrinthe humain auquel on ne peut échapper. (L’angoisse pourrait être causée aussi par le fait que, en réalité, on ne veut pas quitter ce labyrinthe, par crainte de ce qui nous attend de l’autre côté si on le quitte.) Le fil d’Ariane ne saurait être rien d’autre que la joie, qui nous réconcilie avec la mort.
10 novembre 1970 : Exit De Gaulle. Il est mort avec talent au sein d’une tranquillité petite-bourgeoise, loin des affaires. Il a su attendre. Il savait être inhumain, cyniquement, avec arrogance, sans pitié. C’était un parvenu ; il avait mis en avant la grandeur, et les Français n’avaient pas su résister à la tentation mais en même temps ils l’observaient avec méfiance parce qu’ils se disaient qu’il n’était pas lui-même si grand que cela mais seulement de grande taille. Il ne voyait pas la Réalité à force de se regarder lui-même. Louis XIV s’en était tiré en déclarant : « L’Etat, c’est moi. » De Gaulle disait encore mieux en déclarant que lui, De Gaulle, était la France. Du temps où De Gaulle était exilé à Londres, Murphy, un diplomate américain, avait entendu le couple de Gaulle se disputer dans la petite pension et la femme crier à son mari : « Charles, tu n’es pas la France ! » (…)
Enterrement symbolique à Notre-Dame, en présence de quatre-vingts chefs d’Etat et de Premiers ministres ; seul le cadavre manquait, qui, avec dédain, n’a pas assisté à ses propres funérailles en restant dans son village. Quel fut le secret de De Gaulle ? Il savait dire non avec consistance. Comme s’il avait pris pour lui les paroles de Goethe : « Si quelqu’un sait dire non avec consistance, cela finira par lui donner le pouvoir. » Tout ce à quoi il disait oui n’était que brume et fumée. Il parlait de lui-même à la troisième personne ; il était le seul auquel il disait oui.
1971 : L . et moi…, c’est comme si nous étions assis dans un avion en chute libre, irrémédiable, et qu’il n’y ait plus rien à dire, que cela ne vaudrait plus la peine de se défendre, et que dans quelques minutes ou un peu plus tard, l’appareil toucherait terre. Que fait-on en pareil cas ? La chute est certaine, c’est la fin du voyage. Il faut espérer que nous tomberons tous les deux ensemble sur une surface dure et que l’un ne survivra pas à l’autre une seule seconde.
(L : c’est Lola son épouse.)
3 septembre 1971 : A la bibliothèque française, je feuillette un livre de Colette. Une phrase : « Soit l’amour, soit la vie conjugale. » Formulation précise, que seule une femme française pouvait énoncer.
Janvier 1972 : La mort ne vient pas de l’extérieur, elle ne sonne pas à la porte, elle n’écrit pas de lettres, elle ne téléphone pas non plus : la mort est en nous, absolument. Un jour nous la trouvons là, comme un objet que l’on aurait oublié dans une poche de manteau.
1972 : A l’âge de soixante-douze ans, tous les matins je me prépare au concours quotidien pour survivre et arriver triomphalement au but à la fin de la journée, c’est-à-dire à mon lit et à me coucher en vie. La vieillesse, avec des os délabrés qui craquent, des artères déchirées, des poumons haletants, est une course, une acrobatie, un but à atteindre – mais quel but ? Encore une journée ? Non. La mort.
Sandor Marai
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mar.
10
oct.
2023
Un ange de douleur, la neuropathie ou polynévrite sensitive, s’est couché sur mon corps. Sans prévenir. Sans rien me dire. Depuis, je souffre et me pose des questions aux multiples réponses. Les mois ont passé, la vieillesse est venue, plus cruelle encore.
Je demande à Dieu, à la Trinité sainte, à la Vierge très pure, mère de Dieu, mère de Jésus le Christ Rédempteur, de m’aider dans cette période intense et rare, que je n’ai jamais de comparable connue.
Les savants disent, il n’y a pas de remèdes, il faut prendre de la vitamine B. C’est la litanie de ces vitamines B1, B2, B6, B12. Je dois attendre encore avant de recevoir d’autres explications, d’autres conseils.
« Il faut marcher, beaucoup marcher » disent-ils. J’obéis avec ma canne et mon chien. Mais une promenade de vingt minutes autrefois me prend maintenant trois quarts d’heure, et je suis bien content d’y parvenir, car avant les conclusions des derniers médecins, mes promenades douloureuses étaient raccourcies.
Moi, qui durant 80 ans, n’ai jamais connu de cliniques avec leurs appareils impressionnants, leurs scanners et autres modernités soignantes que manipulent des techniciens, j’ai, en deux semaines, vu le spectacle des malades ou patients, qui se perdent dans les dédales des hôpitaux, qui sont renvoyés d’un service à l’autre, avant d’ouvrir la bonne porte et de parler au spécialiste de leur douleur.
Il est évident que je pense à la mort même si, jusqu’à présent, on ne me l’annonce pas proche. Il y a beaucoup de silence dans le dialogue médical.
Il y a celui qui sait face à celui qui n’a pas le code pour comprendre les termes médicaux et les résultats de l’analyse de sang décryptés par les laboratoires.
Tous les gestes médicaux posés sur le corps ne sont pas nécessairement annoncés, ni expliqués. Je préfère fermer les yeux, en état de self défense, espérant, quoique sans illusion, car il n’y a pas de joie dans ces rencontres.
Il ne fait pas très chaud dans les couloirs.
Il faut rester poli, répondre à toutes les questions.
La profession médicale a un statut très élevé dans l’échelle des activités humaines car chacun, tôt ou tard, rencontrera un ou des docteur dans l’espoir d’une guérison. Mais si le choix est libre, le patient ignore souvent tout au sujet des spécialistes et de sa maladie.
Le patient patiente et doit rester poli.
Certains médecins admirables consacrent beaucoup de temps à votre cas, mais vous dit-il la vérité ? Se confier à lui est facile, mais lui faire confiance n’est pas automatique. Le doute fait partie du dialogue. Certains vont voir un grand nombre de médecins avant de trouver celui qui les guérira. Miracle. Mais si la guérison n’arrive pas, la vie s’assombrit et ne trouve d’autre choix que la résignation si on garde assez de forces.
Dans le couloir de la clinique, un couple sort d’un cabinet médical. Le mari est affligé de deux béquilles, il avance très lentement le corps tordu comme si ses jambes étaient très abîmées. J’entends le médecin dire à l’épouse : « Il faut qu’il bouge. Il doit marcher davantage. »
Il y a de moins en moins de généralistes. Les médecins sont devenus des spécialistes, chacun d’une seule partie du corps. Ils sont diplômés à la fin de longues années d’études pour ce morceau de votre précieux corps : la main, les poumons, l’estomac, le cœur, la circulation du sang, les nerfs, le cerveau, etc. Mais si votre corps ressent des douleurs un peu partout, il faudra se rendre tour à tour chez chaque spécialiste d’un des organes supposés malades. Le dermatologue ne se prononcera pas au sujet de l’état du cœur du patient. Si nécessaire, il l’enverra chez le cardiologue, multiples rendez-vous, consultations, échographies et radiographies, et attendre les avis de chaque spécialiste après les consultations pour obtenir enfin une synthèse basée sur le parcours effectué. Il s’agit de fermer des portes, et de patienter entre chaque rendez-vous en espérant survivre au temps qui passe.
Le monde médical est très fermé, composé d’initiés, dans lequel entre le patient terrorisé. Sera-t-il écouté ? Entendu ? Aimé ?
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mer.
30
août
2023
(On pourra lire ici la suite et la fin de la nouvelle Le Comte de Lorgeron, soit les chapitres 7,et 8. Les précédents chapitres sont 1 et 2, dans les Carnets de mai 2023 ; 3 et 4, dans les Carnets de juin 2023 ; et les chapitres 5 et 6 dans les Carnets de juillet 2023).
Les personnages et les situations de cette nouvelle Le Comte de Lorgeron, étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.
Chapitre 7
Une semaine s’était écoulée depuis la soirée où Douglas avait été obligé de rendre des comptes. Le docteur Lançot n’avait pas donné de détails à Martine au sujet de l’attitude de la famille de Kalia quand il était venu ramener leur fille. Martine n’avait pas insisté mais la discrétion du docteur l’inquiétait. Pourquoi n’avait-il pas donné plus d’explications ?
Douglas avait promis à la baronne de ne plus revoir la jeune fille. Il ne voulait pas perdre la confiance de ses maîtres à qui il réitérait un entier dévouement.
Le baron devenait nerveux car, à chaque émission télévisée, les actes de vandalisme et les incendies devenaient plus nombreux dans les villes belges où, chaque nuit, des autos et des immeubles brûlaient, des vitrines éclataient sous les coups de masse, les sirènes d’alarme se déclenchaient de tous côtés, les rues dans certains quartiers ressemblaient à un champ de ruines avec des maisons calcinées ou abandonnées. Les policiers épuisés étaient maintenant secondés par des pelotons militaires composés de jeunes volontaires inexpérimentés. Bruxelles était quadrillée par des barrages sur tous les axes qui menaient vers les quartiers riches particulièrement touchés. Des habitants avaient cloué des volets de bois à leurs fenêtres et vivaient derrière ces barricades improvisées. Les commerces ne s’ouvraient qu’à des heures annoncées par les administrations et sous la protection de l’armée, pour les réapprovisionnements, la distribution des denrées essentielles et des bidons d’eau.
Les compagnies d’électricité, d’eau et du gaz fonctionnaient malgré de fréquentes interruptions.
Dans la capitale, les artères de la rue de la Loi, de la rue Belliard, de l’avenue Louise, de l’avenue Franklin Roosevelt, de la chaussée de Waterloo, dirigées vers les deux Woluwe, Boitsfort et Uccle, étaient gardées jour et nuit par des soldats en armes debout devant des barbelés. A Uccle, il y avait eu des villas incendiées. Malgré toutes les protections, l’ambassade d’Israël avenue de l’Observatoire n’était plus que ruines, après le massacre des quatre gendarmes qui la gardaient, laissant le champ libre à une centaine de manifestants qui incendièrent le bâtiment après un pillage à tous les étages et l’égorgement de cinq diplomates qui n’avaient pas eu le temps de fuir. Des fusillades avaient éclaté plus tard, mais trop tard, entre les assaillants et un escadron de gendarmes. Résultat : plusieurs morts et plusieurs blessés de part et d’autre et hurlements diplomatiques !
Dans certaines rues, une odeur de brûlé stagnait en permanence. Les habitants avaient créé des petits groupes armés de fusils, de bêches, de piques et de gourdins pour protéger leur quartier.
Sur la ligne de TGV Bruxelles-Paris, des sabotages avaient été signalés.
Les pompiers étaient exposés car ils essuyaient les tirs de fanatiques qui se déplaçaient rapides à moto et toujours la nuit.
Une guerre avait lieu en Belgique. Les coups d’Etat déclenchés il y a quelques mois en Afrique, avaient allumé dans le monde la mèche d’une immense poudrière, et tout explosait partout. Trop tard maintenant. Impossible à maîtriser.
Cette fois-ci, c’était clair. Chacun devait se défendre par tous les moyens pour sauver sa peau, car l’Etat belge ne répondait plus, pareil à un grand navire qui, sans gouvernail et privé de capitaine, d’officiers et de marins, fonce à toutes voiles, droit vers la côte où les naufrageurs l’attendent pour le mettre en pièces.
Le Gouvernement avait exigé du Roi qu’il s’installe avec sa famille dans son château de C…, protégé par des blindés et par des hommes de troupe qui avaient comme consigne de tirer sans sommation sur tout individu suspect.
Nul homme ou femme politique n’était assez fort et intelligent pour prendre les rênes du pouvoir et remettre de l’ordre dans la pagaille. Dans la rue de la Régence, les musées d’art ancien et d’art moderne avaient été saccagés, des tableaux des primitifs flamands gisaient détruits sur le bitume sur lequel roulaient les voitures.
Les piétons qui se risquaient en rue étaient harcelés par des jeunes qui criaient à dix centimètres de leur visage.
Enfin, ceci qui fit la première page de tous les journaux du monde : la cathédrale Saint Michel et Gudule, près de la Grand-Place à Bruxelles, fut envahie par des révolutionnaires lors d’un office nocturne du nouveau cardinal qui avait réuni une centaine de fidèles afin de prier pour la paix civile. Les fanatiques ne firent pas de quartier, bloquant les portes, les entrées et les sorties, et ils égorgèrent un par un, dans un désordre indescriptible et des cris affreux, tous les fidèles, hommes, femmes et enfants, sans oublier les prêtres et le cardinal, incapables de s’enfuir.
Quand les secours arrivèrent, ils constatèrent le massacre. Cent dix morts, ni plus ni moins. Aucun survivant. Et les agresseurs disparus.
La tuerie de la cathédrale avait obligé le baron de la Maille à prendre en urgence des mesures pour se protéger. Il avait demandé à son garde-chasse Joseph de réunir quelques fils de fermiers, de toute confiance, - certains étaient traqueurs lors des chasses et connaissaient très bien le parc - afin de former une garde rapprochée autour du château jour et nuit. Le baron payait une prime journalière. Dix jeunes hommes acceptèrent d’effectuer des rondes la nuit autour des bâtiments. Le baron avait mis à la disposition de ces fidèles les chambres et les lits du troisième étage – celui où logeait la cuisinière Emilia - et leur procura des fusils et des revolvers qu’il avait gardés dans ses caves. Les cartouches étaient nombreuses, rangées dans plusieurs caisses.
René de La Maille avait appris qu’une bande avait incendié, la veille, le château de Sansoucy occupé par sa cousine Caroline, comtesse du Dour, âgée de quatre-vingts ans, qui vivait avec une fille handicapée et une vieille parente, dame de compagnie.
Au moment de l’attaque, elles ne purent appeler les secours et périrent toutes les trois dans le brasier.
Le danger se rapprochait car Sansoucy était à côté de Botton.
René de La Maille fit le point avec le comte de Lorgeron et Martine dans le salon après le dîner du soir.
Si la nourriture commençait à être rationnée à l’extérieur, car beaucoup de magasins à Namur, Dinant et dans certains villages n’étaient plus approvisionnés, ils avaient dans le château une cave avec d’importantes provisions : farine, sucre, sel, biscuits, viandes fumées, bouteilles d’eau et bacs de bière, fruits secs, jus de fruits, conserves nombreuses et dans le fruitier d’importantes quantités de pommes et de poires cueillies dans les vergers en septembre. Et une cave à vin avec un millier de bouteilles des meilleurs crus.
Le baron ne craignait pas d’être affamé. Emilia était une excellente boulangère. Il y avait des poules nombreuses dans la ferme proche du château. Le bétail élevé sur les terres lui procurerait la viande, s’il le demandait à ses fermiers.
Installés dans le fumoir, après le dîner servi par Douglas en livrée, le baron, sa femme et le comte de Lorgeron eurent une grave conversation.
- Mon cousin, avec tout ce qu’il se passe actuellement, ne pensez-vous pas que ce fut une erreur pour vous, par notre faute, d’arriver en Belgique ? dit La Maille au comte.
- Pas du tout. Vous n’êtes en rien responsable. Si Paris actuellement ne bouge pas encore, cela ne saurait tarder. Je suis désolé d’être une charge pour vous dans ces circonstances.
- Non, dit Martine, il est agréable de vous avoir avec nous dans cette horrible période.
- Que comptez-vous faire, dit le comte à René de La Maille. Vous ne songez pas à quitter Villiers ?
- Oui, j’y pensais, mais Martine ne m’y encourage pas. Cependant l’incendie du château de Sansoucy et la mort de la comtesse du Dour près de chez nous est un terrible avertissement.
- Que vous a dit la police ? répondit le comte.
- Mais nous ne recevons aucune instruction. C’est du chacun pour soi. Hier la gare de Namur a été saccagée. Vous comprenez que cette police ne peut être présente en tous lieux jour et nuit.
- Où iriez-vous si vous quittez Villiers ? dit le comte.
- Je pensais partir au Danemark où j’ai un ami, le comte Knud Vengensen. Il habite sur la côte du Jutland à Thisted. Je lui ai téléphoné ce matin. Il accepte de nous accueillir sans délai et sans conditions. Nous nous entendons très bien. Il fut le témoin de mon mariage à Brasschaat. Son château est vaste. Il vit avec sa mère âgée. Ils ont du personnel, des chiens et des chevaux. Il collectionne les tableaux et aime beaucoup la musique du XVIIIème siècle. Il est bien introduit au Palais de Copenhagen. Bref, ce serait une porte de sortie si cela s’aggrave ici.
- Je suis d’accord avec toi, dit Martine. Le problème est que nous avons Emilia et Douglas qui logent au château. Je ne leur ai pas parlé encore de ta proposition. Les laisser seuls serait plein de risques pour eux. Emilia n’a plus de famille, où irait-elle ? Et Douglas est ciblé certainement par la famille de Kalia. Au fait que devient-elle ?
- Si vous quittez Villiers, dit le comte à René de La Maille, vous acceptez de tout perdre ici, car le château abandonné sera livré au pillage, et peut-être incendié comme à Sansoucy. Il n’est pas question de laisser Emilia ou Douglas seuls au château.
- J’en ai parlé à mon ami Vengensen. Il est prêt à accueillir tout le monde. Martine, Emilia, Douglas, vous et moi. Il m’a dit ; « On verra plus clair dans six mois ». Sachez qu’il est très riche et n’a aucun souci d’argent. Notre personnel travaillera avec le sien, et ce sera confortable pour eux.
- Vous abandonnez tous vos tableaux, votre mobilier, et vos souvenirs de famille ? dit le comte.
- Non, je prévois dans ce cas un petit camion de déménagement qui partira six heures avant nous. Il y a mille deux cents kilomètres d’ici à Thisted. Douglas accompagnera le chauffeur de ce camion. Martine quittera ensuite le château avec vous une heure plus tard dans votre Jaguar. Et moi je fermerai le ban en emportant Emilia dans ma Dodge.
- N’oubliez pas que je dois revoir mon fils prochainement, dit le comte.
-Nous écrirons à maître Pluvier et nous lui donnerons notre nouvelle adresse pour que votre fils vous retrouve dans le Jutland.
- Tout cela me paraît cohérent, ajouta Lorgeron. Je lierai mon sort au vôtre. Un souhait, cependant. Mon chien m’accompagnera et je pars avec le Degas dans le coffre de ma Jaguar.
- Vous aurez, si vous le désirez, vos tableaux dans le camion de déménagement, dit le baron de La Maille.
- Je pars avec notre cousin dans sa voiture ? interrogea Martine.
- Rassurez-vous ma chère, dit Lorgeron, le moteur de ma Jaguar tourne parfaitement. Vous et moi, nous nous relayerons au volant.
- Oui, dit le Baron à Martine, tu laisseras ta Renault dans le garage, sauf si tu ne le désires pas.
- J’accepte si c’est la meilleure solution, dit Martine.
Le comte lui baisa la main car il sentait qu’elle était triste de quitter Villiers.
- La chose qui m’inquiète est celle-ci, dit encore le baron de La Maille au comte de Lorgeron, nos véhicules seront très éloignés les uns des autres. Il est essentiel d’être munis de GSM pour communiquer. Dans le camion de déménagement, Douglas comme convoyeur disposera d’une carte routière. Ce camion de déménagement ne sera pas discret. Tant pis. Il transportera notre collection de Jordaens et de Van Dyck, vos tableaux et quelques meubles auxquels nous tenons beaucoup Martine et moi. Ce sera ensuite à Martine et à vous avec votre fox de quitter Villiers dans votre Jaguar. Puis une heure plus tard, Emilia et moi dans ma Dodge. Si un des trois véhicules est bloqué par un barrage, c’est la catastrophe car les deux autres ne pourront pas intervenir. Je propose de rejoindre l’autoroute le plus rapidement possible car les fanatiques n’osent pas encore y placer des barrages. Jusqu’au Jutland, nous resterons sur les autoroutes. D’ailleurs, une fois la frontière allemande passée, il n’y aura plus de risques car l’Allemagne et le Danemark sont encore paisibles et en ordre.
- René, dit Martine, il serait temps d’expliquer votre plan à Douglas et à Emilia avant qu’ils ne montent se coucher.
- Oui, dit le Baron qui partit chercher Douglas à l’office et Emilia à la cuisine.
Au moment où il quittait le fumoir, ils entendirent des cris et des huées dehors devant le château, suivis d’un bruit effroyable de vitres brisées dans le grand salon. Des ombres lançaient des pierres dans les fenêtres.
- C’est une intifada, se dit Lorgeron.
- Abritez-vous, cria René de La Maille. Eteignez les lampes. Il faut fermer les volets avant qu’ils entrent ici. Mon cousin, prenez un des deux Purdey que j’ai descendus tantôt. Il y a des cartouches. Postez-vous dans le vestiaire. N’allumez pas. Si quelqu’un tire, vous riposterez.
Martine s’était précipitée pour éteindre toutes les lampes, fâchée de n’avoir pas suivi à la lettre les conseils de la grand-mère de René, traumatisée par le meurtre de la marquise de Chasteleir abattue un soir dans son grand salon d’un coup de fusil tiré de l’extérieur. Cela s’était passé au dix-neuvième siècle. On peut être assassiné la nuit par tout rôdeur muni d’un fusil et qui passe sous vos fenêtres allumées.
Douglas, rapide comme un chat dans le noir, ferma les volets un par un. Il marchait sur les morceaux des vitres brisées et plaçait les lourdes barres de fer derrière les planches de bois pour les bloquer. Il avait vu des ombres courant devant le château avec des torches qui flambaient dans la nuit. Certains de ces inconnus criaient leur colère dans un langage incompréhensible.
- Je téléphone au garde-chasse pour qu’il vienne à notre secours, cria René de La Maille.
Il parvint à atteindre Joseph et lui expliqua que le château était attaqué.
- Martine, dit le baron, je monte dans notre chambre et je descends des armes.
Martine n’avait qu’une petite lampe veilleuse qui éclairait un cercle d’un mètre de diamètre dans le hall. Tous les volets étaient fermés et consolidés maintenant grâce à Douglas. Elle vit que la main du jeune homme saignait.
- C’est un morceau de verre accroché à un volet, dit Douglas.
Il emballait sa blessure d’un mouchoir. Il faisait froid à cause des vitres brisées.
- Ces gens sont fous, se dit-elle. Quelle haine !
René tendit à Martine un des fusils avec des cartouches.
- Place-toi dans le fumoir. N’allume pas. Il y a une petite meurtrière sur le côté près de la bibliothèque. Ouvre-la très lentement. Dans le noir, ils ne verront pas le canon de ton fusil si tu le sors un peu à l’extérieur de la meurtrière. Si tu entends un coup de feu provenant de leur groupe, tu réponds et tu tires les deux coups au-dessus des têtes. Ils verront que nous sommes armés. Je donne les mêmes instructions à Douglas et à notre cousin.
Le comte de Lorgeron était assis, fusil chargé, sur une petite chaise et il attendait calmement dans le vestiaire comme attend patiemment un chasseur que le maître de la chasse veuille bien sonner de la trompette pour avertir que la traque va commencer.
- Vive la Belgique ! Quel pays paisible ! Bonne chance, René, et comptez-sur moi, s’esclaffa le comte de Lorgeron.
René de La Maille lui donna une petite tape sur l’épaule, et lui dit : « Heureusement que vous êtes là ».
Ensuite, il se tourna vers Douglas : « Monte vite au premier étage dans la salle de bains, ouvre très doucement la fenêtre et attends avec ton fusil armé qu’il y ait un échange de coups de feu entre les agresseurs et le château avant de tirer à ton tour. Lance deux premiers coups vers le ciel pour les effrayer. S’ils répliquent, tu attends mes ordres. Voici une boîte de cartouches.
Le fusil de Douglas était un fusil belge des armureries Lebeau-Courally très connues, de Liège. Un superbe calibre 12 avec éjecteur juxtaposé système Anson & Deeley, avec canons en acier Leugram, à crochets rapportés, une bascule de forme arrondie à triple fermeture Purdey, et des gravures en forme de dentelles au-dessus des gâchettes. Arme somptueuse que Douglas chargea immédiatement. Tout cela l’excitait.
Ils entendirent la voix d’Emilia qui tâtonnait dans le hall obscur et qui disait : « Madame la baronne a-t-elle besoin de moi ? » Oui, lui répondit Martine, prenez cette torche électrique, éloignez-vous des fenêtres et servez du whisky à chacun des messieurs, y compris à Douglas qui est au premier étage dans notre salle de bains. Mais modérément. Soyez prudente, nous vivons des moments difficiles. Ensuite, allongez-vous dans un des canapés du fumoir. Ne montez pas dans votre chambre. Eloignez-vous des fenêtres.
- Je n’ai pas peur, dit Emilia, je prie la Vierge pour qu’elle vous aide car vous êtes une personne gentille. Vous ne méritez pas d’être attaquée.
Soudain, ils entendirent des bruits de moteur. C’étaient les deux Jeeps du garde qui arrivaient par la grande avenue à toute vitesse, tous feux éteints. Avec le garde-chasse, cinq jeunes, fils de fermiers et chacun avec un fusil. Ils déboulèrent en plein milieu des agresseurs, tirant plusieurs coups de fusil en l’air et criant Police Police pour effrayer les criminels. Effet de surprise garanti et fuite éperdue. Le comte de Lorgeron ne put s’empêcher de tirer par la fenêtre ouverte du vestiaire un sixième coup de fusil vers le ciel pour exprimer son soulagement.
Ce coup résonna si fort dans le petit vestiaire qu’il en fut lui-même saisi.
Chapitre 8
Ils étaient tous réunis dans le hall. Une heure du matin. Les fermiers trinquaient avec les maîtres. Emilia avait cherché de la bière et Douglas du vin. Martine avait sorti des galettes pour ceux qui avaient faim.
Le baron de La Maille donnait une accolade à son garde en disant : « Merci mon cher Joseph. Heureusement que vous êtes arrivés à temps, nous avons eu très peur. Voyez nos armes, et voyez les vitres brisées dans le grand-salon ! »
- Je viendrai demain avec un ami vitrier réparer les fenêtres, dit le garde.
René de La Maille prit le garde à part, l’amenant dans le fumoir. Martine, qui avait compris, les suivait.
- Joseph, ils vont revenir. La situation est trop grave. Ils finiront par mettre le feu au château comme à Sansoucy chez ma cousine. Nous ne pouvons plus rester. J’ai décidé de partir ce soir même au Danemark chez un ami à mille deux cents kilomètres d’ici.
Le garde le dévisageait et ne disait rien.
- Je projetais de quitter le château demain avec un petit camion de déménagement emportant quelques tableaux et quelques meubles, poursuivit le baron, mais nous n’avons plus le temps. Ils vont revenir armés et nous tuer tous.
- Vous partez maintenant alors ? Vous abandonnez tout ici ?
- Oui dit le baron, je pars avec Madame, avec mon cousin le comte de Lorgeron, avec Emilia et avec Douglas.
- Il vous faudra une protection jusqu’à la frontière allemande, dit le garde. Il est dangereux de rouler la nuit. Les Jeeps vous accompagneront avec les fermiers en armes, nous irons par les petites routes, en évitant Botton, et nous rejoindrons l’autoroute. Ensuite, jusqu’à la frontière où nous vous laisserons poursuivre seuls.
- Je vais vous demander une chose, Joseph, c‘est qu’une des deux Jeeps emporte quatre tableaux très précieux jusqu’au Danemark chez mon ami, vu que nous n’avons plus le temps d’attendre jusqu’à demain l’arrivée du petit camion. Je paierai tous les frais du fermier qui se proposera pour conduire cette jeep.
René de La Maille, se tournant vers Martine, sortit discrètement de son portefeuille six billets de cinq cents euros à donner par Martine à chacun des jeunes fermiers pour les remercier d’être là.
Le baron de La Maille avertit Lorgeron, Emilia et Douglas, qu’il était urgent d’abandonner le château et de partir de suite pour le Danemark. Ils seraient protégés jusqu’à la frontière allemande par les deux Jeeps. Le comte de Lorgeron, aidé par Douglas, retourna dans sa tour emballer quelques effets et des papiers de banque qu’il plaça dans une valise. Il décrocha le Degas et saisit son meilleur fusil et une boîte de cartouches. Il avait enfilé son gros manteau d’hiver et noué autour du cou l’écharpe de cachemire.
