lun.
29
mai
2023
Poèmes
_________________
Viendras-Tu ?
_______________
J’aurais voulu te dire mon secret plus tôt
Avant que les nuages s’estompent
Et disparaissent.
Je tiens ta main pour le voyage
Si long, si lent, de la vie
Je ne Te demande rien
Sinon mille espiègleries
Dès le matin et parfois dans la nuit noire.
Ta douce voix me ravit
Se pose sur les mots
De l’Amour.
J’attends le passage de ta Seigneurie
Qui fait s’incliner les dos raidis
Puis lever les yeux tant éblouis.
Mon amour créateur, ne reste pas dans l’ombre
Il ne faut pas que je m’éloigne
Au risque de te perdre.
Gloire à tes anges qui me désaltèrent
M’entourent du parfum de ta présence
Je n’ai que Toi maître de l’univers,
Nos mains chaudes nouées l’une à l’autre
Je voudrais T’aimer davantage
Détailler les traits de ta face
Qui pourra m’en empêcher ?
Je n’ai que Toi, rien que Toi,
Ton absence me remplit
Personne n’égale ta beauté
Nous avons l’éternité pour nous aimer.
Des pigeons roucoulent dans l’arbre du jardin.
Ce sont les mêmes à chaque printemps.
Je t’attends, tout est calme
Viendras-Tu ?
Henri de Meeûs ,avril 2023
°°°°°°°°°°°°°°°°°
A l’ermite
____________
Reviens, reviens de tes lointains séjours
Perdu trop jeune dans les méditations
Tu connais les ermitages qui surplombent la mer
Tu as quitté les villes et ton cœur est en feu.
Aux fêtes riches mondaines, tu as préféré le soleil
Tu as choisi le pur amour
Fuyant les rencontres d’un jour et la volupté menteuse
Pour les saintes douleurs.
Bel ermite tu refuses le vagabondage
Ta sagesse sans détour ranime mon âme,
Qui se plaint dans l’attente du baiser divin.
H de Meeûs avril 2023
L’amour n’insiste pas
___________________
L’amour n’insiste pas
Il passe son chemin
N’entend pas les appels
Ne regarde pas en arrière
Ne change pas le tracé de sa route.
Il faut l’attraper au vol
Il est sourd
Si tu pleures, si tu cries, il ne s’arrête pas
Il ne répond pas aux prières
Il est divin et susceptible
Il faut lui barrer le passage
Le regarder en face
Yeux dans les yeux.
Il faut une douce violence pour qu’il ne s’échappe pas
De tes bras, de tes mains.
Et prisonnier, l’entrer enfin dans ton cœur.
L’amour est comédien
Il aime qu’on l’affronte.
Crie dans ses oreilles et souffle dans sa bouche
Bouscule-le.
Sors toutes les cartes de son jeu
Attends qu’il te saisisse de la tête aux pieds
Ton âme se remplira d’une chaleur délectable.
A toi d’entretenir le feu de l’amour.
Négligé, il reprendra la route et te laissera sur le chemin.
Adieu mon bel amour, mon tendre amour
Ta course est infinie.
Henri de Meeûs, Avril 2023
******
Ils sont tous malades. Certains le savent, d’autres l’ignorent encore, mais ils ne perdent rien pour attendre. Personne n’échappera. Ceux qui vont mourir se traînent déjà dans les rues. On a caché la vérité. Les plus hypocrites sont les médias qui se taisent. Les médecins n’ont pas d’explications.
******
Changement dans les restaurants de la ville. De plus en plus de fermetures. Le prix des plats
et des menus a augmenté. La cuisine privée de bons chefs cuisiniers n’ouvre pas l’appétit des clients. Les serveurs se font rares. Depuis le Covid, beaucoup ont quitté le métier.
******
Les populations occidentales assistent tétanisées à cette guerre d’Ukraine déjà longue et meurtrière. Les pays européens membres de l’Otan sont très contents de ne pas être en première ligne et ils ont laissé durant 15 mois, hypocritement, les Ukrainiens encaisser tous les coups et les dévastations.
Les arsenaux de l’Occident sont vides vu que cette guerre ne fut pas prévue par les puissances occidentales endormies durant 20 ans par Poutine.
Poutine a trompé le monde.
En cas de confrontation Otan-Russie, certains pays membres de l’Otan lâcheront l’Ukraine.
******
A la radio Europe 1, chaque soir, Olivier Delacroix de 23 h à 1h du matin, écoute des personnes qui, par téléphone, lui racontent leur vie, les drames vécus actuels ou passés.
Le journaliste montre beaucoup d’empathie ; il encourage les désespérés, sa voix chaude pose les bonnes questions. Il apporte les réponses qui donnent du courage. Cette émission rencontre un important succès. Delacroix mérite d’être reconnu pour son aide aux souffrants.
Je salue Philippe Sollers. Sa mort prive la littérature française d’un passionné qui se fichait des honneurs.
Les deux livres parus chez Gallimard, récemment de L-F Céline, Guerre et Londres, ressemblent à des brouillons plus qu’à des livres importants et risquent de ternir la prétendue gloire de celui qui fut considéré, avant cette publication, comme un des plus grands écrivains français du XXème siècle, Mais ces deux posthumes inédits n’augmenteront pas sa célébrité. Cette hâte de l’éditeur et des deux héritiers à publier, dans les plus courts délais, les manuscrits qu’on croyait perdus, n’ajouteront rien à la glorification de l’écrivain. Au contraire, c’est peut-être le début d’une remise à sa juste place.
Montherlant avait écrit que la littérature de Céline était artificielle. Je crois qu’il avait raison. Bientôt, on ne le lira plus. Sauf peut-être Voyage au bout de la nuit, Mort à crédit et D’un château l’autre. Mais les jeunes francophones sont classés parmi les plus mauvais lecteurs européens. Dans trente ans, qui lira encore Céline ?
Qui, au XXIème siècle, lit encore Rabelais ?
******
jeu.
20
avril
2023
Poèmes
°°°°°°°°°°°
Dernier silence
________________
Que te dire si tu te tais
Dans le noir crépuscule
De la fenêtre ouverte ?
Trop d’ombres sont méchantes.
J’entends les battements de ton cœur
Et ta respiration sèche
Tu as dit Je vais mourir
Ne t’occupe plus de moi
Tu as assez donné.
Ce n’est pas facile de tout quitter
Je n’ai pas les ailes d’un ange
Ni celles du moineau
Je n’ai plus le temps d’attendre la visite du prêtre
Il faudra que Dieu ouvre grandes les portes
Pour le dernier passage.
Notre Père céleste n’aime pas le bla-bla-bla
Il veut ton cœur
Toi qui as aimé les plus pauvres
Les malheureux, les malades et les abandonnés
Le Christ t’a nourri de sa chair
Quel mystère, mon Dieu, cet échange !
Mon chien est entré dans la chambre.
Avec la mort si douce
Disparaissent les souvenirs.
Mars 2023
°°°°°
Retour
____________
Les mots sont des papillons noirs
Faut-il bouger, te serrer les mains sur le drap
Qui fut la nappe des derniers repas ?
Tes yeux sont fermés.
Me regardes-tu sous les cils
Joues-tu la comédie ?
Qui me dira si tu es là ?
La bonne hôtesse monte la garde.
Je me souviens de ta dernière visite
La meilleure, l’inattendue
A dix heures du matin
Je sortais respirer l’air de ma rue
Quand tu as crié mon nom
Impossible de quitter Bruxelles sans nous revoir
As-tu dit sortant d’un taxi jaune et noir
Mon chien heureux comme moi
Une longue absence se fête
Nous rentrons dans l’appartement que tu connais
Célébration du retour
J’allume les bougies.
Merci mon Dieu pour ce cadeau matinal
Rayon de soleil
Lumière de ma vieillesse.
Mars 2023
°°°°°
Dieu caché, ton silence me peine
__________________________
Dieu caché, ton silence me peine
Malgré les prières et les invocations,
Malgré l’appel aux puissances du Bien
Pour contrer celles du Mal, et la peur de mourir,
Que dois-je faire, quelle mise à genoux
Chaque soir pour te montrer mon humilité ?
Ah ! cher Dieu Amour secret
Créateur de tous les univers,
Ecoute-moi quelques secondes, Père céleste.
Mon cœur bat dans ta main,
Tu me connais mieux que je me connais
Certains disent que tu as gagné la partie.
Tes créatures souffrent
Océan de souffrances infinies
Qui échouent sur les plages divines.
Les vagues de la douleur chantent ta gloire, ô mon Dieu
°°°°°
Qui me dira ?
_____________
Tout est superflu, mieux vaut se taire.
Quand tout se désagrège
Il faut rester immobile
Attendre que les nuages s’éloignent
Les gris, les noirs, le soleil est absent.
Ma distraction ce sont les oiseaux qui passent
Plus discrets que ceux qui demeurent dans l’arbre du jardin
A lancer leurs cris d’amour répétitifs
Tout le printemps et l’été
Me réveillent trop tôt.
Je préfère les oiseaux voyageurs
Les noirs aux pattes blanches et du rouge sur le bec
Allez-y mes belles bêtes
Traversez l’espace, vite, vite
On vous attend.
L’amour et la beauté
Ô spectacle inégalable
Ô éternelle Majesté.
°°°°°
Mars 2023
______________________________________________
mar.
21
mars
2023
Sören Kierkegaard, immense génie, écrivain danois, philosophe et théologien protestant (1813-1855), m’a toujours fort touché, intéressé, encouragé dans le maintien de ma foi religieuse.
Je propose ici quelques textes de Kierkegaard qui font du bien et pourront aider ceux qui cherchent Dieu. Sources : Wikipedia Prières Kierkegaard, Site-catholique.fr et chez Gallimard 1961, Journal par Kierkegaard.
1) Prière sur le silence :
« Père céleste, Tu parles à l’homme de bien des manières. Toi à qui seul appartiennent la sagesse et l’entendement, Tu veux pourtant Te faire comprendre de lui. Et même quand Tu gardes le silence, Tu lui parles encore. Bénis donc ce silence comme chacune de tes Paroles à l’homme ; veuille qu’il n’oublie jamais que Tu parles alors que Tu Te tais ; donne-lui cette consolation, s’il s’attend à Toi, de savoir que Tu Te tais par Amour comme Tu parles par Amour, de sorte que, dans ton Silence comme dans ta Parole, Tu es cependant le même Père, le même Amour paternel, soit que Tu guides par ta Voix ou que Tu instruises par ton Silence. Amen. »
2) La Prière de Sören Kierkegaard « Père céleste, qu'est-ce donc que l'homme sans Toi ! » :
« Père céleste, qu'est-ce donc que l'homme sans Toi ! Qu'est-ce que toute sa science, fût - elle multitude de connaissances, sinon un misérable oripeau s'il ne Te connaît; qu'est-ce que
son effort entier, même embrassant un monde, sinon vaine entreprise, s'il ne Te connaît pas, Toi l'unique, l'un et le tout ! Donne donc à la raison la sagesse nécessaire pour concevoir l'un,
au cœur la droiture nécessaire pour en recevoir l'intelligence, à la volonté la pureté par l'unique volonté de l'un ; aux jours de prospérité, donne la persévérance, dans les distractions le
recueillement et dans les souffrances, la patience nécessaire pour vouloir l'un. Toi qui permets d'entreprendre et d'achever, donne à l'aube de la vie la jeune résolution de vouloir l'un ;
et quand le jour décline, donne au vieillard un souvenir renouvelé de sa résolution première, de sorte que la fin soit signe du début, et le début semblable à la fin dans une vie passée à ne
vouloir que l'un.
Toi qui donnes d'entreprendre et d'achever, donne de triompher au jour de la détresse, pour que l'échec subi dans l'ardeur du désir et les fermes desseins se transforme en victoire pour le cœur repentant : donne la volonté de l'un uniquement. Ainsi soit-il. »
3) La Prière de Sören Kierkegaard « Ô Esprit-Saint, habite-moi à demeure ! »
« Esprit-Saint ! C'est dans un vase d'argile frêle que nous autres hommes portons le Très Saint ; mais Toi, ô Saint-Esprit ! quand Tu habites un homme, Tu habites bien alors
dans ce qui est infiniment inférieur : Toi, Esprit de sainteté, Tu habites l'impureté et la souillure ; Toi, Esprit de sagesse, Tu habites la sottise ; Toi, Esprit de vérité, Tu
habites la tromperie ! Ô habite-moi à demeure ! Et Toi qui ne recherches point les aises d'un logis désirable, qu'en vain certes Tu chercherais, Toi qui crées et régénères et Te fais
Toi-même Ta demeure, ô habite-moi à demeure ! Pour qu'un jour Tu finisses par Te complaire à cette demeure que Tu T'es préparée Toi-même dans les souillures, les méchancetés et les
tromperies de mon cœur. Ainsi soit-il. »
(Journal Kierkegaard, Gallimard, p. 305, 1961)
4) La Prière de Sören Kierkegaard « Ô Seigneur, nous Te prions d'attirer à Toi les égarés de leur fausse voie » :
« Ô Seigneur, nous Te prions pour l'heureux de ce monde qui, dans sa joie, sait à peine où il doit aller, afin que Tu l'attires à Toi et lui fasses comprendre qu'il doit aller à Toi ;
nous Te prions pour celui qui souffre et ne sait dans sa misère où aller, afin que Tu l'attires à Toi. Veuille que l'heureux et le malheureux, si différents par leur sort, soient unis dans une
même pensée où ils ne sachent pas d'autre que Toi à qui aller. Nous Te prions pour ceux qui ont besoin de conversion afin que, du chemin de la perdition, Tu les attires à Toi sur le chemin de la
vérité; pour ceux qui sont tournés vers Toi et ont trouvé le chemin, nous Te prions de leur accorder d'avancer sur le chemin, attirés par Toi. Et comme la Vérité est « le chemin » qui
« peut être perdu de trois manières en se trompant de voie, en trébuchant sur la route, en s'écartant de la bonne direction ». Nous Te prions d'attirer à Toi les égarés de leur fausse voie,
de fortifier ceux qui chancellent sur la route, et de ramener les désorientés dans la bonne direction. Ainsi, nous Te prions pour tous ; mais on ne peut nommer chaque individu ; et qui
pourrait seulement dénombrer toutes nos différences ! Nous n'en évoquerons qu'une seule. Nous Te prions pour les serviteurs de la Parole, pour ceux dont la mission est d'attirer les hommes à
Toi, pour autant qu'un homme en est capable, nous Te prions de bénir leur travail ; mais veuille qu'en l'accomplissant, ils soient eux-mêmes attirés à Toi, afin que dans leur zèle à attirer
les autres à Toi, ils ne soient point retenus loin de Toi. Et nous Te prions pour les Chrétiens de la communauté, afin qu'attirés à Toi ils n'aient point d'eux-mêmes une idée mesquine, comme s'il
ne leur était pas aussi donné d'en attirer d'autres à Toi, dans la mesure de leurs moyens.
Dans la mesure de leurs moyens, car Toi seul peux attirer à Toi, bien que Tu puisses Te servir de tout et de tous - pour attirer tous les hommes à Toi. Amen. »
Dieu est amour
5) C’est cela, travesti et cliché et cuisiné en bêtise enfantine, qui a achevé d’embrouiller le christianisme et fait de la chrétienté un galimatias.
La loi de l’amour est tout simplement celle qu’on connaît bien : aimer c’est se changer à la ressemblance de l’être qu’on aime.
Mais, mais, mais cette loi ne vaut bien entendu que pour s’élever, et non pas pour descendre. Exemple : entre deux personnes, si l’une l’emporte en raison et sagesse, la loi de son amour envers l’autre, son inférieur et de loin, n’est tout de même pas de se changer à la ressemblance de cet autre. Cette manière d’aimer serait de l’absurdité, et quand l’un est réellement supérieur à l’autre, c’est donc exclu. Non, la loi est de vouloir tout faire pour élever à soi l’aimé, et si l’aimé y consent, la loi alors de son amour, c’est de se changer à la ressemblance de celui qu’il aime.
Cette loi est respectée aussi dans tous les cas possibles, elle est partout en vigueur.
On n’y a fait dans la chrétienté qu’une seule et unique exception : Dieu n’exigerait qu’on ne le dérange pas dans les cieux ; il doit, lui, au sens absurdement puéril, être l’amour pur, autrement dit le pur non-sens, ici on prend pour loi ce qu’on dénonce comme égoïsme, comme une tromperie, quand le supérieur ne se transforme pas pour ressembler au moins raisonnable, voilà ce qu’on prend pour loi, en d’autres termes on croit qu’il y a exception, car Dieu est amour pur, c’est-à-dire pur non- sens. » (p. 188, Journal Kierkegaard, Gallimard tome 5, 1961)
PRIERE
O Dieu !
6) Oui, ô Dieu ! tu ne récoltes vraiment que peines de nous autres humains ! Hélas ! quand, à la pensée de tous tes bienfaits envers moi, je veux recueillir mon esprit pour te rendre vraiment grâce… hélas ! souvent je me trouve alors si distrait, les pensées les plus disparates se croisent dans ma tête, et pour finir il faut que je te prie de m’aider à te remercier… mais quel bienfaiteur n’exigerait qu’on ne le dérange pas une fois de plus en lui réclamant de nous aider même à le remercier.
Oh! et quand le péché un moment reprend pouvoir sur moi dans un nouveau péché… et qu’alors, l’âme devienne inconsolable, je ne sais à la fin rien d’autre que te dire : « Tu le dois, aide-moi, console-moi, trouve un joint par où je trouve consolation, de sorte que mon péché même se transfigure en aide pour aller plus loin que je n’eusse été sans lui. » Quel toupet! C’était bien contre toi que j’ai péché! Et maintenant te réclamer que tu m’en consoles !
Et pourtant je le sais, cela ne te déplaît pas, toi l’infini amour, car en un sens c’est tout de même un signe de progrès! Un homme, que le péché tient tout en son pouvoir, n’ose nullement penser à toi ; s’il lutte contre le péché, mais non de toutes ses forces, tout au plus ose-t-il s’accuser devant toi et te demander pardon. Mais s’il met toutes ses forces à lutter, honnêtement… il se peut, mais alors seulement, que l’idée lui vienne à l’esprit que tu as tellement lié partie avec lui ou te tiens tellement de son côté que c’est à toi de le consoler, et qu’il ose, au lieu de ne faire que s’accuser, se plaindre à toi, presque comme si c’était un accident à lui arrivé. (XI I A 578,Journal extraits 1854-1855 Essais Gallimard p. 183- 184 tome V).
PRIERE
7) Père aux cieux ! O Toi qui prend soin du moineau, et sans exiger de lui qu’il soit comme toi, oh non ! toi qui tendrement prends soin du moineau en te mettant à sa place avec une inquiétude de père : tu prends bien soin aussi de l’homme. Et même si tu exiges de lui un effort à ton image que tu ne peux exiger du moineau : c’est sans cruauté cependant que tu l’exiges de lui. Non, mais inquiet comme un père, tu te mets à sa place, et c’est toi qui lui donnes la force pour s’efforcer. (Journal Kierkegaard, tome 3, p. 304, Gallimard 1961).
PRIERE5
8) Seigneur Jésus-Christ ! Toute une vie, tu as enduré de souffrir pour me sauver moi aussi : hélas ! et pourtant le temps de la souffrance n’est point passé ; mais n’est-ce pas cette souffrance aussi tu veux l’endurer en sauveur et rédempteur, cette passion de patience d’avoir affaire à moi qui si souvent ai dévié du droit chemin ou, encore que resté sur la bonne voie, y ai pourtant si souvent bronché ou du moins n’y ai avancé qu’avec tant de lenteur et si rampant. Infinie patience, infinie passion de patience ! Que de fois ne suis-je tombé en impatience, n’ai-je voulu renoncer, lâcher tout, prendre le raccourci affreusement facile du désespoir ! Mais tu ne perdais pas patience. (Journal Kierkegaard, tome 3, p. 304, Gallimard 1961).
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
jeu.
09
févr.
2023
Poèmes
_________
Ténèbres
______________
Le temps passe vite, vite
Comme des oiseaux noirs lancés dans le vent
On entend les sifflements, les cris, les appels des mères
Mon enfant, mon enfant, où es-tu ?
Qui me consolera, qui m’aimera ?
Effondrements, maisons bombardées, champs troués
Cruauté des assassins qui s’enfuient loin des meurtres
Les bébés vivants ou morts sont rangés dans les caves
On attend la grande offensive, la guerre ne fait que commencer
Après une année de chipotages, de massacres
D’hommes jeunes qui voulaient plus de lumière
Sur leur visage tant embrassé.
Ils attendent la masse celle qui tue
Pauvres crétins à l’abri dans vos salons
Qui ne portez pas secours aux innocents
Qui calculez vos derniers gains
Qui vous gargarisez de commentaires à n’en plus finir.
Votre vie ne sera pas épargnée, prochains cadavres
Qu’on ramassera dès que le soleil se couche.
Pauvres chéris
Qui tiendra votre main pour le dernier souffle ?
On attend le Saint Esprit promis par Jésus
Pour gagner la partie
Et la troupe des anges pour vaincre les démons.
°°°°°°°°°
A l’abri du feuillage
______________________
Je voudrais vous dire quelques mots
A l’abri du feuillage
Il fait si calme mon cher Dieu
Qu’on ne peut croire que vous restiez insensible
Aux nouvelles de l’Est qui meurt et qui perd
Par milliers ses guerriers chaque jour.
C’est ma prière du soir quand les oiseaux se taisent
Où sont les courageux qui prendront la place des morts ?
Les jeunes, les moins vieux, les vieillards
Ceux qui dorment dans le fracas des bombes
Qui n’ont personne dans la bataille
Pour leur dire courage mon amour, Dieu te regarde.
Qu’ils saisissent leurs armes
Et fauchent de traits de feu les tranchées ennemies
La Vierge accueille les âmes désemparées
Qui montent en larmes vers la Reine des cieux
Mère du Christ, je vous invoque
Pour les tués, les blessés, les perdus,
Chaque soir
Nous souffrons trop.
Quand on criera tout est perdu,
C’est alors que Dieu donne la victoire
Aux armées innocentes.
°°°°°°°°°°°°°°°°
Henri de Meeûs
Janvier 2023
mar.
17
janv.
2023
Poèmes
COVID
Si tu savais, si tu savais, reclus malade du Covid
Après deux mois dans le sommeil sans t’éveiller jamais
Au lit les yeux fermés, dormant, dormant,
Aux mains des infirmiers, hommes, femmes,
Et tous ces tuyaux qui te traversent
Pour que tu vives
Ton réveil fut pénible
Ils durent s’y reprendre à plusieurs reprises
La trachéotomie de ta gorge ouverte pour aspirer l’air
T’avait rendu inaudible, ta voix sans force
Pendant ces deux mois de coma provoqué,
Les visites furent interdites
Puis réveillé tu as demandé ma présence.
Je parcourais les couloirs de la clinique
Entrais dans ta chambre celle du fond
Il y avait peu de passage après quatre heures
Pour te comprendre, j’approchais mon oreille
De ta bouche sans rien comprendre
De ce que tu voulais dire.
Puis la gorge percée fut refermée
Et très doucement tu repris tes esprits
Pendant deux autres mois où les appareils
Continuaient d’observer toutes tes coutures
Pauvre martyr, tension trop haute puis trop basse,
Petit infarctus, pneumonie, et d’autres morbidités.
Je te donnais à boire.
Il ne fut jamais possible de connaitre le détail de tes tourments
Le personnel médical renseignait peu les proches
Trop de malades
Ou bien, ils disaient la situation est stationnaire
Sans qu’on sache si tu allais mourir.
Plusieurs fois, on a cru que tu ne te remettrais pas.
Ta mort, insupportable hypothèse.
On restait une demi-heure près de ton lit
Sans parler pour ne pas te fatiguer
Puis au revoir, au revoir, à demain
Ne veux-tu pas que je t’apporte quelque chose
Ta tête répondait non.
°°°°°°°°
HIVER
La lumière s’est enfuie, les oiseaux se sont tus,
Les rues sont désertes, il faut le dire
La guerre approche, les gens ne sortent plus
Sauf quelques courses, vite, vite.
On annonce une épidémie, la sixième en trois ans
Venant de Chine et d’Amérique.
Qui calculera le nombre des morts ?
Tabou ce sujet, on ne rit plus, les fêtes sont finies
Protégeons les enfants, les vieux, les malades.
Revient le temps des provisions, des files sans patience
Les masques sont de sortie.
Entendez-vous le bruit des canons
Aux frontières de l’Ukraine où s’entassent les morts ?
°°°°
H de Meeûs, décembre 2022
dim.
11
déc.
2022
Dieu caché
________________
Le Dieu caché (Deus absconditus) est un des plus grands mystères. Comment comprendre que l’Etre infini, trinitaire, éternel, Père, Fils, Esprit, reste non dévoilé, et n’apparaisse pas dans son infinie splendeur, décourageant les croyants par sa discrétion totale et infinie. Personne n’a jamais vu Dieu. Certains mystiques ont goûté son approche, sa proximité, mais n’ont peut-être jamais pu atteindre de leur vivant l’ineffable vision de l’Amour créateur.
C’est une des plus grandes souffrances des mystiques de sentir que Dieu est parfois proche d’eux, malgré son invisibilité ; cette proximité est, pour la plupart, de courte durée et s’évanouit, laissant le mystique seul, désemparé, en manque de cet amour prodigieux qu’il a ressenti « comme un souffle léger ».
Deus absconditus (expression latine signifiant « dieu caché », du verbe abscondere, « cacher ») est un concept de la théologie chrétienne issu de l'Ancien Testament. Il désigne Dieu en tant qu'inconnaissable par la seule raison humaine.
Pour Pascal, le Deus absconditus est moins un « Dieu caché » qu'un « Dieu qui se cache » en raison de l'aveuglement des hommes, dû au péché originel, et dont seul le Christ peut les délivrer. De surcroît, rejoignant en cela l'enseignement des jansénistes, Pascal récuse l'aptitude de la raison à pénétrer les mystères de la foi tout comme il se méfie des « preuves métaphysiques » de l'existence de Dieu. En ce sens, le Deus absconditus est nécessaire à la foi : « Si Dieu se découvrait continuellement aux hommes, il n'y aurait point de mérite à le croire ; et s'il ne se découvrait jamais, il y aurait peu de foi. »
Les prières que nous adressons au Dieu caché sont humaines et donc limitées dans leurs expressions Ces prières ne sont pas perdues car le Dieu caché les reçoit, s’en nourrit et y répond de façon divine qui est celle du Créateur de celui qui le prie. Rien n’est perdu pour Dieu. S’Il nous a créés par milliards d’êtres avec un corps et un esprit, Il reçoit en retour les invocations et les prières (pensées) de ceux qui se tournent vers Lui et l’appellent à l’aide.
Dieu me connait totalement, vu qu’Il m’a créé, et me connait mieux que je ne puis me connaitre.
Chaque être est un morceau minuscule de la Création, miroir dans lequel la divinité de Dieu se reflète et se multiplie à l’infini.
Ainsi cette prière : O mon Jésus, face adorable, seul amour qui ravit mon cœur, daigne imprimer en mon âme ta divine ressemblance, afin que lorsque tu la regardes, tu puisses te contempler toi-même.
Dieu est le Créateur qui se contemple dans ses créatures. Tout vient de Lui. Dieu peut tout, sait tout, voit tout. Au même instant, il connait tous les univers créés par Lui.
On ne peut mesurer Dieu, ni le définir dans son existence qui n’a ni origine, ni début ni fin.
Il connait la plus petite fourmi vivant sur notre planète, comme en même temps, le moindre animalcule rampant dans une planète située dans une autre galaxie, à des milliards de kilomètres de la nôtre.
Pourquoi Dieu a-t-il choisi de rester caché ?
Est-il resté invisible depuis le début de l’existence humaine ?
A cause du péché originel commis par les premiers humains qui, selon la Bible, furent punis par Dieu et chassés du Paradis terrestre ? Leur désobéissance eut pour conséquence que Dieu ne voulut plus se montrer et resta caché. Le péché éloigne de Dieu.
Mais la puissance infinie du Créateur, bonté infinie, qui châtie une intelligence humaine pour son péché ? Il y a là un déséquilibre des forces entre créateur et créé. Est-ce crédible ?
Dieu n’avait-il pas prévu cette punition en renvoyant du Paradis terrestre les êtres humains pécheurs ? Dieu qui sait tout, devait avoir programmé qu’Il resterait caché de ses créatures après leur création. Cela fait partie du plan divin et notre raison ne peut le comprendre.
Dieu est caché : sa divine volonté l’a voulu. Pour les chrétiens, Il se révèle par son fils, le Christ, mort sur la croix pour nos péchés mais ressuscité ensuite par le Dieu caché.
Le Christ qui est l’incarnation de Dieu dans son fils (Dieu fait Homme) éclaire le Dieu caché, qui est le Père.
La puissance de Dieu est infinie. Il peut tout. Il n’a ni origine ni fin. Il est dans les siècles des siècles pour toujours. En conséquence, s’Il a créé l’univers (le Big Bang ?), sa puissance infinie lui permettrait de créer d’autres dieux. C’est sans doute ce qu’il a voulu en créant les êtres humains. « Vous êtes des dieux ». Ce sont des dieux qui n’ont pas une divinité identique à celle de notre Dieu créateur. C’est pourquoi, Dieu est entouré d’une myriade d’anges. Les Anges sont des dieux qui n’ont pas les qualités infinies du Dieu créateur.
Et les Humains peuvent être classés comme des dieux qui se construisent durant leur existence avant de rejoindre Dieu après leur mort, (et devenir des Dieux), pour l’éternité en Dieu.
Dieu ne peut commettre aucun mal. Toutes les catastrophes qui frappent la Terre, tuent ou blessent les créatures ne sont pas le fait de Dieu. Rien ne se produit sans sa permission, mais il ne sera jamais coupable, incapable de commettre le mal. Ces évènements destructeurs pour ses créatures, sont des passages afin de hausser ses créatures à un niveau supérieur : les morts passent dans un autre monde pour leur plus grand bien. Si les survivants pleurent la mort de leurs disparus, les morts abandonnent leur enveloppe charnelle, et découvrent un autre paysage, sublime, divin, qui fait chanter leur joie d’avoir découvert le monde du Dieu caché. Les morts ne souffrent plus. Ils sont entrés dans une union éternelle, une fusion, une contemplation de l’amour infini du Dieu créateur.
Dieu punit-il certains morts ? S’il punit les êtres créés par Lui, c’est qu’il n’est pas parvenu à les garder près de Lui. Je crois plus logique que Dieu place les êtres mauvais dans un espace spirituel gardé par des Anges, - le Purgatoire ? -, pour les purifier, les convertir, les rendre propres et sans souillures, avant de les ramener ensuite dans le Paradis et rejoindre la joie de ceux qui furent récompensés pour leur fidélité au Dieu caché. Les morts ne meurent jamais. C’est leur enveloppe corporelle qui est détruite. L’esprit ou leur âme, fruits de la Divinité, sont éternels.
Après la mort, commencera pour les créatures une vie éternelle en fusion avec Dieu, une vie mystique organisée par des travaux mystiques, où chacun aura des activités d’une infinie diversité, dans une extase permanente. L’ennui n’existera pas. Chacun sera placé au centre de joies les plus intenses jamais connues. Il n’y aura plus de larmes, plus d’infirmités, plus de maladies ni de destructions. Chaque être sera au sommet de la beauté, un délice pour la vue de tous les bienheureux, dans des paysages ou des villes édifiés par la divinité éternelle. La lumière de Dieu sortira resplendissante de chaque être, humain, animal et végétal.
Il faudra une éternité pour inventorier la Beauté infinie de Dieu.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
lun.
14
nov.
2022
Ukraine (encore et toujours) :
________________________
Depuis le 24 février 2022, le monde vit avec les menaces d’une guerre nucléaire, tant les Russes rappellent chaque jour à tous les habitants de la terre qu’ils possèdent des armes terrifiantes, nombreuses et diverses, capables d’anéantir une ville, un pays et tous leurs habitants, s’ils lancent leurs fusées plus rapides que l’éclair, pour préserver leurs intérêts vitaux
Poutine est un dément, un esprit de petite envergure, complexé, qui règlera ses comptes jusqu’à en mourir, en nous entraînant tous dans la mort. Il a créé la machine infernale nouée à son corps et qu’il est incapable d’arrêter
Poutine est entouré d’une bande de gangsters, issus de la lie du peuple : il suffit de voir la tête de ses proches (Prigogine, Kadirov, âmes damnées, complices criminels génocidaires) pour comprendre qu’il ne nous faut rien espérer s’ils se maintiennent au pouvoir : ridicules créatures couvertes du sang de leurs victimes innombrables.
Le goût affreux de la décoration des salles de réunion gigantesques où Poutine reçoit ses visiteurs. Ses origines modestes dominent son obsession impériale et l’enlaidissent.
La lâcheté inouïe de Poutine et de ses généraux responsables de la destruction des villes et des villages, même les plus minuscules, et celle des infrastructures électriques, de chauffage et de distribution d’eau, plongeront les Ukrainiens survivants dans la nuit la plus profonde et le froid le plus intense, de jour comme de nuit.
Les Russes seront punis affreusement pour les atrocités commises contre les Ukrainiens. Le sang des innocents retombera sur eux.
L’hiver des Ukrainiens sera atroce si les Russes ne sont pas arrêtés dans leurs bombardements tout azimut.
L’Occident va devoir envoyer par milliers aux Ukrainiens des systèmes de chauffage de petite taille. Angoisse des vieillards, angoisse des mères avec leurs petits face à cet hiver qui vient.
La population russe qui subit et accepte Poutine et ses sbires sans se révolter sont les complices des crimes les plus affreux de cette époque maudite.
Il faut considérer comme des saints, ou des héros, ceux qui résistent par les armes aux destructeurs russes qui n’ont aucune pitié des innombrables innocents, adultes et enfants qu’ils assassinent par leurs bombardements insensés, leur chantage aux céréales, la suppression de l’eau potable et de l’électricité. Pauvres mères avec leurs petits ! Quelle angoisse de chaque jour ! Les habitants des pays (Pologne, Pays Baltes, Roumanie, Moldavie, Allemagne) non encore atteints par les démons russes ne doivent pas se rassurer. Leur tour viendra.
La plus grande bêtise de cette guerre fut les premiers mots du Président américain Biden qui voulait rassurer Poutine et s’engageait dès le jour de l’invasion (24 février 2022) à ne jamais placer aucun soldat américain sur le sol ukrainien pour aider la résistance de l’Ukraine. Ce Président trop âgé, ivre de son ambition, vieillard dépassé, n’est pas un cadeau pour l’Amérique. Jusqu’où le conflit ira -t-il ? Si Poutine ne cède pas, l’Occident devra choisir entre s’engager ouvertement dans une guerre devenue mondiale, plus terrifiante que les deux précédentes, ou devenir esclave des Russes.
Depuis le début de l’attaque russe sur l’Ukraine, est ahurissante et méprisable l’attitude timorée du Pape François qui prend garde de condamner clairement Poutine et ceux qui lui obéissent.
Chaque jour, ce Pape Ponce-Pilate devrait au balcon de Saint-Pierre hurler son indignation et ses excommunications face aux démons qui essaient de détruire par cette guerre une Europe fatiguée, dépendant entièrement des Etats-Unis pour se défendre face aux Russes.