Douglas n’emportait rien, sinon quelques vêtements chauds dans un grand sac en plastique.
La baronne avait déposé tous ses bijoux dans un petit coffret de cuir qu’elle portait à la main en même temps qu’une sacoche Hermès.
Pour ne pas prendre froid, elle avait revêtu un vison blanc, cadeau d’Eddy son père, jamais porté, détesté de son mari qui trouvait cette fourrure idéale pour une cocotte en représentation.
Le baron avait une serviette de cuir bourrée de billets en grosses coupures, et dans l’étui d’un fusil vide, il avait versé des centaines de petits lingots d’or de cent grammes pour le cas où.
Emilia tenait le fox en laisse. Elle était vêtue d’un manteau de laine épaisse, d’une grosse écharpe et d’un bonnet abaissé jusqu’aux sourcils.
Les moteurs des Jeeps tournaient. Il faisait très froid. La neige commençait à tomber. C’est complet, se dit le baron, avec une si longue route !
Joseph annonça qu’un des fermiers, le fils Lemal, les accompagnerait jusqu’au Jutland. René de La Maille alla serrer la main du jeune homme qui se dévouait et lui glissa discrètement cinq cents nouveaux euros.
Quand il vit les bagages et les armes qu’emportaient les voyageurs, René de La Maille décida qu’ils utiliseraient deux voitures, la Jaguar avec Martine, le comte et Douglas, et la Dodge avec Emilia, le fox-terrier et lui. Les coffres des voitures étaient bien chargés. Le Degas ferait le voyage à l’arrière de la Jaguar.
René de La Maille avait, avec l’aide d’Emilia, coupé discrètement et maladroitement les toiles des peintres impressionnistes du fumoir, les avait roulées et emballées dans un grand papier brun fermé avec de solides autocollants. Ils placèrent les cylindres contenant les toiles dans le coffre profond de la Dodge.
Les Jordaens et les Van Dyck avaient été couchés, maintenus par des sangles et couverts d’une bâche, à l’arrière de la Jeep qui les convoierait jusqu’à Thisted.
Ils partaient enfin. Le baron avait promis au garde-chasse un gros capital s’il parvenait à écarter les incendiaires du château durant le séjour au Danemark dont il ignorait la durée.
« Puisse cette période si inquiétante pour les populations, victimes de prédateurs chaque jour plus nombreux, plus audacieux et plus cruels, ne pas se prolonger », pensait-il en refermant à triple tour la porte du perron derrière lui.
Adieu mon beau château, adieu mes arbres, adieu mes plaines, adieu mes faisans, mes lièvres et mes lapins, mes hérons et mes chevreuils ! Adieu campagne si jolie ! Adieu ma jeunesse et mes plaisirs ! Adieu mes champs de blé, adieu la cave de mes vins, adieu mes chers trésors…
Il était trois heures du matin.
Les deux Jeeps encadraient les deux voitures. Dans chaque voiture et dans chacune des Jeeps, des armes chargées, prêtes à tirer.
Les prières de la cuisinière à la Vierge furent exaucées, car ils ne rencontrèrent personne sur les petites routes choisies pour rejoindre l’autoroute. Aucun barrage, aucun contrôle. Tout le monde dormait sans doute. La neige tombait mais ne tenait pas.
« Mes tableaux supporteront-ils le voyage ? S’il n’y avait pas eu Martine, se disait le baron, je serais resté à Villiers-sur-Meuse, montant la garde jour et nuit avec mon personnel ».
Mais le risque était insensé.
Sur l’autoroute en territoire belge, le petit convoi, qui filait vers l’Allemagne, avait croisé des tanks et des camions chargés d’hommes de troupe qui se dirigeaient vers Bruxelles.
Martine se détendait bien au chaud dans son vison blanc, assise à côté du comte de Lorgeron qui pilotait sans fatigue la Jaguar puissante et silencieuse.
Après quinze heures de route sous la neige fondante, interrompues par les pauses dans les stations-services allemandes, la Jaguar, la Dodge, et la Jeep chargée des Jordaens et des Van Dyck, arrivèrent avec leur cargaison dans le parc du château de Thisted, où les attendait le comte Vengensen.
- Ce monsieur a un gentil sourire, pensa Emilia.
La neige tombait toujours. Les eaux grises du fjord s’étendaient à perte de vue.
(FIN)
Henri de Meeûs
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mer.
02
août
2023
Dans ces Carnets de juillet 2023, voici la suite de ma nouvelle Le Comte de Lorgeron, soit les chapitres 5 et 6. Pour mémoire , les chapitres 1 à 4 figurent dans les Carnets de mai et de juin 2023.
Chapitre 5
Martine de La Maille, née Sorgeloo de la famille très riche des Brasseries Sorgeloo Brouwerij, avait eu une enfance d’enfant unique chaperonnée par une gouvernante à demeure vu que ses parents, même durant sa petite enfance, sortaient quasi chaque soir dans les cocktails, les dîners, les bridges et les vernissages. Même le samedi et le dimanche, le couple Sorgeloo avait toujours des réceptions de mariage, des tennis, des goûters ou des rallyes voitures, car monsieur Sorgeloo, Eddy pour les intimes, collectionnait les ancêtres, surtout les Alfa Roméo.
Les parents Sorgeloo apparaissaient chaque mois dans la rubrique mondaine de l’Eventail, revue snob et chère. sur des photos imprimées sur papier glacé. On y voyait le couple Sorgeloo avec de grands sourires et une coupe de champagne à la main, debout entre le couturier Demeulen et la comtesse de Lannix, ou bien lors d’un tir aux clays, embrasser le vainqueur, le baron Dhont de Dhonteghem, un des meilleurs fusils de Belgique qui raflait tous les trophées.
Martine, enfant, jouait souvent seule avec ses poupées et avec Miss Lucy Eggerworth, vieille fille dégingandée originaire du Surrey, qui avait été recommandée par l’Ambassade de Belgique à Londres. Cette gouvernante comprenant que Martine était trop solitaire, s’était prise d’affection pour elle au point qu’elle put rester chez les Sorgeloo jusqu’aux fiançailles de Martine avec le baron de La Maille.
A force de courir dans le monde, ce qui devait arriver arriva.
Eddy Sorgeloo, père de Martine, rencontra une jeune divorcée qui faisait les yeux doux aux hommes qu’elle allumait avec des regards de désir ; Eddy flamba donc, quitta la mère de Martine en lui remettant, pour être chic ou pour éviter les cris et les gémissements, un gros paquet d’actions de la Brasserie Artois qui avait racheté à la même époque, au meilleur prix, la totalité des actions de la Brasserie Sorgeloo Brouwerij. La Brasserie Artois, une des plus importantes d’Europe, tirait en effet, sans répit, sur toutes les brasseries qui passaient au bout de sa mire, les petites, les moyennes, les grosses, pour devenir une brasserie monstre - une des plus grandes du monde - et dirigée bientôt par des Brésiliens.
Les familles belges des anciens actionnaires, si elles avaient perdu la majorité au conseil d’administration, s’étaient follement enrichies. Martine était donc devenue très riche.
Martine fit semblant de pleurer quand sa mère lui annonça la nouvelle du divorce, mais comme Eddy Sorgeloo n’était pas tendre et ne s’intéressait guère à sa fille, sinon pour lui verser chaque mois une belle rente, elle se fit une raison et continua à vivre dans la villa de sa mère à Brasschaat.
Sa mère n’était pas triste non plus.
Brasschaat, la commune avec les grandes villas, - souvent propriétés de Hollandais qui voulaient échapper au fisc de leur pays , les voitures qui passaient dans les avenues privées, Rolls, Bentley, Jaguar, Ferrari et les puissantes Audi et Mercédès , les jardins et les parcs, écrins des somptueuses demeures, étalaient la splendeur des familles qui aiment l’argent et se vantent sans cesse de leur réussite, n’ayant qu’une obsession, celle d’accroître encore et encore leur patrimoine en concluant toujours plus d’affaires, en épousant des sacs, en inventant ou en mentant, en invitant à leurs fêtes les riches et les titrés. Toujours la parade. C’était la vie des grandes fortunes anversoises.
La mère de Martine ne tarda pas à se consoler aussi. Elle choisit en secondes noces un marquis italien de quatre-vingts ans, administrateur chez Fiat, le marquis Marcello Bassoni Tragliotta, d’une noble famille napolitaine et propriétaire, jusqu’à la prochaine pluie de cendres et de soufre, d’importants vignobles sur les flancs du Vésuve.
Le marquis, plus âgé de quinze ans que la mère de Martine, n’avait pas d’enfant, ce qui ne gâtait rien. La vieillesse de son second mari importait peu à l’ex-madame Sorgeloo. Elle compensait avec le titre de marquise certaines infirmités du marquis. Ce titre lui ouvrait toutes les portes. Le nombre de photos d’elle dans L’Eventail ne se comptait plus. C’est tout juste si on ne la voyait pas maintenant, de face ou de profil, assise, debout, riante ou maussade, avec chapeau ou sans chapeau, sur toutes les pages mondaines, accompagnée ou non du vieux marquis Bassoni Tragliotta.
Martine trouvait que sa mère exagérait. Elle était agacée par ses nombreux voyages, énervée par la Maserati bleu pâle, choquée par les achats compulsifs de robes et de bijoux dans les maisons très chic de Paris, de Londres et de Milan, fâchée que sa mère aille tous les deux jours chez son coiffeur, gênée qu’elle dépense des fortunes en fleurs ou en cadeaux, pour les amies invitées à ses dîners de Brasschaat où des musiciens à trompettes et banjos accompagnaient, jusque tard dans la nuit, des danseurs fous-fous.
Martine était écoeurée de la voir dépenser son argent à des feux d’artifices que sa mère faisait tirer dans son parc à la moindre occasion : son anniversaire, celui d’un ami ou d’une amie, l’arrivée d’un nouveau toutou, etc etc.
A ce rythme, le marquis Bassoni Tragliotta ne fera pas long feu, se disait Martine qui n’assistait jamais à ces réceptions dont les comptes rendus paraissaient dans les revues people et dans les mondanités de l’Eventail.
Mais toute règle a son exception.
Ce fut à l’anniversaire de sa mère, âgée de soixante-dix ans, qu’elle rencontra à Brasschaat le baron de La Maille, châtelain de Villiers-sur-Meuse, orphelin et célibataire, à la tête d’importantes propriétés, des bois, des champs, des prairies et des fermes. Il s’ennuyait dans le brouhaha de la fête et songeait à s’en aller quand il aperçut Martine, jolie et élégante, sans chichis, avec son visage honnête et intelligent. Il resta jusqu’à minuit à lui parler, charmé par la jeune fille qui ne ressemblait pas du tout à sa mère devenue Marquise et qui, suite à des études universitaires de sciences politiques, avait l’esprit plus ouvert que la moyenne des jeunes filles qu’il rencontrait.
Le baron de La Maille, trop seul dans son grand château, cherchait à se marier, et après plusieurs rencontres à Bruxelles, fit comprendre à Martine qui l’invitait dans son appartement près du Bois de la Cambre, pied à terre et point de chute de ses mondanités, qu’elle était pour lui la femme idéale et qu’il n’en trouverait aucune autre.
Martine cherchait du sérieux, aima le baron, devint sa fiancée, puis sa femme au cours d’un mariage à tout casser dans le château Solvay à La Hulpe loué par sa mère qui avait choisi le meilleur traiteur de Belgique. Plus de mille invités. Un prince royal et sa femme étaient présents.
Eddy Sorgeloo, le père de Martine était venu, jaquette gris perle et cravate rose, au bras de sa nouvelle compagne, une divorcée aux yeux couleur de luxure. Il se fendit d’un discours avant le dessert pour témoigner de la joie qu’il ressentait. Dans son texte, de nombreuses allusions à des preuves d’amour paternel qu’il inventait de toutes pièces.
Etonnant mélange de milieux.
Les très riches se parlaient entre eux. On comptait parmi eux quelques nouveaux riches, parfois milliardaires, dont certains avaient été anoblis et titrés récemment par le Roi et qui, du matin au soir, ne se sentaient plus de joie.
En face, un autre groupe, celui des familles nobles depuis au moins six générations, autrefois très chrétiennes, mais aujourd’hui appauvries par les nombreuses naissances et par les partages familiaux qui entamaient inexorablement les patrimoines, comme la mer ronge les rivages. Ces aristocrates regardaient de loin les très riches, ne leur parlaient pas, et faisaient semblant de ne pas les connaître.
Ils digéraient difficilement l’amertume quotidienne d’une grande fortune disparue. Le regard qu’ils jetaient vers le groupe des grandes fortunes était celui des vertueux qui, condamnant le péché, regrettent de ne plus y goûter faute de moyens.
Rien de tel que d’être riches pour être heureux, se disaient-ils tous. Malheur aux pauvres ! Malheur aux ruinés !
Sans se compliquer la vie, le baron et la nouvelle baronne de La Maille s’envolèrent pour un voyage de noces de quinze jours aux Canaries dans un hôtel cinq étoiles. Ils y dormirent chaque nuit. Ils avaient loué une petite Fiat et circulaient dans l’île sans trop s’éloigner de l’hôtel Miranda. Ils passaient quelques heures sur la plage ou sous les parasols devant la piscine du cinq étoiles. Le corps de Martine enthousiasmait son mari qui le couvrait de baisers à tout instant. Elle aimait ça et le trouvait charmant.
Préoccupé par ses invitations de chasse, René de La Maille ne désirait pas rater les premières battues. Il fit comprendre à Martine qu’il ne pouvait prolonger le séjour qui la rendait si heureuse et qu’il était temps de revenir en Belgique.
Ils rentrèrent donc à la date prévue dans le contrat conclu avec l’agence de voyages après quinze jours de séjour idyllique, brunis et joyeux, elle d’être l’épouse de son cher René, et lui de retrouver ses terres et son château.
Eddy Sorgeloo, le père de Martine, avait offert à René son gendre deux superbes fusils anglais Purdey calibre 12 et calibre 16 comme cadeaux de mariage.
René rêvait de les essayer sur quelques lièvres dans la plaine. Il avait pris avec lui la documentation sur ces armes, véritables œuvres d’art, et la relisait sans se lasser
-Nous resterons amis, avait dit Eddy Sorgeloo à son gendre René de La Maille.
Chapitre 6
Ce samedi vers dix-neuf heures, dans le château de la Maille, Douglas avait rangé sa chambre, refait son lit, changé les draps, les couvertures et la taie d’oreiller, posé des fleurs, – des immortelles de novembre - dans un vase jaune, et parfumé légèrement la pièce où le lit prenait toute la place, à côté d’un fauteuil recouvert d’un tissu mauve, d’une table à tiroirs qui servait de bureau, et de deux chaises. La seule fenêtre avec vue sur les étangs n’éclairait plus grand-chose car le soleil se couchait. Il y avait un lavabo avec l’eau courante et, cachée derrière un rideau, une cuvette de w-c bien nettoyée, munie d’une chasse. Les eaux usées allaient directement dans un puits perdu situé près des étangs.
Un chauffage électrique réchauffait la pièce avec l’inconvénient qu’aussitôt la prise retirée, le froid retombait dans la chambre.
Il alluma le radiateur pour que Kalia puisse se dégeler sans trop de complications.
Lui-même, il se lava entièrement devant le miroir, et s’imbiba d’une eau de toilette Givenchy gentleman, cadeau reçu du baron et de la baronne pour la Noël. Ensuite, il revêtit les sous-vêtements revenus de la lessive, enfila un pantalon de velours beige côtelé et un pull-over vert à col roulé. Aux pieds, des chaussettes rouges dans des baskets.
Il alluma la lampe du plafond et la petite lampe de chevet. Cette dernière plus intime, resterait allumée au cas où…
Il l’espérait de toutes ses forces et il était envahi par une excitation croissante en même temps que d’un stress car il n’était pas habitué aux plaisirs de l’amour. Il craignait d’être maladroit et de lui faire peur. Sur le lit, il avait déplié un grand couvre-lit rouge.
Il était prêt, seul dans la tour où personne ne venait jamais, les maîtres toujours occupant le corps central du château, et le comte de Lorgeron logé dans l’autre tour.
Douglas était satisfait de l’arrangement accepté par Kalia qu’il irait bientôt chercher à pied à l’entrée de l’avenue pour la conduire dans la chambre où il dormait chaque nuit.
°°°
Kalia l’attendait sous un arbre à l’entrée de l’avenue, cachée de la grand-route derrière un massif de rhododendrons. Il l’aperçut, la prit dans ses bras, lui baisa le visage tandis qu’elle se blottissait contre lui.
- Ma chérie, il est agréable de te voir. Tu as pu arriver facilement ?
- Oui j’ai pris le bus qui part de Botton et traverse Villiers. Je suis descendue à l’arrêt devant l’église et j’ai longé à pied la route jusqu’à l’entrée du parc du château. Il commençait à faire sombre. Je ne suis pas très courageuse, ajouta-t-elle.
- Tu n’as pas froid ?
Il toucha ses mains glacées. Elle avait un manteau court, trop mince pour novembre avec cette nuit froide et l’humidité des bois. Elle ne répondit pas. Ils reprirent l’avenue déjà parcourue par Douglas.
Elle ne voyait pas grand-chose car le ciel était couvert de nuages lourds de pluie.
- Et ta famille ?
- Je leur ai dit que j’allais passer la soirée chez Liliane qui habite à Villiers pour répéter ensemble notre cours de sciences. Mes frères m’ont regardée d’un drôle d’air mais ils n’ont rien dit. Mon père a demandé à quelle heure je rentrais. J’ai répondu : « Pas plus tard qu’à onze heures ! »
- Et s’ils téléphonent à Liliane pour vérifier ta présence ?
- Liliane est mon amie. Je puis lui faire confiance.
- Je l’espère, dit Douglas.
Elle l’embrassa. Ils marchèrent plus vite car le froid était désagréable dans le bois. Ils entendirent des craquements dans les taillis et virent sortir devant eux un sanglier qui trottinait sur l’avenue puis disparut. Elle était saisie.
- Je n’ai jamais vu une bête comme cela, lui dit-elle.
- Il y en a beaucoup ici, répondit Douglas, et ils font du dégât aux cultures.
Ils arrivaient au château dont les masses sombres des tours se détachaient encore sur les nuages malgré la nuit tombée.
- Comme c’est grand, dit-elle.
- Oui et c’est très beau.
Douglas vit que les lampes du petit salon étaient allumées. Le baron et la baronne regardaient les dernières nouvelles à la télévision comme chaque soir. Dans la tour de gauche, les fenêtres du comte n’étaient pas éclairées ; c’est qu’il passait la soirée, assis dans un des clubs de cuir, en compagnie de ses cousins.
Après avoir fait le tour du château en marchant sans faire de bruit sur le gravier gris, les amoureux se dirigèrent vers l’autre tour, celle de droite, celle de Douglas qui ouvrit la lourde porte au moyen d’une grosse clé moyenâgeuse. Elle rit.
- Nous entrons dans une forteresse ? dit-elle.
Il prit garde de ne pas allumer le petit hall d’entrée aux murs desquels étaient accrochés des trophées de chasse, des têtes de sangliers, de cerfs, de biches que Kalia ne put voir dans l’obscurité.
Ils entreprirent de monter les marches de l’étroit escalier. Il la guidait en lui tenant la main, car elle ne distinguait rien dans tout ce noir. Sur le second palier, il s’arrêta et ouvrit la porte de la chambre, allumant la lampe du plafond et celle à côté du lit.
- C’est joli chez toi.
Le radiateur électrique marchait bien. Elle se frotta les mains. Il tira les rideaux jaunes pour occulter la fenêtre.
- Que veux-tu boire ? lui demanda-t-il.
Phrase dite des millions de fois par les jeunes et les moins jeunes qui veulent respecter un certain timing dans le programme.
« Un peu d’eau » fut la réponse.
Il avait une bouteille de Spa et deux verres en plastique. Elle but quelques gorgées pour se donner une contenance. Il lui présenta une boîte de biscuits au chocolat qu’il avait ouverte lors des préparatifs. Elle en prit un et l’enfonça dans sa mignonne bouche. Ses yeux étaient joyeux. Elle s’assit sur le lit en ôtant ses petites bottes de cuir. Il lui toucha la jambe et se mit à genoux devant elle, posant sa tête sur ses genoux.
- Que je t’aime, dit-il.
- Moi aussi, je t’aime Douglas, je t’aime fort.
Il caressait ses jambes, s’attardaient sur ses mollets, descendait sur les chevilles, et lui enleva ses chaussettes. Elle ne protesta pas.
Il embrassa ses pieds l’un après l’autre tandis qu’elle caressait ses cheveux et sa nuque penchée sur ses genoux.
Il pensait : « Elle sent bon, elle est douce, elle se laisse faire, quelle chance j’ai de l’avoir ici dans ma chambre ».
Il était touché par sa confiance, par les risques qu’elle avait pris, par le mensonge à sa famille. Elle était une fière petite fille ! Il s’assit à côté d’elle et ils se serrèrent l’un contre l’autre dans une embrassade étroite. Il l’étreignait de toutes ses forces, et elle s’abandonnait, lui offrant son visage et ses yeux fermés. Il baisait ses paupières, ses joues, son cou chaud, il ouvrit le col de sa chemisette, et elle le laissa faire.
Il la désirait si fort qu’il se pressait contre elle pour lui montrer combien elle l’excitait. Il s’appuya sur elle pour la coucher sur le couvre-lit rouge. Elle accepta. Il entreprit alors de lui retirer son pull-over jaune, sa chemisette, de détacher son soutien-gorge rose et de déboutonner son jeans. Il la couvrit de baisers et de caresses. Ses seins libérés. Son ventre dénudé jusqu’au nombril. Elle était attentive et se laissait faire, confiante et soumise.
- Tu m’aimes ? dit-il.
- Oui, souffla-t-elle.
- Veux-tu que je me déshabille ?
Elle opina de la tête et l’aida à se débarrasser de ses vêtements.
Liberté, grandiose liberté, joie, pleurs de joie, d’être nu devant Kalia âgée de dix-sept ans, élève d’humanités à l’Institut Sainte Marie, belle comme le jour, une si jolie fille qui me regarde.
Il n’avait pas honte de son corps car elle l’admirait en souriant et esquissait quelques caresses.
Il s’agenouilla sur le lit, nu face à elle, et son visage se penchant sur le sien, leurs lèvres s’unirent puis leurs langues.
Ils gémissaient, essayaient de prolonger cette union buccale où ils perdaient souffle.
J’adore sa salive, sa langue et ses dents, se disait-il.
Elle retira la main de Douglas quand il voulut approcher du dernier rempart, la petite culotte vert pomme.
- Non, dit-elle, pas ça.
Il n’insista pas.
Pour le consoler, elle devint plus active.
Assise, elle entreprit de toucher le corps de celui qui aspirait à sentir la caresse de mains bienveillantes. Elle le regardait minutieusement à la lumière de la lampe de chevet qui dessinait des ombres sur le corps de Douglas.
Après l’avoir fait jouir d’une main adroite, elle resta allongée sur le lit, les yeux fermés, le bas du corps toujours protégé, intact, tandis qu’il se lavait devant le petit lavabo avant de la rejoindre à nouveau.
Il avait remis ses sous-vêtements.
Comme ils étaient assoupis depuis une heure dans la chambre éclairée par la lampe de chevet, ils entendirent des appels et des cris à l’extérieur. Ce n’était pas du français. Kalia avait compris immédiatement : « C’est mon père et mes frères, je reconnais leur voix ! »
Que faisaient-ils là ? Qui les avait prévenus ? Qui avait cafardé ?
Ils commençaient à hurler sous les fenêtres du château : Kaliaaa ! Kaliaaa !
Elle était blême et, se précipitant sur ses vêtement, elle se rhabilla affolée, hagarde, disant : « Ils vont me tuer, ils savent que je suis ici ! »
Douglas s’habilla aussi, comme un automate, incapable de parler.
Ils entendirent le baron de La Maille et sa femme sortis sur le perron, qui demandaient aux trois hommes de quitter les lieux. Mais ils restaient là, ne bougeaient pas, hurlant toujours.
Alors Martine cria : « Nous ne connaissons pas votre fille Kalia. Nous ne l’avons jamais vue. Elle n’est pas ici. Douglas n’est pas au château, il est sorti à Namur pour la soirée, il rentrera demain matin, il loge chez ses cousins. Votre fille n’est jamais venue ici. Partez, partez ! »
Mais les hommes continuaient à l’appeler : Kaliaaa, Kaliaaa !
Douglas et sa chérie étaient coincés dans leur chambre, elle terrifiée, lui ne trouvant pas d’échappatoire. Paralysés, ils n’osaient pas éteindre la lampe, et pas question qu’ils entrouvrent le rideau.
Tout à coup, il leur sembla que la baronne s’était tue. Le baron restait seul en face des trois hommes. Il leur ordonnait de quitter les lieux sous peine de les faire embarquer par la police. Le ton montait. Comme Douglas aurait voulu porter secours à son maître !
Quelle erreur il avait commise ! Hélas, trois fois hélas ! S’il avait su, il ne se serait pas arrêté devant la petite Kalia qui s’agrippait à son bras maintenant. Terrifiée.
Quelqu’un gravissait l’escalier de la tour. Des coups furent frappés énergiquement à la porte. Martine entrait sans attendre la réponse et découvrit les tourtereaux rhabillés et pétrifiés. Elle comprit immédiatement, et leur dit : « Ne bougez pas, surtout restez ici, silence complet, je reviens tantôt ». Eteignant la lampe de chevet, elle redescendit rapide comme un oiseau les deux étages de la tour pour rejoindre son mari et les trois hommes, toujours devant le château à réclamer leur fille et leur sœur.
Martine éleva la voix. Dans le noir de la chambre, ils l’entendirent en dessous de leur fenêtre.
- Je vous confirme après vérification que Monsieur Douglas est de sortie, qu’il n’y a personne ici, sauf le comte de Lorgeron âgé de quatre-vingt ans, mon mari et moi. Ce château est une propriété privée. Vous ne pouviez pas entrer ici. Vous avez commis une infraction. Si vous ne quittez pas immédiatement, nous téléphonerons à la police et vous serez punis.
Sa voix était ferme.
Les trois hommes hésitaient. Mais surprise et saisissement, un coup de fusil, tiré en l’air de la fenêtre ouverte du salon et pareil au tonnerre dans la nuit, mit fin aux tergiversations. Le père et les deux frères prirent la fuite et embarquèrent presto dans une vieille Toyota cachée sous les arbres qui démarra et disparut.
Le comte de Lorgeron avait mis fin aux discussions avec le Purdey calibre 12 qu’il avait choisi dans le râtelier du hall où le baron rangeait les nombreux fusils et les cartouches.
Les époux rentrèrent. Martine expliqua la situation à son mari.
Ils retrouvèrent le comte au salon qui avait gardé le Purdey dans la main droite, avec un petit sourire d’enfant qui a commis une bêtise.
- Quel beau fusil, dit-il au baron qui ne répondit pas.
Le baron de La Maille était perplexe et irrité par l’attitude dissimulée de son domestique et par les conséquences du coup de fusil. Ces gens porteraient plainte sans doute. Mais oseraient-ils vu l’intrusion la nuit dans une propriété privée ?
- Nous allons appeler Douglas et son amie au salon, dit-il. Ils vont devoir s’expliquer.
Martine remonta pour la seconde fois dans la tour et retrouva les deux colombes apeurées, toujours serrées l’une contre l’autre dans le noir, et elle leur dit : « Mon mari demande une explication. Suivez-moi ».
La cuisinière Emilia, dans sa chambre au troisième étage, n’avait pas entendu la détonation et dormait du sommeil de la Juste.
Le comte de Lorgeron buvait le whisky que lui avait versé René de La Maille. Il était confortablement installé dans le club de cuir. Toute cette affaire l’amusait. On ne s’ennuyait pas à Villiers-sur-Meuse. Il admirait le sang froid de Martine et était curieux de connaître la suite des évènements. Le beau Douglas piégé ! Il riait intérieurement, mais n’osa pas trop manifester son amusement car il avait compris l’inquiétude de René de La Maille. Le coup de fusil n’était pas innocent.
Quelle sera la réaction de cette famille obligée de détaler comme des lapins ?
Douglas et la fille apparurent dans le fumoir en se tenant par la main. La petite baissait la tête.
- Tout est de ma faute, dit Douglas qui regardait le baron resté debout.
- Comme imprudence, c’est le bouquet, répondit le baron. Tu n’as jamais reçu notre autorisation de faire monter des copines dans ta chambre. Tu sors le samedi. Ce que tu fais en dehors du château ne nous regarde pas, mais nous t’avons toujours dit de ne faire venir personne ici sans notre autorisation.
Martine enchérit : « Qui est cette jeune fille que son père et ses frères viennent rechercher ici ? Cette histoire est insensée. Que vont-ils faire maintenant ? Et toi, dit-elle à Kalia, comment t’appelles-tu et quel âge as-tu ? »
- Elle s’appelle Kalia, répondit pour elle Douglas, elle habite la cité de Botton avec ses parents et ses deux frères.
- C’est complet, dit le baron.
- Comment va-t-elle rentrer chez elle ? dit Martine. Il est vingt-trois heures.
- Je vais la raccompagner, dit Douglas.
- Mon petit, dit le baron, je pense que tu ne réalises pas la situation. Quel âge a ton amie ? Elle me semble très jeune. Comment sa famille se doute-t-elle de sa présence ici ?
On entendit Kalia parler : « Madame, je suis très coupable d’être venue ici rencontrer Douglas et ma famille ne supportera pas la vérité. Je serai frappée, ce sera le minimum. Ils vont m’interdire de sortir ou ils m’accompagneront sans cesse, me conduiront pour mes cours et iront me rechercher. Je ne serai plus libre. Je vous demande de m’excuser. C’est affreux ».
Elle commença à pleurer.
Le baron s’assit, Martine aussi, et ils se versèrent chacun un whisky, laissant Douglas debout qui baissait la tête et ne trouvait pas de solution. Kalia assise sur le tapis sanglotait.
Le comte de Lorgeron prit l’initiative de verser du whisky dans un verre qu’il tendit au jeune domestique pour le réconforter.
Après un temps de silence, le baron s’exprima.
-Ecoutez-moi. Il y a plusieurs solutions. Certaines me semblent mauvaises. A nous de trouver la meilleure. Première solution : Kalia rentre seule chez elle ce soir chez ses parents à Botton. Comme c’est à cinq kilomètres, nous devons la reconduire discrètement en voiture et la laisser à cent mètres de sa maison en espérant qu’on ne verra pas notre auto. Si sa famille lui pose des questions, Kalia répondra qu’elle a raté le dernier bus et qu’elle a été obligée de faire du stop. Il y a une seconde solution : Kalia reste ici toute la nuit. Elle téléphone demain à sa famille qu’elle a dû passer la nuit chez son amie. Cette solution est risquée car si les parents téléphonent à l’amie et que celle-ci répond que Kalia n’est pas passée chez elle, ce sera pire encore. L’accumulation des mensonges… La troisième solution serait que Douglas annonce à la famille de Kalia qu’il est amoureux de son amie et qu’il désire se fiancer. Je crains, dit le baron que cette troisième solution est irréaliste. Douglas est-il prêt à une telle déclaration ? J’en doute.
Douglas se taisait.
- Tout à fait irréaliste, oui, ajouta Kalia. Ma famille sera furieuse et le chassera de la maison. Des violences sont même possibles.
- Donc, dit le baron, il y a encore une quatrième solution : que Kalia avoue tout à ses parents et demande leur pardon. Mais ici, c’est nous qui serons exposés car ses parents penseront que nous avons permis à Douglas d’accueillir Kalia dans le château, ce qui est faux puisque Douglas nous a trompés ma femme et moi, en te faisant monter dans sa chambre sans notre autorisation. Je déconseille donc à Kalia de choisir cette hypothèse qui pourrait tout compliquer. Je reviens à la première solution : nous reconduisons discrètement Kalia dans une demi-heure à Botton et elle rentre chez elle en inventant une excuse la plus plausible, en ne parlant pas de Douglas ni du château. Si ses parents ont été informés qu’elle n’est jamais arrivée chez son amie, je demande à Kalia de trouver une explication qui désarmera la colère de sa famille.
- Oui, dit Kalia qui écoutait de toutes ses oreilles.
René de La Maille regarda Martine et se tut. Il se versa un autre whisky. Lorgeron et Douglas tendaient leur verre.
Le comte de Lorgeron se taisait et admirait le discours charpenté de son cousin, mais il restait sceptique.
Dans le silence, Martine prit la parole.
- Je propose une cinquième solution qui me semble solide. Vous savez que je travaille souvent au petit dispensaire à l’entrée du château avec le docteur Lançot que vous avez vu ce matin. Je vais lui téléphoner pour lui exposer la situation. J’ai confiance en lui. Je demanderai qu’il ramène Kalia chez elle à Botton. Il trouvera une excuse médicale pour expliquer l’absence de Kalia ce soir dans sa famille. Il ne nous trahira pas. Il ne parlera pas de Douglas. Il a un secret professionnel. Qu’en penses-tu, Kalia ?
- Madame, je pense que c’est une bonne solution. Je lui demanderai d’expliquer à ma famille que je souffre d’un problème de santé, que j’ai eu besoin de le consulter, que les consultations et ses nombreux patients ne m’ont pas permis de passer chez lui plus tôt, qu’il a accepté de me ramener chez moi vu l’heure tardive. Ainsi Douglas et vous, monsieur et madame de La Maille, vous resterez en dehors de cette affaire.
Le comte de Lorgeron était bluffé par Martine, si convaincue de la capacité du médecin à mentir, à raconter une fable qui tienne debout face à une famille méfiante et en colère. Il ne donna pas d’avis car la question était délicate et son coup de fusil n’avait fait qu’exacerber la tension, même s’il avait fait déguerpir les intrus.
René de La Maille dit à Martine : « C’est une idée. Téléphone à Lançot. Je te laisse manœuvrer. On verra comment il réagira ».
Martine se leva pour téléphoner dans le hall. Dix minutes plus tard, elle rentrait dans le petit salon et annonça, souriante, que le docteur Lançot allait venir au château rechercher Kalia pour la reconduire à Botton.
- Le docteur a un plan pour te tirer d’affaire, dit Martine à Kalia.
Elle se tourna vers Douglas : « Maintenant Douglas, mon mari et moi, nous te conseillons d’être extrêmement prudent si tu veux revoir Kalia. Mais tu dois être lucide. Sa famille ne voudra jamais de toi. Tu cours des risques considérables en la revoyant. Et logeant et travaillant au château, tu nous mets en danger. C’est pourquoi, si tu te décides à poursuivre tes relations avec ton amie, nous te demanderons de quitter le château. Tu perdras ton emploi chez nous et notre amitié.
- Quelle maîtresse femme, se dit Lorgeron qui se versa un autre verre. Elle a parfaitement exposé le marché à son majordome. C’est Kalia ou nous, tu choisiras.
Il l’admirait. Il comprenait le baron de La Maille d’avoir épousé Martine.
Douglas semblait ennuyé. Il ne parlait pas.
Quand le docteur Lançot apparut une demi-heure plus tard, il se retira quelques minutes dans le hall avec les châtelains. Puis on entendit la voix de Martine qui appelait Kalia à rejoindre le docteur et à rentrer en voiture avec lui à Botton dans sa famille. Il parlerait avec les parents et s’engageait à désamorcer la bombe.
Les tourtereaux s’embrassèrent sans conviction.
On entendit le moteur de la Peugeot en route avec le docteur et la jeune fille.
- Maintenant, Douglas, annonça Martine, nous ne parlerons plus de cette malheureuse soirée. Rentre dans ta tour. Calme-toi. Tout finira par s’arranger. Mais tu connais maintenant les conditions si tu veux rester à notre service.
- Oui Madame, dit Douglas qui réfléchissait.
Il s’inclina devant le baron et la baronne, salua le comte dont les paupières étaient closes, et rejoignit sa tour et la chambre au second étage. La fête avait tourné au cauchemar.
- J’espère, ma chère Martine, que le scénario mis au point par votre docteur sera au goût de la terrible famille de cette petite Kalia, dit Lorgeron.
- Je croise les doigts, répondit Martine. Lançot est homme d’expérience et de jugement.
- Je pense qu’elle n’a pas dix-huit ans, qu’elle est mineure d’âge, dit René de La Maille. Douglas a pris des risques énormes.
- C’est la jeunesse toujours amoureuse et irréfléchie. Mais vous n’étiez pas dans leur chambre pour voir ce qui s’est passé, répondit le comte.
- Je n’ai pas envie d’être accusé de tenir ici une maison de débauche, conclut sèchement le baron.
Ils regardèrent encore les dernières actualités du JT à la télévision. Le speaker annonçait de nouveaux incendies à Bruxelles. Cette fois des immeubles brûlaient avenue Louise, notamment le luxueux hôtel Conrad qui n’avait pas résisté à des jets de plusieurs engins incendiaires. Des agences de banque avaient été visées aussi. A nouveau, pour la seconde fois, le quartier de la Place Jourdan était devenu une cible pour ces bandits que rien ne faisait reculer. La police était dépassée et la population terrorisée. Certains policiers avaient dû tirer en l’air pour éloigner des bandes qui montaient des communes de M… et de S… en vue de casser les vitrines du quartier de la Toison d’Or.
Le gouvernement réuni en urgence avait décidé, après d’interminables négociations entre partis, de faire appel à l’armée.
- Mais il n’y a plus d’armée en Belgique. Ils l’ont détruite, dit le baron qui avait été officier de réserve dans les blindés.
Une nouvelle les troubla. D’autres incendies criminels avaient été allumés à Namur, Gembloux, Arlon par d’autres bandes qui se déplaçaient rapidement en voiture ou en moto. Le pays flamand n’était pas épargné. Des villas dans la banlieue chic d’Anvers flambaient.
Ils entendirent le nom des communes de Brasschaat, de Schoten et de Schilde.
- J’espère que ma mère est en voyage, dit Martine.
Ils se souhaitèrent une bonne nuit. Lorgeron embrassa Martine et partit se coucher dans sa tour. Les volets furent fermés sur tout le rez-de-chaussée, les lumières éteintes les unes après les autres, et les La Maille rejoignirent leur chambre à coucher.
Le baron de La Maille et Martine avaient emporté les cinq fusils, les quatre carabines et les deux Purdey dans leur chambre à coucher au premier étage, dont René ferma la porte à clé.
-Martine, dit le baron, tout se dégrade. Nous allons devoir prendre une décision. Est-il prudent de rester à Villiers dans ce château, ou quittons-nous la Belgique ?
Elle ne répondit pas. Il l’embrassa très fort. Il admirait ses yeux qui disaient tout. Quelle femme que la mienne, se dit-il.
Dans sa tour, le comte de Lorgeron ajouta deux grosses bûches dans le feu ouvert de la chambre. Il pensa à son fils en Afghanistan. S’il voyait son père ici dans une Belgique perturbée, que dirait-il ?
Il caressa son fox à moitié endormi qu’Emilia avait monté dans la chambre pour la nuit. Il se déshabilla, revêtit un pyjama et un pull-over pour avoir plus chaud durant cette nuit qui s’annonçait froide, et nouant une écharpe en cachemire autour du cou, il entra dans son lit. Une bouillotte était là qu’il poussa au fond de la couche pour réchauffer ses pieds.
Il y avait les deux couvertures supplémentaires.
- Brave Douglas, se dit le comte avant de s’endormir.
(A SUIVRE)
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ven.
21
juil.
2023
Suite du récit Le Comte de Lorgeron par Henri de Meeûs. (Chapitres 1 et 2, lire les Carnets de Mai 2023). Ici les chapitres 3 et 4 sur Juin 2023.
Chapitre 3
Villiers-sur-Meuse était un petit village situé au-dessus des contreforts de la Meuse. Il ne craignait pas les inondations fréquentes du fleuve qui désespéraient les riverains, trop souvent confrontés aux dégâts des eaux, reprenant sans cesse les mêmes remises en état, les nettoyages, les achats de mobiliers pour remplacer ceux qui avaient été détruits, obligés de rédiger les mêmes demandes d’indemnisations sur des formulaires compliqués à adresser par lettre recommandée en triple exemplaire à des pouvoirs publics qui mettraient des années à payer quand ils n’égaraient pas les dossiers. On se demandait par quel entêtement masochiste les victimes de la Meuse s’accrochaient à son rivage ? Zone inondable ? Oui, mais ils étaient des milliers à avoir reçu le permis de bâtir sur les terrains longeant ce fleuve qui s’amusait à les tremper jusqu’à la taille de plus en plus souvent. Au journal télévisé, les larmes des habitantes désespérées s’ajoutaient à la masse des flots.
Le baron de La Maille, dans son château sur les hauteurs, avait toujours les pieds au sec comme tous les habitants de Villiers-sur-Meuse, fermiers, éleveurs de vaches, - de la célèbre race blanc-bleu-belge -, et de petits chevaux gris qui broutaient dans les prairies jusqu’aux premiers froids. On appelait cette race de chevaux robustes les petits gris de Villiers.
Trois cents maisons à Villiers-sur-Meuse, une église, une école, une maison communale et de rares magasins, une épicerie du distributeur Courtehoux, une pharmacie dirigée par une femme à la voix haut perchée qui donnait des consultations aux malades en même temps qu’elle déchiffrait les prescriptions des médecins, - elle jouait aussi à l’esthéticienne avec une quantité de produits de beauté pour femmes finissantes et pour messieurs délicats -, une boulangerie-pâtisserie, un bureau de poste avec une postière atteinte de fatigue chronique, une librairie-papeterie, et enfin un restaurant qui servait à midi de la petite restauration mais qui fermait le soir. Les petites omelettes au fromage étaient renommées. Et à la fin, petit café et petite addition.
Ce qu’on ne trouvait pas à Villiers-sur-Meuse, les habitants l’achetaient à Namur ou à Dinant. Bruxelles était pour les villageois le bout du monde. S’y rendaient cependant chaque matin dès l’aube, avec le premier train, quelques rares habitants fonctionnaires dans les ministères de la capitale, et qui reprenaient l’après-midi à partir de quinze heures trente le chemin de fer du retour.
Heureuses gens qui dormaient dans leur wagon durant tout le trajet !
L’église était desservie par un prêtre âgé qui regagnait chaque soir sa cure après de multiples tâches. D’abord le matin, la messe à sept heures suivie par une dizaine de personnes, ensuite la leçon de catéchisme aux enfants à onze heures, puis les visites de l’après-midi aux malades et à quelques vieillards à qui il donnait la communion, enfin l’attente de rares pénitents dans le confessionnal chaque soir entre dix-huit heures et dix-huit heures trente, - des femmes surtout -, qui lui récitaient toujours les mêmes péchés. Il y avait en outre le sermon du dimanche, la célébration des baptêmes, les mariages (avec des couples dont la moitié divorcerait rapidement), les funérailles des paroissiens (dont la plupart n’avaient guère fréquenté l’église), bref ce curé bien occupé, quoiqu’âgé, rentrait fourbu vers vingt heures dans une vieille maison humide, allumait une pipe et lisait le journal, puis il se levait et se réchauffait une soupe dans laquelle il jetait quelques morceaux de pain. Ensuite, assis devant le potage, il beurrait des tartines, les recouvrait du fromage que des fermiers lui apportaient par pitié.
Un poêle à charbon alimenté par des morceaux de coke reçus de l’épicier était son seul confort. Il croyait en Dieu. Il aimait le Christ qu’il priait à tout moment.
« Seigneur, aidez-moi, Seigneur, secourez-moi, Seigneur, je Vous aime, Seigneur, je suis à Vous. Faites pour le mieux car je suis faible, Seigneur, pitié pour nous ». Dans ce nous, il se comptait avec tous ses paroissiens, les athées compris, etc… C’était sa prière perpétuelle.
Combien d’habitants de Villiers-sur Meuse priaient encore le Souverain Juge et l’Amour infini ?
Le curé supportait mal la solitude du cœur et des sens et malgré ses efforts pour sourire, il avait un regard triste et un estomac plein d’aigreurs qui remontaient dans la gorge et l’obligeaient à avaler un médicament crémeux contre le brûlant.
Les habitants du village n’avaient rien à reprocher au baron et à la baronne de La Maille.
La baronne de La Maille était une femme active, toujours en mouvement, au volant de sa Renault. Chacun la connaissait. Elle aimait rendre service, encourageait le curé en bavardant chez lui de temps en temps, lui laissant à chaque visite un peu d’argent pour le nécessaire. C’est le curé qui l’avait entretenue du cas de l’orphelin Douglas et c’est elle qui avait trouvé la meilleure solution en se chargeant de son éducation et, plus tard, en l’engageant à demeure comme domestique au château.
On peut dire que les La Maille n’avaient pas d’ennemis dans le village. Les fermiers, locataires des terres du baron, payaient les fermages et le baron les laissait tranquilles, car il ne vendait aucune terre. Ces familles fournissaient aussi des traqueurs durant les chasses d’automne. Les battues étaient animées et le gibier abondant. Le baron et ses invités s’amusaient beaucoup.
Le baron utilisait les services d’un garde-chasse qui ne tolérait aucun braconnier sur les terres. Celui-ci, à ses débuts, avait échangé, au péril de sa vie, quelques coups de feu près des bacs à lumière avec des charognards, et les braconnages avaient pris fin.
-Vous comprenez, disait le baron au comte de Lorgeron, devant une tasse de café et des croissants, lors du petit-déjeuner après la première nuit du comte passée au château, si on est bon avec autrui, on ne doit pas craindre la méchanceté. Martine et moi, nous nous entendons avec la population, et je ne fais pas de politique. Martine les soigne quand ils ont de petits bobos. Ils viennent ici à l’entrée de service où a été aménagé, dès notre mariage, un dispensaire d’urgence. Martine est aidée par la veuve d’un médecin qui connaît la musique et cela facilite la vie des habitants qui ne sont pas obligés, pour des petits problèmes de santé, de se déplacer à Dinant ou à Namur.
- Vous n’êtes pas critiqués par les médecins de la région ? dit le comte.
- Cela se passe ainsi depuis vingt ans. Ils savent que nous ne leur faisons pas concurrence. Martine ne demande jamais d’argent, et appelle le médecin que le malade souhaite consulter ici au château. Souvent Martine règle elle-même les honoraires médicaux. Et puis, Martine a un diplôme d’infirmière.
- Je l’ignorais, dit le comte. C’est agréable pour moi de le savoir. Martine me soignera si je tombe malade.
Le comte beurra une tranche d’un pain blanc délicieux et la recouvrit de miel.
- Il fait vraiment très calme chez vous. Je n’ai pas entendu le moindre bruit cette nuit dans la tour, dit-il au baron.
- Je déteste la ville, dit le baron, et Martine y étouffe. Elle est devenue une vraie campagnarde. Pour rien au monde, nous ne nous installerions à Bruxelles. La tranquillité est essentielle pour moi. C’est un cadeau du Ciel.
En réalité, le comte de Lorgeron n’avait pas passé une nuit aussi excellente qu’il le disait. Il n’était pas habitué à son nouveau lit. Le matelas lui avait semblé humide et froid. Il avait mis du temps à se réchauffer malgré les bûches qui brûlaient dans le feu ouvert et dont il entendait les aiguilles de bois craquer. La lueur des flammes et le crépitement des étincelles étaient toutefois réconfortants dans cette chambre isolée.
Il n’avait pas encore situé à quel endroit du château dormaient ses hôtes qui ne le lui avaient pas dit. Même si la tour était accotée au bâtiment central, il avait l’impression d’être couché loin de ses cousins.
S’il avait besoin de secours en cas de malaise, qui entendrait son appel ? Qui répondrait à ses cris ? Il aurait voulu une bouillote bien chaude dans son lit pour la repousser petit à petit vers ses pieds.
Le matin tôt, il sentit que le bois était consumé dans le feu ouvert. Sur son crâne dégarni, un voile froid s’était posé, ce qui le força à remonter la couverture par-dessus la tête. « Je vais m’enrhumer dans cette tour », pensa- t-il.
Il entendit la voix de Douglas qui, derrière lui, disait : « Monsieur le comte, voulez-vous encore un peu de café ? »
Le comte de Lorgeron opina de la tête sans regarder Douglas qui lui versa un second café bien chaud.
- Désirez-vous du lait et du sucre, monsieur le comte ?
- Oui, répondit Lorgeron qui lui lança un coup d’oeil car il avait été frappé par la voix du jeune homme, une voix sans accent, une voix presque française, légère, élégante, contrairement à celle des cousins belges un brin traînante quoique sans l’intonation habituelle des habitants du Namurois.
- Connaissez-vous les dernières nouvelles ? interrogea le baron de La Maille.
- Non, pas encore, mais vous allez me les dire.
- Figurez-vous, mon cousin, qu‘il y a eu hier à la fin de l’après-midi dans certains quartiers de Bruxelles des actes de vandalisme, non pas des voitures brûlées comme à Paris récemment, mais des maisons incendiées par des voyous qui passent très vite en auto ou en moto et qui balancent un engin du type cocktail Molotov à travers fenêtres et vitrines. Résultat : la maison flambe, et parfois avec tous ses habitants. Les commerces sont calcinés avec toutes les marchandises. Il y a eu hier quatre maisons incendiées, deux à Etterbeek, dans le quartier de la Place Jourdan, et deux à Schaerbeek, près de la Place Meiser en une seule heure. Les pompiers ont fait le maximum pour que le feu ne se propage pas aux maisons voisines. Hélas pour la Place Jourdan, située dans un quartier très commerçant, le feu s’est communiqué à trois immeubles contigus, dont le restaurant Gérard nouvellement transformé, alors que des clients y dînaient ! Et les vitrines de l’encadreur Cadriges ont été brisées à coup de barres de fer.
- La police a dénombré de nombreux blessés et deux morts, ajouta le baron de La Maille.
- Vous m’en direz tant, c’est la révolution chez vous? dit le comte qui dégustait un œuf à la coque.
- Vous avez de l’humour, mon cousin, mais vous savez comme moi que nous allons à la catastrophe.
- Exact. Je suis d’accord avec vous. Mais ici, je l’espère, vous êtes à l’abri.
- N’en croyez rien, dit le baron de La Maille. Vous voyez l’avenir ?
- Je le vois, répondit le comte de Lorgeron qui n’oubliait pas sa femme massacrée dans le Jardin des Tuileries.
- Et les auteurs des incendies à Bruxelles courent toujours, dit le baron.
- Je connais cela, souffla le comte de Lorgeron.
Il étendit ses jambes devant lui sous la table, car la nuit froide n’avait pas été bonne pour ses articulations et il craignait de voir réapparaître les rhumatismes qui l’avaient tant fait souffrir après la mort d’Isabelle.
- Douglas, dit le baron, nous allons passer au salon avec mon cousin. Vous apporterez le courrier dès que le facteur arrive. Merci pour cet excellent déjeuner.
- Où est Martine ? interrogea le comte
- Elle travaille déjà au dispensaire à l’entrée de service. Les bobos se soignent à partir de neuf heures, et il est dix heures, dit le baron qui se leva pour se rendre au salon tandis que Douglas débarrassait la table.
- J’espère, répondit le comte de Lorgeron, que mon lever tardif ne la dérange pas.
- Oh non, dit Douglas, en souriant. Madame la baronne est toujours très active et s’éveille tôt. Elle prend le petit-déjeuner à sept heures trente. Ensuite, elle va parler avec Emilia dans la cuisine au sujet du menu du jour. Puis, comme chaque matin, elle travaille au dispensaire jusqu’à midi.
Le comte de Lorgeron se leva à son tour, effaça d’un geste les miettes tombées sur son veston. Douglas ôtait les assiettes, les tasses, la cafetière en argent et les petites corbeilles en porcelaine de vieux Bruxelles contenant les croissants et les tranches de pain non consommés.
Lorgeron appréciait la tenue du jeune domestique : veste blanche immaculée, cravate noire sur la chemise, pantalon gris ni trop large ni trop long, bien coupé, et souliers du genre church très chic.
Il est gâté le petit, et il est sympa, se dit le comte. Tant mieux pour les La Maille. Ils devraient l’adopter. Il a plus d’allure que beaucoup de jeunes aristos que je connais.
Il pensa à son fils et une bouffée d’émotion l’envahit qu’il tenta de cacher en regardant par la fenêtre de la salle à manger.
Devant lui, la prairie et derrière elle, les grands étangs de Villiers avec les bosquets de bouleaux sur les rives. Sur l’eau sombre, il apercevait, malgré sa mauvaise vue, des canards sauvages nombreux qui se regroupaient avant un grand départ.
- On chasse les canards ici ? dit le comte à Douglas.
- Monsieur le baron n’aime pas qu’on dérange les canards car ils mettent de la vie sur les étangs. Si on les tire, il n’est pas évident qu’ils reviennent, ils sont légers et méfiants. Au moindre bruit, ils s’envolent. Par contre, si on les laisse en paix, ils s’habituent à notre présence et barbotent toute la journée devant le château.
- J’ai beaucoup chassé dans ma vie, dit le comte à Douglas. Tirer des canards en plein vol, ce n’est pas si facile.
Le domestique ne répondit pas, finit de débarrasser la table, plia la nappe, et la rangea dans la haute armoire de l’office.
- Douglas, appela Lorgeron.
- Oui, monsieur le comte ?
- Je n’ai pas eu très chaud dans mon lit cette première nuit car les bûches n’ont pas tenu longtemps. J’aurais dû me lever à deux heures du matin pour recharger le feu, mais je dormais. Pourriez-vous ajouter sur le lit deux couvertures et demander qu’on place une bouillote dans le lit vers vingt-deux heures ?
- Je n’y manquerai pas, répondit Douglas.
Le comte resta seul. Mais avant de rejoindre son cousin au salon, il préféra prolonger la conversation encore quelques minutes avec Douglas, pour satisfaire sa curiosité.
Chapitre 4
Si pour le baron et la baronne de La Maille, Douglas était un serviteur apprécié, ils ignoraient que le beau Douglas avait une vie amoureuse, ce qui est bien normal à son âge. Il avait rencontré un samedi soir, qui était son jour de congé hebdomadaire, une jeune fille non européenne de dix-sept ans, Kalia. La première fois qu’il l’aperçut assise, attablée dans le café La Belle Meuse où d’autres jeunes étaient réunis, il eut le coup de foudre. De sa vie, il n’avait jamais vu un plus beau visage. Elle était grande, élancée, une chevelure noire encadrait le visage très pur et descendait sur les épaules. Ses yeux sombres comme des flammes dans la nuit et sa bouche très rouge ravirent son esprit, son cœur et son corps. Son cœur battait fort quand il lui parla. Elle habitait la cité de Botton avec ses parents et deux frères plus âgés, célibataires, qui travaillaient dans les chemins de fer. Elle terminait des études à l’Institut Sainte Marie de Namur qui était obligé légalement d’inscrire comme élèves des jeunes filles non catholiques pour l’obtention des subsides indispensables. C’était la mixité sociale.
La jolie fille ne resta pas insensible au charme de Douglas.
Ils parlaient de tout avec animation, se découvrant l’un à l’autre, malgré l’horrible musique qui retentissait dans le café. Le moindre des mots de Kalia, le moindre de ses gestes, ses regards, le jeu de ses mains et de ses bras nus, émouvaient Douglas. Il la désirait fort, c’était évident.
Kalia, elle, était étonnée par la distinction de Douglas, par ses cheveux bruns, ses yeux gris rieurs et son sourire doux qui la remplissaient d’un sentiment nouveau qu’elle n’avait jamais connu.
Quand il lui dit qu’il était majordome au château de Villiers-sur-Meuse, elle battit des paupières car elle le croyait étudiant à l’université ou déjà dans les affaires, mais elle ne posa pas de question au sujet de sa profession ni sur le pourquoi de sa présence au château.
Elle s’excusa un moment et se rendit aux toilettes. Il l’attendit. Elle revint et, très discrètement, lui glissa un papier plié en deux dans la main en fermant les yeux pour lui faire comprendre que tout devait rester secret entre eux.
Elle avait écrit : « Douglas, je ne puis te rencontrer qu’à l’insu de ma famille car mon père et mes frères ne veulent pas que je fréquente un européen. Je te demande la prudence. Comprends-moi stp ». Signé : Kalia,
Ils se levèrent en même temps que le groupe de jeunes. Tout le monde se disait au revoir et s’embrassait. Douglas posa ses lèvres sur la joue de la jolie étrangère et s’éclipsa.