L, très croyant, n’est pas content : Il prie, rappelle chaque soir à Dieu que le Christ a promis d’exaucer les prières qu’on Lui adresse (« Frappez et on vous ouvrira »), et cet ami s’étonne, malgré ses prières, du silence de Dieu face à tant de drames, de dévastations, de victimes. Si Dieu est bon, d’une bonté infinie, pourquoi n’intervient-Il pas pour faire cesser ces horreurs ? Pourquoi Dieu permet-Il tant de douleurs, de souffrances ? Pourquoi tant d’innocents massacrés ? Pourquoi ce silence de Dieu qui affaiblit la croyance en Lui ?
Il n’est pas permis de s’amuser dans ce temps d’horreurs quotidiennes. Ceux qui s’amusent encore sont des imbéciles. Il faut prendre déjà le deuil des temps qui s’annoncent plus terribles encore, inarrêtables. Tempora perdita.
En Occident, les gens sont tétanisés, essaient de vivre au jour le jour. Minés par l’angoisse, les soucis d’argent, et le cauchemar ukrainien, ils ne connaissent plus de joies. Finis les rires, finies les fêtes, les humains encore lucides doivent réfléchir sur la violence russe, barbare, brutale, qui s’étendra bientôt au reste de l’Europe, et emportera tout. Les démons sans pitié sont lâchés.
Les USA, dirigés par le vieux démocrate Biden, manifestement dépassé par la situation, doivent passer bientôt par les élections qui vont modifier la composition de la Chambre et du Sénat. Les Républicains sont annoncés comme gagnants, emportant la majorité partout. Vont-ils poursuivre la politique très généreuse des Démocrates qui à juste titre ont arrosé l’Ukraine de milliards de dollars pour lui fournir des armes de tous calibres, essentielles à la défense du pays martyr. Les Républicains américains vont-ils continuer à secourir les Ukrainiens ? Si les Républicains diminuent leur aide, ce sera la victoire certaine de Poutine et avec certitude une troisième guerre mondiale.
Dieu Bonté et Puissance infinie, qu’on prie de nous épargner une apocalypse poutinienne, doit peut-être se lasser des créatures humaines jamais converties par les guerres qui ont précédé celle d’Ukraine. L’homme naturellement pécheur connait une guerre à chaque nouvelle génération. Illusion mortelle que la Paix perpétuelle. Les Européens se sont enfoncés depuis 1946 dans la consommation, les achats, les voyages, le foot, le plaisir, et tout ce qui dégrade, gouvernés par des dirigeants pour qui le pouvoir importait d’abord, quitte à trahir l’intérêt général : tels certains hommes et femmes politiques allemands. L’Allemagne piégée par son égoïsme et le gaz russe dont elle ne pourra pas se passer.
Il ne restera rien de l’Europe. On entend déjà sa dislocation. Celle la Tour de Babel : même destin.
Si Poutine ne trouve pas de porte de sortie, ou si ses ennemis ne lui en offrent pas, ce sera la guerre mondiale avec des armes terrifiantes qui détruiront les nations occidentales. Fin de partie !
dim.
09
oct.
2022
Dans cette guerre en Ukraine, chaque jour qui passe est plus terrible que celui de la veille. La folie poutinienne n’a pas trouvé ce qui l’arrêtera. Le dictateur règne par la terreur, les assassinats, les emprisonnements pour longue durée. Les hauts gradés et les membres de la police secrète lui semblent entièrement dévoués et pas prêts à le démettre. Poutine, qui se croit chef de guerre, fait valser les généraux qui le déçoivent.
L’armée russe va d’échecs en échecs dus, entre autres, à une très mauvaise logistique qui éreinte les soldats manquant d’armes, de munitions et de nourritures. Faute d’une réserve de soldats aguerris ou d’une riposte par un tir nucléaire tactique, la Russie s’effondrera.
La mobilisation partielle est chaotique et semble non préparée. Les jeunes hommes enrôlés découvrent que beaucoup d’armes qu’ils reçoivent, ne sont pas en ordre de marche, qu’il n’y a pas de pansements ni de produits pharmaceutiques. Pas de lits dans les camps de regroupement qui ressemblent à des baraquements de prisonniers.
Enrôlés de force, ces jeunes vont à l’abattoir. S’ils refusent de marcher, ce sera la prison. Dix à quinze années. Beaucoup fuient vers la Finlande, la Georgie, l’Arménie, le Kazakhstan.
Avec les referendums fabriqués en toute hâte, Poutine obtient des votes avec des majorités de plus de 90% en vue de rattacher les quatre régions ukrainiennes à la Russie. Le Kremlin accueillera donc ce vendredi 30 septembre une cérémonie lors de laquelle l’annexion des régions ukrainiennes de Donetsk et Lougansk (est) et Kherson et Zaporijjia (sud) sera formalisée.
Tout cela est fabriqué en toute hâte, et ne sera pas reconnu par les règles du droit international, ni par d’innombrables états. Mais Poutine essaie de donner une apparence de consultation, à forme juridique, des habitants russophones, afin de pouvoir clamer haut et fort à la Douma que ces quatre régions, avec l’accord quasi unanime de leur population, font désormais partie intégrante de la Russie. Elles seront défendues par des armes nucléaires tactiques si nécessaire. On va vers la guerre mondiale. Les USA s’expriment peu, et ne semblent pas faire peur à Poutine. Les USA se méfient et demandent à l’Inde et à la Chine de raisonner Poutine et de ne pas utiliser les armes nucléaires tactiques . Vains efforts ?
Si la Troisième Guerre mondiale éclate, après 8 mois de guerre en Ukraine attaquée par les Russes, ce sera la fin de l’Europe non armée, - dépendante de l’OTAN, donc des USA - avec ses chefs d’Etat mondialistes, pourris par le clientélisme et les partis, qui ont accepté de désarmer leur pays en économisant sur le budget de leur armée systématiquement, et durant des dizaines d’années.
L’Europe depuis sa fondation n’a pas voulu se doter d’une armée puissante et structurée, préférant les contrats juteux du commerce mondial et des règles multiples pour brider les nations dans leur liberté souveraine. Réactions de défense des Polonais et des Hongrois. D’autres pays suivront et refuseront la tutelle européenne. Il y a eu la Grande-Bretagne, il y aura bientôt l’Italie. Chassez le naturel, il revient au galop quand la guerre s’approche.
L’Europe est incapable de défendre ses habitants. Elle récoltera ce qu’elle a semé.
Les sacrifices et les morts de la Seconde Guerre mondiale n’auront servi à rien, vu que c’est toute l’Europe qui va passer prochainement dans la moulinette poutinesque sans avoir les défenses nécessaires. Comme en 40 ? En pire.
Les peuples aveugles continuent de vivre sans trop s’attarder sur les menaces des Russes. Poutine veut appliquer ses plans mais rencontre beaucoup d’obstacles, même si son armée a tué des milliers d’Ukrainiens civils et militaires et démoli l’immobilier de l’Ukraine ravagée par des bombardements fous. Que de villes et de villages détruits, que de morts ! Les Occidentaux n’osent pas faire entrer leurs soldats pour venir à l’aide de l’Ukraine ; ils livrent des armes, surtout les USA, la Grande-Bretagne, les pays baltes. La France, à part les canons Caesar, n’est pas très généreuse dans ses secours. Lors de son déplacement à Kiev, Emmanuel Macron a annoncé que la France allait livrer « six Caesar additionnels », des canons automoteur réputés pour leur précision. Douze ont déjà été livrés.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, la France a livré 18 canons Caesar à l’Ukraine, dont six supplémentaires annoncés le 16 juin à Kiev par le président Macron. Ces canons sont d’une extrême précision. Cette nouvelle livraison ampute de près du quart le stock de l’armée française de ce type de matériel. En février, la France possédait 76 Caesar. « Le choix de donner six Caesar supplémentaires (à l’Ukraine), soit 18 au total répond à une nécessité immédiate de survie des Ukrainiens face aux Russes », justifie-t-on au ministère des Armées, précisant que ceux-ci étaient prélevés sur « les réserves de l’armée de terre ».
Le Canon Caesar
Comme le président ukrainien Zelensky l’a dit, « le Caesar fait la différence sur le terrain, par la précision de ses tirs et par sa capacité à échapper aux ripostes adverses ».
C'est un canon de 155 mm , long de 52 calibres (soit un peu plus de huit mètres) conçu et fabriqué par Nexter Systems à Bourges.
Vitesse tout terrain : 50 km/h en tout-terrain
Armement principal : Canon de 155 mm/52 cal.
Vitesse sur route : 100 km/h sur route
Moteur : Diesel
Leur portée est d'environ 40 km avec une capacité de tir de 6 coups en 1 minute (mise en batterie et sortie de batterie en 2 minutes). Ils possèdent une grande mobilité tactique et stratégique (autonomie 600 km et vitesse sur route plane >80 km/h). Les Caesar sont aérotransportables en C130 et A400M
Les canons Caesar ont rendu la défense ukrainienne plus agile, moins prévisible. Ce système est principalement très maniable et mobile. C’est un facteur très important dans une guerre contemporaine comme celle-ci , opposant les Caesar aux vieux systèmes ukrainiens non mobiles . « Grâce à cette arme, nous gagnons beaucoup de temps, de sorte que l’ennemi ne peut pas nous attaquer ni riposter rapidement », (Wikipedia)
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
mer.
07
sept.
2022
Dieu et le Mal
Essayons d’avancer dans une compréhension. Sans orgueil. Avec simplicité
Dieu est un esprit invisible, qui ne fut pas créé, qui n’a ni origine, ni fin car Il est l’incréé. Il existe depuis toujours, immortel.
Il a créé l’univers visible et invisible, et qui est défini entre autres par le qualificatif d’infini, mais qui peut se loger dans l’infini de Dieu, comme un enfant dans le sein de sa mère. On peut dire que l’Univers a une origine et aura une fin, vu qu’il n’est pas Dieu, mais il est né de l’infini de Dieu qui l’a lancé dans un espace qui semble infini.
Dieu ne s’est pas créé lui-même. Il existe depuis la nuit des temps. Avant la création de l’univers, Il était.
Il peut avoir créé un ou plusieurs ou une infinité d’univers différents car il n’y a pas de limites à sa puissance infinie.
Oui, infini quelle que soit la définition qu’on essaie d’avancer : Infinie bonté, infinie sagesse, infinie majesté, infinie justice, infinie puissance, infini amour, etc.
Toutes les qualifications négatives ne concernent pas Dieu : ainsi infinie méchanceté, infinie haine, infinie injustice, etc. Tout ce qui n’est pas parfait anéantit le qualificatif d’infini. C’est le fini qui reçoit les défauts, les caractères négatifs, le mal. Dieu seul est bon. Le Mal n’est pas infini.
Dans les êtres créés par Dieu, il y a du mauvais qui ne vient pas de Dieu. Ces êtres ne sont pas divins. Etant autres que Dieu, ils n’ont pas sa divinité. Mais issus du divin, ils ont une présence de divin en eux.
Le mal fini qui atteint toujours une limite où il s’anéantit, est en opposition partielle avec le Dieu parfait infini qui est sans limites et ne peut s’anéantir.
Le mal qui est fini, est donc toujours dominé par le Dieu infini.
Le mal est toujours finalement dominé par le Bien, même si parfois il faut attendre longtemps avant de voir le Bien dominer le Mal. Mais même quand le mal semble dominer le Bien, c’est le Bien qui permet au mal de subsister tant que le Bien (Dieu) l’accepte, le tolère.
Le Mal peut disparaitre d’un seul coup ou lentement dans l’espace que lui accorde le Bien (Dieu).
Dieu seul est bon. Les Saints sont des mauvais qui se sont orientés vers le Bien, tout en restant des pécheurs touchés par le Mal. Le divin en eux brille avec plus d’éclat sans qu’ils s’en rendent compte. Il y a l’ombre et la lumière dans la création des êtres. Dieu n’est que pure lumière.
L’amour doit être examiné dans l’infini de Dieu. L’amour ne peut jamais devenir le mal. S’il devient toxique, il n’est plus l’amour.
Vu que tout être créé l’est par Dieu, il a en lui une parcelle de Dieu, mais il n’est pas Dieu. Le corps matériel est animé d’un souffle divin. Même celui du criminel ou celui de la panthère. L’être créé doit réussir sa vie en freinant au maximum toutes ses tensions négatives (passions, instincts), qui l’orientent vers le Mal, et qui souvent ne parviennent plus à l’en détacher. Pourtant, il ne peut perdre le souffle divin reçu de sa création par Dieu.
Un être créé par Dieu ne peut être anéanti vu son origine qui le protège même s’il nie cette origine. Son enveloppe matérielle, son corps, son esprit peuvent être détruits. Mais pas l’étincelle divine qu’il a reçue de Dieu en apparaissant dans le monde fini. L’être créé par Dieu est donc éternel. En mourant, il retourne à sa source divine. Pour d’autres parcours dans l’infini ?
Le Mal est très présent dans le monde, depuis l’origine.
Exemple : Dieu a permis que durant des millions d’années sur la planète Terre, règnent des animaux gigantesques et cruels. L’homme n’existait pas. Ces monstres créés par Dieu avaient aussi une étincelle de divin qui les rendait immortels.
La notion de durée a-t-elle de l’importance pour Dieu ? Mille ans est comme un jour pour Lui, dit l’Ecriture sainte. Mais les jours du prisonnier torturé actuellement dans sa cellule comptent essentiellement même si la durée du supplice est courte. Dieu participe totalement à chaque attaque du Mal contre le Bien, car il voit tout, sait tout.
Donc, Dieu pendant des millions d’années a pu voir les carnassiers monstrueux se battre en se dévorant les uns les autres. Ces êtres créés par Dieu ressentaient des souffrances terribles comme les prisonniers humains découvrent la douleur dans les salles de torture actuelles.
Il y a donc le Mal qui règne sur terre depuis des siècles et des siècles, et le Bien très discret mais qui à chaque confrontation face au Mal, parvient après un combat de plus ou moins longue durée à l’emporter sur le Mal.
Dans la prière du Notre Père, on demande que le règne de Dieu vienne. Cela veut dire que Dieu maître de l’univers infini, ne règne pas encore sur la Terre. Son royaume est proche mais non encore dominant.
Faudra-t-il attendre l’Apocalypse pour que le royaume de Dieu soit enfin installé sur la Terre, le Bien ayant récupéré toutes les créatures, après la disparition du Mal ?
Pourquoi Dieu permet-Il le Mal ? Dieu puissance infinie pourrait d’un souffle faire disparaitre le Mal de la surface de la Terre. Ce n’est pas le cas. Dieu tolère le Mal et ses effets horribles qu’on voit partout, de plus en plus. Cette attitude passive de Dieu peut être jugée scandaleuse. La religion catholique et les Evangiles indiquent que Dieu a permis la crucifixion et la mort de Jésus son fils bien aimé, Dieu fait Homme, seconde personne de la sainte Trinité.
Dieu a donc montré par son incarnation en Jésus, Dieu fait Homme, sa volonté de se diminuer jusqu’à descendre au niveau humain, mêlant sa divinité à son humanité. Dieu fait Homme, était totalement Dieu et totalement Homme.
Il a donc permis que le Mal agresse Dieu fait Homme, acceptant une provisoire réussite du Mal dans le supplice de Jésus et dans sa mort. Le Bien était vaincu. Trois jours plus tard, Jésus le fils bien aimé, le Dieu fait Homme, ressuscitait. Son corps était vu et touché par ses disciples.
La résurrection est-elle historique ou n’est-elle qu’un mythe ? La résurrection met un point final dans le combat entre le Bien et le Mal. C’est le Bien qui sera vainqueur jusqu’à la nuit des temps malgré les essais du Mal de reprendre sans cesse le combat contre le Bien, mais il sera toujours vaincu à la fin par le Bien.
Dieu puissance infinie est le maître de la vie et de la mort. Il peut ressusciter les morts, ce qui se fera à la fin des temps. Dieu permet que chaque jour par milliers des enfants naissent et sortent des entrailles maternelles. Dieu tisse les bébés dans le ventre de leur mère, et il peut faire naître comme il permet la fin de ses créatures en les laissant mourir. Mais ce n’est pas parce que les créatures disparaissent de ce monde qu’elles ne passent pas dans un autre état, soit la survie dans un autre espace visible ou invisible, car ce que Dieu crée est immortel, n’a pas de fin.
Tout reproche fait à Dieu au sujet de la présence du Mal dans le monde créé, se heurte à la puissance infinie de Dieu qui tolère ce Mal, l’ombre dans laquelle les créatures se meuvent avec le Bien.
Les créatures participent au combat du Bien contre le Mal. Ce combat est un des caractères les plus puissants de la Création. Les créatures peuvent choisir le camp du Bien ou le camp du Mal, et au cours de leur vie plus ou moins longue, changer de camp. S’ils meurent dans le camp du Mal, l’étincelle divine présente en eux du fait de leur origine divine, peut les sauver vu que l’Amour infini de Dieu ne rejettera pas ses créatures.
°°°°°°°°°°°°
Le petit magasin, par Henri de Meeûs
________________________________
J’avais ouvert un petit magasin, me dit X, en approchant sa tête de la mienne car je suis devenu un peu sourd avec l’âge. Il continua car il avait envie de me parler : « Je m’ennuyais comme employé de banque à effectuer durant vingt années des opérations sur titres dans le même département dirigé par la même personne, la directrice Félice, amie du grand patron.
J’ai lutté durant ces vingt années afin de garder avec elle une relation équilibrée entre la politesse, le sourire et la froideur. Mais la politesse fatigue les nerfs à la longue. Cette directrice surveillait principalement ses contacts avec le grand chef et n’avait que peu de soucis avec moi qui exécutais parfaitement ses instructions. Nous n’avions jamais une conversation détendue. Avec elle, c’était vite, vite, et moi, c’était oui, oui, parfaitement Madame, comptez sur moi
Vingt années, c’est long. J’avais des économies. Je vivais seul. Pas de famille, pas d’enfants, pas de maîtresse ou de passions repréhensibles.