Depuis cette rencontre, ils parvenaient à se retrouver seuls à Namur le samedi après-midi, entre quatorze et seize heures dans un petit café Le Joyeux Namur situé sur le piétonnier près de l’église Saint Loup. Ils se tenaient la main, se regardaient intensément. Il découvrait le goût de sa bouche, ses baisers parfumés, et elle, elle aurait désiré qu’il la prenne nue dans ses bras.
Ils dégustaient des scampis au safran accompagnés de riz et de tomates fraîches. Elle ne buvait pas de vin mais du Vittel. Pour lui, une bière suffisait. Il payait l’addition car une élève de dix-sept ans à l’Institut Sainte Marie n’a pas beaucoup d’argent.
Ils étaient toujours aux aguets, craignant de rencontrer des résidents de la cité de Botton qui auraient immanquablement signalé les faits et gestes de la jeune fille à ses parents.
Douglas était pris par la beauté de Kalia, et donc de plus en plus amoureux, au point qu’il chercha une rencontre plus intense. Il proposa à sa belle de la voir un samedi soir entre vingt heures et vingt-deux heures.
- Mais où ? dit la jeune fille.
Douglas n’osa pas proposer une nuit à l’hôtel, par exemple dans un relai d’autoroute, où ils n’auraient rencontré personne de connu. Le mieux serait sa chambre au château à vingt heures un samedi soir quand ses maîtres le laissaient respirer, sans service le samedi, sauf cas exceptionnel toujours annoncé à l’avance.
- Dans la tour où personne ne vient jamais, dit Douglas à Kalia, nous aurons la paix. Le tout sera de n’être pas aperçus quand nous entrerons dans le château.
Douglas était conscient qu’il jouait avec le feu en taisant cette rencontre au baron et à la baronne. Mais son désir était plus fort que sa prudence.
Il n’avait pas eu beaucoup d’occasions de faire l’amour, et cette fille si jeune et si jolie était un cadeau du ciel.
Kalia, si elle désirait Douglas, n’était pas naïve et se doutait que dans la chambre de Douglas, elle verrait le loup. Mais sa curiosité de découvrir le château et le goût du risque furent deux motifs peut-être plus puissants que l’attirance sensuelle. Elle désirait respirer loin de son père et de ses frères. Elle inventerait qu’elle était invitée chez une amie pour préparer les examens.
Ils fixèrent le rendez-vous au samedi suivant.
Le comte de Lorgeron, avant de gagner le salon pour rejoindre son cousin, avait remarqué l’effervescence du garçon.
- Tout va, Douglas ?
- Oh oui, monsieur le comte, la vie est belle.
- Profitez de votre jeunesse, car la vie est courte. Avez-vous une petite amie dans le village ?
- Oui, mais rien de sérieux encore, répondit Douglas qui piqua un fard.
- Moi, dit le comte, je n’ai eu qu’une seule femme, mon épouse, qui fut assassinée, il y a cinq ans à Paris.
Douglas ignorait le drame et se le fit raconter par Lorgeron, lequel termina le récit par une conclusion : « Depuis lors, je me méfie des voyous de plus en plus nombreux dans les villes ! »
Douglas était mal à l’aise. Il préféra se taire. Mais il avait vu le comte de Lorgeron sortir un mouchoir de sa poche pour se moucher.
- Et vous ne savez pas ce qui a suivi ?
- Non, dit Douglas.
- Mon fils Jérôme, qui venait d’être accepté comme avocat au barreau de Paris, a disparu trois mois après la mort de ma femme et on ne l’a jamais retrouvé malgré des recherches dans toute la France. Je n’y comprends rien. Est-il mort ? Est-il vivant ? Je ne puis le dire.
Douglas s’approcha du comte et posa une main sur l’épaule du vieillard qui baissait la tête.
- Courage, monsieur le comte, monsieur le baron et madame la baronne vous aiment bien. Et je suis là pour vous aussi.
Le comte de Lorgeron prit la main de Douglas.
- Je te remercie de ta gentillesse. Tu es un bon garçon.
Il quitta la salle à manger pour rejoindre le baron de La Maille qui lisait les journaux dans le grand salon où brûlaient trois bûches de hêtre dans le grand feu ouvert.
- Savez-vous, mon cousin, dit le comte, que je suis un vague parent d’Henry de Montherlant, l’écrivain français qui s’est suicidé en 1972 ?
- Oui, on me l’avait dit, mais j’ignore comment vous vous rattachez à lui.
- Je suis apparenté aux comtes de Coëtnempren de Kersaint par ma mère. Vous savez que nous avons du sang breton. Comme Montherlant dont l’arrière-arrière-grand-mère était Coëtnempren de Kersaint.
- Vous l’avez connu personnellement ?
- Il était très sauvage, ne voyait que ceux ou celles qu’il acceptait de rencontrer car il détestait perdre son temps. Je l’ai vu à plusieurs reprises et notamment après la guerre. Il a accepté l’invitation que mon beau-père lui avait adressée pour mon mariage. Mon beau-père, le duc de D…, fut un de ses grands amis. Ils riaient beaucoup quand ils se retrouvaient. Je vous parle de Montherlant à propos de ce que vous m’avez rapporté sur les évènements de Bruxelles, les incendies criminels de maisons...
- Oui ?
- Montherlant avait annoncé la catastrophe depuis longtemps. Il annonçait les temps infâmes, les perdita tempora. Nous y sommes en plein. Vous avez lu Le Chaos et la nuit de Montherlant ?
- Oui, dit le baron, c’est un chef d’œuvre.
- Ce génie ne se faisait pas d’illusion sur notre avenir.
- On le lui a fait payer à la fin de sa vie, répondit le baron. Et après sa mort, ce fut pire encore. Et qui l’a défendu ?
- Mon beau-père le défendait toujours car il le connaissait bien. Montherlant était un homme extraordinaire qui nous faisait rire beaucoup. Le chauffeur du Duc allait le chercher Quai Voltaire à Paris car il ne conduisait pas. On était obligé de le ramener le soir même chez lui sinon il se sentait mal. Il détestait la campagne. Un grand nerveux mais ô combien attachant ! Figurez-vous qu’il avait les poches remplies de bouts de papier sur lesquels il écrivait quand il n’était pas chez lui. Ma belle-mère la duchesse craignait qu’elle ne lui serve de modèle. Il essayait de la rassurer.
- J’ai beaucoup lu Montherlant, dit le baron. Martine le juge déprimant. Moi je le trouve excellent. Un des meilleurs du vingtième siècle, méprisé par l’Université car les universités sont dirigées par des progressistes qui préfèrent les Beckett, Ionesco, Camus ou Boris Vian, tous surfaits, tous ennuyeux et sans style. Or la beauté du style est essentielle. Montherlant est un immense poète.
Les salons du château de Villiers-sur-Meuse étaient vastes. Le grand salon avec ses murs recouverts de soie vieux rose était meublé classiquement, Louis XV et Louis XVI, sans objets modernes qui auraient dénoté. Les La Maille ne prenaient pas de risque à ce sujet.
Aux murs, des tableaux d’ancêtres peints par Van Dyck et par Jordaens qui donnaient à l’ensemble une atmosphère un peu austère s’il n’y avait pas les superbes bouquets cueillis dans le potager par Martine qui adorait les fleurs et connaissait l’art de les assembler. Des tapis d’Aubusson s’étalaient sur les planchers. Deux grands canapés de style Charles X en noyer clair, dont les sièges étaient recouverts d’un velours bleu noir, se faisaient face, séparés par une table basse taillée dans le verre sur laquelle s’étalaient revues, livres et journaux. Cette table était la seule concession contemporaine dans ce salon occupé par des commodes, des fauteuils, et des chaises de style château.
Aux fenêtres des tentures aux couleurs d’or et de bronze descendaient jusqu’au plancher, retenues de chaque côté par des cordons que les châtelains dénouaient le soir pour ne pas être vus. La grand-mère du baron aimait raconter l’histoire d’une marquise de Chasteleir qui avait été assassinée dans son salon d’un coup de fusil tiré le soir de l’extérieur par son garde-chasse. Depuis, la famille de La Maille insistait pour fermer les volets et dénouer les cordons qui rattachaient les rideaux quand la nuit tombait.
Prolongeant le grand salon, il y avait un second salon plus petit, dit le fumoir, - même si les hôtes n’y fumaient jamais -, où un écran de télévision, une chaîne hi-fi, et le bureau du baron étaient installés avec trois fauteuils club en cuir. Sur les murs du fumoir, le baron avait accroché trois grandes toiles ensoleillées d’impressionnistes belges.
C’est là que les époux se tenaient après le déjeuner et après le dîner s’ils n’avaient pas d’invités.
Les deux cousins devisaient dans les canapés Charles X du grand salon quand Douglas vint apporter sur un plateau d’argent le journal La Libre Belgique et des lettres qu’il présenta au baron de La Maille.
Celui-ci regarda les lettres.
- Une lettre pour vous, dit-il au comte de Lorgeron.
Il la tendit au comte qui n’aimait pas recevoir de lettres toujours sources d’embêtements.
- La nouvelle de ma présence chez vous a déjà fait le tour de la terre, dit le comte.
Il ouvrit la lettre qui était postée de Paris et lut :
Paris le 2 novembre,
Au comte de Lorgeron
Cher Monsieur,
J’ai une grande nouvelle à vous annoncer, tout à fait inattendue et qui vous remplira de joie. Votre fils Jérôme a été retrouvé. C’est ce que m’a annoncé ce matin la Police judicaire. Il serait actuellement en Afghanistan dans la Légion étrangère où il se serait engagé d’un coup de tête après l’assassinat de madame la comtesse, votre épouse. Il se conduit brillamment et est très apprécié de ses chefs. Il sert sous le nom de Max Dandelot en qualité de sergent. Il a été légèrement blessé au cours de combats mais il est complètement remis.
On me signale qu’il rentrerait en France prochainement. Je ne puis vous dire à quelle date. Je le reverrai à son retour pour apprendre s’il est encore disposé à faire une carrière au barreau et dans mon cabinet.
Vous savez que je l’appréciais beaucoup. Je ne juge pas ses motivations ni ses silences. Je suis conscient que cette grande nouvelle vous bouleversera. Mais votre fils est vivant ! Dieu soit loué.
Je vous prie de croire, cher Monsieur, à mes sentiments les plus distingués.
Signé : Maître Eric Pluvier, Avocat au Barreau de Paris.
Le comte poussa un cri et laissa tomber la lettre de l’avocat à ses pieds. Il s’affaissa sur lui-même, glissa sur le côté du canapé et chuta la tête en avant sur le tapis d’Aubusson.
Le baron de La Maille se précipita, criant : « Douglas, allez chercher la baronne au dispensaire, le comte se sent mal ».
Dix minutes plus tard, Martine arrivait, accompagnée du médecin de Villiers-sur-Meuse, le docteur Lançot, dont c’était le jour de consultation.
Le comte revenait à lui, très pâle. Le médecin constata une tension trop basse, sortit une seringue de sa valisette et fit une piqûre pour soutenir le cœur. Ensemble, ils allongèrent le père du légionnaire sur un plaid écossais et lui relevèrent un peu la tête sur un coussin du canapé.
- Excusez-moi dit le comte qui se remettait, mais le choc est brutal. Lisez cette lettre, mon fils est retrouvé. Incroyable miracle. Mais pourquoi ce silence de quatre années ? Je ne comprendrai jamais mon fils unique ! »
Martine lisait la lettre de l’avocat Pluvier qu’elle tendit ensuite à son mari :
- Pour un miracle, c’en est un fameux ! Votre fils qu’on croyait mort est ressuscité ! Merci Seigneur ! Merci à la Divine Providence !
Martine exultait. Elle embrassa le comte de Lorgeron sur les joues.
- Nous allons déboucher le champagne. Docteur Lançot, notre ami le comte de Lorgeron a retrouvé son fils disparu qui sans rien dire s’était engagé à la Légion étrangère. Il sert en Afghanistan ! Il faut sortir le champagne. Douglas, apportez les coupes et ajoutez une chaise à table pour le docteur afin qu’il se réjouisse avec nous. Prévenez Emilia que nous serons quatre pour le déjeuner.
Douglas sortit du salon. Que d’imprévus magnifiques. Un père retrouve son fils. Et lui, il avait rencontré Kalia qu’il reverrait bientôt.
Le comte reprenait pied, des couleurs ravivaient ses joues malgré quelques frissons qui montaient de temps en temps des reins à la nuque.
A quatre-vingt ans, pensait le comte, être confronté à un tel évènement, c’est incroyable. Isabelle, au Ciel, doit être heureuse que notre fils qu’on croyait perdu soit retrouvé. C’est la parabole du Christ, l’histoire du père, du fils prodigue et du veau gras ! Mais Jérôme n’était pas un voyou. Pour le veau gras, ce sera à Emilia de le rôtir à la broche !
Ses pensées s’entrechoquaient. Sans doute avait-il un peu de fièvre. Pris froid la nuit dans cette tour ? Vais-je les prier de changer de chambre ? Il ne faut pas attraper une pneumonie et mourir avant de revoir Jérôme. Il demanda un porto pour se réchauffer. Pas de champagne car le champagne le rendait triste. Et il était triste, affreusement triste, de n’être pas avec Isabelle pour fêter le retour de leur fils et affreusement triste de n’avoir pas compris le pourquoi de la si longue absence de Jérôme. Que faire ? Il n’avait pas su, pas pu, lui exprimer son amour de père et le fils qui ne recevait pas l’affection de son muet de père, avait sans doute craqué à la mort de sa mère et tout jeté par-dessus bord. S’engager à la Légion, c’était vraiment une sorte de suicide.
Mais lui, Lorgeron à Saumur en juin 1940, avec ses deux mille cinq cents camarades, avec quelques pièces d’artillerie, les cinq canons de 75 mm, les treize canons antichars et les quinze mortiers pour tenir quarante kilomètres de front, avec les mitrailleuses et les dix blindés, ils firent face durant trois jours à deux divisions allemandes, alors même que le Maréchal Pétain venait d’annoncer la demande d’armistice et d’appeler à cesser le combat.
Lui Lorgeron et ses chers camarades, sous-équipés et inexpérimentés, ils avaient risqué leur vie dans un dernier baroud pour défendre les quatre ponts et freiner le passage des troupes allemandes sur la Loire. Ils s’étaient battus pour l’honneur de la France. En face, quarante mille allemands avec leurs trois cents pièces d’artillerie et cent cinquante blindés et des avions qui piquaient sur les positions françaises le long du fleuve. Les pertes françaises ? Deux cents cinquante tués ou blessés et deux cents dix- huit prisonniers.
Et Jérôme, lui, en Afghanistan, il se battait pour qui, pour quoi ? Pour les Amerloques ?
Lorgeron connaissait par cœur la déclaration du Général Weygand datée du 24 Août 1940, dont il gardait toujours une copie dans son portefeuille :
Citation à l’Ordre de l’Armée de l’Ecole Militaire d’Application de la Cavalerie et du Train : « Sous le Commandement du Colonel Michon, reflétant l’âme de son Chef, l’Ecole Militaire et d’Application de Cavalerie et du Train de Saumur a combattu les 19, 20, 21 juin 1940, jusqu’à l’extrême limite de ses moyens de combat, éprouvant de lourdes pertes, prodiguant les actes d’héroïsme et inscrivant dans les fastes de la Cavalerie une page digne entre toutes de son glorieux passé ;
A suscité, par sa bravoure l’hommage de son adversaire ».
Signé à Vichy le 24 Août 1940, Le Général Commandant en Chef
Weygand.
Pour sa conduite au feu, le comte de Lorgeron grièvement blessé avait reçu la Croix de Guerre.
Et Jérôme blessé chez les Afghans ? Quelle décoration rapportera-t-il ?
Lorgeron était fatigué par le choc que lui avait causé la lettre de l’avocat Pluvier. Il entendait Martine parler fort, joyeuse et sûre d’elle, mais lui, il regardait devant lui, sans rien dire, buvant par petites gorgées le porto rouge qui le réchauffait.
Ils passèrent ensuite à table avec le docteur Lançot qui n’était pas à l’aise et qui en rajoutait.
Lorgeron ne disait rien et mangeait à peine. Douglas servait et desservait. Il lui avait dit tout bas en lui présentant la mousse au chocolat : « Vous allez mieux ?»
Non, Lorgeron n’allait pas mieux, il était triste.
(A suivre)
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mar.
04
juil.
2023
Le comte de Lorgeron
un récit de Henri de Meeûs
Chapitre 1
J’avais entendu parler du comte de Lorgeron, l’aristocrate français qui s’était réfugié dans le château de cousins belges au bord de la Meuse, entre Namur et Dinant.
Agé de quatre-vingts ans, il était fatigué par les épreuves. Une des plus pénibles, cinq années auparavant, fut la mort de son épouse attaquée à Paris par des voyous lorsqu’elle se promenait un après-midi dans le Jardin des Tuileries avec son petit fox-terrier. Elle résista. Et pan, un coup de batte de base-ball dans le visage pour lui faire lâcher prise. Elle s’écroula, le crâne et la mâchoire fracturés. Son sac et ses bagues furent arrachés. Le petit fox retenu par la laisse qu’elle tenait dans sa main crispée reçut quelques coups de pieds, mais survécut. La comtesse mourut dans l’ambulance. Les agresseurs ne furent jamais retrouvés.
Jérôme, le fils unique du comte et de la comtesse de Lorgeron, quelques mois après la mort tragique de sa mère, disparut brusquement sans prévenir son père, ses oncles et tantes, et ses amis. Aucune lettre. Aucun message. On ne le revit plus. La police enquêta. Des affiches furent placardées dans toute la France. Peine perdue. Rien. Aucune nouvelle de lui vivant ou mort.
Ce fut le second drame.
Le comte de Lorgeron, au lieu de se morfondre dans son appartement parisien, préféra une retraite sur la Belgique chez des cousins qu’il aimait et qui, par leurs lettres et leurs conversations téléphoniques, essayaient de lui remonter le moral.
Il quitta Paris et s’installa un mois de novembre chez le baron et la baronne de La Maille qui le logèrent au premier étage dans la tour de gauche de leur château de Villiers-sur-Meuse. Il disposait d’un petit salon avec un feu ouvert alimenté par les bûches d’arbres tombés dans le parc suite aux tempêtes qui se succédaient depuis septembre. Les fenêtres du salon donnaient sur des prairies bordées d’étangs vastes et poissonneux. « Vous pourrez pêcher si le cœur vous en dit », avait écrit le baron de La Maille. A côté du salon, une chambre à un lit, avec un minuscule escalier de cinq marches qui communiquait avec une salle de bains cachée derrière une porte de chêne. Il y avait au second étage de la tour, un bureau où le comte de Lorgeron pouvait ranger ses livres dans une bibliothèque.
Là aussi un feu ouvert et des bûches pour se chauffer. A côté du bureau, un petit w-c éclairé par la vitre d’une meurtrière.
Son installation ne fut pas compliquée. Au volant de sa vieille Jaguar, et Jimmy le fox assis à la place du mort, il précédait une camionnette qui déménageait un bureau, un fauteuil confortable, deux caisses de livres, une chaise, trois tableaux de paysages, un portrait de femme peint par Degas auquel il tenait beaucoup, et trois valises contenant les costumes, le linge, les souliers, les chemises et les lainages.
Il apportait avec lui un fusil de chasse calibre 12 et une carabine qui avait servi à tuer le gros gibier en France, en Belgique et en Afrique du temps où il était jeune et chassait beaucoup.
Ses cousins lui avaient dit que les murs de la tour étaient libres et que les tableaux seraient suspendus là où il le désirerait. Ce fut fait comme il le souhaita : les trois paysages dans le salon de la tour et le Degas dans la chambre à coucher. Il avait accroché aussi, face à son bureau du second étage, un Christ en buis très beau qu’il regardait souvent. Le reste du mobilier contenu dans l’appartement de Paris fut placé en garde-meubles afin de libérer l’appartement qu’il avait vendu.
Durant son séjour, le comte de Lorgeron aimait la campagne et le silence, les oiseaux, les dessins inattendus des nuages sous le vent, les promenades lentes accompagnées du vieux fox tenu en laisse, le bavardage avec le jardinier qui travaillait dans les parterres d’où surgiraient de multiples fleurs du printemps jusqu’à la fin de l’automne, les lapins qui le soir sortaient des taillis et s’amusaient avec des jeux et des courses dans la grande prairie en face du château. Ces joyeux lapins hypnotisaient le fox-terrier Jimmy qui tremblait d’excitation, prêt à bondir comme dans sa folle jeunesse quand il courait les lapins dans les sous-bois.
Lorgeron aimait regarder les poules d’eau sur l’étang toujours à fureter entre les joncs, avec leurs mouvements de petite mécanique, à gauche et à droite, suivies de leurs poussins noirs à bec jaune et à pattes rouges. Il y avait aussi l’arrivée du héron cendré qui passait le soir lentement au-dessus des arbres et guettait sa nourriture au milieu des eaux verdâtres de l’étang, ce qui suscitait la colère des autres oiseaux, choucas, ramiers, merles, qui l’attaquaient en vol, pareils à des avions de chasse harcelant un bombardier.
Le baron de la Maille, châtelain de Villiers-sur-Meuse, était à la retraite sans avoir encore atteint la soixantième année. Il était grand, sportif, blond roux, portant un peu le genre anglais, toujours habillé de costumes de tweed ou de flanelle qu’il commandait à Bruxelles chez Brosowski, un tailleur visité chaque année avant l’automne.
L’épouse du baron, née Martine Sorgeloo, était la fille unique de riches brasseurs. Le couple n’avait donc aucun problème d’argent et vivait confortablement dans leur grand château.
Un jeune homme de vingt ans, Douglas, était le domestique qui les servait à table, le matin en veste blanche et gants blancs, le midi et le soir en livrée noir et or et gants blancs. La livrée portait des boutons armoriés. Il logeait au château parce qu’il avait été recueilli orphelin à huit ans par les châtelains suite à une conversation de Martine avec le curé du village qui l’avait informée d’un cas social : un enfant devenu orphelin et sans famille suite au suicide de ses parents qu’on avait retrouvés pendus dans leur grenier.
Martine avait veillé à ce qu’il reçût une bonne éducation et un enseignement correct à l’école du village qu’il quitta à quinze ans pour les servir. Il donnait entière satisfaction.
Les châtelains avaient prévenu le comte de Lorgeron qu’il pourrait compter sur Douglas pour toute l’aide domestique.
L’entretien et le nettoyage du château étaient assurés par une femme du village qui venait chaque matin accompagnée de sa fille de douze ans, simplette, mais heureuse d’aider sa mère qui ne la bousculait pas. Dans la cuisine régnait Emilia la cuisinière, grosse femme au regard doux, aux cheveux gris, fin cordon bleu, qui logeait au troisième étage sous les combles, dans une petite chambre dotée d’un lavabo avec l’eau chaude et l’eau froide et un chauffage électrique d’appoint pour les soirées plus froides.
Chaque matin, Emilia se levait à six heures. Elle descendait l’escalier de service à six heures et demie et entrait souveraine dans le couloir des sous-sols qui menait à la vaste cuisine éclairée par de hauts et nombreux soupiraux. Elle allumait les feux du four qui restaient actifs toute la journée pour la cuisson des plats que la baronne et elle avaient programmés la veille en tenant compte des goûts du baron. Les recettes manuscrites sur des feuilles jaunies rédigées du temps de la grand-mère du baron étaient numérotées et attachées avec du papier collant sur un tableau noir près de la porte, non loin du four.
Le château était vaste et silencieux. Les La Maille auraient préféré entendre des cris d’enfants dans les étages et sur le pourtour du château, les voir s’amuser à bicyclette dans les avenues et les chemins, pagayer sur l’étang dans la barque rouge. Mais la baronne n’avait pas eu d’enfants. Hélas. Il fallait l’accepter.
Le baron refusait toute idée d’adoption et la baronne n’avait pas insisté. « Je ne constate que des échecs avec les adoptions », lui disait-il. Elle aimait de tout son cœur son mari et refusait qu’une tension surgisse entre eux. Tout se passait bien dans ce couple.
C’est pourquoi la baronne, avec l’accord du baron, avait dit oui au curé au sujet d’un emploi au château pour l’orphelin Douglas. Le baron était satisfait de l’intérêt que portait sa femme à l’éducation du garçon. Il la sentait heureuse. Et on ne parlait plus d’adoption.
Douglas logeait au second étage de la tour située à l‘autre extrémité du château par rapport à la tour de gauche où s’était installé le comte de Lorgeron.
Douglas était beau. C’était l’évidence. Son allure pleine de charme et de discrétion enchantait ses maîtres ravis d’être servis par un majordome que les invités leur enviaient autant pour sa gentillesse, son sourire, son visage honnête, que pour l’efficacité du service.
Douglas réussissait à merveille à dresser une table avec les couverts en argent, les cristaux, les assiettes de la plus fine porcelaine, ou pour présenter, une main derrière le dos, les plats ou la saucière aux invités en évitant les taches sur la nappe brodée. Douglas avait l’œil à tout. Il s’occupait des vins après en avoir parlé au baron qui lui confiait les clefs de la cave; il débouchait les bouteilles, goûtait à l’office le bourgogne ou le bordeaux choisi en gardant en bouche une petite gorgée qu’il recrachait ensuite dans l’évier.
Il devenait un vrai connaisseur et donnait des conseils.
« Douglas est mon échanson », disait le baron de La Maille à ses invités. Douglas nettoyait l’argenterie une fois par mois sous l’œil de la baronne qui s’asseyait parfois à côté de lui à l’office pour donner le dernier éclat, au moyen d’une peau de chamois, aux pièces d’argenterie spectaculaires et anciennes telles les chandeliers dressés sur les commodes du grand salon. Une des grandes qualités du jeune domestique était son don pour le bricolage : plomberie, fuite d’eau dans les w-c, pannes électriques, arrêt intempestif de la chaudière à mazout, et j’en passe.
Il était habile à déjouer les pépins techniques. Le baron au contraire en avait horreur, ne voulant pas même les considérer car totalement maladroit face aux tâches manuelles et ne trouvant son équilibre que dans les arts, les lettres et la chasse. La chasse sur son domaine de bois et de prairies qui s’étendait sur le territoire de deux communes. Le baron, chaque premier samedi du mois, visitait les antiquaires du Sablon à Bruxelles.
-Il est parfait, disait Martine de La Maille à ses amies qui admiraient le travail du domestique.
Le baron de La Maille lui versait des gages généreux auxquels s’ajoutaient les étrennes du Nouvel-An augmentées chaque année. Douglas témoignait à ses maîtres fidélité et reconnaissance.
Puisse le lecteur (ou la lectrice) chasser la pensée que le jeune Douglas jouerait dans ce récit le rôle du serviteur destiné aux plaisirs de ses maîtres tel que fut décrit ce type de personnage, souvent victime consentante, dans les textes effroyables du marquis de Sade.
Chapitre 2
Le comte de Lorgeron avait été un homme plein d’énergie.
Jeune aspirant de réserve dans la cavalerie à Saumur, il prit part à la défense héroïque des 18 au 20 juin 1940 en ralentissant avec ses camarades la traversée de la Loire par les Allemands. Grièvement blessé, il fut hospitalisé dans les environs durant plusieurs mois sans être inquiété par la Gestapo. Il rencontra sa future femme, Isabelle de D…, dans l’hôpital où, infirmière, elle venait chaque soir refaire les pansements, contrôler les températures et nourrir les blessés.
Elle était la fille du duc de D…, jeune, jolie, espiègle, et faisait rire Lorgeron qui déprimait à cause de la défaite et de sa trop lente remise en forme. Convalescent, il fut invité par les parents d’Isabelle à passer les quinze derniers jours de septembre 1940 dans le château de celle qui deviendrait bientôt sa fiancée. Il marchait à petits pas, avec une canne dans les avenues du parc, et Isabelle le soutenait de son bras.
Rétabli, Lorgeron commença en 1941 une activité de résistant en approchant les cercles de Jean Moulin. Il échappa à plusieurs arrestations, ce qu’il mettait sur le compte de son instinct de chasseur ; il flairait les pièges et les situations troubles. Cela lui permit d’avertir à temps plusieurs camarades de ne pas se rendre à tel ou tel rendez-vous où la Gestapo se tenait en embuscade. Comme à Caluire où Jean Moulin fut piégé. Mais pas le comte de Lorgeron.
Après la guerre, il se maria avec Isabelle de D…
Ce fut un grand mariage très chic. Lui en uniforme et décorations avec la croix de guerre, elle dans une longue robe de mariée, immaculée, qui mettait en valeur sa ligne, son corsage et ses bras. Elle était ravissante.
Les invités, pour rien au monde, n’auraient refusé une invitation du duc et de la duchesse de D… Les villageois furent priés l’après-midi à un grand goûter dans la prairie devant le château.
Ils entendirent le discours du duc qui se réjouissait du mariage de sa fille unique avec un héros de guerre.
Bien accueilli par ses beaux-parents, le comte de Lorgeron passa la première année de sa vie d’homme marié dans le château du duc et de la duchesse. Il aimait sa femme qui le lui rendait bien. Excellent ménage, les époux sortaient dans la meilleure société, et même dans les milieux officiels détestés par le duc, son beau-père.
Ses amis dans les partis de droite proposèrent à Lorgeron un siège de député qu’il finit par obtenir en 1947.
La politique le déçut et il ne s’affirma guère à ce poste où son esprit individualiste était contrarié par l’intérêt du parti et les consignes de vote. Il finit par démissionner.
Sa femme et lui décidèrent d’habiter à Paris. En 1948, Isabelle attendit un enfant. Ce sera un fils, Jérôme - fils unique - élevé par une gouvernante, et qui étudiera à Sainte-Croix-de-Neuilly.
C’est la période où, fortuné, le comte de Lorgeron chassait beaucoup, préférant la chasse à une activité professionnelle régulière dans une banque ou dans un organisme public. Faute d’un diplôme universitaire, la guerre ayant perturbé ses projets d’études, il lui manquait les papiers indispensables pour être engagé dans les affaires à un poste de responsabilité.
Mais il était cultivé ; le moment qu’il appréciait le plus était celui de se retrouver dans son bureau bibliothèque tandis qu’Isabelle faisait de la peinture dans un petit atelier aménagé au fond de leur vaste appartement avenue Montaigne. Elle rencontra des peintres. Certains réalisèrent son portrait.
Libéré de corvée professionnelle, le comte de Lorgeron chassait dans le monde entier. En Europe d’abord, petit gibier et gros gibier, faisans, perdreaux, lièvres, lapins, chevreuils, cerfs, sangliers, mouflons, tétras, grouses, gibier innombrable abattu par centaines de bêtes innocentes, au cours d’innombrables journées de chasse à la fin desquelles les chasseurs entourés des traqueurs s’admiraient en posant devant leurs trophées.
Il y eut une période Afrique, notamment au Congo belge, pour tuer les buffles, les gazelles, les lions, les éléphants, certaines espèces n’étant pas encore protégées. Cela donnait des émotions. Il marchait dans la savane ou la forêt, escorté de boys et de porteurs chargés comme des mules.
Il avait même tiré un hippopotame sur un lac à bord d’une longue barque qui s’était approchée silencieusement de l’animal endormi. Pour chaque victime abattue, les indigènes, les bras couverts de sang,
riaient, chantaient et découpaient sur place la bête pour se partager les meilleurs morceaux en roulant des yeux.
Durant ces longues chasses, Isabelle restait à Paris avec son fils, une servante et un chien. Elle ne s’ennuyait jamais et le week-end, elle logeait avec Jérôme dans le château de ses parents à D…
Il ne venait pas à l’idée d’Isabelle que son époux puisse lui être infidèle dans ces contrées lointaines, comme le comte de Lorgeron ne pouvait supposer que sa femme le trahisse.
Chaque fois qu’il rentrait de ses chasses, Isabelle et lui se retrouvaient avec passion, mais leur amour était un amour taché par le sang des créatures de Dieu tirées par la carabine du comte, les innocentes chéries du Créateur pour lesquelles, seul, je verse des larmes.
Les époux-amants n’étaient pas conscients du ruissellement de sang des animaux massacrés. Pour les victimes vidées de leur existence, elles qui n’aimaient rien que le soleil, la lumière, l’eau fraîche d’un lac, c’en était fini à jamais de brouter les herbes délicieuses, de poursuivre des proies pour leur repas, de vivre, de vivre, de vivre, de nourrir leurs petits, d’engrosser leur amour sur cette planète habitée par des chasseurs vampires. Le soir, ces créatures si belles, si admirables, étaient allongées couvertes de sang, raides et mortes, dans les alignements de cadavres exposés pour la gloire du héros de Saumur. Horreur de ce monde, horreur de ces meurtres considérés comme un passe-temps par ceux qui payeront ces tueries après leur mort. S’il y a une justice.
Le fils unique, Jérôme, grandissait, voyait peu son père à qui il n’avait rien à dire, et le père, tendu dès qu’il était seul en face de lui, disait des banalités. Ils se saluaient le matin. Le fils embrassait son père sur la joue, disait bonjour Papa, le père répondait bonjour mon fils. C’était tout. Il est difficile pour un père d’aimer son fils, de lui dire je t’aime, cela ne passe pas dans la gorge paternelle.
La timidité du père paralyse le fils qui, petit enfant, se blottit contre son père mais celui-ci d’une main distraite lui caresse la tête, puis dit :
« Va jouer, j’ai du travail », alors qu’il n’a rien d’autre à faire que de lire une revue.
La mère intervenait : « Ne dérange pas ton père ». Le fils allait jouer ou lisait un livre de contes ou partait à bicyclette en pensant à mille choses, à ses études, à ses amis de collège, aux professeurs, aux examens à réussir.
Jérôme entre quatorze et dix-huit ans passait beaucoup de temps à étudier. Il était bon élève, sérieux, appliqué. Il aimait beaucoup son grand-père le duc de D… qui l’invitait à passer les deux mois de grandes vacances dans son château. Fabuleux souvenirs. Il parcourait les campagnes, les champs fauchés et les chemins boisés, à cheval aux côtés de son grand-père qui fut un des meilleurs cavaliers de son temps, un champion de sauts d’obstacles et une médaille d’or de jumping aux Jeux Olympiques de Stockholm en 1912.
Ils galopaient dans les chaumes, le duc sur un haut cheval blanc, et lui sur une jument brune, rapide et nerveuse. Les cultivateurs les saluaient de loin car ils aimaient leur duc qui les avait toujours défendus, qui ne les exploitait pas, qui les connaissait tous.
Le duc parlait à son petit-fils comme à un ami et toute la tendresse qu’il ne recevait pas de son père, Jérôme l’obtenait du duc, qui parfois le tenait serré contre lui en disant : « Je t’aime, Jérôme, je suis fier de toi, continue comme cela ». Le comte et la comtesse de Lorgeron savaient que leur fils était pleinement heureux auprès de ses grands-parents. Et ils n’étaient pas jaloux.
A seize ans, Jérôme vécut une amitié intense avec un camarade de collège, Michel Bariel, d’un an plus jeune, élève de la classe en-dessous de la sienne. Ils se parlaient dans la cour de récréation de Sainte-Croix-de-Neuilly, s’écrivaient des lettres passionnées où ils se confiaient mille choses. Ils montaient à cheval et jouaient au tennis dans les mêmes cercles.
Pour ses seize ans, Jérôme reçut la permission d’inviter son ami chez le duc pour quelques jours. Là, malheureusement, Michel Bariel prit froid, dût rester quelques jours au lit grelottant de fièvre, fut soigné par la duchesse et une gouvernante qui lui montaient des tisanes et des biscottes, et rentra à Paris tout pâle et amaigri. Pour Jérôme, cette invitation dont il s’était tant réjoui ne fut pas une réussite car les grands-parents lui avaient conseillé de ne pas visiter son ami dans sa chambre afin de ne pas tomber malade à son tour.
L’amitié des deux garçons qui était vive ne s’égara jamais.
Michel Bariel annonça à dix-huit ans qu’il entrait à la Trappe. Ce fut une désolation pour Jérôme qui ne comprenait pas une telle décision. Ils s’éloignèrent l’un de l’autre, leur correspondance traîna. Ils finirent par ne plus s’écrire.
Jérôme ne visita son ami qu’une seule fois dans son abbaye. Michel avait changé. Les yeux plus enfoncés, les maxillaires saillants, il parlait peu à Jérôme qui essayait de ranimer leur amitié. Le moine le conduisit à la chapelle, et après un grand signe de croix, demanda à son ami de prier avec lui quelques instants devant une statue de la Vierge. Jérôme aperçut quelques trappistes âgés, silencieux, agenouillés dans les stalles, qui les observaient. Il ne prolongea pas la visite et n’écrivit plus à celui qui avait choisi un chemin qu’il ne comprenait pas.
Après ses études à Sainte-Croix-de-Neuilly, Jérôme étudia le droit à la faculté de la rue d’Assas à Paris. Il réussit les cinq années sans problème.
Comme récompense, il reçut de ses parents un petit appartement situé dans le quartier, au huitième étage d’un immeuble à la façade blanche avec une cour intérieure et un ascenseur vétuste. De ses fenêtres, il voyait un panorama de la ville qui devenait féerique la nuit sous les multiples éclairages roses, bleutés, jaunâtres, avec des centaines de fenêtres allumées derrière lesquelles il imaginait des drames, des meurtres, des disputes ou des amours épouvantables.
Jérôme avait une forte imagination comme sa grand-mère la duchesse qui passait des heures à gribouiller des cahiers sur le bureau de son salon, près de son mari qui était son premier lecteur.
Jérôme après ses études effectua, boulevard de Sébastopol à Paris, un stage au cabinet de l’avocat Pluvier, homme de haute taille et de large carrure, spécialiste d’affaires pénales, très malin, mordant, pas impressionné par les magistrats à qui il en remontrait en matière de règles de procédure, ce qui lui permettait de faire passer certains clients à travers les mailles du filet judiciaire. Jérôme apprit beaucoup et notamment que les maîtres du barreau se détestent tous cordialement. Il noua avec son maître de stage d’amicales relations qui aboutirent à une participation comme associé dans le cabinet Pluvier.
Trois mois plus tard, sa mère, la comtesse de Lorgeron, contente d’avoir vu son fils prêter serment et revêtir la robe d’avocat, fut attaquée dans le Jardin des Tuileries par des voyous qui lui prirent la vie en même temps que son sac et ses bagues.
C’est quelques temps plus tard que Jérôme disparut sans laisser de traces. De même que les assassins de sa mère ne furent pas retrouvés, le fils ne donna plus signe de vie.
On comprend les interrogations douloureuses du comte de Lorgeron et son besoin de changer d’air.
(A SUIVRE, chapitre 3).
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
lun.
29
mai
2023
Poèmes
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Viendras-Tu ?
_______________
J’aurais voulu te dire mon secret plus tôt
Avant que les nuages s’estompent
Et disparaissent.
Je tiens ta main pour le voyage
Si long, si lent, de la vie
Je ne Te demande rien
Sinon mille espiègleries
Dès le matin et parfois dans la nuit noire.
Ta douce voix me ravit
Se pose sur les mots
De l’Amour.
J’attends le passage de ta Seigneurie
Qui fait s’incliner les dos raidis
Puis lever les yeux tant éblouis.
Mon amour créateur, ne reste pas dans l’ombre
Il ne faut pas que je m’éloigne
Au risque de te perdre.
Gloire à tes anges qui me désaltèrent
M’entourent du parfum de ta présence
Je n’ai que Toi maître de l’univers,
Nos mains chaudes nouées l’une à l’autre
Je voudrais T’aimer davantage
Détailler les traits de ta face
Qui pourra m’en empêcher ?
Je n’ai que Toi, rien que Toi,
Ton absence me remplit
Personne n’égale ta beauté
Nous avons l’éternité pour nous aimer.
Des pigeons roucoulent dans l’arbre du jardin.
Ce sont les mêmes à chaque printemps.
Je t’attends, tout est calme
Viendras-Tu ?
Henri de Meeûs ,avril 2023
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A l’ermite
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Reviens, reviens de tes lointains séjours
Perdu trop jeune dans les méditations
Tu connais les ermitages qui surplombent la mer
Tu as quitté les villes et ton cœur est en feu.
Aux fêtes riches mondaines, tu as préféré le soleil
Tu as choisi le pur amour
Fuyant les rencontres d’un jour et la volupté menteuse
Pour les saintes douleurs.
Bel ermite tu refuses le vagabondage
Ta sagesse sans détour ranime mon âme,
Qui se plaint dans l’attente du baiser divin.
H de Meeûs avril 2023
L’amour n’insiste pas
___________________
L’amour n’insiste pas
Il passe son chemin
N’entend pas les appels
Ne regarde pas en arrière
Ne change pas le tracé de sa route.
Il faut l’attraper au vol
Il est sourd
Si tu pleures, si tu cries, il ne s’arrête pas
Il ne répond pas aux prières
Il est divin et susceptible
Il faut lui barrer le passage
Le regarder en face
Yeux dans les yeux.
Il faut une douce violence pour qu’il ne s’échappe pas
De tes bras, de tes mains.
Et prisonnier, l’entrer enfin dans ton cœur.
L’amour est comédien
Il aime qu’on l’affronte.
Crie dans ses oreilles et souffle dans sa bouche
Bouscule-le.
Sors toutes les cartes de son jeu
Attends qu’il te saisisse de la tête aux pieds
Ton âme se remplira d’une chaleur délectable.
A toi d’entretenir le feu de l’amour.
Négligé, il reprendra la route et te laissera sur le chemin.
Adieu mon bel amour, mon tendre amour
Ta course est infinie.
Henri de Meeûs, Avril 2023
******
Ils sont tous malades. Certains le savent, d’autres l’ignorent encore, mais ils ne perdent rien pour attendre. Personne n’échappera. Ceux qui vont mourir se traînent déjà dans les rues. On a caché la vérité. Les plus hypocrites sont les médias qui se taisent. Les médecins n’ont pas d’explications.
******
Changement dans les restaurants de la ville. De plus en plus de fermetures. Le prix des plats
et des menus a augmenté. La cuisine privée de bons chefs cuisiniers n’ouvre pas l’appétit des clients. Les serveurs se font rares. Depuis le Covid, beaucoup ont quitté le métier.
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Les populations occidentales assistent tétanisées à cette guerre d’Ukraine déjà longue et meurtrière. Les pays européens membres de l’Otan sont très contents de ne pas être en première ligne et ils ont laissé durant 15 mois, hypocritement, les Ukrainiens encaisser tous les coups et les dévastations.
Les arsenaux de l’Occident sont vides vu que cette guerre ne fut pas prévue par les puissances occidentales endormies durant 20 ans par Poutine.
Poutine a trompé le monde.
En cas de confrontation Otan-Russie, certains pays membres de l’Otan lâcheront l’Ukraine.
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A la radio Europe 1, chaque soir, Olivier Delacroix de 23 h à 1h du matin, écoute des personnes qui, par téléphone, lui racontent leur vie, les drames vécus actuels ou passés.
Le journaliste montre beaucoup d’empathie ; il encourage les désespérés, sa voix chaude pose les bonnes questions. Il apporte les réponses qui donnent du courage. Cette émission rencontre un important succès. Delacroix mérite d’être reconnu pour son aide aux souffrants.
Je salue Philippe Sollers. Sa mort prive la littérature française d’un passionné qui se fichait des honneurs.
Les deux livres parus chez Gallimard, récemment de L-F Céline, Guerre et Londres, ressemblent à des brouillons plus qu’à des livres importants et risquent de ternir la prétendue gloire de celui qui fut considéré, avant cette publication, comme un des plus grands écrivains français du XXème siècle, Mais ces deux posthumes inédits n’augmenteront pas sa célébrité. Cette hâte de l’éditeur et des deux héritiers à publier, dans les plus courts délais, les manuscrits qu’on croyait perdus, n’ajouteront rien à la glorification de l’écrivain. Au contraire, c’est peut-être le début d’une remise à sa juste place.
Montherlant avait écrit que la littérature de Céline était artificielle. Je crois qu’il avait raison. Bientôt, on ne le lira plus. Sauf peut-être Voyage au bout de la nuit, Mort à crédit et D’un château l’autre. Mais les jeunes francophones sont classés parmi les plus mauvais lecteurs européens. Dans trente ans, qui lira encore Céline ?
Qui, au XXIème siècle, lit encore Rabelais ?
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jeu.
20
avril
2023
Poèmes
°°°°°°°°°°°
Dernier silence
________________
Que te dire si tu te tais
Dans le noir crépuscule
De la fenêtre ouverte ?
Trop d’ombres sont méchantes.
J’entends les battements de ton cœur
Et ta respiration sèche
Tu as dit Je vais mourir
Ne t’occupe plus de moi
Tu as assez donné.
Ce n’est pas facile de tout quitter
Je n’ai pas les ailes d’un ange
Ni celles du moineau
Je n’ai plus le temps d’attendre la visite du prêtre
Il faudra que Dieu ouvre grandes les portes
Pour le dernier passage.
Notre Père céleste n’aime pas le bla-bla-bla
Il veut ton cœur
Toi qui as aimé les plus pauvres
Les malheureux, les malades et les abandonnés
Le Christ t’a nourri de sa chair
Quel mystère, mon Dieu, cet échange !
Mon chien est entré dans la chambre.
Avec la mort si douce
Disparaissent les souvenirs.
Mars 2023
°°°°°
Retour
____________
Les mots sont des papillons noirs
Faut-il bouger, te serrer les mains sur le drap
Qui fut la nappe des derniers repas ?
Tes yeux sont fermés.
Me regardes-tu sous les cils
Joues-tu la comédie ?
Qui me dira si tu es là ?
La bonne hôtesse monte la garde.
Je me souviens de ta dernière visite
La meilleure, l’inattendue
A dix heures du matin
Je sortais respirer l’air de ma rue
Quand tu as crié mon nom
Impossible de quitter Bruxelles sans nous revoir
As-tu dit sortant d’un taxi jaune et noir
Mon chien heureux comme moi
Une longue absence se fête
Nous rentrons dans l’appartement que tu connais
Célébration du retour
J’allume les bougies.
Merci mon Dieu pour ce cadeau matinal
Rayon de soleil
Lumière de ma vieillesse.
Mars 2023
°°°°°
Dieu caché, ton silence me peine
__________________________
Dieu caché, ton silence me peine
Malgré les prières et les invocations,
Malgré l’appel aux puissances du Bien
Pour contrer celles du Mal, et la peur de mourir,
Que dois-je faire, quelle mise à genoux
Chaque soir pour te montrer mon humilité ?
Ah ! cher Dieu Amour secret
Créateur de tous les univers,
Ecoute-moi quelques secondes, Père céleste.
Mon cœur bat dans ta main,
Tu me connais mieux que je me connais
Certains disent que tu as gagné la partie.
Tes créatures souffrent
Océan de souffrances infinies
Qui échouent sur les plages divines.
Les vagues de la douleur chantent ta gloire, ô mon Dieu
°°°°°
Qui me dira ?
_____________
Tout est superflu, mieux vaut se taire.
Quand tout se désagrège
Il faut rester immobile
Attendre que les nuages s’éloignent
Les gris, les noirs, le soleil est absent.
Ma distraction ce sont les oiseaux qui passent
Plus discrets que ceux qui demeurent dans l’arbre du jardin
A lancer leurs cris d’amour répétitifs
Tout le printemps et l’été
Me réveillent trop tôt.
Je préfère les oiseaux voyageurs
Les noirs aux pattes blanches et du rouge sur le bec
Allez-y mes belles bêtes
Traversez l’espace, vite, vite
On vous attend.
L’amour et la beauté
Ô spectacle inégalable
Ô éternelle Majesté.
°°°°°
Mars 2023
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mar.
21
mars
2023
Sören Kierkegaard, immense génie, écrivain danois, philosophe et théologien protestant (1813-1855), m’a toujours fort touché, intéressé, encouragé dans le maintien de ma foi religieuse.
Je propose ici quelques textes de Kierkegaard qui font du bien et pourront aider ceux qui cherchent Dieu. Sources : Wikipedia Prières Kierkegaard, Site-catholique.fr et chez Gallimard 1961, Journal par Kierkegaard.
1) Prière sur le silence :
« Père céleste, Tu parles à l’homme de bien des manières. Toi à qui seul appartiennent la sagesse et l’entendement, Tu veux pourtant Te faire comprendre de lui. Et même quand Tu gardes le silence, Tu lui parles encore. Bénis donc ce silence comme chacune de tes Paroles à l’homme ; veuille qu’il n’oublie jamais que Tu parles alors que Tu Te tais ; donne-lui cette consolation, s’il s’attend à Toi, de savoir que Tu Te tais par Amour comme Tu parles par Amour, de sorte que, dans ton Silence comme dans ta Parole, Tu es cependant le même Père, le même Amour paternel, soit que Tu guides par ta Voix ou que Tu instruises par ton Silence. Amen. »
2) La Prière de Sören Kierkegaard « Père céleste, qu'est-ce donc que l'homme sans Toi ! » :
« Père céleste, qu'est-ce donc que l'homme sans Toi ! Qu'est-ce que toute sa science, fût - elle multitude de connaissances, sinon un misérable oripeau s'il ne Te connaît; qu'est-ce que
son effort entier, même embrassant un monde, sinon vaine entreprise, s'il ne Te connaît pas, Toi l'unique, l'un et le tout ! Donne donc à la raison la sagesse nécessaire pour concevoir l'un,
au cœur la droiture nécessaire pour en recevoir l'intelligence, à la volonté la pureté par l'unique volonté de l'un ; aux jours de prospérité, donne la persévérance, dans les distractions le
recueillement et dans les souffrances, la patience nécessaire pour vouloir l'un. Toi qui permets d'entreprendre et d'achever, donne à l'aube de la vie la jeune résolution de vouloir l'un ;
et quand le jour décline, donne au vieillard un souvenir renouvelé de sa résolution première, de sorte que la fin soit signe du début, et le début semblable à la fin dans une vie passée à ne
vouloir que l'un.
Toi qui donnes d'entreprendre et d'achever, donne de triompher au jour de la détresse, pour que l'échec subi dans l'ardeur du désir et les fermes desseins se transforme en victoire pour le cœur repentant : donne la volonté de l'un uniquement. Ainsi soit-il. »
3) La Prière de Sören Kierkegaard « Ô Esprit-Saint, habite-moi à demeure ! »
« Esprit-Saint ! C'est dans un vase d'argile frêle que nous autres hommes portons le Très Saint ; mais Toi, ô Saint-Esprit ! quand Tu habites un homme, Tu habites bien alors
dans ce qui est infiniment inférieur : Toi, Esprit de sainteté, Tu habites l'impureté et la souillure ; Toi, Esprit de sagesse, Tu habites la sottise ; Toi, Esprit de vérité, Tu
habites la tromperie ! Ô habite-moi à demeure ! Et Toi qui ne recherches point les aises d'un logis désirable, qu'en vain certes Tu chercherais, Toi qui crées et régénères et Te fais
Toi-même Ta demeure, ô habite-moi à demeure ! Pour qu'un jour Tu finisses par Te complaire à cette demeure que Tu T'es préparée Toi-même dans les souillures, les méchancetés et les
tromperies de mon cœur. Ainsi soit-il. »
(Journal Kierkegaard, Gallimard, p. 305, 1961)
4) La Prière de Sören Kierkegaard « Ô Seigneur, nous Te prions d'attirer à Toi les égarés de leur fausse voie » :
« Ô Seigneur, nous Te prions pour l'heureux de ce monde qui, dans sa joie, sait à peine où il doit aller, afin que Tu l'attires à Toi et lui fasses comprendre qu'il doit aller à Toi ;
nous Te prions pour celui qui souffre et ne sait dans sa misère où aller, afin que Tu l'attires à Toi. Veuille que l'heureux et le malheureux, si différents par leur sort, soient unis dans une
même pensée où ils ne sachent pas d'autre que Toi à qui aller. Nous Te prions pour ceux qui ont besoin de conversion afin que, du chemin de la perdition, Tu les attires à Toi sur le chemin de la
vérité; pour ceux qui sont tournés vers Toi et ont trouvé le chemin, nous Te prions de leur accorder d'avancer sur le chemin, attirés par Toi. Et comme la Vérité est « le chemin » qui
« peut être perdu de trois manières en se trompant de voie, en trébuchant sur la route, en s'écartant de la bonne direction ». Nous Te prions d'attirer à Toi les égarés de leur fausse voie,
de fortifier ceux qui chancellent sur la route, et de ramener les désorientés dans la bonne direction. Ainsi, nous Te prions pour tous ; mais on ne peut nommer chaque individu ; et qui
pourrait seulement dénombrer toutes nos différences ! Nous n'en évoquerons qu'une seule. Nous Te prions pour les serviteurs de la Parole, pour ceux dont la mission est d'attirer les hommes à
Toi, pour autant qu'un homme en est capable, nous Te prions de bénir leur travail ; mais veuille qu'en l'accomplissant, ils soient eux-mêmes attirés à Toi, afin que dans leur zèle à attirer
les autres à Toi, ils ne soient point retenus loin de Toi. Et nous Te prions pour les Chrétiens de la communauté, afin qu'attirés à Toi ils n'aient point d'eux-mêmes une idée mesquine, comme s'il
ne leur était pas aussi donné d'en attirer d'autres à Toi, dans la mesure de leurs moyens.
Dans la mesure de leurs moyens, car Toi seul peux attirer à Toi, bien que Tu puisses Te servir de tout et de tous - pour attirer tous les hommes à Toi. Amen. »
Dieu est amour
5) C’est cela, travesti et cliché et cuisiné en bêtise enfantine, qui a achevé d’embrouiller le christianisme et fait de la chrétienté un galimatias.
La loi de l’amour est tout simplement celle qu’on connaît bien : aimer c’est se changer à la ressemblance de l’être qu’on aime.
Mais, mais, mais cette loi ne vaut bien entendu que pour s’élever, et non pas pour descendre. Exemple : entre deux personnes, si l’une l’emporte en raison et sagesse, la loi de son amour envers l’autre, son inférieur et de loin, n’est tout de même pas de se changer à la ressemblance de cet autre. Cette manière d’aimer serait de l’absurdité, et quand l’un est réellement supérieur à l’autre, c’est donc exclu. Non, la loi est de vouloir tout faire pour élever à soi l’aimé, et si l’aimé y consent, la loi alors de son amour, c’est de se changer à la ressemblance de celui qu’il aime.
Cette loi est respectée aussi dans tous les cas possibles, elle est partout en vigueur.
On n’y a fait dans la chrétienté qu’une seule et unique exception : Dieu n’exigerait qu’on ne le dérange pas dans les cieux ; il doit, lui, au sens absurdement puéril, être l’amour pur, autrement dit le pur non-sens, ici on prend pour loi ce qu’on dénonce comme égoïsme, comme une tromperie, quand le supérieur ne se transforme pas pour ressembler au moins raisonnable, voilà ce qu’on prend pour loi, en d’autres termes on croit qu’il y a exception, car Dieu est amour pur, c’est-à-dire pur non- sens. » (p. 188, Journal Kierkegaard, Gallimard tome 5, 1961)
PRIERE
O Dieu !
6) Oui, ô Dieu ! tu ne récoltes vraiment que peines de nous autres humains ! Hélas ! quand, à la pensée de tous tes bienfaits envers moi, je veux recueillir mon esprit pour te rendre vraiment grâce… hélas ! souvent je me trouve alors si distrait, les pensées les plus disparates se croisent dans ma tête, et pour finir il faut que je te prie de m’aider à te remercier… mais quel bienfaiteur n’exigerait qu’on ne le dérange pas une fois de plus en lui réclamant de nous aider même à le remercier.
Oh! et quand le péché un moment reprend pouvoir sur moi dans un nouveau péché… et qu’alors, l’âme devienne inconsolable, je ne sais à la fin rien d’autre que te dire : « Tu le dois, aide-moi, console-moi, trouve un joint par où je trouve consolation, de sorte que mon péché même se transfigure en aide pour aller plus loin que je n’eusse été sans lui. » Quel toupet! C’était bien contre toi que j’ai péché! Et maintenant te réclamer que tu m’en consoles !