Donc un matin, vers huit heures trente, alors que les employés étaient tous à leur poste dans la petite salle des opérations sur titres que je dirigeais, je me suis levé derrière mon bureau quand la Directrice est apparue pour saluer chacun des membres du personnel, et quand elle est arrivée devant mon bureau, je lui ai dit à voix suffisamment forte pour que les employés assis aux bureaux voisins et proches, entendent ces quelques mots : « Madame la Directrice, j’ai l’honneur de vous remettre ce jour ma démission car ma santé ne me permet plus d’effectuer les tâches quotidiennes pour lesquelles je suis payé dans votre entreprise. »
Je lui tendis l’enveloppe qui contenait ma démission, et je me remis au travail.
Je suis parti après le préavis de trois mois en usage à l’époque. On ne fit rien pour me retenir. J’étais content. Je ne tardai pas à découvrir un petit rez-de-chaussée à louer à bail commercial pour installer mon magasin. Peu de frais, une table, trois chaises, pas de travaux de peinture ou de menuiserie. Un petit local sanitaire. J’étais heureux que tout se déroulait sans problème. »
Et ensuite, dis-je ? Quel était votre activité commerciale ?
« Je vendais des consultations psychologiques sous forme de petits carnets dans lesquels les clients notaient ma réponse à leurs questions souvent nourries de leurs soucis et anxiétés. L’époque était très pénible, il y avait des guerres qui s’allumaient sur la planète. Mon magasin portait le nom : « Au havre de paix ». Les clients étaient rares au début, mais petit à petit, ils s’inscrivaient en rendez-vous, jamais plus de dix minutes par client. Certains clients satisfaits revenaient. J’avais imaginé un abonnement pour dix consultations. J’aimais cette occupation, je rendais service, heureux de les voir quitter le magasin avec un large sourire. »
Ce monsieur avait décidé de me parler, il habitait dans le quartier un petit appartement, son magasin était situé dans une autre commune. Nous nous croisions de temps en temps quand je promenais mon chien, mais nos échanges se limitaient à un bonjour et à une inclinaison de la tête, je ne me doutais pas de ses activités professionnelles ni de ses consultations qui semblaient apporter du réconfort.
Je vous félicite, dis-je, d’avoir trouvé une activité bienfaisante qui vient en aide aux angoissés.
N’est-ce pas, me répondit-il. Je serais vraiment heureux d’avoir l’honneur de vous recevoir à l’heure qui vous conviendra dans mon Havre de paix.
Et nous nous séparâmes, lui promettant d’y réfléchir.
Henri de Meeûs
Août 2022
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
ven.
05
août
2022
Nous vivons une période de l’humanité où le mal, le mensonge et la destruction sont déchaînés. La Nature souffre avec un climat de plus en plus brûlant qui anéantit des forêts en quelques jours. Les pompiers sont dépassés, la faune et la flore sont détruites.
Qui sauvera les animaux prisonniers dans les brasiers ? Personne.
On repère maintenant que plusieurs feux ont une origine criminelle.
Des incendiaires multiplient leurs crimes le jour, la nuit. Mais le pouvoir judiciaire s’il trouve un coupable, le condamnera légèrement.
Dans leurs appartements surchauffés, ceux qui ne prennent pas de vacances, se claquemurent derrière leurs rideaux ou leurs volets fermés, regardant le thermomètre monter de 30° à 40°. C’est trop. On n’en peut plus. Les vieillards, dans leur séniorie, boivent des litres d’eau.
Les étés deviennent redoutables, font peur autant que les hivers rudes des temps plus anciens.
On sait que les étés caniculaires sont suivis, souvent, par des inondations, des tempêtes, des orages parfois effrayants. Comment se protéger ? L’être humain de plus en plus fragile devient nerveux. Son agressivité augmente car il ne peut supporter calmement la montée des périls.
Les peurs sont augmentées par les médias et les images dramatiques, qui passent en boucles. C’est à qui publiera la plus terrifiante.
La guerre en Ukraine décidée par le prince des démons multiplie les états de stress. On vit dans la pensée qu’après avoir réglé son compte à l’Ukraine, Poutine continuera ses destructions avec d’autres Etats qui ont osé fournir des armes aux Ukrainiens. Les nations occidentales sont tétanisées et les impulsives sanctions décrétées par elles contre la Russie, sans trop de réflexion, leur reviennent en boomerang, mal calculées, mal ajustées mal appliquées, comme le gaz que Poutine utilise en armes de guerre anti-occidentales, en fermant de semaine en semaine les robinets.
Pourquoi les Occidentaux n’interrompent – ils pas eux-mêmes les flux du gaz qui traverse sous terre leur pays et sous les flots de la Baltique ? Poutine serait incapable alors de vendre le gaz qui ne peut plus passer dans les canalisations situées hors de la Russie.
Je la vois souvent dehors, marchant à pas lents sur le trottoir. Elle traîne derrière elle une laisse. Au bout de celle-ci, un petit collier blanc accroché à la laisse. Le collier tressaute sur les pavés. Mais il n’y a ni chien ni chat au bout de celui-ci. Je me permets de l’arrêter. Elle me regarde en clignant des yeux. Je dis : « Madame, pourquoi cette laisse que vous tirez derrière vous ? » « Je promène mon chien, trois fois par jour chaque jour vingt minutes. Il faut qu’il sorte. » Elle ajoute : « C’est un chien de haute race. Il est invisible. Vous ne l’avez pas encore vu. Il s’appelle Brésil. » Et elle poursuit sa promenade.
Je rêve beaucoup. Je remercie le Seigneur de ne pas m’exposer à des cauchemars. Ces rêves sont vite oubliés.
Mes amis connus à l’université - nous avons le même âge – et moi, nous souffrions des mêmes problèmes dans la vie sociale :
1°) la dégradation des services bancaires où les clients qui étaient les rois, ont perdu le respect du monde bancaire, obligés de se plier aux folies de l’informatisation toujours plus poussée sous peine de n’être plus servis correctement.
2°) La fermeture des églises, c’est la déchristianisation partout.
3°) Les deux années de Covid ont abîmé la vie sociale : moins de réunions, d’invitations, de concerts, d’activités culturelles. On voit moins d’amis. Quelque chose est cassé. Et la guerre d’Ukraine n’améliore rien.
Elle est très âgée. 95 ans. A encore toute sa tête. Mais vivant seule dans un petit appartement, elle reçoit les visites quotidiennes d’un de ses fils. L’autre fils sort d’un long covid et doit se ménager et vivre au grand repos. Elle n’a plus le moral, et cherche à convaincre ses deux enfants de signer les documents l’autorisant à se faire euthanasier.. Elle est têtue et insiste. Une trop longue vie n’est pas un cadeau.
Les caractères innés de la petite fille de quatre ou cinq ans, jouant déjà à la petite dame.
M d’0 m’écrit à propos des aphorismes de Montherlant :
« Je goûte aux aphorismes de MONTHERLANT avec grand plaisir, ses aphorismes qui sont les plus vrais que je connaisse (avec ceux de Paul Valéry). (On peut le dire sans trembler, en attente de la fin de son purgatoire, qui s’éternise, Montherlant est bien le plus grand penseur au monde) ». L’aphorisme qui suit me ressemble, ajoute mon correspondant :
« Un, c’est possible ;
Deux, cela peut encore aller ;
Trois, c’est presque la foule ;
Quatre, cela devient dément. »
(Même chose pour moi. Je déteste le groupe et la foule.)
Joie de rencontrer un jeune Français qui goûte à la beauté des textes de Montherlant !
On fait un foin du dernier Louis-Ferdinand Céline, Guerre, un inédit publié il y a quelques mois par Gallimard. Ce livre assez grossier n’est pas un chef d’œuvre. Vendredi 29 juillet 2022, sur deux pages, le journal Libération sort un article de philologues pour mettre en doute le classement chronologique de Guerre établi par l’éditeur par rapport à deux œuvres de Céline, Voyage au bout de la nuit et Casse-Pipe. Les philologues aiment se perdre dans les détails minuscules et passent souvent à côté de l’essentiel. Ils veulent montrer que l’éditeur et les ayants-droits de la succession donnent une représentation inexacte des dates de création de Guerre ! Mais qu’est- ce que cela change ?
Extrait du Journal de Kafka : 14 février 1914 (Pléiade, Gallimard Journaux et lettres, 1897-1914, p. 390) :
« S’il m’arrivait de me tuer, personne, à coup sûr, n’en serait responsable, quand bien même le premier motif manifeste serait le comportement de F. Dans un demi-sommeil je me suis déjà imaginé la scène qui se produirait si, en prévision de la fin, j’arrivais à son appartement, une lettre d’adieu dans la poche, me faisais éconduire en tant que prétendant, posais la lettre sur la table, me dirigeait vers le balcon en écartant vivement tous ceux qui se précipiteraient pour me retenir, et sautais par-dessus la balustrade, obligeant leurs mains à me lâcher tour à tour. Or dans la lettre, il y aurait écrit que si je me jette par la fenêtre, c’est à cause de F., mais que, même si elle avait accepté ma demande, ça n’aurait pas changé grand-chose pour moi. Ma place est en bas, je ne vois aucun autre arrangement, il se trouve que F. est par hasard la personne à même laquelle s’affiche ma destinée, je ne suis pas capable de vivre sans elle et je n’ai plus qu’à sauter par la fenêtre, mais je ne serais pas capable non plus, et F. le devine, de vivre avec elle. Pourquoi ne pas y employer cette nuit ? Déjà m’apparaissent les orateurs de la soirée parentale d’aujourd’hui, qui ont parlé de la vie et des conditions à créer pour elle, mais je m’accroche à des idées, je vis complètement embarqué dans la vie, je ne le ferai pas, je suis froid comme tout, triste d’avoir une chemise qui me serre au cou, je suis maudit, je happe l’air dans le brouillard. »
°°°
L’extrême discrétion du Pape François dans la guerre de Poutine à l’Ukraine ! Pourquoi ? On a reproché le silence de Pie XII lors du massacre des Juifs. Qui connait et dira le pourquoi de cette réserve face aux crimes de Poutine ?
On parle souvent des valeurs à défendre envers et contre tout. Nos valeurs européennes ! Nos valeurs de civilisation ou des démocraties !
Grande escroquerie qui se cache derrière des mots vides de sens et de contenu. Les valeurs du monde sont le fric, le pouvoir, la jouissance avec les multiples plaisirs. En le chacun pour soi.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
ven.
01
juil.
2022
Cette guerre d’Ukraine n’en finit pas. La Russie attaque systématiquement les villes et les villages avec son énorme artillerie, détruisant tout, immeubles, palais, églises, hôpitaux, écoles, avec des milliers de morts civils et militaires et des milliers de blessés. Cette entreprise, méthodique, n’oublie rien. C’est le rouleau compresseur, lent, qui écrase à fond. Il ne restera rien de l’Ukraine sinon des ruines.
On perçoit le recul des Ukrainiens malgré leur courage immense. Ils supplient qu’on vienne les aider, qu’on leur procure au plus vite des armes lourdes et modernes pour riposter à la puissante artillerie russe, dix fois plus nombreuse que celle des Ukrainiens.
Les Européens ont promis beaucoup, mais ces armes arrivent au compte-gouttes. Les Européens qu’on croyait unis pour aider l’Ukraine sont en réalité divisés. Les Allemands, dépendant pour 60/100 du gaz russe, livrent peu d’armement. Les Russes menacent ceux qui veulent fournir des armes à l’Ukraine de les traiter de co-belligérants.
Les Russes s’amusent à sortir les menaces nucléaires, tactiques et même stratégiques, pour faire rentrer les lapins occidentaux dans leurs terriers.
Poutine est un être complexé. Il est petit de taille. Il a des origines modestes. Il a le pouvoir. Peut-être est-il malade et n’a plus beaucoup de temps à vivre. Mais il s’est construit une histoire glorieuse de l’Empire russe depuis les premiers tsars, et il se prend pour un nouveau Pierre le Grand chargé de reconstruire un nouvel Empire russe après la chute des Soviétiques (Eltsine, Gorbatchev) qui ont permis le morcellement des républiques ex-soviétiques, dont certaines se sont empressées de se rapprocher de l’Europe, de l’Otan, et pour lesquelles Poutine est le diable qui veut les récupérer sous prétexte de les protéger des nazis, c’est-à-dire de l’Europe occidentale, libre mais dépourvue d’une armée européenne de taille à résister aux Russes..
La population russe nourrie de propagande réagit peu. La crainte des emprisonnements et des camps la fait taire. Poutine continue. L’armée lui obéit. Pas de rebelles jusqu’à maintenant et d’autant moins que l’armée russe qui avait mal commencé sa campagne en février et mars 2022, s’est ressaisie et fait actuellement reculer l’armée Ukrainienne moins lourdement armée.
L’Europe, au début unie, a promis monts et merveilles aux Ukrainiens, afin de leur donner une plus forte résistance ; on allait leur procurer des armes modernes qui allaient rivaliser avec celles des Russes. Mais les armes promises arrivent trop lentement. Et l’Ukraine qui a 100 à 200 tués militaires chaque jour est en train de se décourager et d’abandonner certaines villes ou villages pour essayer de résister sur d’autres points du territoire devenus cruciaux.
Le moral baisse. Les médias s’intéressent moins à cette guerre. Il faut du neuf ! Les Usa ont abondamment promis des milliards de dollars et de nombreuses armes de guerre à condition qu’elles ne seront pas tirées sur la Russie, elles ne peuvent pas toucher le sol russe, c’est l’ordre de Biden qui à 78 ans ne semble pas dans la meilleure forme pour commander l’armée des Etats-Unis lors d’une crise mondiale.
°°°°
Un bijou littéraire est apparu en juin 2022, édité par le Musée René Magritte, 135 rue Esseghem à 1090 Jette-Bruxelles, tél : 00 32 2 428.26.26. ou info@magrittemuseum.be
Il s’agit d’un livre de 113 pages rassemblant plus de 500 aphorismes de Henry de Montherlant, choisis par le directeur de ce musée, Monsieur André Garitte.
Titre du livre : Montherlant le plus grand penseur au monde.
Prix du livre = 12 eur (plus 4 eur frais postal Belgique, et 13 eur frais postal Europe).
Compte bancaire = BE 22.0682.1674.8547
Livre remarquable par son contenu et sa présentation.
Voici de courts extraits de l’introduction d’André Garitte :
« Ce livre contient plus de 500 sagesses ou idées réussies. Après des années de recherche en littérature (de Platon à Schopenhauer et de Nietzsche à Sartre), il s’est avéré qu’aucun autre philosophe ou moraliste ait jamais été à même de concevoir autant de sagesses. Ce tour de force fait donc d’Henry de Montherlant (1895-1972) « le plus grand penseur au monde ». Ses atouts sont : une grande lucidité, un génie logique, une sensibilité pour l’essentiel, la profondeur d’esprit et un style limpide. Qui croit qu’un autre écrivain atteint le même niveau peut proposer un ensemble aussi valable. Nous n’en avons en tout cas jamais trouvé. (…)
« Cela commence déjà avec le nom : Montherlant. Il est si beau, si noble, si relevé à l’oreille. Le simple fait de prononcer son nom est un plaisir. Il avait aussi une tête expressive, une vraie tête de caractère avec des yeux pénétrants. Avec par-dessus une étendue de cheveux droits, dressés et combatifs, comme on en voit rarement. (…)
Est bien inhabituel et remarquable le fait qu’un homme qui atteint un si haut niveau voulût absolument faire ses preuves physiquement aussi. Course à pied, football, tauromachie, un peu de boxe, volontaire pour son pays pendant la Première Guerre, c’est vraisemblablement sans fin. Heureusement son cerveau est resté intact malgré tout. (…)
Personne n’a jamais tutoyé Montherlant et on ne pouvait pas non plus l’appeler par son prénom. Il donnait l’impression d’être hautain à bon nombre de personnes, mais par ailleurs il repoussait les snobs et les hommes de pouvoir. Et il côtoyait volontiers des êtres simples d’extraction modeste. (…)
Le vrai Montherlant ne correspondait donc pas toujours à la figure publique. Comme lorsque vers 1959, le journaliste anversois Georges Krakowsky, qui admirait l’écrivain, partit à Paris avec son amie Nadia Donckerwolcke pour aller à la recherche de son idole et le rencontrer. Ils sonnèrent chez lui Quai Voltaire, le long de la Seine. Montherlant lui-même apparut à la porte en peignoir et dit : « Monsieur de Montherlant n’est pas à la maison » (témoignage de Nadia Donckerwolcke, 2019).
André Garitte
Directeur du Musée René Magritte
ven.
03
juin
2022
Cette guerre d’Ukraine va nous emporter bientôt dans un conflit généralisé entre Poutine et les pays démocratiques occidentaux (les trente membres de l’Otan, notamment).
Nos villes seront détruites comme celles de l’Ukraine, car nous sommes trop lâches, trop effrayés par l’attitude inattendue et criminelle de Poutine, qui a tétanisé les chefs d’Etat de l’Ouest. Même Biden, trop âgé, aurait mieux fait de se taire plutôt que d’annoncer dès le début de l’attaque russe, qu’aucun soldat américain ne sera confronté aux Russes en Ukraine. Fuite éperdue, et dès le 22 février, des conseillers Américains comme ceux fuyant Kaboul.
A nouveau, Poutine est rassuré, lui qui détruit ville après ville du territoire ukrainien. Il a le champ libre.
Etonnement de Biden de constater ensuite la résistance des Ukrainiens et revirement de sa stratégie : il appuie maintenant les Ukrainiens avec des milliards de dollars pour les armer et il leur envoie un matériel militaire très performant des arsenaux américains.