Et pourtant je le sais, cela ne te déplaît pas, toi l’infini amour, car en un sens c’est tout de même un signe de progrès! Un homme, que le péché tient tout en son pouvoir, n’ose nullement penser à toi ; s’il lutte contre le péché, mais non de toutes ses forces, tout au plus ose-t-il s’accuser devant toi et te demander pardon. Mais s’il met toutes ses forces à lutter, honnêtement… il se peut, mais alors seulement, que l’idée lui vienne à l’esprit que tu as tellement lié partie avec lui ou te tiens tellement de son côté que c’est à toi de le consoler, et qu’il ose, au lieu de ne faire que s’accuser, se plaindre à toi, presque comme si c’était un accident à lui arrivé. (XI I A 578,Journal extraits 1854-1855 Essais Gallimard p. 183- 184 tome V).
PRIERE
7) Père aux cieux ! O Toi qui prend soin du moineau, et sans exiger de lui qu’il soit comme toi, oh non ! toi qui tendrement prends soin du moineau en te mettant à sa place avec une inquiétude de père : tu prends bien soin aussi de l’homme. Et même si tu exiges de lui un effort à ton image que tu ne peux exiger du moineau : c’est sans cruauté cependant que tu l’exiges de lui. Non, mais inquiet comme un père, tu te mets à sa place, et c’est toi qui lui donnes la force pour s’efforcer. (Journal Kierkegaard, tome 3, p. 304, Gallimard 1961).
PRIERE5
8) Seigneur Jésus-Christ ! Toute une vie, tu as enduré de souffrir pour me sauver moi aussi : hélas ! et pourtant le temps de la souffrance n’est point passé ; mais n’est-ce pas cette souffrance aussi tu veux l’endurer en sauveur et rédempteur, cette passion de patience d’avoir affaire à moi qui si souvent ai dévié du droit chemin ou, encore que resté sur la bonne voie, y ai pourtant si souvent bronché ou du moins n’y ai avancé qu’avec tant de lenteur et si rampant. Infinie patience, infinie passion de patience ! Que de fois ne suis-je tombé en impatience, n’ai-je voulu renoncer, lâcher tout, prendre le raccourci affreusement facile du désespoir ! Mais tu ne perdais pas patience. (Journal Kierkegaard, tome 3, p. 304, Gallimard 1961).
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jeu.
09
févr.
2023
Poèmes
_________
Ténèbres
______________
Le temps passe vite, vite
Comme des oiseaux noirs lancés dans le vent
On entend les sifflements, les cris, les appels des mères
Mon enfant, mon enfant, où es-tu ?
Qui me consolera, qui m’aimera ?
Effondrements, maisons bombardées, champs troués
Cruauté des assassins qui s’enfuient loin des meurtres
Les bébés vivants ou morts sont rangés dans les caves
On attend la grande offensive, la guerre ne fait que commencer
Après une année de chipotages, de massacres
D’hommes jeunes qui voulaient plus de lumière
Sur leur visage tant embrassé.
Ils attendent la masse celle qui tue
Pauvres crétins à l’abri dans vos salons
Qui ne portez pas secours aux innocents
Qui calculez vos derniers gains
Qui vous gargarisez de commentaires à n’en plus finir.
Votre vie ne sera pas épargnée, prochains cadavres
Qu’on ramassera dès que le soleil se couche.
Pauvres chéris
Qui tiendra votre main pour le dernier souffle ?
On attend le Saint Esprit promis par Jésus
Pour gagner la partie
Et la troupe des anges pour vaincre les démons.
°°°°°°°°°
A l’abri du feuillage
______________________
Je voudrais vous dire quelques mots
A l’abri du feuillage
Il fait si calme mon cher Dieu
Qu’on ne peut croire que vous restiez insensible
Aux nouvelles de l’Est qui meurt et qui perd
Par milliers ses guerriers chaque jour.
C’est ma prière du soir quand les oiseaux se taisent
Où sont les courageux qui prendront la place des morts ?
Les jeunes, les moins vieux, les vieillards
Ceux qui dorment dans le fracas des bombes
Qui n’ont personne dans la bataille
Pour leur dire courage mon amour, Dieu te regarde.
Qu’ils saisissent leurs armes
Et fauchent de traits de feu les tranchées ennemies
La Vierge accueille les âmes désemparées
Qui montent en larmes vers la Reine des cieux
Mère du Christ, je vous invoque
Pour les tués, les blessés, les perdus,
Chaque soir
Nous souffrons trop.
Quand on criera tout est perdu,
C’est alors que Dieu donne la victoire
Aux armées innocentes.
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Henri de Meeûs
Janvier 2023
mar.
17
janv.
2023
Poèmes
COVID
Si tu savais, si tu savais, reclus malade du Covid
Après deux mois dans le sommeil sans t’éveiller jamais
Au lit les yeux fermés, dormant, dormant,
Aux mains des infirmiers, hommes, femmes,
Et tous ces tuyaux qui te traversent
Pour que tu vives
Ton réveil fut pénible
Ils durent s’y reprendre à plusieurs reprises
La trachéotomie de ta gorge ouverte pour aspirer l’air
T’avait rendu inaudible, ta voix sans force
Pendant ces deux mois de coma provoqué,
Les visites furent interdites
Puis réveillé tu as demandé ma présence.
Je parcourais les couloirs de la clinique
Entrais dans ta chambre celle du fond
Il y avait peu de passage après quatre heures
Pour te comprendre, j’approchais mon oreille
De ta bouche sans rien comprendre
De ce que tu voulais dire.
Puis la gorge percée fut refermée
Et très doucement tu repris tes esprits
Pendant deux autres mois où les appareils
Continuaient d’observer toutes tes coutures
Pauvre martyr, tension trop haute puis trop basse,
Petit infarctus, pneumonie, et d’autres morbidités.
Je te donnais à boire.
Il ne fut jamais possible de connaitre le détail de tes tourments
Le personnel médical renseignait peu les proches
Trop de malades
Ou bien, ils disaient la situation est stationnaire
Sans qu’on sache si tu allais mourir.
Plusieurs fois, on a cru que tu ne te remettrais pas.
Ta mort, insupportable hypothèse.
On restait une demi-heure près de ton lit
Sans parler pour ne pas te fatiguer
Puis au revoir, au revoir, à demain
Ne veux-tu pas que je t’apporte quelque chose
Ta tête répondait non.
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HIVER
La lumière s’est enfuie, les oiseaux se sont tus,
Les rues sont désertes, il faut le dire
La guerre approche, les gens ne sortent plus
Sauf quelques courses, vite, vite.
On annonce une épidémie, la sixième en trois ans
Venant de Chine et d’Amérique.
Qui calculera le nombre des morts ?
Tabou ce sujet, on ne rit plus, les fêtes sont finies
Protégeons les enfants, les vieux, les malades.
Revient le temps des provisions, des files sans patience
Les masques sont de sortie.
Entendez-vous le bruit des canons
Aux frontières de l’Ukraine où s’entassent les morts ?
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H de Meeûs, décembre 2022
dim.
11
déc.
2022
Dieu caché
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Le Dieu caché (Deus absconditus) est un des plus grands mystères. Comment comprendre que l’Etre infini, trinitaire, éternel, Père, Fils, Esprit, reste non dévoilé, et n’apparaisse pas dans son infinie splendeur, décourageant les croyants par sa discrétion totale et infinie. Personne n’a jamais vu Dieu. Certains mystiques ont goûté son approche, sa proximité, mais n’ont peut-être jamais pu atteindre de leur vivant l’ineffable vision de l’Amour créateur.
C’est une des plus grandes souffrances des mystiques de sentir que Dieu est parfois proche d’eux, malgré son invisibilité ; cette proximité est, pour la plupart, de courte durée et s’évanouit, laissant le mystique seul, désemparé, en manque de cet amour prodigieux qu’il a ressenti « comme un souffle léger ».
Deus absconditus (expression latine signifiant « dieu caché », du verbe abscondere, « cacher ») est un concept de la théologie chrétienne issu de l'Ancien Testament. Il désigne Dieu en tant qu'inconnaissable par la seule raison humaine.
Pour Pascal, le Deus absconditus est moins un « Dieu caché » qu'un « Dieu qui se cache » en raison de l'aveuglement des hommes, dû au péché originel, et dont seul le Christ peut les délivrer. De surcroît, rejoignant en cela l'enseignement des jansénistes, Pascal récuse l'aptitude de la raison à pénétrer les mystères de la foi tout comme il se méfie des « preuves métaphysiques » de l'existence de Dieu. En ce sens, le Deus absconditus est nécessaire à la foi : « Si Dieu se découvrait continuellement aux hommes, il n'y aurait point de mérite à le croire ; et s'il ne se découvrait jamais, il y aurait peu de foi. »
Les prières que nous adressons au Dieu caché sont humaines et donc limitées dans leurs expressions Ces prières ne sont pas perdues car le Dieu caché les reçoit, s’en nourrit et y répond de façon divine qui est celle du Créateur de celui qui le prie. Rien n’est perdu pour Dieu. S’Il nous a créés par milliards d’êtres avec un corps et un esprit, Il reçoit en retour les invocations et les prières (pensées) de ceux qui se tournent vers Lui et l’appellent à l’aide.
Dieu me connait totalement, vu qu’Il m’a créé, et me connait mieux que je ne puis me connaitre.
Chaque être est un morceau minuscule de la Création, miroir dans lequel la divinité de Dieu se reflète et se multiplie à l’infini.
Ainsi cette prière : O mon Jésus, face adorable, seul amour qui ravit mon cœur, daigne imprimer en mon âme ta divine ressemblance, afin que lorsque tu la regardes, tu puisses te contempler toi-même.
Dieu est le Créateur qui se contemple dans ses créatures. Tout vient de Lui. Dieu peut tout, sait tout, voit tout. Au même instant, il connait tous les univers créés par Lui.
On ne peut mesurer Dieu, ni le définir dans son existence qui n’a ni origine, ni début ni fin.
Il connait la plus petite fourmi vivant sur notre planète, comme en même temps, le moindre animalcule rampant dans une planète située dans une autre galaxie, à des milliards de kilomètres de la nôtre.
Pourquoi Dieu a-t-il choisi de rester caché ?
Est-il resté invisible depuis le début de l’existence humaine ?
A cause du péché originel commis par les premiers humains qui, selon la Bible, furent punis par Dieu et chassés du Paradis terrestre ? Leur désobéissance eut pour conséquence que Dieu ne voulut plus se montrer et resta caché. Le péché éloigne de Dieu.
Mais la puissance infinie du Créateur, bonté infinie, qui châtie une intelligence humaine pour son péché ? Il y a là un déséquilibre des forces entre créateur et créé. Est-ce crédible ?
Dieu n’avait-il pas prévu cette punition en renvoyant du Paradis terrestre les êtres humains pécheurs ? Dieu qui sait tout, devait avoir programmé qu’Il resterait caché de ses créatures après leur création. Cela fait partie du plan divin et notre raison ne peut le comprendre.
Dieu est caché : sa divine volonté l’a voulu. Pour les chrétiens, Il se révèle par son fils, le Christ, mort sur la croix pour nos péchés mais ressuscité ensuite par le Dieu caché.
Le Christ qui est l’incarnation de Dieu dans son fils (Dieu fait Homme) éclaire le Dieu caché, qui est le Père.
La puissance de Dieu est infinie. Il peut tout. Il n’a ni origine ni fin. Il est dans les siècles des siècles pour toujours. En conséquence, s’Il a créé l’univers (le Big Bang ?), sa puissance infinie lui permettrait de créer d’autres dieux. C’est sans doute ce qu’il a voulu en créant les êtres humains. « Vous êtes des dieux ». Ce sont des dieux qui n’ont pas une divinité identique à celle de notre Dieu créateur. C’est pourquoi, Dieu est entouré d’une myriade d’anges. Les Anges sont des dieux qui n’ont pas les qualités infinies du Dieu créateur.
Et les Humains peuvent être classés comme des dieux qui se construisent durant leur existence avant de rejoindre Dieu après leur mort, (et devenir des Dieux), pour l’éternité en Dieu.
Dieu ne peut commettre aucun mal. Toutes les catastrophes qui frappent la Terre, tuent ou blessent les créatures ne sont pas le fait de Dieu. Rien ne se produit sans sa permission, mais il ne sera jamais coupable, incapable de commettre le mal. Ces évènements destructeurs pour ses créatures, sont des passages afin de hausser ses créatures à un niveau supérieur : les morts passent dans un autre monde pour leur plus grand bien. Si les survivants pleurent la mort de leurs disparus, les morts abandonnent leur enveloppe charnelle, et découvrent un autre paysage, sublime, divin, qui fait chanter leur joie d’avoir découvert le monde du Dieu caché. Les morts ne souffrent plus. Ils sont entrés dans une union éternelle, une fusion, une contemplation de l’amour infini du Dieu créateur.
Dieu punit-il certains morts ? S’il punit les êtres créés par Lui, c’est qu’il n’est pas parvenu à les garder près de Lui. Je crois plus logique que Dieu place les êtres mauvais dans un espace spirituel gardé par des Anges, - le Purgatoire ? -, pour les purifier, les convertir, les rendre propres et sans souillures, avant de les ramener ensuite dans le Paradis et rejoindre la joie de ceux qui furent récompensés pour leur fidélité au Dieu caché. Les morts ne meurent jamais. C’est leur enveloppe corporelle qui est détruite. L’esprit ou leur âme, fruits de la Divinité, sont éternels.
Après la mort, commencera pour les créatures une vie éternelle en fusion avec Dieu, une vie mystique organisée par des travaux mystiques, où chacun aura des activités d’une infinie diversité, dans une extase permanente. L’ennui n’existera pas. Chacun sera placé au centre de joies les plus intenses jamais connues. Il n’y aura plus de larmes, plus d’infirmités, plus de maladies ni de destructions. Chaque être sera au sommet de la beauté, un délice pour la vue de tous les bienheureux, dans des paysages ou des villes édifiés par la divinité éternelle. La lumière de Dieu sortira resplendissante de chaque être, humain, animal et végétal.
Il faudra une éternité pour inventorier la Beauté infinie de Dieu.
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lun.
14
nov.
2022
Ukraine (encore et toujours) :
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Depuis le 24 février 2022, le monde vit avec les menaces d’une guerre nucléaire, tant les Russes rappellent chaque jour à tous les habitants de la terre qu’ils possèdent des armes terrifiantes, nombreuses et diverses, capables d’anéantir une ville, un pays et tous leurs habitants, s’ils lancent leurs fusées plus rapides que l’éclair, pour préserver leurs intérêts vitaux
Poutine est un dément, un esprit de petite envergure, complexé, qui règlera ses comptes jusqu’à en mourir, en nous entraînant tous dans la mort. Il a créé la machine infernale nouée à son corps et qu’il est incapable d’arrêter
Poutine est entouré d’une bande de gangsters, issus de la lie du peuple : il suffit de voir la tête de ses proches (Prigogine, Kadirov, âmes damnées, complices criminels génocidaires) pour comprendre qu’il ne nous faut rien espérer s’ils se maintiennent au pouvoir : ridicules créatures couvertes du sang de leurs victimes innombrables.
Le goût affreux de la décoration des salles de réunion gigantesques où Poutine reçoit ses visiteurs. Ses origines modestes dominent son obsession impériale et l’enlaidissent.
La lâcheté inouïe de Poutine et de ses généraux responsables de la destruction des villes et des villages, même les plus minuscules, et celle des infrastructures électriques, de chauffage et de distribution d’eau, plongeront les Ukrainiens survivants dans la nuit la plus profonde et le froid le plus intense, de jour comme de nuit.
Les Russes seront punis affreusement pour les atrocités commises contre les Ukrainiens. Le sang des innocents retombera sur eux.
L’hiver des Ukrainiens sera atroce si les Russes ne sont pas arrêtés dans leurs bombardements tout azimut.
L’Occident va devoir envoyer par milliers aux Ukrainiens des systèmes de chauffage de petite taille. Angoisse des vieillards, angoisse des mères avec leurs petits face à cet hiver qui vient.
La population russe qui subit et accepte Poutine et ses sbires sans se révolter sont les complices des crimes les plus affreux de cette époque maudite.
Il faut considérer comme des saints, ou des héros, ceux qui résistent par les armes aux destructeurs russes qui n’ont aucune pitié des innombrables innocents, adultes et enfants qu’ils assassinent par leurs bombardements insensés, leur chantage aux céréales, la suppression de l’eau potable et de l’électricité. Pauvres mères avec leurs petits ! Quelle angoisse de chaque jour ! Les habitants des pays (Pologne, Pays Baltes, Roumanie, Moldavie, Allemagne) non encore atteints par les démons russes ne doivent pas se rassurer. Leur tour viendra.
La plus grande bêtise de cette guerre fut les premiers mots du Président américain Biden qui voulait rassurer Poutine et s’engageait dès le jour de l’invasion (24 février 2022) à ne jamais placer aucun soldat américain sur le sol ukrainien pour aider la résistance de l’Ukraine. Ce Président trop âgé, ivre de son ambition, vieillard dépassé, n’est pas un cadeau pour l’Amérique. Jusqu’où le conflit ira -t-il ? Si Poutine ne cède pas, l’Occident devra choisir entre s’engager ouvertement dans une guerre devenue mondiale, plus terrifiante que les deux précédentes, ou devenir esclave des Russes.
Depuis le début de l’attaque russe sur l’Ukraine, est ahurissante et méprisable l’attitude timorée du Pape François qui prend garde de condamner clairement Poutine et ceux qui lui obéissent.
Chaque jour, ce Pape Ponce-Pilate devrait au balcon de Saint-Pierre hurler son indignation et ses excommunications face aux démons qui essaient de détruire par cette guerre une Europe fatiguée, dépendant entièrement des Etats-Unis pour se défendre face aux Russes.
L, très croyant, n’est pas content : Il prie, rappelle chaque soir à Dieu que le Christ a promis d’exaucer les prières qu’on Lui adresse (« Frappez et on vous ouvrira »), et cet ami s’étonne, malgré ses prières, du silence de Dieu face à tant de drames, de dévastations, de victimes. Si Dieu est bon, d’une bonté infinie, pourquoi n’intervient-Il pas pour faire cesser ces horreurs ? Pourquoi Dieu permet-Il tant de douleurs, de souffrances ? Pourquoi tant d’innocents massacrés ? Pourquoi ce silence de Dieu qui affaiblit la croyance en Lui ?
Il n’est pas permis de s’amuser dans ce temps d’horreurs quotidiennes. Ceux qui s’amusent encore sont des imbéciles. Il faut prendre déjà le deuil des temps qui s’annoncent plus terribles encore, inarrêtables. Tempora perdita.
En Occident, les gens sont tétanisés, essaient de vivre au jour le jour. Minés par l’angoisse, les soucis d’argent, et le cauchemar ukrainien, ils ne connaissent plus de joies. Finis les rires, finies les fêtes, les humains encore lucides doivent réfléchir sur la violence russe, barbare, brutale, qui s’étendra bientôt au reste de l’Europe, et emportera tout. Les démons sans pitié sont lâchés.
Les USA, dirigés par le vieux démocrate Biden, manifestement dépassé par la situation, doivent passer bientôt par les élections qui vont modifier la composition de la Chambre et du Sénat. Les Républicains sont annoncés comme gagnants, emportant la majorité partout. Vont-ils poursuivre la politique très généreuse des Démocrates qui à juste titre ont arrosé l’Ukraine de milliards de dollars pour lui fournir des armes de tous calibres, essentielles à la défense du pays martyr. Les Républicains américains vont-ils continuer à secourir les Ukrainiens ? Si les Républicains diminuent leur aide, ce sera la victoire certaine de Poutine et avec certitude une troisième guerre mondiale.
Dieu Bonté et Puissance infinie, qu’on prie de nous épargner une apocalypse poutinienne, doit peut-être se lasser des créatures humaines jamais converties par les guerres qui ont précédé celle d’Ukraine. L’homme naturellement pécheur connait une guerre à chaque nouvelle génération. Illusion mortelle que la Paix perpétuelle. Les Européens se sont enfoncés depuis 1946 dans la consommation, les achats, les voyages, le foot, le plaisir, et tout ce qui dégrade, gouvernés par des dirigeants pour qui le pouvoir importait d’abord, quitte à trahir l’intérêt général : tels certains hommes et femmes politiques allemands. L’Allemagne piégée par son égoïsme et le gaz russe dont elle ne pourra pas se passer.
Il ne restera rien de l’Europe. On entend déjà sa dislocation. Celle la Tour de Babel : même destin.
Si Poutine ne trouve pas de porte de sortie, ou si ses ennemis ne lui en offrent pas, ce sera la guerre mondiale avec des armes terrifiantes qui détruiront les nations occidentales. Fin de partie !
dim.
09
oct.
2022
Dans cette guerre en Ukraine, chaque jour qui passe est plus terrible que celui de la veille. La folie poutinienne n’a pas trouvé ce qui l’arrêtera. Le dictateur règne par la terreur, les assassinats, les emprisonnements pour longue durée. Les hauts gradés et les membres de la police secrète lui semblent entièrement dévoués et pas prêts à le démettre. Poutine, qui se croit chef de guerre, fait valser les généraux qui le déçoivent.
L’armée russe va d’échecs en échecs dus, entre autres, à une très mauvaise logistique qui éreinte les soldats manquant d’armes, de munitions et de nourritures. Faute d’une réserve de soldats aguerris ou d’une riposte par un tir nucléaire tactique, la Russie s’effondrera.
La mobilisation partielle est chaotique et semble non préparée. Les jeunes hommes enrôlés découvrent que beaucoup d’armes qu’ils reçoivent, ne sont pas en ordre de marche, qu’il n’y a pas de pansements ni de produits pharmaceutiques. Pas de lits dans les camps de regroupement qui ressemblent à des baraquements de prisonniers.
Enrôlés de force, ces jeunes vont à l’abattoir. S’ils refusent de marcher, ce sera la prison. Dix à quinze années. Beaucoup fuient vers la Finlande, la Georgie, l’Arménie, le Kazakhstan.
Avec les referendums fabriqués en toute hâte, Poutine obtient des votes avec des majorités de plus de 90% en vue de rattacher les quatre régions ukrainiennes à la Russie. Le Kremlin accueillera donc ce vendredi 30 septembre une cérémonie lors de laquelle l’annexion des régions ukrainiennes de Donetsk et Lougansk (est) et Kherson et Zaporijjia (sud) sera formalisée.
Tout cela est fabriqué en toute hâte, et ne sera pas reconnu par les règles du droit international, ni par d’innombrables états. Mais Poutine essaie de donner une apparence de consultation, à forme juridique, des habitants russophones, afin de pouvoir clamer haut et fort à la Douma que ces quatre régions, avec l’accord quasi unanime de leur population, font désormais partie intégrante de la Russie. Elles seront défendues par des armes nucléaires tactiques si nécessaire. On va vers la guerre mondiale. Les USA s’expriment peu, et ne semblent pas faire peur à Poutine. Les USA se méfient et demandent à l’Inde et à la Chine de raisonner Poutine et de ne pas utiliser les armes nucléaires tactiques . Vains efforts ?
Si la Troisième Guerre mondiale éclate, après 8 mois de guerre en Ukraine attaquée par les Russes, ce sera la fin de l’Europe non armée, - dépendante de l’OTAN, donc des USA - avec ses chefs d’Etat mondialistes, pourris par le clientélisme et les partis, qui ont accepté de désarmer leur pays en économisant sur le budget de leur armée systématiquement, et durant des dizaines d’années.
L’Europe depuis sa fondation n’a pas voulu se doter d’une armée puissante et structurée, préférant les contrats juteux du commerce mondial et des règles multiples pour brider les nations dans leur liberté souveraine. Réactions de défense des Polonais et des Hongrois. D’autres pays suivront et refuseront la tutelle européenne. Il y a eu la Grande-Bretagne, il y aura bientôt l’Italie. Chassez le naturel, il revient au galop quand la guerre s’approche.
L’Europe est incapable de défendre ses habitants. Elle récoltera ce qu’elle a semé.
Les sacrifices et les morts de la Seconde Guerre mondiale n’auront servi à rien, vu que c’est toute l’Europe qui va passer prochainement dans la moulinette poutinesque sans avoir les défenses nécessaires. Comme en 40 ? En pire.
Les peuples aveugles continuent de vivre sans trop s’attarder sur les menaces des Russes. Poutine veut appliquer ses plans mais rencontre beaucoup d’obstacles, même si son armée a tué des milliers d’Ukrainiens civils et militaires et démoli l’immobilier de l’Ukraine ravagée par des bombardements fous. Que de villes et de villages détruits, que de morts ! Les Occidentaux n’osent pas faire entrer leurs soldats pour venir à l’aide de l’Ukraine ; ils livrent des armes, surtout les USA, la Grande-Bretagne, les pays baltes. La France, à part les canons Caesar, n’est pas très généreuse dans ses secours. Lors de son déplacement à Kiev, Emmanuel Macron a annoncé que la France allait livrer « six Caesar additionnels », des canons automoteur réputés pour leur précision. Douze ont déjà été livrés.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, la France a livré 18 canons Caesar à l’Ukraine, dont six supplémentaires annoncés le 16 juin à Kiev par le président Macron. Ces canons sont d’une extrême précision. Cette nouvelle livraison ampute de près du quart le stock de l’armée française de ce type de matériel. En février, la France possédait 76 Caesar. « Le choix de donner six Caesar supplémentaires (à l’Ukraine), soit 18 au total répond à une nécessité immédiate de survie des Ukrainiens face aux Russes », justifie-t-on au ministère des Armées, précisant que ceux-ci étaient prélevés sur « les réserves de l’armée de terre ».
Le Canon Caesar
Comme le président ukrainien Zelensky l’a dit, « le Caesar fait la différence sur le terrain, par la précision de ses tirs et par sa capacité à échapper aux ripostes adverses ».
C'est un canon de 155 mm , long de 52 calibres (soit un peu plus de huit mètres) conçu et fabriqué par Nexter Systems à Bourges.
Vitesse tout terrain : 50 km/h en tout-terrain
Armement principal : Canon de 155 mm/52 cal.
Vitesse sur route : 100 km/h sur route
Moteur : Diesel
Leur portée est d'environ 40 km avec une capacité de tir de 6 coups en 1 minute (mise en batterie et sortie de batterie en 2 minutes). Ils possèdent une grande mobilité tactique et stratégique (autonomie 600 km et vitesse sur route plane >80 km/h). Les Caesar sont aérotransportables en C130 et A400M
Les canons Caesar ont rendu la défense ukrainienne plus agile, moins prévisible. Ce système est principalement très maniable et mobile. C’est un facteur très important dans une guerre contemporaine comme celle-ci , opposant les Caesar aux vieux systèmes ukrainiens non mobiles . « Grâce à cette arme, nous gagnons beaucoup de temps, de sorte que l’ennemi ne peut pas nous attaquer ni riposter rapidement », (Wikipedia)
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mer.
07
sept.
2022
Dieu et le Mal
Essayons d’avancer dans une compréhension. Sans orgueil. Avec simplicité
Dieu est un esprit invisible, qui ne fut pas créé, qui n’a ni origine, ni fin car Il est l’incréé. Il existe depuis toujours, immortel.
Il a créé l’univers visible et invisible, et qui est défini entre autres par le qualificatif d’infini, mais qui peut se loger dans l’infini de Dieu, comme un enfant dans le sein de sa mère. On peut dire que l’Univers a une origine et aura une fin, vu qu’il n’est pas Dieu, mais il est né de l’infini de Dieu qui l’a lancé dans un espace qui semble infini.
Dieu ne s’est pas créé lui-même. Il existe depuis la nuit des temps. Avant la création de l’univers, Il était.
Il peut avoir créé un ou plusieurs ou une infinité d’univers différents car il n’y a pas de limites à sa puissance infinie.
Oui, infini quelle que soit la définition qu’on essaie d’avancer : Infinie bonté, infinie sagesse, infinie majesté, infinie justice, infinie puissance, infini amour, etc.
Toutes les qualifications négatives ne concernent pas Dieu : ainsi infinie méchanceté, infinie haine, infinie injustice, etc. Tout ce qui n’est pas parfait anéantit le qualificatif d’infini. C’est le fini qui reçoit les défauts, les caractères négatifs, le mal. Dieu seul est bon. Le Mal n’est pas infini.
Dans les êtres créés par Dieu, il y a du mauvais qui ne vient pas de Dieu. Ces êtres ne sont pas divins. Etant autres que Dieu, ils n’ont pas sa divinité. Mais issus du divin, ils ont une présence de divin en eux.
Le mal fini qui atteint toujours une limite où il s’anéantit, est en opposition partielle avec le Dieu parfait infini qui est sans limites et ne peut s’anéantir.
Le mal qui est fini, est donc toujours dominé par le Dieu infini.
Le mal est toujours finalement dominé par le Bien, même si parfois il faut attendre longtemps avant de voir le Bien dominer le Mal. Mais même quand le mal semble dominer le Bien, c’est le Bien qui permet au mal de subsister tant que le Bien (Dieu) l’accepte, le tolère.
Le Mal peut disparaitre d’un seul coup ou lentement dans l’espace que lui accorde le Bien (Dieu).
Dieu seul est bon. Les Saints sont des mauvais qui se sont orientés vers le Bien, tout en restant des pécheurs touchés par le Mal. Le divin en eux brille avec plus d’éclat sans qu’ils s’en rendent compte. Il y a l’ombre et la lumière dans la création des êtres. Dieu n’est que pure lumière.
L’amour doit être examiné dans l’infini de Dieu. L’amour ne peut jamais devenir le mal. S’il devient toxique, il n’est plus l’amour.
Vu que tout être créé l’est par Dieu, il a en lui une parcelle de Dieu, mais il n’est pas Dieu. Le corps matériel est animé d’un souffle divin. Même celui du criminel ou celui de la panthère. L’être créé doit réussir sa vie en freinant au maximum toutes ses tensions négatives (passions, instincts), qui l’orientent vers le Mal, et qui souvent ne parviennent plus à l’en détacher. Pourtant, il ne peut perdre le souffle divin reçu de sa création par Dieu.
Un être créé par Dieu ne peut être anéanti vu son origine qui le protège même s’il nie cette origine. Son enveloppe matérielle, son corps, son esprit peuvent être détruits. Mais pas l’étincelle divine qu’il a reçue de Dieu en apparaissant dans le monde fini. L’être créé par Dieu est donc éternel. En mourant, il retourne à sa source divine. Pour d’autres parcours dans l’infini ?
Le Mal est très présent dans le monde, depuis l’origine.
Exemple : Dieu a permis que durant des millions d’années sur la planète Terre, règnent des animaux gigantesques et cruels. L’homme n’existait pas. Ces monstres créés par Dieu avaient aussi une étincelle de divin qui les rendait immortels.
La notion de durée a-t-elle de l’importance pour Dieu ? Mille ans est comme un jour pour Lui, dit l’Ecriture sainte. Mais les jours du prisonnier torturé actuellement dans sa cellule comptent essentiellement même si la durée du supplice est courte. Dieu participe totalement à chaque attaque du Mal contre le Bien, car il voit tout, sait tout.
Donc, Dieu pendant des millions d’années a pu voir les carnassiers monstrueux se battre en se dévorant les uns les autres. Ces êtres créés par Dieu ressentaient des souffrances terribles comme les prisonniers humains découvrent la douleur dans les salles de torture actuelles.
Il y a donc le Mal qui règne sur terre depuis des siècles et des siècles, et le Bien très discret mais qui à chaque confrontation face au Mal, parvient après un combat de plus ou moins longue durée à l’emporter sur le Mal.
Dans la prière du Notre Père, on demande que le règne de Dieu vienne. Cela veut dire que Dieu maître de l’univers infini, ne règne pas encore sur la Terre. Son royaume est proche mais non encore dominant.
Faudra-t-il attendre l’Apocalypse pour que le royaume de Dieu soit enfin installé sur la Terre, le Bien ayant récupéré toutes les créatures, après la disparition du Mal ?
Pourquoi Dieu permet-Il le Mal ? Dieu puissance infinie pourrait d’un souffle faire disparaitre le Mal de la surface de la Terre. Ce n’est pas le cas. Dieu tolère le Mal et ses effets horribles qu’on voit partout, de plus en plus. Cette attitude passive de Dieu peut être jugée scandaleuse. La religion catholique et les Evangiles indiquent que Dieu a permis la crucifixion et la mort de Jésus son fils bien aimé, Dieu fait Homme, seconde personne de la sainte Trinité.
Dieu a donc montré par son incarnation en Jésus, Dieu fait Homme, sa volonté de se diminuer jusqu’à descendre au niveau humain, mêlant sa divinité à son humanité. Dieu fait Homme, était totalement Dieu et totalement Homme.
Il a donc permis que le Mal agresse Dieu fait Homme, acceptant une provisoire réussite du Mal dans le supplice de Jésus et dans sa mort. Le Bien était vaincu. Trois jours plus tard, Jésus le fils bien aimé, le Dieu fait Homme, ressuscitait. Son corps était vu et touché par ses disciples.
La résurrection est-elle historique ou n’est-elle qu’un mythe ? La résurrection met un point final dans le combat entre le Bien et le Mal. C’est le Bien qui sera vainqueur jusqu’à la nuit des temps malgré les essais du Mal de reprendre sans cesse le combat contre le Bien, mais il sera toujours vaincu à la fin par le Bien.
Dieu puissance infinie est le maître de la vie et de la mort. Il peut ressusciter les morts, ce qui se fera à la fin des temps. Dieu permet que chaque jour par milliers des enfants naissent et sortent des entrailles maternelles. Dieu tisse les bébés dans le ventre de leur mère, et il peut faire naître comme il permet la fin de ses créatures en les laissant mourir. Mais ce n’est pas parce que les créatures disparaissent de ce monde qu’elles ne passent pas dans un autre état, soit la survie dans un autre espace visible ou invisible, car ce que Dieu crée est immortel, n’a pas de fin.
Tout reproche fait à Dieu au sujet de la présence du Mal dans le monde créé, se heurte à la puissance infinie de Dieu qui tolère ce Mal, l’ombre dans laquelle les créatures se meuvent avec le Bien.
Les créatures participent au combat du Bien contre le Mal. Ce combat est un des caractères les plus puissants de la Création. Les créatures peuvent choisir le camp du Bien ou le camp du Mal, et au cours de leur vie plus ou moins longue, changer de camp. S’ils meurent dans le camp du Mal, l’étincelle divine présente en eux du fait de leur origine divine, peut les sauver vu que l’Amour infini de Dieu ne rejettera pas ses créatures.
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Le petit magasin, par Henri de Meeûs
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J’avais ouvert un petit magasin, me dit X, en approchant sa tête de la mienne car je suis devenu un peu sourd avec l’âge. Il continua car il avait envie de me parler : « Je m’ennuyais comme employé de banque à effectuer durant vingt années des opérations sur titres dans le même département dirigé par la même personne, la directrice Félice, amie du grand patron.
J’ai lutté durant ces vingt années afin de garder avec elle une relation équilibrée entre la politesse, le sourire et la froideur. Mais la politesse fatigue les nerfs à la longue. Cette directrice surveillait principalement ses contacts avec le grand chef et n’avait que peu de soucis avec moi qui exécutais parfaitement ses instructions. Nous n’avions jamais une conversation détendue. Avec elle, c’était vite, vite, et moi, c’était oui, oui, parfaitement Madame, comptez sur moi
Vingt années, c’est long. J’avais des économies. Je vivais seul. Pas de famille, pas d’enfants, pas de maîtresse ou de passions repréhensibles.
Donc un matin, vers huit heures trente, alors que les employés étaient tous à leur poste dans la petite salle des opérations sur titres que je dirigeais, je me suis levé derrière mon bureau quand la Directrice est apparue pour saluer chacun des membres du personnel, et quand elle est arrivée devant mon bureau, je lui ai dit à voix suffisamment forte pour que les employés assis aux bureaux voisins et proches, entendent ces quelques mots : « Madame la Directrice, j’ai l’honneur de vous remettre ce jour ma démission car ma santé ne me permet plus d’effectuer les tâches quotidiennes pour lesquelles je suis payé dans votre entreprise. »
Je lui tendis l’enveloppe qui contenait ma démission, et je me remis au travail.
Je suis parti après le préavis de trois mois en usage à l’époque. On ne fit rien pour me retenir. J’étais content. Je ne tardai pas à découvrir un petit rez-de-chaussée à louer à bail commercial pour installer mon magasin. Peu de frais, une table, trois chaises, pas de travaux de peinture ou de menuiserie. Un petit local sanitaire. J’étais heureux que tout se déroulait sans problème. »
Et ensuite, dis-je ? Quel était votre activité commerciale ?
« Je vendais des consultations psychologiques sous forme de petits carnets dans lesquels les clients notaient ma réponse à leurs questions souvent nourries de leurs soucis et anxiétés. L’époque était très pénible, il y avait des guerres qui s’allumaient sur la planète. Mon magasin portait le nom : « Au havre de paix ». Les clients étaient rares au début, mais petit à petit, ils s’inscrivaient en rendez-vous, jamais plus de dix minutes par client. Certains clients satisfaits revenaient. J’avais imaginé un abonnement pour dix consultations. J’aimais cette occupation, je rendais service, heureux de les voir quitter le magasin avec un large sourire. »
Ce monsieur avait décidé de me parler, il habitait dans le quartier un petit appartement, son magasin était situé dans une autre commune. Nous nous croisions de temps en temps quand je promenais mon chien, mais nos échanges se limitaient à un bonjour et à une inclinaison de la tête, je ne me doutais pas de ses activités professionnelles ni de ses consultations qui semblaient apporter du réconfort.
Je vous félicite, dis-je, d’avoir trouvé une activité bienfaisante qui vient en aide aux angoissés.
N’est-ce pas, me répondit-il. Je serais vraiment heureux d’avoir l’honneur de vous recevoir à l’heure qui vous conviendra dans mon Havre de paix.
Et nous nous séparâmes, lui promettant d’y réfléchir.
Henri de Meeûs
Août 2022
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ven.
05
août
2022
Nous vivons une période de l’humanité où le mal, le mensonge et la destruction sont déchaînés. La Nature souffre avec un climat de plus en plus brûlant qui anéantit des forêts en quelques jours. Les pompiers sont dépassés, la faune et la flore sont détruites.
Qui sauvera les animaux prisonniers dans les brasiers ? Personne.
On repère maintenant que plusieurs feux ont une origine criminelle.
Des incendiaires multiplient leurs crimes le jour, la nuit. Mais le pouvoir judiciaire s’il trouve un coupable, le condamnera légèrement.
Dans leurs appartements surchauffés, ceux qui ne prennent pas de vacances, se claquemurent derrière leurs rideaux ou leurs volets fermés, regardant le thermomètre monter de 30° à 40°. C’est trop. On n’en peut plus. Les vieillards, dans leur séniorie, boivent des litres d’eau.
Les étés deviennent redoutables, font peur autant que les hivers rudes des temps plus anciens.
On sait que les étés caniculaires sont suivis, souvent, par des inondations, des tempêtes, des orages parfois effrayants. Comment se protéger ? L’être humain de plus en plus fragile devient nerveux. Son agressivité augmente car il ne peut supporter calmement la montée des périls.
Les peurs sont augmentées par les médias et les images dramatiques, qui passent en boucles. C’est à qui publiera la plus terrifiante.
La guerre en Ukraine décidée par le prince des démons multiplie les états de stress. On vit dans la pensée qu’après avoir réglé son compte à l’Ukraine, Poutine continuera ses destructions avec d’autres Etats qui ont osé fournir des armes aux Ukrainiens. Les nations occidentales sont tétanisées et les impulsives sanctions décrétées par elles contre la Russie, sans trop de réflexion, leur reviennent en boomerang, mal calculées, mal ajustées mal appliquées, comme le gaz que Poutine utilise en armes de guerre anti-occidentales, en fermant de semaine en semaine les robinets.
Pourquoi les Occidentaux n’interrompent – ils pas eux-mêmes les flux du gaz qui traverse sous terre leur pays et sous les flots de la Baltique ? Poutine serait incapable alors de vendre le gaz qui ne peut plus passer dans les canalisations situées hors de la Russie.
Je la vois souvent dehors, marchant à pas lents sur le trottoir. Elle traîne derrière elle une laisse. Au bout de celle-ci, un petit collier blanc accroché à la laisse. Le collier tressaute sur les pavés. Mais il n’y a ni chien ni chat au bout de celui-ci. Je me permets de l’arrêter. Elle me regarde en clignant des yeux. Je dis : « Madame, pourquoi cette laisse que vous tirez derrière vous ? » « Je promène mon chien, trois fois par jour chaque jour vingt minutes. Il faut qu’il sorte. » Elle ajoute : « C’est un chien de haute race. Il est invisible. Vous ne l’avez pas encore vu. Il s’appelle Brésil. » Et elle poursuit sa promenade.
Je rêve beaucoup. Je remercie le Seigneur de ne pas m’exposer à des cauchemars. Ces rêves sont vite oubliés.
Mes amis connus à l’université - nous avons le même âge – et moi, nous souffrions des mêmes problèmes dans la vie sociale :
1°) la dégradation des services bancaires où les clients qui étaient les rois, ont perdu le respect du monde bancaire, obligés de se plier aux folies de l’informatisation toujours plus poussée sous peine de n’être plus servis correctement.
2°) La fermeture des églises, c’est la déchristianisation partout.
3°) Les deux années de Covid ont abîmé la vie sociale : moins de réunions, d’invitations, de concerts, d’activités culturelles. On voit moins d’amis. Quelque chose est cassé. Et la guerre d’Ukraine n’améliore rien.
Elle est très âgée. 95 ans. A encore toute sa tête. Mais vivant seule dans un petit appartement, elle reçoit les visites quotidiennes d’un de ses fils. L’autre fils sort d’un long covid et doit se ménager et vivre au grand repos. Elle n’a plus le moral, et cherche à convaincre ses deux enfants de signer les documents l’autorisant à se faire euthanasier.. Elle est têtue et insiste. Une trop longue vie n’est pas un cadeau.
Les caractères innés de la petite fille de quatre ou cinq ans, jouant déjà à la petite dame.
M d’0 m’écrit à propos des aphorismes de Montherlant :
« Je goûte aux aphorismes de MONTHERLANT avec grand plaisir, ses aphorismes qui sont les plus vrais que je connaisse (avec ceux de Paul Valéry). (On peut le dire sans trembler, en attente de la fin de son purgatoire, qui s’éternise, Montherlant est bien le plus grand penseur au monde) ». L’aphorisme qui suit me ressemble, ajoute mon correspondant :
« Un, c’est possible ;
Deux, cela peut encore aller ;
Trois, c’est presque la foule ;
Quatre, cela devient dément. »
(Même chose pour moi. Je déteste le groupe et la foule.)
Joie de rencontrer un jeune Français qui goûte à la beauté des textes de Montherlant !
On fait un foin du dernier Louis-Ferdinand Céline, Guerre, un inédit publié il y a quelques mois par Gallimard. Ce livre assez grossier n’est pas un chef d’œuvre. Vendredi 29 juillet 2022, sur deux pages, le journal Libération sort un article de philologues pour mettre en doute le classement chronologique de Guerre établi par l’éditeur par rapport à deux œuvres de Céline, Voyage au bout de la nuit et Casse-Pipe. Les philologues aiment se perdre dans les détails minuscules et passent souvent à côté de l’essentiel. Ils veulent montrer que l’éditeur et les ayants-droits de la succession donnent une représentation inexacte des dates de création de Guerre ! Mais qu’est- ce que cela change ?
Extrait du Journal de Kafka : 14 février 1914 (Pléiade, Gallimard Journaux et lettres, 1897-1914, p. 390) :
« S’il m’arrivait de me tuer, personne, à coup sûr, n’en serait responsable, quand bien même le premier motif manifeste serait le comportement de F. Dans un demi-sommeil je me suis déjà imaginé la scène qui se produirait si, en prévision de la fin, j’arrivais à son appartement, une lettre d’adieu dans la poche, me faisais éconduire en tant que prétendant, posais la lettre sur la table, me dirigeait vers le balcon en écartant vivement tous ceux qui se précipiteraient pour me retenir, et sautais par-dessus la balustrade, obligeant leurs mains à me lâcher tour à tour. Or dans la lettre, il y aurait écrit que si je me jette par la fenêtre, c’est à cause de F., mais que, même si elle avait accepté ma demande, ça n’aurait pas changé grand-chose pour moi. Ma place est en bas, je ne vois aucun autre arrangement, il se trouve que F. est par hasard la personne à même laquelle s’affiche ma destinée, je ne suis pas capable de vivre sans elle et je n’ai plus qu’à sauter par la fenêtre, mais je ne serais pas capable non plus, et F. le devine, de vivre avec elle. Pourquoi ne pas y employer cette nuit ? Déjà m’apparaissent les orateurs de la soirée parentale d’aujourd’hui, qui ont parlé de la vie et des conditions à créer pour elle, mais je m’accroche à des idées, je vis complètement embarqué dans la vie, je ne le ferai pas, je suis froid comme tout, triste d’avoir une chemise qui me serre au cou, je suis maudit, je happe l’air dans le brouillard. »
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L’extrême discrétion du Pape François dans la guerre de Poutine à l’Ukraine ! Pourquoi ? On a reproché le silence de Pie XII lors du massacre des Juifs. Qui connait et dira le pourquoi de cette réserve face aux crimes de Poutine ?
On parle souvent des valeurs à défendre envers et contre tout. Nos valeurs européennes ! Nos valeurs de civilisation ou des démocraties !
Grande escroquerie qui se cache derrière des mots vides de sens et de contenu. Les valeurs du monde sont le fric, le pouvoir, la jouissance avec les multiples plaisirs. En le chacun pour soi.
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ven.
01
juil.
2022
Cette guerre d’Ukraine n’en finit pas. La Russie attaque systématiquement les villes et les villages avec son énorme artillerie, détruisant tout, immeubles, palais, églises, hôpitaux, écoles, avec des milliers de morts civils et militaires et des milliers de blessés. Cette entreprise, méthodique, n’oublie rien. C’est le rouleau compresseur, lent, qui écrase à fond. Il ne restera rien de l’Ukraine sinon des ruines.
On perçoit le recul des Ukrainiens malgré leur courage immense. Ils supplient qu’on vienne les aider, qu’on leur procure au plus vite des armes lourdes et modernes pour riposter à la puissante artillerie russe, dix fois plus nombreuse que celle des Ukrainiens.
Les Européens ont promis beaucoup, mais ces armes arrivent au compte-gouttes. Les Européens qu’on croyait unis pour aider l’Ukraine sont en réalité divisés. Les Allemands, dépendant pour 60/100 du gaz russe, livrent peu d’armement. Les Russes menacent ceux qui veulent fournir des armes à l’Ukraine de les traiter de co-belligérants.
Les Russes s’amusent à sortir les menaces nucléaires, tactiques et même stratégiques, pour faire rentrer les lapins occidentaux dans leurs terriers.
Poutine est un être complexé. Il est petit de taille. Il a des origines modestes. Il a le pouvoir. Peut-être est-il malade et n’a plus beaucoup de temps à vivre. Mais il s’est construit une histoire glorieuse de l’Empire russe depuis les premiers tsars, et il se prend pour un nouveau Pierre le Grand chargé de reconstruire un nouvel Empire russe après la chute des Soviétiques (Eltsine, Gorbatchev) qui ont permis le morcellement des républiques ex-soviétiques, dont certaines se sont empressées de se rapprocher de l’Europe, de l’Otan, et pour lesquelles Poutine est le diable qui veut les récupérer sous prétexte de les protéger des nazis, c’est-à-dire de l’Europe occidentale, libre mais dépourvue d’une armée européenne de taille à résister aux Russes..
La population russe nourrie de propagande réagit peu. La crainte des emprisonnements et des camps la fait taire. Poutine continue. L’armée lui obéit. Pas de rebelles jusqu’à maintenant et d’autant moins que l’armée russe qui avait mal commencé sa campagne en février et mars 2022, s’est ressaisie et fait actuellement reculer l’armée Ukrainienne moins lourdement armée.
L’Europe, au début unie, a promis monts et merveilles aux Ukrainiens, afin de leur donner une plus forte résistance ; on allait leur procurer des armes modernes qui allaient rivaliser avec celles des Russes. Mais les armes promises arrivent trop lentement. Et l’Ukraine qui a 100 à 200 tués militaires chaque jour est en train de se décourager et d’abandonner certaines villes ou villages pour essayer de résister sur d’autres points du territoire devenus cruciaux.
Le moral baisse. Les médias s’intéressent moins à cette guerre. Il faut du neuf ! Les Usa ont abondamment promis des milliards de dollars et de nombreuses armes de guerre à condition qu’elles ne seront pas tirées sur la Russie, elles ne peuvent pas toucher le sol russe, c’est l’ordre de Biden qui à 78 ans ne semble pas dans la meilleure forme pour commander l’armée des Etats-Unis lors d’une crise mondiale.
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Un bijou littéraire est apparu en juin 2022, édité par le Musée René Magritte, 135 rue Esseghem à 1090 Jette-Bruxelles, tél : 00 32 2 428.26.26. ou info@magrittemuseum.be
Il s’agit d’un livre de 113 pages rassemblant plus de 500 aphorismes de Henry de Montherlant, choisis par le directeur de ce musée, Monsieur André Garitte.
Titre du livre : Montherlant le plus grand penseur au monde.
Prix du livre = 12 eur (plus 4 eur frais postal Belgique, et 13 eur frais postal Europe).
Compte bancaire = BE 22.0682.1674.8547
Livre remarquable par son contenu et sa présentation.
Voici de courts extraits de l’introduction d’André Garitte :
« Ce livre contient plus de 500 sagesses ou idées réussies. Après des années de recherche en littérature (de Platon à Schopenhauer et de Nietzsche à Sartre), il s’est avéré qu’aucun autre philosophe ou moraliste ait jamais été à même de concevoir autant de sagesses. Ce tour de force fait donc d’Henry de Montherlant (1895-1972) « le plus grand penseur au monde ». Ses atouts sont : une grande lucidité, un génie logique, une sensibilité pour l’essentiel, la profondeur d’esprit et un style limpide. Qui croit qu’un autre écrivain atteint le même niveau peut proposer un ensemble aussi valable. Nous n’en avons en tout cas jamais trouvé. (…)
« Cela commence déjà avec le nom : Montherlant. Il est si beau, si noble, si relevé à l’oreille. Le simple fait de prononcer son nom est un plaisir. Il avait aussi une tête expressive, une vraie tête de caractère avec des yeux pénétrants. Avec par-dessus une étendue de cheveux droits, dressés et combatifs, comme on en voit rarement. (…)
Est bien inhabituel et remarquable le fait qu’un homme qui atteint un si haut niveau voulût absolument faire ses preuves physiquement aussi. Course à pied, football, tauromachie, un peu de boxe, volontaire pour son pays pendant la Première Guerre, c’est vraisemblablement sans fin. Heureusement son cerveau est resté intact malgré tout. (…)
Personne n’a jamais tutoyé Montherlant et on ne pouvait pas non plus l’appeler par son prénom. Il donnait l’impression d’être hautain à bon nombre de personnes, mais par ailleurs il repoussait les snobs et les hommes de pouvoir. Et il côtoyait volontiers des êtres simples d’extraction modeste. (…)
Le vrai Montherlant ne correspondait donc pas toujours à la figure publique. Comme lorsque vers 1959, le journaliste anversois Georges Krakowsky, qui admirait l’écrivain, partit à Paris avec son amie Nadia Donckerwolcke pour aller à la recherche de son idole et le rencontrer. Ils sonnèrent chez lui Quai Voltaire, le long de la Seine. Montherlant lui-même apparut à la porte en peignoir et dit : « Monsieur de Montherlant n’est pas à la maison » (témoignage de Nadia Donckerwolcke, 2019).
André Garitte
Directeur du Musée René Magritte
ven.
03
juin
2022
Cette guerre d’Ukraine va nous emporter bientôt dans un conflit généralisé entre Poutine et les pays démocratiques occidentaux (les trente membres de l’Otan, notamment).
Nos villes seront détruites comme celles de l’Ukraine, car nous sommes trop lâches, trop effrayés par l’attitude inattendue et criminelle de Poutine, qui a tétanisé les chefs d’Etat de l’Ouest. Même Biden, trop âgé, aurait mieux fait de se taire plutôt que d’annoncer dès le début de l’attaque russe, qu’aucun soldat américain ne sera confronté aux Russes en Ukraine. Fuite éperdue, et dès le 22 février, des conseillers Américains comme ceux fuyant Kaboul.
A nouveau, Poutine est rassuré, lui qui détruit ville après ville du territoire ukrainien. Il a le champ libre.
Etonnement de Biden de constater ensuite la résistance des Ukrainiens et revirement de sa stratégie : il appuie maintenant les Ukrainiens avec des milliards de dollars pour les armer et il leur envoie un matériel militaire très performant des arsenaux américains.
Mais la livraison des nouvelles armes aux Ukrainiens, pour répondre à l’artillerie russe, est très lente, et les Ukrainiens en demandent chaque jour davantage, et crient chaque jour plus fort car le temps travaille contre eux ; l’armée russe a compris ses erreurs tactiques et concentre le gros de ses forces, une artillerie variée et destructrice, sur certaines villes, prises une par une, vidées pour la plupart de leurs habitants en fuite, et elles seront complètement détruites.
Poutine cherche à dominer d’abord le Donbass.
Le Donbass est un bassin houiller, de l'est de l'Ukraine et frontalier de la Russie, situé entre la mer d'Azov et le fleuve Don. C'est une région économique et culturelle importante de l'Ukraine, qui comprend deux oblasts de l'est du pays : l'oblast de Donetsk et l'oblast de Louhansk. C’est là, durant ces derniers jours de mai 2022, que les combats entre Russes et Ukrainiens ont atteint une très forte intensité.
Et maintenant le président américain Joe Biden a exclu ce lundi 30 mai la livraison à l'Ukraine des systèmes de lance-roquettes (MLRS) à très longue portée et très performants, qui auraient pu renverser le sort de la bataille. En cause : leur capacité à atteindre la Russie. Biden ne veut pas attaquer le territoire russe. Mais il n’interviendra pas avec ses troupes, avions et chars en première ligne, pour stopper les dévastations russes en Ukraine.
Les Ukrainiens s’estiment trahis par cette promesse non tenue par Biden, qui les met en difficulté dans le Donbass, où l’artillerie russe domine de loin l’artillerie adverse.
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Aucun chef d’état membre de l’Otan n’a pris le risque d’engager des troupes, dès le début de cette guerre, pour défendre l’Ukraine, ni même de menacer Poutine d’une intervention quand les bombardements russes se sont multipliés, dévastant villes et villages de ce beau pays, grenier de l’Europe.
Poutine rassuré par Biden le gaffeur du retrait américain voyait toute l’Ukraine offerte, territoire immense à ajouter à son immense pays.
Poutine nous a fait croire que ses revendications se limiteraient aux territoires russophones du Donbass sis le long de la frontière russe. En réalité, depuis le début, il voulait l’Ukraine toute entière et la Mer Noire et la Mer d’Azov, bientôt entièrement russes.
Et ensuite il s’attaquera à la petite Moldavie, aux trois états baltes, et ensuite il démembrera la Pologne déjà martyrisée par les Allemands et les Russes qui se la partagèrent en 1939.
Poutine est rancunier et Il ne pardonnera jamais aux Ukrainiens leur résistance ; il détruira chacune des villes, chacun des villages. Il s’emparera des récoltes abondantes pour les envoyer en Russie ou vers certains pays vassaux comme la Biélorussie. Il pillera l’Ukraine de ses richesses céréalières, de ses métaux, de ses terres rares. Il la privera de ses ports, il déportera, jugera, condamnera.
Il y aura des milliers de morts qui s’ajouteront aux cadavres innombrables déjà comptés pour les quatre premiers mois de cette guerre scandaleuse.
La guerre mondiale va donc éclater emportant les états endormis de l’Europe, peu armés, persuadés d’être protégés par l’Otan et les USA. Pauvres naïfs…
Oui, penser que cette opération spéciale invasion-guerre se limitera à l’Ukraine est naïf.
Poutine ne va pas risquer son sort ni celui de ses forces militaires, dans son rêve de reconstitution d’un nouvel empire russe, s’il n’est pas convaincu de gagner. Il risquera tout, comme le joueur au casino. Ses mouvements et progressions sont lents et implacables, précédés par les tirs d’une immense artillerie qui tue, par milliers, les militaires et les civils ;
il détruit et rase les immeubles des villes, les beaux monuments, les bâtiments historiques, les écoles, hôpitaux et théâtres, les maisons et fermes campagnardes. Aucune fin pour arrêter la destruction systématique par celui qui a annoncé depuis le début que ses buts seront atteints. Son opinion publique gavée de communications mensongères est muette, et les rarissimes opposants sont emprisonnés dans les délais les plus courts.