Mais la livraison des nouvelles armes aux Ukrainiens, pour répondre à l’artillerie russe, est très lente, et les Ukrainiens en demandent chaque jour davantage, et crient chaque jour plus fort car le temps travaille contre eux ; l’armée russe a compris ses erreurs tactiques et concentre le gros de ses forces, une artillerie variée et destructrice, sur certaines villes, prises une par une, vidées pour la plupart de leurs habitants en fuite, et elles seront complètement détruites.
Poutine cherche à dominer d’abord le Donbass.
Le Donbass est un bassin houiller, de l'est de l'Ukraine et frontalier de la Russie, situé entre la mer d'Azov et le fleuve Don. C'est une région économique et culturelle importante de l'Ukraine, qui comprend deux oblasts de l'est du pays : l'oblast de Donetsk et l'oblast de Louhansk. C’est là, durant ces derniers jours de mai 2022, que les combats entre Russes et Ukrainiens ont atteint une très forte intensité.
Et maintenant le président américain Joe Biden a exclu ce lundi 30 mai la livraison à l'Ukraine des systèmes de lance-roquettes (MLRS) à très longue portée et très performants, qui auraient pu renverser le sort de la bataille. En cause : leur capacité à atteindre la Russie. Biden ne veut pas attaquer le territoire russe. Mais il n’interviendra pas avec ses troupes, avions et chars en première ligne, pour stopper les dévastations russes en Ukraine.
Les Ukrainiens s’estiment trahis par cette promesse non tenue par Biden, qui les met en difficulté dans le Donbass, où l’artillerie russe domine de loin l’artillerie adverse.
°°°°
Aucun chef d’état membre de l’Otan n’a pris le risque d’engager des troupes, dès le début de cette guerre, pour défendre l’Ukraine, ni même de menacer Poutine d’une intervention quand les bombardements russes se sont multipliés, dévastant villes et villages de ce beau pays, grenier de l’Europe.
Poutine rassuré par Biden le gaffeur du retrait américain voyait toute l’Ukraine offerte, territoire immense à ajouter à son immense pays.
Poutine nous a fait croire que ses revendications se limiteraient aux territoires russophones du Donbass sis le long de la frontière russe. En réalité, depuis le début, il voulait l’Ukraine toute entière et la Mer Noire et la Mer d’Azov, bientôt entièrement russes.
Et ensuite il s’attaquera à la petite Moldavie, aux trois états baltes, et ensuite il démembrera la Pologne déjà martyrisée par les Allemands et les Russes qui se la partagèrent en 1939.
Poutine est rancunier et Il ne pardonnera jamais aux Ukrainiens leur résistance ; il détruira chacune des villes, chacun des villages. Il s’emparera des récoltes abondantes pour les envoyer en Russie ou vers certains pays vassaux comme la Biélorussie. Il pillera l’Ukraine de ses richesses céréalières, de ses métaux, de ses terres rares. Il la privera de ses ports, il déportera, jugera, condamnera.
Il y aura des milliers de morts qui s’ajouteront aux cadavres innombrables déjà comptés pour les quatre premiers mois de cette guerre scandaleuse.
La guerre mondiale va donc éclater emportant les états endormis de l’Europe, peu armés, persuadés d’être protégés par l’Otan et les USA. Pauvres naïfs…
Oui, penser que cette opération spéciale invasion-guerre se limitera à l’Ukraine est naïf.
Poutine ne va pas risquer son sort ni celui de ses forces militaires, dans son rêve de reconstitution d’un nouvel empire russe, s’il n’est pas convaincu de gagner. Il risquera tout, comme le joueur au casino. Ses mouvements et progressions sont lents et implacables, précédés par les tirs d’une immense artillerie qui tue, par milliers, les militaires et les civils ;
il détruit et rase les immeubles des villes, les beaux monuments, les bâtiments historiques, les écoles, hôpitaux et théâtres, les maisons et fermes campagnardes. Aucune fin pour arrêter la destruction systématique par celui qui a annoncé depuis le début que ses buts seront atteints. Son opinion publique gavée de communications mensongères est muette, et les rarissimes opposants sont emprisonnés dans les délais les plus courts.
Qu’attend notre Dieu pour manifester sa colère contre les démons ? Il est temps, Seigneur, que votre Justice infinie se manifeste..
°°°°
En 1945, notre population belge était persuadée que la paix règnerait très longtemps, malgré la période soviétique et la guerre froide qui ont suivi la seconde guerre mondiale.
« La dislocation de l'URSS se produisit le 26 décembre 1991 lorsque le Soviet suprême de l'Union soviétique et le Soviet des Républiques du Soviet suprême de l'Union soviétique, par la déclaration n° 142-N (N = Н en russe) créèrent la Communauté des États indépendants (CEI) et reconnurent officiellement la séparation, intervenue dans les mois précédents, des républiques de l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), reconnaissant ainsi formellement la disparition de l'Union soviétique en tant qu'État et sujet du droit international.
La veille, le 25 décembre, le président soviétique Mikhaïl Gorbatchev, huitième et dernier dirigeant de l'URSS, avait démissionné, déclarant son poste supprimé et transférant ses pouvoirs, y compris le contrôle des codes de lancement de missiles nucléaires, au président de la fédération de Russie, Boris Eltsine. Ce soir-là, à 19 h 32, le drapeau soviétique fut abaissé pour la dernière fois du Kremlin et fut, le lendemain à l'aube, remplacé par le drapeau russe pré-révolutionnaire.
Auparavant, d'août à décembre, les quinze républiques soviétiques, Russie comprise, avaient fait sécession de l’Union soviétique et aussi dénoncé le Traité sur la création de l'URSS. La semaine précédant la dissolution officielle, onze républiques signèrent les accords d'Alma-Ata établissant officiellement la CEI et déclarant que l'URSS avait cessé d'exister. Les révolutions de 1989 et la dissolution de l'URSS marquèrent également, pour plus de vingt ans, la fin de la guerre froide.
Plusieurs des anciennes républiques soviétiques, comme la Biélorussie, l'Ukraine, la Moldavie, l'Arménie et les cinq d'Asie centrale maintinrent des liens étroits avec la Fédération de Russie et formèrent des organisations multilatérales telles que la CEI, la Communauté économique eurasienne, l'union de la Russie et de la Biélorussie, l'Union douanière de l'Union eurasiatique et l'Union économique eurasienne afin de renforcer la coopération économique et en matière de sécurité. En revanche, les pays baltes rejoignirent l'OTAN et l'Union européenne.
Lorsque l’Etat soviétique s’est effondré et que les républiques de la Fédération de Russie ont pris leur indépendance, les démocraties européennes toujours rassurées, n’ont pas vu venir le danger malgré plusieurs signes, que la guerre s’annoncerait avec les premiers combats en Georgie, et les destructions en Tchétchénie, déclenchées par la stratégie de Poutine.
L’erreur de l’Europe est de n’avoir pas compris que Poutine haïssait les démocraties et leur richesse, lui qui, ne parvient pas à atteindre, pour son immense Etat, le plus grand de la planère, un produit national brut plus élevé que celui de l’Epagne ou celui des Pays-Bas.
Poutine est un complexé qui n’oublie aucune humiliation, aucune offense. Il déteste les occidentaux et leur vie relâchée, même s’il n’est pas un ange mais plutôt un chef de gang immensément riche, régnant par la terreur, les assassinats et la corruption. Il méprise Macron, Brigitte et leur fort de Brégançon où il fut invité. Il humilie Macron lors de leur entretien à Moscou au début de la guerre d’Ukraine, démontrant l’inutilité du Président des Français, ivre de paroles mais qui n’obtient aucune concession, chacun assis à l’extrémité d’une table digne d’Alice au pays des merveilles.
Poutine ne reculera pas car il ne veut pas perdre la face, s’étant déjà trompé dans sa stratégie du début de la guerre d’Ukraine, ce qui a causé la mort de milliers de soldats russes, mal commandés malgré un armement abondant et meurtrier, fusées, missiles, chars, avions, répandant terreur et destruction.
Henry Kissinger a appelé l'Ukraine à céder une partie de son territoire pour arrêter la guerre. Il estime que l'Occident devrait forcer le pays à négocier. C’est vite dit !
L'ancien secrétaire d'État américain Henry Kissinger a déclaré au Forum de Davos que l'Ukraine devait céder du territoire à la Russie pour aider à mettre fin à l'invasion, suggérant une position contre laquelle la grande majorité des Ukrainiens s'opposent, selon le Washington Post/Daily Telegraph.
Kissinger a également appelé les États-Unis et l'Occident à ne pas rechercher une défaite honteuse pour la Russie en Ukraine, avertissant que cela pourrait saper la stabilité à long terme de l'Europe.
Soulignant que les pays occidentaux ne doivent pas oublier l'importance de la Russie pour l'Europe et ne pas être "emportés" par les sentiments actuels, Kissinger a également exhorté l'Occident à forcer l'Ukraine à accepter des négociations avec le statu quo ante ou l'état antérieur des relations.
C’est vite dit !
« Les négociations devraient commencer dans les deux prochains mois avant de créer des remous et des tensions qui ne seront pas facilement surmontées. Idéalement, la ligne de démarcation devrait être un retour au statu quo précédent », a déclaré l'ancien secrétaire d'État américain.
Selon lui, la poursuite des hostilités ne signifiera pas la liberté pour l'Ukraine, mais une nouvelle guerre contre la Russie elle-même.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a souligné que certaines de ses conditions pour entamer des pourparlers de paix avec la Russie incluraient la restauration des frontières avant l'invasion.
Les commentaires de Kissinger interviennent alors que les dirigeants mondiaux affirment que la guerre de la Russie en Ukraine a remis en question "l'ensemble de l'ordre international".
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré aux dirigeants mondiaux à Davos que la guerre n'était pas seulement "une question de survie de l'Ukraine" ou "une question de sécurité européenne", mais aussi "une tâche pour l'ensemble de la communauté mondiale".
Elle a condamné la « rage destructrice » du président russe Vladimir Poutine, mais a déclaré que la Russie pourrait un jour retrouver sa place en Europe si elle « retrouvait le chemin de la démocratie, de l'État de droit et du respect d'un ordre international fondé sur des règles ». « Parce que la Russie est notre voisin. » Bla-bla européen ?
Madame von der Leyen est très optimiste. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a fermement rejeté la possibilité que son pays cède une partie de son territoire au nom d'un accord de paix avec la Russie. Dans son traditionnel discours vidéo du soir, Zelensky a critiqué les propositions de certains politiciens occidentaux demandant à l'Ukraine de faire des concessions à Moscou, notamment en renonçant à son territoire, a rapporté l'agence de presse ukrainienne UNIAN.
Ces "grands géopoliticiens" qui proposent de telles solutions ignorent "les intérêts des Ukrainiens ordinaires, les millions qui vivent réellement dans les territoires qu'ils proposent d'échanger contre l'illusion de la paix", a déclaré Zelensky cité par l'Associated Press. Nous devons toujours penser aux intérêts du peuple et nous rappeler que les valeurs ne sont pas que des mots, a déclaré le dirigeant ukrainien.
Il a exprimé sa perplexité face aux « missiles russes… malgré les dizaines de milliers d'Ukrainiens tués… malgré Bucha et Marioupol. Malgré les villes ukrainiennes détruites », à Davos, par exemple, M. Kissinger a sauté du passé profond et a dit donner à la Russie un morceau de l'Ukraine ». Afin de ne pas aliéner la Russie de l'Europe. J'ai le sentiment que pour M. Kissinger, l'année n'est pas 2022, mais 1938. Et il pensait qu'il ne parlait pas au public de Davos, mais de ce qui était alors Munich, a déclaré Zelenski.
(Sources Wikipedia)
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
lun.
02
mai
2022
POEMES
Sur la destruction de l’Ukraine (2022)
_______________________________
Mon bel amour, mon tendre amour,
Que dis-tu de ces monstres qui envahissent nos terres
Qui réduisent en miettes nos palais, nos demeures,
Qui tuent nos enfants, nos bébés et nos chiens ?
Nous vivons en enfer
Les grand-mères s’épuisent nuit et jour
Dans les caves étouffantes
A soigner ceux dont les mères sont mortes
Enterrées vite, vite, quand les mugissements des sirènes
Se taisent.
Nos hommes sont loin en avant
Sur le front
Courageux maris, soldats, fils intrépides,
O mes tendres virils avec vos longues armes
Vous explosez les tanks, incendiez les hélicoptères
Qui rasant les terres neigeuses laissent derrière eux
Des flammes rouges orangées
Avant de s’écraser près de nos fermes.
Coup au but ! Vive celui qui a bien visé la cible !
Chers Ukrainiens, mon esprit ne vous abandonne pas,
Je vous parle à l’oreille doucement
A vous réfugiés en longues files sur les routes
Marchant vers les gares et les stations de cars,
Les attentes s’allongent dans les couloirs
Ou dehors dans le froid
Vos vies ne comptent pas sous les bombes
Explosant sur vos têtes.
Les tirs sont suspendus pour une heure ou deux
On leur a dit, mais qui l’a dit
Le temps de rassembler quelques affaires
Du linge, des lainages, sans oublier des photographies
Et courir, marcher, fuir
Si fatigués de ne plus dormir
S’entasser dans les gares
Des heures et des heures.
Dans l’attente du train sauveur
Quais de départ, quais d’arrivée
Aidez-nous par pitié, nous n’en pouvons plus.
Vous avez cru les démons harnachés de noir
Qui vous crient en avant, vite, vite.
Où sont mes petits, et ma fille, et mon mari
Elle a dit je n’ai plus mangé depuis deux jours
Et j’ai soif, je suis malade, mes jambes sont de l’ouate.
Je vais mourir de tant vous regarder
Du matin au soir et la nuit
Je ne puis vous serrer dans mes bras
Ni sécher vos larmes sur vos joues grises, sales,
Pauvres grandes dames courageuses
Héroïnes paysannes, ouvrières saintes
Je prie à vos genoux.
Ils sont pressés comme des citrons
Tant la mort les enserre
De partout
Ils ne peuvent respirer, ils n’ont plus de maisons
On ne respecte pas les domiciles
Façades béantes
Comment est-il permis de tant détruire ?
Seigneur, Créateur, Puissance infinie,
Vos chéris sont mis à mort
Qu’attendez-vous pour les protéger ?
Cela devient insupportable, les mots sont inutiles.
Et les prières ? Etes-vous sourd ou aveugle
Petit Seigneur des causes ardues ?
°°°°°
Hurlements dans les villes dévastées,
Femmes violées puis abattues
Dans les caves ou sur les routes.
Enfants déportés dans la noire Russie
On voit quelques chiens, les habitants sont morts.
Des ponts sont cassés, interdiction de passage
Les grands immeubles, les maisons simplettes
Sont comme des boites d’allumettes
Tous les efforts des bâtisseurs durant des siècles
Anéantis en quelques jours
Ils étaient fiers de leur travail
Mais c’est fini
Tout est détruit
Le démon a tout saccagé avec ses fusées,
Ses bombes, ses missiles
Le mal ne s’économise pas
On rit en enfer
Malheur à Poutine et malheur aux vivants qui l’ont suivi.
Le Ciel est-il vide ?
Le démon a créé un missile le plus puissant du monde
Et le plus destructeur,
Il bat tous les records et se nomme Satan.
C’est son nom, je n’invente pas.
Dieu puissant Créateur encore combien de temps
Avant que votre justice fasse trembler le criminel
Qui laisse sa trace partout où il passe.
Bave de limace
Pauvres corps abandonnés sans sépulture
Assassinés.
Les oiseaux se sont tus.
Les Ukrainiens seuls à se défendre
Répondent coups pour coups
Aux tueurs grimaçant dans leurs tanks
Semeurs de ruines
Votre tour viendra Européens
Ivres de mots, de commentaires,
Ravis de n’être pas sous les feux du démon
Gazés, violés,
Tirés comme des lapins,
Pulvérisés sous les bombes.
Cela n’arrivera pas, disent-ils, il n’osera pas nous attaquer.
L’Otan est notre armure
Se rassurent les naïfs sans armée
Ce sera trop tard méchants bavards
Le démon viendra chez vous
Cheval noir de l’Apocalypse
Ses brides sont lâchées
Courageux Ukrainiens, vous criez au secours,
Hommes et femmes dans les caves
Ou le métro durant des mois
Qui vous répondra parmi les beaux parleurs ?
Je pense à vous
Militaires voltigeurs assénant vos coups
Rares mais bien ajustés
Mortels
Dans vos souterrains de Marioupol
Cernés par les diables qui ne vous laisseront pas sortir
De votre usine géante aux mille dédales
Il vous a traités de mouches
Vous tuera si vous quittez vos catacombes
Gloire à la Pologne
Mère accueillante aux enfants, femmes, vieillards
Trois millions de réfugiés
A Varsovie on parle tant de langues depuis la guerre
De 2022.
Le démon a coupé le gaz à la Pologne
Merci pour le cadeau, Vladimir Poutine
Qui se signe de la Croix dans les églises orthodoxes
Où les popes russes se rengorgent
Encensant le Maitre du Kremlin.
H de M.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
mar.
05
avril
2022
Un démon est sorti de l’enfer pour envahir le 24 février 2022, avec ses troupes de fer et de feu, l’Ukraine de vieille civilisation, peuplée d’habitants pacifiques unis dans une jeune démocratie.
Maintenant, chaque jour et chaque nuit, ce pays est dévasté par les bombardements d’avions et de centaines de missiles russes.
Ville après ville, chacune est détruite. Certaines rasées. Plus un immeuble debout. Dans les caves, des Ukrainiens qui n'ont pas voulu fuir, tandis que plus de cinq millions, surtout les femmes et leurs enfants, se sont réfugiés en Pologne, en Moldavie, en Roumanie, et dans d’autres pays proches qui les accueillent chaleureusement, quoique ces pays voisins eux-mêmes sont sous la menace d’être attaqués à leur tour par l’envahisseur démoniaque.