Qu’attend notre Dieu pour manifester sa colère contre les démons ? Il est temps, Seigneur, que votre Justice infinie se manifeste..
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En 1945, notre population belge était persuadée que la paix règnerait très longtemps, malgré la période soviétique et la guerre froide qui ont suivi la seconde guerre mondiale.
« La dislocation de l'URSS se produisit le 26 décembre 1991 lorsque le Soviet suprême de l'Union soviétique et le Soviet des Républiques du Soviet suprême de l'Union soviétique, par la déclaration n° 142-N (N = Н en russe) créèrent la Communauté des États indépendants (CEI) et reconnurent officiellement la séparation, intervenue dans les mois précédents, des républiques de l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), reconnaissant ainsi formellement la disparition de l'Union soviétique en tant qu'État et sujet du droit international.
La veille, le 25 décembre, le président soviétique Mikhaïl Gorbatchev, huitième et dernier dirigeant de l'URSS, avait démissionné, déclarant son poste supprimé et transférant ses pouvoirs, y compris le contrôle des codes de lancement de missiles nucléaires, au président de la fédération de Russie, Boris Eltsine. Ce soir-là, à 19 h 32, le drapeau soviétique fut abaissé pour la dernière fois du Kremlin et fut, le lendemain à l'aube, remplacé par le drapeau russe pré-révolutionnaire.
Auparavant, d'août à décembre, les quinze républiques soviétiques, Russie comprise, avaient fait sécession de l’Union soviétique et aussi dénoncé le Traité sur la création de l'URSS. La semaine précédant la dissolution officielle, onze républiques signèrent les accords d'Alma-Ata établissant officiellement la CEI et déclarant que l'URSS avait cessé d'exister. Les révolutions de 1989 et la dissolution de l'URSS marquèrent également, pour plus de vingt ans, la fin de la guerre froide.
Plusieurs des anciennes républiques soviétiques, comme la Biélorussie, l'Ukraine, la Moldavie, l'Arménie et les cinq d'Asie centrale maintinrent des liens étroits avec la Fédération de Russie et formèrent des organisations multilatérales telles que la CEI, la Communauté économique eurasienne, l'union de la Russie et de la Biélorussie, l'Union douanière de l'Union eurasiatique et l'Union économique eurasienne afin de renforcer la coopération économique et en matière de sécurité. En revanche, les pays baltes rejoignirent l'OTAN et l'Union européenne.
Lorsque l’Etat soviétique s’est effondré et que les républiques de la Fédération de Russie ont pris leur indépendance, les démocraties européennes toujours rassurées, n’ont pas vu venir le danger malgré plusieurs signes, que la guerre s’annoncerait avec les premiers combats en Georgie, et les destructions en Tchétchénie, déclenchées par la stratégie de Poutine.
L’erreur de l’Europe est de n’avoir pas compris que Poutine haïssait les démocraties et leur richesse, lui qui, ne parvient pas à atteindre, pour son immense Etat, le plus grand de la planère, un produit national brut plus élevé que celui de l’Epagne ou celui des Pays-Bas.
Poutine est un complexé qui n’oublie aucune humiliation, aucune offense. Il déteste les occidentaux et leur vie relâchée, même s’il n’est pas un ange mais plutôt un chef de gang immensément riche, régnant par la terreur, les assassinats et la corruption. Il méprise Macron, Brigitte et leur fort de Brégançon où il fut invité. Il humilie Macron lors de leur entretien à Moscou au début de la guerre d’Ukraine, démontrant l’inutilité du Président des Français, ivre de paroles mais qui n’obtient aucune concession, chacun assis à l’extrémité d’une table digne d’Alice au pays des merveilles.
Poutine ne reculera pas car il ne veut pas perdre la face, s’étant déjà trompé dans sa stratégie du début de la guerre d’Ukraine, ce qui a causé la mort de milliers de soldats russes, mal commandés malgré un armement abondant et meurtrier, fusées, missiles, chars, avions, répandant terreur et destruction.
Henry Kissinger a appelé l'Ukraine à céder une partie de son territoire pour arrêter la guerre. Il estime que l'Occident devrait forcer le pays à négocier. C’est vite dit !
L'ancien secrétaire d'État américain Henry Kissinger a déclaré au Forum de Davos que l'Ukraine devait céder du territoire à la Russie pour aider à mettre fin à l'invasion, suggérant une position contre laquelle la grande majorité des Ukrainiens s'opposent, selon le Washington Post/Daily Telegraph.
Kissinger a également appelé les États-Unis et l'Occident à ne pas rechercher une défaite honteuse pour la Russie en Ukraine, avertissant que cela pourrait saper la stabilité à long terme de l'Europe.
Soulignant que les pays occidentaux ne doivent pas oublier l'importance de la Russie pour l'Europe et ne pas être "emportés" par les sentiments actuels, Kissinger a également exhorté l'Occident à forcer l'Ukraine à accepter des négociations avec le statu quo ante ou l'état antérieur des relations.
C’est vite dit !
« Les négociations devraient commencer dans les deux prochains mois avant de créer des remous et des tensions qui ne seront pas facilement surmontées. Idéalement, la ligne de démarcation devrait être un retour au statu quo précédent », a déclaré l'ancien secrétaire d'État américain.
Selon lui, la poursuite des hostilités ne signifiera pas la liberté pour l'Ukraine, mais une nouvelle guerre contre la Russie elle-même.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a souligné que certaines de ses conditions pour entamer des pourparlers de paix avec la Russie incluraient la restauration des frontières avant l'invasion.
Les commentaires de Kissinger interviennent alors que les dirigeants mondiaux affirment que la guerre de la Russie en Ukraine a remis en question "l'ensemble de l'ordre international".
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré aux dirigeants mondiaux à Davos que la guerre n'était pas seulement "une question de survie de l'Ukraine" ou "une question de sécurité européenne", mais aussi "une tâche pour l'ensemble de la communauté mondiale".
Elle a condamné la « rage destructrice » du président russe Vladimir Poutine, mais a déclaré que la Russie pourrait un jour retrouver sa place en Europe si elle « retrouvait le chemin de la démocratie, de l'État de droit et du respect d'un ordre international fondé sur des règles ». « Parce que la Russie est notre voisin. » Bla-bla européen ?
Madame von der Leyen est très optimiste. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a fermement rejeté la possibilité que son pays cède une partie de son territoire au nom d'un accord de paix avec la Russie. Dans son traditionnel discours vidéo du soir, Zelensky a critiqué les propositions de certains politiciens occidentaux demandant à l'Ukraine de faire des concessions à Moscou, notamment en renonçant à son territoire, a rapporté l'agence de presse ukrainienne UNIAN.
Ces "grands géopoliticiens" qui proposent de telles solutions ignorent "les intérêts des Ukrainiens ordinaires, les millions qui vivent réellement dans les territoires qu'ils proposent d'échanger contre l'illusion de la paix", a déclaré Zelensky cité par l'Associated Press. Nous devons toujours penser aux intérêts du peuple et nous rappeler que les valeurs ne sont pas que des mots, a déclaré le dirigeant ukrainien.
Il a exprimé sa perplexité face aux « missiles russes… malgré les dizaines de milliers d'Ukrainiens tués… malgré Bucha et Marioupol. Malgré les villes ukrainiennes détruites », à Davos, par exemple, M. Kissinger a sauté du passé profond et a dit donner à la Russie un morceau de l'Ukraine ». Afin de ne pas aliéner la Russie de l'Europe. J'ai le sentiment que pour M. Kissinger, l'année n'est pas 2022, mais 1938. Et il pensait qu'il ne parlait pas au public de Davos, mais de ce qui était alors Munich, a déclaré Zelenski.
(Sources Wikipedia)
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lun.
02
mai
2022
POEMES
Sur la destruction de l’Ukraine (2022)
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Mon bel amour, mon tendre amour,
Que dis-tu de ces monstres qui envahissent nos terres
Qui réduisent en miettes nos palais, nos demeures,
Qui tuent nos enfants, nos bébés et nos chiens ?
Nous vivons en enfer
Les grand-mères s’épuisent nuit et jour
Dans les caves étouffantes
A soigner ceux dont les mères sont mortes
Enterrées vite, vite, quand les mugissements des sirènes
Se taisent.
Nos hommes sont loin en avant
Sur le front
Courageux maris, soldats, fils intrépides,
O mes tendres virils avec vos longues armes
Vous explosez les tanks, incendiez les hélicoptères
Qui rasant les terres neigeuses laissent derrière eux
Des flammes rouges orangées
Avant de s’écraser près de nos fermes.
Coup au but ! Vive celui qui a bien visé la cible !
Chers Ukrainiens, mon esprit ne vous abandonne pas,
Je vous parle à l’oreille doucement
A vous réfugiés en longues files sur les routes
Marchant vers les gares et les stations de cars,
Les attentes s’allongent dans les couloirs
Ou dehors dans le froid
Vos vies ne comptent pas sous les bombes
Explosant sur vos têtes.
Les tirs sont suspendus pour une heure ou deux
On leur a dit, mais qui l’a dit
Le temps de rassembler quelques affaires
Du linge, des lainages, sans oublier des photographies
Et courir, marcher, fuir
Si fatigués de ne plus dormir
S’entasser dans les gares
Des heures et des heures.
Dans l’attente du train sauveur
Quais de départ, quais d’arrivée
Aidez-nous par pitié, nous n’en pouvons plus.
Vous avez cru les démons harnachés de noir
Qui vous crient en avant, vite, vite.
Où sont mes petits, et ma fille, et mon mari
Elle a dit je n’ai plus mangé depuis deux jours
Et j’ai soif, je suis malade, mes jambes sont de l’ouate.
Je vais mourir de tant vous regarder
Du matin au soir et la nuit
Je ne puis vous serrer dans mes bras
Ni sécher vos larmes sur vos joues grises, sales,
Pauvres grandes dames courageuses
Héroïnes paysannes, ouvrières saintes
Je prie à vos genoux.
Ils sont pressés comme des citrons
Tant la mort les enserre
De partout
Ils ne peuvent respirer, ils n’ont plus de maisons
On ne respecte pas les domiciles
Façades béantes
Comment est-il permis de tant détruire ?
Seigneur, Créateur, Puissance infinie,
Vos chéris sont mis à mort
Qu’attendez-vous pour les protéger ?
Cela devient insupportable, les mots sont inutiles.
Et les prières ? Etes-vous sourd ou aveugle
Petit Seigneur des causes ardues ?
°°°°°
Hurlements dans les villes dévastées,
Femmes violées puis abattues
Dans les caves ou sur les routes.
Enfants déportés dans la noire Russie
On voit quelques chiens, les habitants sont morts.
Des ponts sont cassés, interdiction de passage
Les grands immeubles, les maisons simplettes
Sont comme des boites d’allumettes
Tous les efforts des bâtisseurs durant des siècles
Anéantis en quelques jours
Ils étaient fiers de leur travail
Mais c’est fini
Tout est détruit
Le démon a tout saccagé avec ses fusées,
Ses bombes, ses missiles
Le mal ne s’économise pas
On rit en enfer
Malheur à Poutine et malheur aux vivants qui l’ont suivi.
Le Ciel est-il vide ?
Le démon a créé un missile le plus puissant du monde
Et le plus destructeur,
Il bat tous les records et se nomme Satan.
C’est son nom, je n’invente pas.
Dieu puissant Créateur encore combien de temps
Avant que votre justice fasse trembler le criminel
Qui laisse sa trace partout où il passe.
Bave de limace
Pauvres corps abandonnés sans sépulture
Assassinés.
Les oiseaux se sont tus.
Les Ukrainiens seuls à se défendre
Répondent coups pour coups
Aux tueurs grimaçant dans leurs tanks
Semeurs de ruines
Votre tour viendra Européens
Ivres de mots, de commentaires,
Ravis de n’être pas sous les feux du démon
Gazés, violés,
Tirés comme des lapins,
Pulvérisés sous les bombes.
Cela n’arrivera pas, disent-ils, il n’osera pas nous attaquer.
L’Otan est notre armure
Se rassurent les naïfs sans armée
Ce sera trop tard méchants bavards
Le démon viendra chez vous
Cheval noir de l’Apocalypse
Ses brides sont lâchées
Courageux Ukrainiens, vous criez au secours,
Hommes et femmes dans les caves
Ou le métro durant des mois
Qui vous répondra parmi les beaux parleurs ?
Je pense à vous
Militaires voltigeurs assénant vos coups
Rares mais bien ajustés
Mortels
Dans vos souterrains de Marioupol
Cernés par les diables qui ne vous laisseront pas sortir
De votre usine géante aux mille dédales
Il vous a traités de mouches
Vous tuera si vous quittez vos catacombes
Gloire à la Pologne
Mère accueillante aux enfants, femmes, vieillards
Trois millions de réfugiés
A Varsovie on parle tant de langues depuis la guerre
De 2022.
Le démon a coupé le gaz à la Pologne
Merci pour le cadeau, Vladimir Poutine
Qui se signe de la Croix dans les églises orthodoxes
Où les popes russes se rengorgent
Encensant le Maitre du Kremlin.
H de M.
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mar.
05
avril
2022
Un démon est sorti de l’enfer pour envahir le 24 février 2022, avec ses troupes de fer et de feu, l’Ukraine de vieille civilisation, peuplée d’habitants pacifiques unis dans une jeune démocratie.
Maintenant, chaque jour et chaque nuit, ce pays est dévasté par les bombardements d’avions et de centaines de missiles russes.
Ville après ville, chacune est détruite. Certaines rasées. Plus un immeuble debout. Dans les caves, des Ukrainiens qui n'ont pas voulu fuir, tandis que plus de cinq millions, surtout les femmes et leurs enfants, se sont réfugiés en Pologne, en Moldavie, en Roumanie, et dans d’autres pays proches qui les accueillent chaleureusement, quoique ces pays voisins eux-mêmes sont sous la menace d’être attaqués à leur tour par l’envahisseur démoniaque.
Chaque jour, chaque nuit, des milliers d’êtres humains, y compris des femmes, des enfants, des bébés, sont écrasés sous les décombres d’immeubles innombrables ; ceux qui survivent, se terrent dans les caves, des jours et des nuits, parfois des semaines, sans sortir.
Dieu devrait hurler dans l’espace infini et renvoyer les êtres diaboliques dans leur géhenne. Non, Poutine est le seul maître qui commande, le président Biden des USA ayant, dès le début de l’invasion, déclaré stupidement qu’aucun militaire américain ne viendrait porter secours aux Ukrainiens attaqués. Débrouillez-vous ! Les Américains sont au spectacle télévisuel. Et l’ennemi poutinien sait qu’il a le champ libre pour ravager et tuer.
Ces quarante millions habitants d’Ukraine ont une petite armée d’active et de réserve, avec peu de blindés et quasi pas de marine ; les militaires d’active sont 60.000 face aux 200.000 soldats russes équipés d’une formidable artillerie et de centaines de tanks et des milliers de missiles. Les Ukrainiens ne peuvent compter que sur leur courage, sur leur connaissance du terrain et sur leur mobilité. Ils ont des armes légères air-sol, et les munitions que leur envoient par camions les pays de l’OTAN. Impossibilité, en effet, d’enfreindre l’interdiction du démon de survoler l’espace aérien de l’Ukraine.
Etonnamment, et malgré la disproportion des forces, les Ukrainiens se battent comme des lions. Ils ont été formés par l’armée américaine depuis une dizaine d’années. Mais les quelques Américains diplomates ou militaires encore en mission en Ukraine ont dû la quitter huit jours avant le 24 février suite à l’ordre du président Biden, de rentrer au pays, informé par ses services d’espionnage de l’imminence de l’invasion russe.
Biden le Démocrate refuse le moindre contact entre l’armée russe et l’armée américaine. Trop dangereux ! Risque de choc nucléaire et de troisième guerre mondiale.
Donc l’Ukraine non membre de l’Otan, ne sera pas défendue par l’Amérique même si elle donne aux Ukrainiens des milliards de dollars, et leur envoie des milliers d’armes légères, avec des missiles air-sol et des défenses anti aériennes.
Le silence du Pape comme chef de la chrétienté est assourdissant. Sauf quelques mots à son balcon le dimanche. Il est fâché, il déteste la guerre,
Il parle à juste titre de guerre sacrilège, mais il ne désigne ni ne condamne pas nommément le démon responsable de l’invasion qui dévaste l’Ukraine. Un nouveau Pie XII trop prudent ? Il serait temps qu’il renvoie les diables en Enfer. A moins qu’il n’intervienne via sa diplomatie secrète ?
Le pape jésuite ressemble à Ponce-Pilate.
Il lui faut sans doute ménager aussi les Eminences religieuses orthodoxes qui se déchirent entre Kiev et Moscou.
Chaque jour, chaque nuit, depuis le 22 février, c’est le spectacle continu, atroce, d’immeubles effondrés, hachés, perforés, incendiés, noircis, ruinés sous les coups des missiles ou des bombes aériennes russes, affreux spectacles de terribles destructions qui réduisent les villes et villages à un tas de matériaux éparpillés, déchiquetés, à des déchets et des cendres. Les façades sont éventrées, les toitures sont aplaties. En-dessous, les morts et les blessés.
Parfois dans les communes que les Russes ont quittées, des cadavres d’Ukrainiens en tenue de civils sont allongés sur le bas-côté des routes. Assassinés. Tirés comme des lapins. Certains ont les mains liées derrière le dos.
Mais dans les caves, il y a encore des Ukrainiens vivants, certains en treillis militaires, qui survivent pour défendre leur pays très aimé. Beaucoup ont mis à l’abri leur femme et leurs enfants dans les pays voisins. Surtout en Pologne. Courageuse Pologne toujours au premier rang, et victime sacrée en Europe. Pologne bouc émissaire dont on déchire les morceaux. Pologne civilisée voisine d’une nation devenue folle dont le chef Poutine a prévenu d’utiliser le feu nucléaire si on lui résiste.
Dans les ruines, on voit des centaines de cadavres ; les corps ne sont pas tous enterrés. Vu les tirs en surface, il est parfois impossible d’être fossoyeurs. Parfois les « services sanitaires ukrainiens » travaillent à creuser des fosses la nuit pour y placer les pauvres morts. Mais plus les combats sont intenses, plus il y a de morts qui jonchent les trottoirs et les rues, ou écrasés dans les ruines.
On dit maintenant que les Russes mal organisés, trop jeunes combattants, qui, dans certaines villes, reculent sous les contre-attaques ukrainiennes, abandonnent leurs morts sur place, laissant aux Ukrainiens la charge de ramasser, d’enterrer ou de brûler les cadavres russes
Quand je contemple durant des heures depuis tant de jours le spectacle abominable de cette guerre, je vois maintenant que le Mal n’arrête pas quand il se lance dans l’anéantissement de l’être humain. Rien ne résiste à ses avancées. Le diable tueur déteste l’être humain, il le méprise, le viole, le fait hurler de douleur.
Les généraux russes qui, sous les ordres du Démon, pilotent cette invasion poutinesque, ordonnent des milliers de tirs sur une population pacifique, sans défense importante, sauf le nombre de sa population (40 millions d’habitants), n’ont-ils aucun recul, aucun remords, d’avoir commis ces innombrables atrocités ?
Il faut interdire aux subordonnés d’exécuter les ordres supérieurs, et ne pas hésiter à risquer sa propre vie en désobéissant. Qui osera ?
Ce superbe pays avec ses belles villes anciennes, berceau de la Russie, ses grands espaces fertiles, grenier de l’Europe, est détruit jusqu’à la racine. Pertes immenses irréparables. Massacres entre frères et cousins, tant il y a de familles mixtes russo-ukrainiennes.
Viols des maisons, des appartements, mais viols aussi des esprits et des corps. Folie qui guette les habitants sans cesse stressés par le bruit des sirènes et des explosions qui percent de frissons les corps à toute heure du jour et de la nuit. Fracas assourdissant des missiles qui éclatent et ravagent d’un coup une rangée d’immeubles devenus des clapiers charbonneux, ouverts incendiés à tous les vents.
Cette guerre montre la bêtise du Démon que rien n’arrête, mais le Mal s’épuisera soudain sous la masse de ses crimes, avec la mort des responsables. Le Mal est toujours perdant à la fin, même si cela peut prendre du temps. Poutine finira mal. Le Bien triomphera.
Des familles entières sont bloquées durant des jours et des jours dans des caves sous leurs immeubles démolis, n’osant pas sortir, privées d’eau et de nourriture, mangeant leurs animaux de compagnie pour survivre, attendant de pouvoir intégrer des colonnes de cars organisées sur place par la Croix-Rouge, sans certitude que les routes seront à l’abri du feu ennemi, sans connaître d’avance la date de la mise en mouvement de ces colonnes.
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La ville martyre : MARIOUPOL (source Wikipedia)
Assiégée depuis la fin du mois de février, la ville portuaire de Marioupol à l'est de l'Ukraine sur la mer d'Azov est détruite à plus de 90%. Peuplée de 450.000 habitants avant la guerre, environ 160.000 personnes seraient toujours coincées sur place. La ville tient bon, mais l'armée russe ne relâche pas la pression.
Malgré les
bombardements incessants et les milliers de civils tués depuis le 24 février, Marioupol tient bon. Assiégée depuis le début de l’offensive russe, ce port situé au sud-est du pays sur la mer
d'Azov est au centre du conflit. Les habitants qui n’ont pas pu fuir la ville doivent vivre dans des conditions compliquées, sans eau potable ni électricité.
Malgré la résistance rencontrée, l’offensive se poursuit à Marioupol. Le 21 mars, Kiev a rejeté un ultimatum lancé par Moscou. Pourtant, une maternité a été frappée, des zones d’habitations ont été rasées et un théâtre, où des civils s’abritaient, a été bombardé, faisant environ 300 morts.
Une ville stratégique
Marioupol est une ville stratégique pour les Russes. « C’est même le seul port que les Russes ne maîtrisaient pas dans leur volonté de faire la jonction entre les
territoires de Crimée et le Donbass », détaille Emmanuel Dupuy, président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe. Depuis le début de l’offensive, les ports de Berdiansk
et Kherson sont tombés aux mains des Russes. Il ne leur manque que celui de Marioupol pour assurer la jonction entre les deux régions.
Si Marioupol tombe, la mer d’Azov sera contrôlée à 80% par les Russes. En effet, elle se trouve entre les régions du Donbass, la Crimée et la Russie. Économiquement parlant, Marioupol joue un rôle clé dans l’exportation du blé en provenance des terres noires ukrainiennes.
Une symbolique importante
« Pour Vladimir Poutine, dans sa façon de présenter son opération spéciale de paix, une prise de Marioupol serait une victoire », estime Emmanuel Dupuy. « C’est la seule ville du Donbass qui n’avait pas été conquise en 2014 », rappelle l’Institut Prospective et Sécurité en Europe. La chute de Marioupol serait une revanche du président Vladimir Poutine,
vu que cette ville avait résisté sans tomber en 2014 lors de la guerre entre Ukrainiens et séparatistes russophones.
La terreur russe
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Que faire devant ce désastre de civilisation, devant cette flambée d’un brasier immense au centre de l’Europe, avec les risques d’extension de la guerre, avec le chantage à la guerre mondiale et nucléaire ?
Il y a des êtres méchants qui dirigent le monde sans aucun souci de la vie des populations : arrestations nombreuses jour et nuit, manifestations interdites, censures et interdiction des media, dénonciations, juges à la solde du pouvoir, bombardements de villes, tortures, séjour dans les camps, mises à mort, mensonges permanents attisés par une propagande en perpétuel éveil.
L’homme terreur pour l’homme jusqu’à la destruction prochaine et totale de la planète.
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jeu.
03
mars
2022
Introduction au sujet de l’Ukraine pour bien comprendre la tragédie actuelle suite à l’attaque russe du 24 février 2022 :
C'est seulement vers 1989 que la libéralisation du régime soviétique et la libération des détenus politiques permettent aux Ukrainiens de s'organiser pour défendre leurs droits à la souveraineté. En 1989, le Mouvement national ukrainien, Roukh, est créé. Lors des élections de mars 1990, les partis ukrainiens du bloc démocratique obtiennent alors environ 25 % des sièges au Parlement. Sous l'influence des députés démocrates, le Parlement adopte, le 16 juillet 1990, la Déclaration sur la souveraineté politique de la République d'Ukraine. C'est le premier pas vers l'indépendance complète de l'Ukraine. Celle-ci est proclamée le 24 août 1991 et confirmée par le référendum du 1er décembre 1991 : 92 % des électeurs votent en faveur de l'indépendance.
Le 8 décembre 1991, la dislocation de l'URSS est actée par l'accord de Minsk, signé par les dirigeants russe, ukrainien et biélorusse.
L'Ukraine devient l'un des membres fondateurs de la Communauté des États indépendants.
Par le Mémorandum de Budapest sur les garanties de sécurité, signé le 5 décembre 1994, l'Ukraine abandonne son arsenal nucléaire en échange de la garantie par les États-Unis, le Royaume-Uni et la Russie de son intégrité territoriale.
Une situation entre Russie et Europe de plus en plus difficile depuis 2004 :
Révolution orange en décembre 2004.
La situation de l'Ukraine, coincée entre la Russie et l'Union européenne, devient difficile dès 2004 avec la Révolution orange, marquant l'opposition entre deux parties de la société, celle majoritairement pro-européenne et occidentale (surtout à l'ouest du pays) et celle russophile (surtout à l'est du pays). La difficile élection du candidat pro-européen Victor Iouchtchenko marque le début de relations tendues avec la Russie qui n'admet pas la prise de distance de l'ancienne république soviétique, jusqu'alors restée alliée de Moscou. Des tensions au niveau du gaz éclatent dès 2006.
En 2010 le pro-russe Victor Ianoukovytch est élu président, mais le courant pro-européen et occidental persiste. À la suite du refus du gouvernement de signer des accords de rapprochement avec l'Union européenne, le renforcement du mouvement Euromaïdan provoque un renversement du pouvoir. Très rapidement, une crise éclate entre les territoires majoritairement russophones du sud-est du pays et le nouveau pouvoir central de Kiev.
Le 11 mars 2014, la Crimée proclame son indépendance, puis à la suite d'un référendum est rattachée à la fédération de Russie le 18 mars. Ce référendum et le rattachement qui a suivi ont été condamnés par l'Ukraine et une large part de la communauté internationale. Ainsi, le 27 mars 2014, l'Assemblée générale de l'ONU a voté la résolution 68/262 sur « l'intégrité territoriale de l'Ukraine », la majorité des pays condamnant le rattachement de la Crimée à la Russie : 100 pays dont les États-Unis et l'UE.
Une guerre civile, dite guerre du Donbass, éclate ensuite dans l'est de l'Ukraine majoritairement russophone, qui entraîne plus de dix mille morts.
L'Ukraine est la cible de cyberattaques dont le but est de réduire la légitimité du pouvoir ukrainien et tester de nouvelles cyberarmes, perturbant également l'économie. Les cyberattaques ont pu notamment arrêter des centrales nucléaires et empêcher les distributeurs de billets de fonctionner. Parmi les attaques, NotPetya (un logiciel malveillant) aurait affecté 70 à 80 % des ordinateurs des grandes entreprises. Bien que NotPetya ait été utilisé par la suite pour créer des attaques mondiales, d'après Microsoft, la première infection a eu lieu en Ukraine. Lors de l'annonce des résultats de l'élection présidentielle en 2014, la principale chaine de télévision, victime d'un piratage, a annoncé des résultats erronés.
En 2016, l'OSCE, une organisation chargée notamment d’observer le cessez-le-feu en Ukraine a été la cible d’une attaque de grande ampleur attribuée à Moscou. L’OSCE est le seul acteur indépendant capable de documenter des exactions ou de vérifier si les promesses faites par Kiev, les prorusses ou le Kremlin sont mises en application. Alors que le conflit dans la région du Donbass semble se transformer en conflit de « basse intensité », depuis le début des combats près d'un million et demi de personnes ont été déplacées, 850 000 à l'intérieur de l'Ukraine, 600 000 en dehors dont 350 000 vers la Russie et 250 000 vers les pays de l'Union européenne.