Chaque jour, chaque nuit, des milliers d’êtres humains, y compris des femmes, des enfants, des bébés, sont écrasés sous les décombres d’immeubles innombrables ; ceux qui survivent, se terrent dans les caves, des jours et des nuits, parfois des semaines, sans sortir.
Dieu devrait hurler dans l’espace infini et renvoyer les êtres diaboliques dans leur géhenne. Non, Poutine est le seul maître qui commande, le président Biden des USA ayant, dès le début de l’invasion, déclaré stupidement qu’aucun militaire américain ne viendrait porter secours aux Ukrainiens attaqués. Débrouillez-vous ! Les Américains sont au spectacle télévisuel. Et l’ennemi poutinien sait qu’il a le champ libre pour ravager et tuer.
Ces quarante millions habitants d’Ukraine ont une petite armée d’active et de réserve, avec peu de blindés et quasi pas de marine ; les militaires d’active sont 60.000 face aux 200.000 soldats russes équipés d’une formidable artillerie et de centaines de tanks et des milliers de missiles. Les Ukrainiens ne peuvent compter que sur leur courage, sur leur connaissance du terrain et sur leur mobilité. Ils ont des armes légères air-sol, et les munitions que leur envoient par camions les pays de l’OTAN. Impossibilité, en effet, d’enfreindre l’interdiction du démon de survoler l’espace aérien de l’Ukraine.
Etonnamment, et malgré la disproportion des forces, les Ukrainiens se battent comme des lions. Ils ont été formés par l’armée américaine depuis une dizaine d’années. Mais les quelques Américains diplomates ou militaires encore en mission en Ukraine ont dû la quitter huit jours avant le 24 février suite à l’ordre du président Biden, de rentrer au pays, informé par ses services d’espionnage de l’imminence de l’invasion russe.
Biden le Démocrate refuse le moindre contact entre l’armée russe et l’armée américaine. Trop dangereux ! Risque de choc nucléaire et de troisième guerre mondiale.
Donc l’Ukraine non membre de l’Otan, ne sera pas défendue par l’Amérique même si elle donne aux Ukrainiens des milliards de dollars, et leur envoie des milliers d’armes légères, avec des missiles air-sol et des défenses anti aériennes.
Le silence du Pape comme chef de la chrétienté est assourdissant. Sauf quelques mots à son balcon le dimanche. Il est fâché, il déteste la guerre,
Il parle à juste titre de guerre sacrilège, mais il ne désigne ni ne condamne pas nommément le démon responsable de l’invasion qui dévaste l’Ukraine. Un nouveau Pie XII trop prudent ? Il serait temps qu’il renvoie les diables en Enfer. A moins qu’il n’intervienne via sa diplomatie secrète ?
Le pape jésuite ressemble à Ponce-Pilate.
Il lui faut sans doute ménager aussi les Eminences religieuses orthodoxes qui se déchirent entre Kiev et Moscou.
Chaque jour, chaque nuit, depuis le 22 février, c’est le spectacle continu, atroce, d’immeubles effondrés, hachés, perforés, incendiés, noircis, ruinés sous les coups des missiles ou des bombes aériennes russes, affreux spectacles de terribles destructions qui réduisent les villes et villages à un tas de matériaux éparpillés, déchiquetés, à des déchets et des cendres. Les façades sont éventrées, les toitures sont aplaties. En-dessous, les morts et les blessés.
Parfois dans les communes que les Russes ont quittées, des cadavres d’Ukrainiens en tenue de civils sont allongés sur le bas-côté des routes. Assassinés. Tirés comme des lapins. Certains ont les mains liées derrière le dos.
Mais dans les caves, il y a encore des Ukrainiens vivants, certains en treillis militaires, qui survivent pour défendre leur pays très aimé. Beaucoup ont mis à l’abri leur femme et leurs enfants dans les pays voisins. Surtout en Pologne. Courageuse Pologne toujours au premier rang, et victime sacrée en Europe. Pologne bouc émissaire dont on déchire les morceaux. Pologne civilisée voisine d’une nation devenue folle dont le chef Poutine a prévenu d’utiliser le feu nucléaire si on lui résiste.
Dans les ruines, on voit des centaines de cadavres ; les corps ne sont pas tous enterrés. Vu les tirs en surface, il est parfois impossible d’être fossoyeurs. Parfois les « services sanitaires ukrainiens » travaillent à creuser des fosses la nuit pour y placer les pauvres morts. Mais plus les combats sont intenses, plus il y a de morts qui jonchent les trottoirs et les rues, ou écrasés dans les ruines.
On dit maintenant que les Russes mal organisés, trop jeunes combattants, qui, dans certaines villes, reculent sous les contre-attaques ukrainiennes, abandonnent leurs morts sur place, laissant aux Ukrainiens la charge de ramasser, d’enterrer ou de brûler les cadavres russes
Quand je contemple durant des heures depuis tant de jours le spectacle abominable de cette guerre, je vois maintenant que le Mal n’arrête pas quand il se lance dans l’anéantissement de l’être humain. Rien ne résiste à ses avancées. Le diable tueur déteste l’être humain, il le méprise, le viole, le fait hurler de douleur.
Les généraux russes qui, sous les ordres du Démon, pilotent cette invasion poutinesque, ordonnent des milliers de tirs sur une population pacifique, sans défense importante, sauf le nombre de sa population (40 millions d’habitants), n’ont-ils aucun recul, aucun remords, d’avoir commis ces innombrables atrocités ?
Il faut interdire aux subordonnés d’exécuter les ordres supérieurs, et ne pas hésiter à risquer sa propre vie en désobéissant. Qui osera ?
Ce superbe pays avec ses belles villes anciennes, berceau de la Russie, ses grands espaces fertiles, grenier de l’Europe, est détruit jusqu’à la racine. Pertes immenses irréparables. Massacres entre frères et cousins, tant il y a de familles mixtes russo-ukrainiennes.
Viols des maisons, des appartements, mais viols aussi des esprits et des corps. Folie qui guette les habitants sans cesse stressés par le bruit des sirènes et des explosions qui percent de frissons les corps à toute heure du jour et de la nuit. Fracas assourdissant des missiles qui éclatent et ravagent d’un coup une rangée d’immeubles devenus des clapiers charbonneux, ouverts incendiés à tous les vents.
Cette guerre montre la bêtise du Démon que rien n’arrête, mais le Mal s’épuisera soudain sous la masse de ses crimes, avec la mort des responsables. Le Mal est toujours perdant à la fin, même si cela peut prendre du temps. Poutine finira mal. Le Bien triomphera.
Des familles entières sont bloquées durant des jours et des jours dans des caves sous leurs immeubles démolis, n’osant pas sortir, privées d’eau et de nourriture, mangeant leurs animaux de compagnie pour survivre, attendant de pouvoir intégrer des colonnes de cars organisées sur place par la Croix-Rouge, sans certitude que les routes seront à l’abri du feu ennemi, sans connaître d’avance la date de la mise en mouvement de ces colonnes.
°°°
La ville martyre : MARIOUPOL (source Wikipedia)
Assiégée depuis la fin du mois de février, la ville portuaire de Marioupol à l'est de l'Ukraine sur la mer d'Azov est détruite à plus de 90%. Peuplée de 450.000 habitants avant la guerre, environ 160.000 personnes seraient toujours coincées sur place. La ville tient bon, mais l'armée russe ne relâche pas la pression.
Malgré les
bombardements incessants et les milliers de civils tués depuis le 24 février, Marioupol tient bon. Assiégée depuis le début de l’offensive russe, ce port situé au sud-est du pays sur la mer
d'Azov est au centre du conflit. Les habitants qui n’ont pas pu fuir la ville doivent vivre dans des conditions compliquées, sans eau potable ni électricité.
Malgré la résistance rencontrée, l’offensive se poursuit à Marioupol. Le 21 mars, Kiev a rejeté un ultimatum lancé par Moscou. Pourtant, une maternité a été frappée, des zones d’habitations ont été rasées et un théâtre, où des civils s’abritaient, a été bombardé, faisant environ 300 morts.
Une ville stratégique
Marioupol est une ville stratégique pour les Russes. « C’est même le seul port que les Russes ne maîtrisaient pas dans leur volonté de faire la jonction entre les
territoires de Crimée et le Donbass », détaille Emmanuel Dupuy, président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe. Depuis le début de l’offensive, les ports de Berdiansk
et Kherson sont tombés aux mains des Russes. Il ne leur manque que celui de Marioupol pour assurer la jonction entre les deux régions.
Si Marioupol tombe, la mer d’Azov sera contrôlée à 80% par les Russes. En effet, elle se trouve entre les régions du Donbass, la Crimée et la Russie. Économiquement parlant, Marioupol joue un rôle clé dans l’exportation du blé en provenance des terres noires ukrainiennes.
Une symbolique importante
« Pour Vladimir Poutine, dans sa façon de présenter son opération spéciale de paix, une prise de Marioupol serait une victoire », estime Emmanuel Dupuy. « C’est la seule ville du Donbass qui n’avait pas été conquise en 2014 », rappelle l’Institut Prospective et Sécurité en Europe. La chute de Marioupol serait une revanche du président Vladimir Poutine,
vu que cette ville avait résisté sans tomber en 2014 lors de la guerre entre Ukrainiens et séparatistes russophones.
La terreur russe
°°°°°°°°°°°°
Que faire devant ce désastre de civilisation, devant cette flambée d’un brasier immense au centre de l’Europe, avec les risques d’extension de la guerre, avec le chantage à la guerre mondiale et nucléaire ?
Il y a des êtres méchants qui dirigent le monde sans aucun souci de la vie des populations : arrestations nombreuses jour et nuit, manifestations interdites, censures et interdiction des media, dénonciations, juges à la solde du pouvoir, bombardements de villes, tortures, séjour dans les camps, mises à mort, mensonges permanents attisés par une propagande en perpétuel éveil.
L’homme terreur pour l’homme jusqu’à la destruction prochaine et totale de la planète.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
jeu.
03
mars
2022
Introduction au sujet de l’Ukraine pour bien comprendre la tragédie actuelle suite à l’attaque russe du 24 février 2022 :
C'est seulement vers 1989 que la libéralisation du régime soviétique et la libération des détenus politiques permettent aux Ukrainiens de s'organiser pour défendre leurs droits à la souveraineté. En 1989, le Mouvement national ukrainien, Roukh, est créé. Lors des élections de mars 1990, les partis ukrainiens du bloc démocratique obtiennent alors environ 25 % des sièges au Parlement. Sous l'influence des députés démocrates, le Parlement adopte, le 16 juillet 1990, la Déclaration sur la souveraineté politique de la République d'Ukraine. C'est le premier pas vers l'indépendance complète de l'Ukraine. Celle-ci est proclamée le 24 août 1991 et confirmée par le référendum du 1er décembre 1991 : 92 % des électeurs votent en faveur de l'indépendance.
Le 8 décembre 1991, la dislocation de l'URSS est actée par l'accord de Minsk, signé par les dirigeants russe, ukrainien et biélorusse.
L'Ukraine devient l'un des membres fondateurs de la Communauté des États indépendants.
Par le Mémorandum de Budapest sur les garanties de sécurité, signé le 5 décembre 1994, l'Ukraine abandonne son arsenal nucléaire en échange de la garantie par les États-Unis, le Royaume-Uni et la Russie de son intégrité territoriale.
Une situation entre Russie et Europe de plus en plus difficile depuis 2004 :
Révolution orange en décembre 2004.
La situation de l'Ukraine, coincée entre la Russie et l'Union européenne, devient difficile dès 2004 avec la Révolution orange, marquant l'opposition entre deux parties de la société, celle majoritairement pro-européenne et occidentale (surtout à l'ouest du pays) et celle russophile (surtout à l'est du pays). La difficile élection du candidat pro-européen Victor Iouchtchenko marque le début de relations tendues avec la Russie qui n'admet pas la prise de distance de l'ancienne république soviétique, jusqu'alors restée alliée de Moscou. Des tensions au niveau du gaz éclatent dès 2006.
En 2010 le pro-russe Victor Ianoukovytch est élu président, mais le courant pro-européen et occidental persiste. À la suite du refus du gouvernement de signer des accords de rapprochement avec l'Union européenne, le renforcement du mouvement Euromaïdan provoque un renversement du pouvoir. Très rapidement, une crise éclate entre les territoires majoritairement russophones du sud-est du pays et le nouveau pouvoir central de Kiev.
Le 11 mars 2014, la Crimée proclame son indépendance, puis à la suite d'un référendum est rattachée à la fédération de Russie le 18 mars. Ce référendum et le rattachement qui a suivi ont été condamnés par l'Ukraine et une large part de la communauté internationale. Ainsi, le 27 mars 2014, l'Assemblée générale de l'ONU a voté la résolution 68/262 sur « l'intégrité territoriale de l'Ukraine », la majorité des pays condamnant le rattachement de la Crimée à la Russie : 100 pays dont les États-Unis et l'UE.
Une guerre civile, dite guerre du Donbass, éclate ensuite dans l'est de l'Ukraine majoritairement russophone, qui entraîne plus de dix mille morts.
L'Ukraine est la cible de cyberattaques dont le but est de réduire la légitimité du pouvoir ukrainien et tester de nouvelles cyberarmes, perturbant également l'économie. Les cyberattaques ont pu notamment arrêter des centrales nucléaires et empêcher les distributeurs de billets de fonctionner. Parmi les attaques, NotPetya (un logiciel malveillant) aurait affecté 70 à 80 % des ordinateurs des grandes entreprises. Bien que NotPetya ait été utilisé par la suite pour créer des attaques mondiales, d'après Microsoft, la première infection a eu lieu en Ukraine. Lors de l'annonce des résultats de l'élection présidentielle en 2014, la principale chaine de télévision, victime d'un piratage, a annoncé des résultats erronés.
En 2016, l'OSCE, une organisation chargée notamment d’observer le cessez-le-feu en Ukraine a été la cible d’une attaque de grande ampleur attribuée à Moscou. L’OSCE est le seul acteur indépendant capable de documenter des exactions ou de vérifier si les promesses faites par Kiev, les prorusses ou le Kremlin sont mises en application. Alors que le conflit dans la région du Donbass semble se transformer en conflit de « basse intensité », depuis le début des combats près d'un million et demi de personnes ont été déplacées, 850 000 à l'intérieur de l'Ukraine, 600 000 en dehors dont 350 000 vers la Russie et 250 000 vers les pays de l'Union européenne.
Le 23 janvier 2022, Joe Biden, président des États-Unis, ordonne aux familles de diplomates américains de quitter le territoire ukrainien en raison des fortes tensions avec la Russie, évoquant « la menace persistante d'une opération militaire russe ».
Le 21 février, le président russe Vladimir Poutine reconnait l'indépendance des républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Lougansk et ordonne à ses troupes de se rendre dans ces parties de l'est de l'Ukraine dans le cadre de ce que le Kremlin qualifie de « mission de maintien de la paix ».
Le 24 février, la Russie procède à des bombardements par missiles de croisière et balistiques sur plusieurs villes ukrainiennes, dont Kiev. Les troupes russes au sol pénètrent sur le territoire ukrainien, ce qui constitue le point de départ de l'invasion de l'Ukraine par la Russie.(Wikipedia)
°°°
Le président de l’Ukraine Volodymyr Zelensky
Volodymyr Oleksandrovytch Zelensky, né le 25 janvier 1978, est un humoriste, producteur, acteur, scénariste, réalisateur et homme d'État ukrainien. Il est président de l'Ukraine depuis le 20 mai 2019.
Puissance de l’armée ukrainienne : L'armée ukrainienne se trouve sous les ordres du ministre de la Défense, celui-ci gère le financement de l'armée (estimé à 1,12 milliard d'euros en 2007), et la défense du territoire. Le commandant en chef est le président : il supervise les déploiements de l'armée, ainsi que les opérations de défense.
À 18 ans, chaque jeune homme est appelé à faire son service militaire, d'une durée de 12 mois pour l'armée de terre et l'armée de l'air, et 18 mois pour la marine. En 2009, les conscrits forment 47 % de l'armée ukrainienne. Cependant, les étudiants qui ont fait une préparation militaire dans leur université sont dispensés de service.
Effectifs : En 2015, l'armée ukrainienne professionnelle compte 280 000 soldats, dont 43 000 travailleurs civils (mécaniciens, techniciens, ingénieurs, et médecins). De même, il y a aussi 700 000 réservistes. La structure de l'armée est la suivante :
145 000 militaires en 2016 (dont 2 brigades blindées, 8 brigades mécanisées, 2 brigades aériennes, 1 brigade aéroportée, 3 brigades d'artilleries, et 1 brigade anti-char.
Armée de l'air ukrainienne : 20 000 militaires en 2016 (dont 247 aéronefs).
Marine ukrainienne : 15 470 militaires en 2016 (dont 2 corvettes, 1 frégate, 1 embarcation de débarquement, 2 navires de soutien).
Paramilitaires :
o Troupes internes du ministère de l'Intérieur (en) : 33 330 militaires (dont 600 travailleurs civils) selon une loi de 2002.
o Service national des gardes-frontières d'Ukraine : 48 000 militaires (dont 6 000 travailleurs civils) selon une loi de 2003.
o Forces de la défense civile (Ministère des Situations d'urgence) : 10 218 militaires (dont 668 travailleurs civils) selon une loi de 1998.
o Garde nationale de l'Ukraine (sous le commandement du ministère de l'Intérieur) : création décidée lors de la crise de Crimée le 14 mars 2014, effectif annoncé de 60 000 hommes8. À l'origine, celle-ci avait été créée le 4 novembre 1991 après l'indépendance du pays sous la supervision directe de la Rada mais avait été démantelée le 11 janvier 2000 dans le cadre d'économies par l'ancien président Leonid Koutchma.
En 2013, les effectifs sont d'environ 180 000 personnes et il est alors prévu qu'ils baissent à 122 000 en 2017. À partir de 2014, les forces armées seront recrutées sur une base contractuelle9. En mars 2014, lors de crise de Crimée, le ministère de la Défense estime que seuls 6 000 hommes des 41 000 soldats d'infanterie étaient « en état de combattre ».
En 1997, l'Ukraine et la Pologne ont signé un accord qui prévoit la formation d'un bataillon commun de maintien de la paix. Depuis 1999, ce bataillon se trouve au Kosovo. (Extraits Wikipedia)
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Après la calamité non encore terminée de la Covid durant les deux dernières années, qui aura fait mourir plus de 30.000 Belges en deux ans et trois mois, nous voilà repartis avec une nouvelle horreur, une guerre à l’est de l’Europe lancée le 24 février à 4 heures du matin, par le président Poutine de Russie et dirigée contre l’Ukraine démocratique, pays immense aux frontières de la Russie et de la Pologne. L’Ukraine ne sera pas protégée, ni par l’Amérique, ni par l’Otan (elle n’est pas membre), ni par aucuns voisins. Le président des USA, Biden, a proclamé très vite que les Etats-Unis n’interviendraient pas sur le terrain. Poutine est maître de tout l’espace air-terre-mer, et du numérique.
L’Ukraine sans alliés, peu armée, avec une aviation réduite, attaquée par une Russie avec ses tanks les plus modernes, une artillerie de masse, maîtresse du ciel, et 180.000 hommes équipés de pieds en cap, est incapable de résister longtemps. Si Poutine le décide, la capitale Kiev sera neutralisée en quelques jours. La stratégie russe est d’encercler l’Ukraine et d’attaquer tout azimut.
On ne trouvera personne parmi les Occidentaux à accepter de mourir pour Kiev. Que de massacres en perspective et quelle fuite éperdue de réfugiés ukrainiens vers la Pologne, la Roumanie, et ensuite les côtes occidentales et l’Amérique, si on le leur permet.
Poutine, le nouveau César, persuadé que les Occidentaux ont berné les Russes au moment de la dislocation du bloc soviétique, en permettant l’indépendance de plusieurs républiques soviétiques de plus en plus tentées de se tourner vers l’Occident, et en intégrant dans l’Union européenne et l’Otan les pays baltes et la Pologne, veut reprendre, petits morceaux par petits morceaux, et faire tomber dans l’escarcelle russe telles la Crimée, la Georgie, et maintenant l’Ukraine pour essayer de recomposer au moins une partie de l’ancien empire russo-soviétique.
Les Occidentaux sont terrorisés. Ils n’iront pas combattre Poutine, mais ils dressent une liste très importante de sanctions notamment économiques pour faire reculer la Russie. La Russie sera déconnectée du système de paiement international Swift, ce qui devrait gêner son commerce international et ses transactions financières . Les capitaux des milliardaires russes, de Poutine et de ses proches seront gelés. Cela suffira-t-il pour arrêter l’attaque de Poutine sur l’Ukraine ?
La réponse de Poutine ne s’est pas fait attendre : il place en alerte sa force de dissuasion nucléaire, sous le prétexte que la Russie risque d’être attaquée par l’OTAN.
Les trente pays membres de l’Otan (organisation du traité de l’Atlantique nord) sont énumérés ci-dessous, avec dates d’entrée dans l’Otan. Sans la présence des Etats-Unis fondateurs en 1949, l’Otan serait incapable de défendre les pays européens.
°°°°
Mais après quatre jours de combats, les troupes russes, si elles ont encerclé plusieurs grandes villes d’Ukraine, n’ont pas réussi encore à faire tomber les dirigeants de l’Ukraine. Les Ukrainiens avec des moyens limités résistent avec leur président Zelensky comédien élu à la tête de l’Etat, transformé en chef de guerre admiré par son peuple et par les pays occidentaux qui se sont décidés à fournir à l’Ukraine des moyens matériels, armements et munitions. L’Allemagne a décidé de se réarmer en vitesse et va y consacrer plusieurs milliards de dollars.
Grande nervosité du camp occidental vu que Poutine a prévenu que tous pays qui interféreraient entre la Russie et l’Ukraine, devront supporter un châtiment comme ils n’en auront jamais connu dans leur histoire. Il fait allusion au feu nucléaire.
Plusieurs pays ont déjà enfreint les interdictions furieuses.
°°°°
La lourdeur de la masse militaire russe est confrontée à un adversaire ukrainien léger et très mobile, discipliné, combattant le plus souvent de nuit, malgré les bombardements qui frappent les villes. Combien de temps encore avant que la capitale Kiev de près de trois millions d’habitants se rende avec les dirigeants détestés par Poutine ?
Au 1er mars, alors qu’on était quasi certain que Kiev serait attaquée et ne pourrait pas résister, on constate qu’une énorme colonne de 65 kilomètres de chars, engins, transporteurs de troupes, se dirigeant vers Kiev la capitale pour la réduire, se trouve à l’arrêt, faute de carburant et de nourriture suffisante. C’est annoncé ce soir du mardi 1 mars 2022 par le Pentagone américain. Info ou intox ?
Les médias se font l’écho de rumeurs décrivant un Poutine isolé au Kremlin, terrorisé par la Covid, paranoïaque, vivant dans un monde détaché des réalités, et donc devenu très dangereux. Le monde est-il au bord de l’apocalypse nucléaire ?
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
mer.
02
févr.
2022
On nous annonce que la pandémie va bientôt disparaître, que le variant Omicron dix fois plus contagieux que le précédent variant Delta, mais beaucoup moins dangereux, jouera le rôle principal du dernier acte de cette calamité. Le rideau sera bientôt baissé. On revient aux grippettes. Mais ces grippettes sont innombrables. Fin du feu d’artifice ? On ose à peine le croire. Ce film d’horreur qui depuis plus de deux ans se joue sur la planète, va-t-il vraiment s’arrêter ?
Mais on ne signale pas qu’ à cette date du 25 janvier, on n’a jamais vu autant de contaminations, d’hospitalisations et de morts chaque jour. La consolation des médecins est que les soins intensifs ne sont pas débordés, qu’il n’y a pas encore une pénurie de lits, donc calmez-vous, bonnes gens, ce n’est pas si terrible. Soyez optimistes, faites-nous confiance, disent les médecins, spécialistes infectiologues, virologues, épidémiologistes et autres dompteurs sur graphiques des petites bêtes diaboliques qui nous tuent.
Cette pandémie ne m’a pas incité à la lecture de romans. Je lis davantage les journaux. Et je regarde des films sur des chaînes, je zappe beaucoup.
Récemment, je me suis plongé dans le Journal de Kafka et dans anéantir de Houellebecq. La profondeur des écrits de Kafka n’a d’égale que la vacuité des écrits de Houellebecq. Ce dernier raconte de la façon la plus plate une histoire de cadres de sociétés financières, il dresse le portrait d’un ministre macronien qui dans la vraie vie se rengorge, dit-on, d’être un des modèles du livre. Pauvre gloire.
Les vieillards malades ont le cerveau occupé par la certitude de leur mort prochaine. Elle est au centre de leurs idées noires. Plus rien n’importe que les rares consolations matérielles qu’on veut bien leur accorder.
On découvre maintenant de nombreuses maltraitances dans certaines maisons de repos. Vieillards martyrs et sous alimentés malgré le coût de ces séjours de fin de vie.
Un ami très cher, polonais, parlant avec perfection la langue française m’envoie de Varsovie son premier roman dans une édition soignée avec en exergue une pensée de Montherlant qu’il révère. Hélas pour moi qui voudrais tellement lire son roman encensé en Pologne, je ne comprends pas un mot, pas une ligne, car la langue polonaise est à des années lumières du français pour le francophone limité que je suis.
°°°°°°°°°°°°°°
Extraits choisis du Journal de
Franz Kafka (1883-1924)
Portrait de Madame Tschissik, actrice, par Kafka :
Madame Tchissik (j’ai tant de plaisir à écrire son nom) incline volontiers la tête à table même en mangeant de l’oie rôtie, on croit parvenir du regard sous ses paupières quand on commence par regarder avec précaution en longeant les joues et puis on glisse à l’intérieur en se rapetissant, mais sans être d’abord obligé pour autant de hausser les paupières car elles sont haussées et laissent justement passer une lueur bleuâtre qui invite à tenter l’expérience. De la profusion de son jeu plein de vérité émergent ici et là le geste de brandir le poing, celui de tourner le bras pour envelopper le corps dans les plis d’invisible traînes, de poser les doigts écartés contre la poitrine parce que le cri sans art ne suffit pas. Son jeu manque de variété : les regards effrayés sur son partenaire, la recherche d’une issue sur la petite scène, la douceur de la voix avec de brèves montées droites qui se font héroïques sans forcer simplement par l’ampleur de l’écho intérieur, la joie qui pénètre en elle par un visage qui s’ouvre et se répand sur le haut du front jusqu’aux cheveux, son autosuffisance dans les solos sans s’adjoindre de nouveaux moyens, le geste de se redresser pour résister en forçant le spectateur à s’inquiéter pour la totalité de son corps ; et pas beaucoup plus. Mais tout y est dans sa vérité et par conséquent la certitude que ne peut lui être retiré le plus petit de ses effets.
(Kafka, Journal 1909-1923, premier cahier, p. 95, inédit essais folio Galli
mard).
°°°
Un texte sur sa mère, par Kafka :
24 octobre 1911 : Notre mère travaille toute la journée, elle est joyeuse ou triste, c’est selon, sans revendiquer la moindre attention pour son existence personnelle, sa voix est claire, trop forte pour la conversation ordinaire, mais bienfaisante quand on est triste et qu’on l’entend subitement au bout d’un certain temps. Voilà déjà longtemps que je me plains d’être certes toujours malade mais sans jamais avoir une maladie particulière qui me contraindrait à m’aliter. Si j’ai ce désir c’est surtout parce que je sais comment notre mère sait consoler, p. ex. quand elle quitte la lumière du salon pour entrer dans la pénombre de la chambre du malade ou bien le soir, quand elle revient du magasin à l’heure où le jour commence à passer uniformément à la nuit et qu’avec ses soins et ses rapides instructions elle fait renaître le jour déjà si avancé et encourage le malade à l’aider dans cette tâche. Cette chose j’aimerais qu’elle m’arrive de nouveau car alors je serais faible et donc convaincu par tout ce que ma mère ferait et la sensibilité plus aigüe de l’âge ne m’empêcherait pas de connaître des joies d’enfant. Hier l’idée m’est brusquement venue que si je n’ai pas toujours aimé notre mère comme elle le méritait et comme je le pourrais, c’est uniquement parce que la langue allemande m’en a empêché. La mère juive n’est pas une « Mutter » ; le terme de Mutter la rend un peu comique (non pour elle-même puisque nous sommes en Allemagne) nous donnons à une femme juive le nom de Mutter allemande, oubliant la contradiction qui pèse d’ autant plus lourd dans le sentiment, « Mutter » est particulièrement allemand pour le Juif, inconsciemment, outre la splendeur chrétienne, il contient la froideur chrétienne, si bien qu’une femme juive appelée Mutter ne devient pas seulement comique mais aussi étrangère. Mama serait un nom préférable si seulement on n’imaginait pas « Mutter » derrière. Je crois qu’il n’y a plus que les souvenirs du ghetto pour conserver la famille juive, car même le mot Vater est très loin de désigner le père juif. (Journal de Kafka, p.98 et.99, Folio Gallimard 2021)
°°°
Aujourd’hui je me suis retrouvé devant le conseiller Lederer, qui est venu à l’improviste, sans y être invité, avec puérilité, mensonges et ridicule jusqu’à me faire perdre patience, s’enquérir de ma maladie. Il y avait longtemps, à moins que ce ne soit finalement la toute première fois, que nous n’avions pas eu de conversation aussi intime, et j’ai senti que mon visage, qu’il n’avait jamais observé avec autant de précision, s’ouvrait pour lui dans des parties fausses, mal considérées mais qui en tout cas le surprenaient. Pour moi-même, j’étais méconnaissable. Lui, je le connais dans tous les détails. (Journal de Kafka, Folio Gallimard,p.99)
Kafka et son père :
Il est désagréable d’écouter mon père quand il ne cesse d’assaisonner de remarques désobligeantes sur la bonne situation de ses contemporains et surtout de ses enfants le récit des maux qu’il a dû endurer dans sa jeunesse. Personne ne nie que pendant des années, suite à l’insuffisance de ses vêtements d’hiver, il ait eu des plaies aux jambes, qu’il ait souvent souffert de la faim, que dès l’âge de dix ans il ait été obligé de courir les villages en poussant une petite voiture y compris l’hiver et très tôt le matin, mais ce qu’il ne veut pas comprendre c’est que ces faits exacts au regard du fait non moins exact que je n’ai souffert d’aucun de ces maux ne l’autorisent aucunement à en déduire que j’ai été plus heureux que lui, qu’il a le droit de se prévaloir de ces plaies aux jambes, qu’il suppose et soutient depuis le tout début que je suis incapable d’apprécier comme il le faudrait les maux dont il a souffert à cette époque et que tout compte fait, justement parce que je n’ai pas souffert de maux équivalents, je lui dois une reconnaissance illimitée. Comme je l’écouterais volontiers s’il parlait sans interruption de sa jeunesse et de ses parents, écouter tout ça sur le ton de la vantardise ou de la dispute, c’est de la torture. Il ne cesse de battre des mains : « Qui sait ça de nos jours ! El les enfants ils savent quoi ! De ça personne n’a souffert ! Quel enfant comprend ça de nos jours ! » La même chose aujourd’hui avec la tante Julie qui est venue nous voir. Elle a d’ailleurs le visage énorme de tous les parents du côté de mon père. Il y a juste une petite nuance fâcheuse qui fausse la position ou la coloration des yeux. Elle a été placée comme cuisinière à l’âge de 10 ans. Là elle a dû aller faire des courses dans une petite jupe mouillée, la peau de ses jambes se crevassait, la petite jupe gelait et ne séchait pas avant le soir au lit. ( Journal de Kafka, p. 264, Folio Gallimard )
Texte du Journal de Kafka du 27.XII 11
Un homme malheureux, qui n’aura pas d’enfants, est affreusement enfermé dans son malheur. Aucun espoir de renouvellement, d’aide
de constellations plus heureuses. Il lui faut suivre sa route lesté de son malheur s’estimer heureux quand son cycle est achevé et ne plus chercher à se lier pour voir si le malheur qu’il a subi en empruntant une voie plus longue, dans d’autres circonstances physiques ou temporelles, pourrait se perdre ou même produire du bien. (Journal, Folio, p.264)
Hier à l’usine, extrait du Journal de Kafka :
Hier à l’usine. Les filles dans leurs vêtements en eux-mêmes d’une saleté insupportable et chiffonnés, les cheveux hirsutes comme au réveil, la physionomie figée par le bruit continu des transmissions et celui de chaque machine qui fonctionne certes automatiquement mais s’arrête inopinément, ces filles ne sont pas des êtres humains, on ne les salue pas, on ne s’excuse pas quand on les heurte, si on leur demande un petit de travail, elles l’exécutent, mais retournent immédiatement après à leur machine, on leur indique d’un signe de tête où elles doivent intervenir, elles sont là en jupon, livrées au moindre pouvoir et n’ont même pas assez d’intelligence tranquille pour gratifier ce petit pouvoir de regards et de courbettes susceptibles de se le concilier. Mais qu’il soit six heures et qu’elles s’appellent pour se le dire, elles détachent les mouchoirs qu’elles ont au cou et sur les cheveux, se dépoussièrent avec une brosse qui fait le tour de la salle, réclamée par les impatientes, passent leurs robes par-dessus la tête et arrivent tant bien que mal à avoir les mains propres, finalement ce sont bien des femmes, que leur pâleur et de mauvaises dents n’empêchent pas de sourire, qui secouent leur corps engourdi, on ne peut plus les pousser, les dévisager ou les ignorer, on se serre contre les caisses poisseuses pour leur libérer le passage, on garde son chapeau à la main quand elles disent bonsoir et on ne sait pas très bien comment le prendre quand l’une d’elles nous tend notre manteau pour que nous le mettions.(Journal de Kafka, Folio, p. 302)
dim.
02
janv.
2022
Ces innombrables virus mutants du Coronavirus (variant anglais Alpha, variant sud-africain Beta, variant brésilien Gamma, variant indien Delta, variant Omicron d’Afrique du Sud et ceux qui les remplaceront sans doute), montrent une intelligence redoutable. Ils s’attaquent depuis deux années, jour et nuit, aux créatures humaines. traversent les résistances, balaient les vaccins multiples et insuffisants créés par l’homme pour se protéger. Ils me font penser aux nuées innombrables de sauterelles voraces, ou à celles d’autres insectes calamiteux, qui s’étendant en nuages gigantesques, s’abattent sur la terre pour tout dévorer sans que l’homme ne puisse les arrêter. Quelle est l’intelligence qui les meut ?
Les virus existaient avant l’humanité et lui survivront comme des poisons éternels.
Créatures de Dieu, sont-ils une punition que Dieu invisible envoie à ses créatures humaines pour les réveiller, pour qu’elles modifient le chemin de perdition, de destruction, où elles se sont engagées. On oublie Dieu qui attend qu’on se tourne vers Lui. Dieu permet cette calamité qui atteint la planète entière.
Sodome et Gomorrhe furent punis à force de persister dans le mal. C’est à notre tour, et cela ne fait que commencer.
Ceux qui pensent qu’il faut faire la fête dès le moindre assouplissement des mesures de protection, n’essaient pas de comprendre pourquoi nous vivons dans cet essaim de virus depuis deux ans.
Il est terrible de voir certains médecins persuadés que les enfants, brebis innocentes, doivent subir des vaccins mal préparés, peu efficaces, affaiblis avec le temps qui passe. Ces enfants, la plupart en bonne santé, sont poussés vers la piqûre par leurs parents, indécis, déchirés sur la décision à prendre : vacciner leurs chéris ou les laisser exposés au virus qui manquant de chair fraîche, se résignera à plonger maintenant sur les enfants.
Les informations sur les vaccins sont contradictoires, peu claires quand il faut les administrer aux enfants.
Le covid long anéantit sa victime, tourmentée jour et nuit par des malaises innombrables se nichant partout dans l’organisme : respiration, dépression, sommeil, peau, épuisement, digestion, etc. etc.
Après deux années sous le masque, malgré le lavage des mains, les gestes barrières, on revient à la case départ vu que les vaccins n’ont pas mis fin à la pandémie, contrairement à ce que certains politiques faisaient espérer en proclamant leurs certitudes dans tous les micros. On administre la troisième piqûre celle du rappel, dont on ignore encore la durée de protection. On se prépare sans doute à la quatrième injection, puis la 5ème, la 6ème, la 7ème ?
Comment l’être humain pourra- t-il résister à ces cadences toujours plus rapprochées des seringues déchaînées par les laboratoires ivres de profits ? Des vaccins, dont la validité a une durée de 3 ou 4 mois, peuvent-ils encore être appelés des vaccins ? Qui suis-je pour émettre un avis autorisé, moi qui suis vacciné, comme d’innombrables multitudes de résignés.
°°°
Depuis deux ans, les humains portent le masque du carnaval des débuts de fin du monde.
Dans quelle mesure, cette épidémie a-t-elle des effets sur la sexualité humaine ? On ne parle guère de cette question.
Sommes-nous loin du point de rupture où les populations crieront : « Y en a
marre » et commenceront de tout casser ?
°°°
Comment l'Église s'est-elle organisée pour protéger ses fidèles lors des grandes épidémies ?
« Les premières connaissances sur les mécanismes de contagion datent du XIXe siècle. Avant cela, l'idée que rassembler des fidèles dans un lieu clos revenait à ouvrir la porte à la maladie n'existait pas. Au moment de la "grande peste" ou "peste noire" (1348-1352), il y a même une recrudescence du culte. On organisait de nombreuses manifestations religieuses, des processions destinées à conjurer le fléau. Des premières mesures commencent à apparaître à la Renaissance, comme lorsque l'archevêque Ambroise de Moscou, décide en 1771, en pleine épidémie de peste frappant la Russie de supprimer une grande prière collective qui devait être faite devant une célèbre icône. Il y a eu une émeute. L'archevêque a même été tué.
Plus près de nous, lors de l'épidémie de grippe espagnole en 1918-1919, alors que les mécanismes de contagion sont déjà bien connus, la France restreint fortement les services religieux. Mais dans le très pieux canton suisse du Valais, les curés refusent de répondre à la demande des autorités civiles de plutôt célébrer des messes en plein air, et ils rassemblent les fidèles dans leurs églises.
Quels sont, historiquement, les rituels de conjuration en temps d'épidémie ?
Il existe de nombreuses mentions de prières, formules et messes dédiées à repousser le fléau. Il existe aussi des saints spécialisés de la chose. Saint Sébastien, saint antique du IIIe siècle, devient au Moyen-Age, un des premiers saint antipesteux. Plus récemment, un autre saint plutôt secondaire à l'origine, saint Roch, est devenu à partir du XIVe siècle un grand saint invoqué contre la peste, dont les reliques et les images sont censées conjurer le fléau.
A Rome, il existe une icône, conservée dans la basilique Sainte-Marie-Majeure, représentant la Vierge et qui a fait l'objet d'une légende élaborée au Moyen-âge. On lui prêtait alors d'avoir sauvé la ville lors d'une peste aux alentours de 600, lors de la pandémie de la peste dite "de Justinien" (541-767), qui frappa le bassin méditerranéen sur deux siècles. Elle est ainsi régulièrement portée en procession dans les rues de Rome, et la ville lui attribue sa sauvegarde en cas d'épidémie.
L'intensification du phénomène religieux accompagne toujours les grandes crises. Pour la grande peste de 1720 à Marseille, les historiens ont constaté qu'il y avait une flambée de dévotion la même année, retombée aussi vite qu'elle était apparue, comme c'est souvent le cas.
L'idée que ces fléaux étaient des châtiment divins a-t-elle complètement disparu de la doctrine chrétienne ?
Pendant la grande peste, un mouvement a frappé les imaginaires, celui des "Flagellants", ces processions de fidèles qui se fouettaient pour expier leurs péchés, avec l'idée que l'épidémie est une punition de Dieu. La papauté, qui y voyait un élément de désordre, s'est empressée de condamner. Et d'ailleurs aujourd'hui, il n'y a à peu près aucune chance pour qu'on entende cette semaine le pape François dire que le coronavirus a été envoyé sur la Terre pour punir le péché des Hommes. Ce genre de discours- là ne fait plus partie de l'arsenal des plus hautes autorités de l'Eglise.
En revanche rien n'empêche des prêtres ou des pasteurs, souvent de tendances plus conservatrices, de tenir localement ce genre de discours. On peut les entendre, par exemple aux Etats-Unis, du côté des évangéliques, qui peuvent lier l'épidémie actuelle à des phénomènes de société qu'ils récusent, par exemple le mariage pour tous. »
Scène de la peste de 1720 à la Tourette (Marseille) par Michel Serre © Wikimedia Commons
°°°°°°°°°°°°°°°
Fin des temps
_________________
Tout se défait, tout s’efface
La fin de vie s’approche
Rendre des comptes
C’est le dernier travail
Je n’ai plus de forces
On oublie le rossignol
Le cheval rouge dans la prairie
Les galops dans les chaumes de Villers.
En été le refuge sous les arbres
Fraîcheur, silence, mouches qui s’envolent
Papillons blancs dansant sur les pelouses
Tout cela fut un rêve
Je n’ai rien compris
Ni le temps suspendu ni le baiser furtif
Ni l’amour qui se jette à mon cou.
Les soirs d’été sur la terrasse
A bavarder longtemps
Une servante passe
On dit merci Hortense, c’est la grenadine fraîche
Il fait si calme. Ma jeunesse est éternelle
J’ai encore tant de travail. A cinquante ans je serai mort
Quelle erreur je suis nul en mathématique.
Je suis pris à la gorge par la vie qui s’écoule
Il n’y a pas de passage secret ni de sauveur
Contre toute attente, il faudra lutter
Dans quel état, mon Dieu,
Pitié pour moi désespéré
Rendez mon âme joyeuse sous la cendre.
Henri de Meeûs
Décembre 2021
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
ven.
03
déc.
2021
Nous voilà repartis pour affronter le quatrième ou la cinquième vague de ce maudit virus qui colle sur l’Europe toute entière, à l’exception peut-être provisoire de pays plus avantagés par la météo comme le Portugal et l’Espagne. Mais ces virus innombrables comme les sauterelles d’Egypte, ont décidé de ne pas nous laisser tranquilles. Le cirque sanitaire recommence. Sauvez les hôpitaux ! Il n’y aura pas assez de lits pour accueillir les victimes de la Covid qui se moque des vaccins, car certains malades sont pourtant vaccinés. On pensait que les vaccins nous sauveraient. Non.
Les autorités n’ont rien fait depuis deux ans pour augmenter, comme la Chine, le nombre des espaces sanitaires équipés de lits et de respirateurs pour accueillir les malades. En Chine, dès que les gardiens du Pouvoir découvrent un cas positif, ils isolent la ville, décrètent un confinement. La manière forte toujours pour colmater la pandémie. Ici en Belgique, on attend qu’il y ait 15.000 contaminations par jour, pour commencer à se réveiller, à organiser des sommets entre politiciens de nos nombreux partis, avec les virologues, infectiologues et autres diplômés du virus.
On est en automne, il fait déjà froid. Le virus réapparait à toute vitesse plus méchant que ceux des vagues précédentes. Donc plus le temps passe, plus cela devient périlleux, et plus les morts augmentent chaque jour : 27 morts le 18 novembre, 30 morts le 21 novembre, 40 morts le 30 novembre.
La Belgique avec une forte densité de population est un des pays le plus contaminé, malgré le taux élevé de vaccinations de 73%. Maintenant on dit que les vaccins ne sont pas une solution miracle, qu’on peut tout en étant vacciné, être porteur et contagieux. Du coup, on commence à nouveau à interdire les visites aux patients, malades pourtant vaccinés, enfermés à nouveau dans des maisons de retraite ou hospitalisés. Le virus est partout, à l’intérieur des maisons, à l’extérieur, dans les rues, les magasins. Il faut porter des masques ! Et ne pas croire à l’invincibilité des vaccins. J’en suis à ma troisième dose, faveur due à mon âge. Mais ces vaccins trop vites affaiblis, ont la vie courte. Faudra- t-il se faire vacciner deux fois par an ? Ou plus encore. Mourir sous le coup de vaccins répétés ? Fûmes-nous trompés ?
Les restaurants vont perdre à nouveau ceux qui y avaient renoué des contacts et retrouvé une distraction sociale, en dégustant un repas et du vin, avec des amis. Fini de rire. On va droit vers de nouveaux confinements si les misérables gestes barrières ne stoppent pas la diffusion de la covid.
Beaucoup de médecins ont déçu, inapprochables ou peu loquaces, avec des explications confuses aussitôt contredites par des collègues. La médecine n’est pas une science, dit-on. C’est sans doute vrai.
Je m’occupe d’un ami, âgé, atteint d’un covid long. Il a un extraordinaire courage malgré 5 mois de clinique dont deux mois endormi dans un coma respiratoire ininterrompu.
Il dit parfois : « Je me sens cassé intérieurement ». Mais petit à petit, on dirait que le corps qui doit encore subir les conséquences de la maladie, se répare imperceptiblement. Il se soumet à la radiographie des poumons pour faire le point des dégâts. Pour lui, l’essentiel est le repos : fuir le stress et les problèmes qui assaillent toute personne en bonne santé. Se lever vers midi.
L’épidémie est destructrice si elle se vit dans la solitude.
Des scientifiques sud-africains ont annoncé jeudi 25 novembre qu’un nouveau variant du Covid-19 présentant un nombre extrêmement élevé de mutations et avec un potentiel de propagation très rapide, avait été détecté. Grands cris médiatiques car, disent les « spécialistes », ce nouveau variant serait plus dangereux et plus contagieux que le virus Delta.
Issu d’Afrique du Sud, nommé l’Omicron, il est déjà repéré en Angleterre, en Belgique, en Allemagne, en Israël, en France. Les « spécialistes » ne cachent pas leur inquiétude. Toute l’Europe sera touchée.
Selon Santé Publique France, Omicron présente en effet « 32 mutations, insertions ou délétions de la protéine Spike dont notamment la mutation N501Y qui a été associée à l’augmentation de la transmissibilité des variants alpha, beta et gamma. » À titre de comparaison, Delta présentait seulement deux mutations.
On n’arrête pas le progrès !
« Le souci, c’est que lorsque vous avez autant de mutations, cela peut avoir un impact sur la façon dont le virus se comporte », a déclaré à Sud-Ouest Maria Van Kerkhove, responsable technique de l’OMS pour le Covid-19. Surprise, surprise …
Le nombre élevé de mutations de ce nouveau variant pourrait l'aider à éviter les défenses immunitaires de l'organisme. Il pourrait par définition être plus transmissible. « Nous pouvons voir qu'il a un potentiel de propagation très rapide » a affirmé le virologue Tulio de Oliveira, lors d'une conférence de presse du ministère de la Santé.
Ce virus prendra-t-il le dessus sur le virus Delta son prédécesseur dans la liste de ces calamités virales combattues avec des vaccins qui perdent trop vite leur force car, après six mois, ils doivent être soutenus par une troisième dose pour les booster sur la durée. On nous a fait croire que la vaccination à deux doses suffiraient pour nous préserver ; il n’en est rien. Pauvres de nous obligés de voir arriver d’autres vagues tant que la population mondiale toute entière ne sera pas vaccinée.
C’est l’humanité dans son ensemble qui est attaquée par ces sauterelles invisibles et démoniaques.
°°°
Il faut être jeune pour lire sans se lasser Louis-Ferdinand Céline.
Je l’ai beaucoup lu entre 18 et 30 ans. Il a écrit trois chefs d’œuvre : Le Voyage au bout de la nuit, Mort à crédit et D’un château l’autre. Par contre Féeries pour une autre fois, est pour moi illisible, répétitif, ennuyeux.
Un vieillard ne peut être qu’irrité par le caractère forcené de ce génie qui cherche avant tout à étonner avec un vocabulaire grossier, brutal, injurieux, argotique, peu compatissant pour les faiblesses humaines, et obsédé par sa création qui a quelque chose de sale. Sale comme à Meudon Céline vêtu en SDF. Il croit son écriture raffinée, mais elle est parfois triviale. Ses pamphlets antisémites sont insupportables et illisibles.
Céline fatigue maintenant. Il sera bientôt oublié comme des milliers d’autres avant lui. Il est hors mode, n’a pas de famille littéraire dans laquelle le raccrocher, il n’a ni disciples ni suiveurs. Ceux qui ont voulu écrire comme lui, se sont cassé les dents et sont oubliés. Les imitateurs ne parviennent pas à retrouver sa petite musique.
Mais chez Céline, les grands textes ne sonnent pas faux. Le reste de sa littérature ne survivra pas. C’est mon avis, je puis me tromper sur lui, sa littérature ne semble pas naturelle, elle est souvent forcée et artificielle. De plus en plus, avec le temps, la prose de Céline deviendra une langue morte. L’excès de son style nuit. Tout ce qui est excessif est insignifiant.(Talleyrand).
Céline est un aérolithe qui a traversé le XXème siècle, a pris feu, mais son français qui n’est plus du français, sera un jour périmé. Maintenant c’est encore la gloire avec les milliers de pages manuscrites inédites découvertes en 2021. Effet de surprise inouï. Son retour éditorial est assuré. Tant mieux pour ses fervents et pour l’éditeur.
Il faudra reprendre alors l’examen de son œuvre à la lumière de ces découvertes. Peut-être les critiques négatives seront effacées, peut-être je me trompe. Ce génie solitaire qui aura déconstruit la langue française et bousculé les Classiques, sera soumis à de nouveaux examens.
En l’enterrant trop vite, Montherlant s’est trompé qui, en 1950, avait écrit : « La littérature de Céline est aussi artificielle que désuète, et ne sera plus lue dans cinquante ans. ». Il reconnaissait qu’il n’avait pas lu de Céline plus de trois pages. Ces deux écrivains ne se ressemblent en aucun cas pour le style. Et Céline ne ménageait pas Montherlant, mais l’avait-il lu ?
Louis-Ferdinand Céline
Henry de Montherlant
Je déteste lire Sade, être diabolique. Mais Céline occupe sans doute un cachot voisin.
°°°°°°°°°°°°
Il ne faut pas m’aimer
___________________
Je voudrais bien t’aimer
Mais je n’ose
M’avancer t’indispose
Il ne faut pas m’aimer
Restons en là
Eteignons la lumière.
A trop vieillir
On attend le bras secourable
Pour entrer dans le jardin des roses.
Il ne faut pas m’aimer,
La fuite du temps me décourage.
Le soleil se couche
Mon âme se désole
De triste solitude, d’amère sagesse.
Pourquoi tant de regrets ? C’est le temps
Qui dévaste par les deuils et les chagrins.
L’armure s’est refermée.
Sans doute n’ai-je pas assez pleuré.
°°°°°°
H de M.
(novembre 2021)
ven.
05
nov.
2021
Madame Bollaert
_______________
(Suite et fin de la Nouvelle inédite Madame Bollaert de Henri de Meeûs. Lire les Carnets de juin, juillet, août et septembre 2021)
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Ma réponse à leur lettre servait à gagner du temps, mais les deux femmes ne réagissaient pas, laissant les jours s’écouler.
Elles étaient décidées à déménager dans la maison, propriété de Greta, pour donner plus d’espace aux souris, source de leurs revenus. Je compris qu’il ne servait à rien de protester, d’engager un avocat pour faire traîner les choses, même si le délai trop court d’un mois pourrait sans doute être prolongé par un juge de paix défenseur des locataires. Il existe des juges de paix compréhensifs. Mais je devrai sortir de l’argent : les honoraires d’un juriste, les frais d’un procès seront élevés. Ce sera perte de temps et d’argent de résister.
Je me résignais à réintégrer la maison de mes parents décédés.
Voilà ce que je me disais le soir, mais le lendemain j’échafaudais d’autres hypothèses. Je dormais mal. Mon anxiété monta au point de consulter le médecin généraliste installé dans le quartier, en lui expliquant un divorce difficile.
Il prescrivit un anxiolytique, en disant je vous comprends.
Je décidai de garder le silence et d’attendre quinze jours avant de donner mon accord de quitter la maison confortable de Greta Bollaert pour vivre dans celle héritée de mes parents. Tel est mon destin.
Je ne comprenais pas pourquoi Greta Bollaert se désintéressait de moi.
Pourquoi ne m’avait-t-elle pas contacté en me proposant, dans une conversation souriante, une solution moins brutale ? Qui tirait les ficelles ? Georgette Tamisard mon ex ? Mais je n’en étais pas certain, car Georgette n’aimait pas les conflits.
Bref, je tournais mes pensées dans tous les sens depuis leur lettre de préavis.
Greta Bollaert avait toujours été généreuse pour moi ; je vivais dans sa maison, sans reconnaissance de dettes. Il ne fallait pas lui résister en refusant de quitter les lieux qui étaient sa propriété de riche retraitée. Elle était par son passé professionnel à l’aise avec des règles juridiques dont j’ignorais tout. Elle avait trouvé une solution pour l’organisation de mon mariage avec Georgette, choisi le menu de l’excellent déjeuner des noces entièrement payé par elle, dans le meilleur restaurant de la région, et plus tard elle dirigera parfaitement la manœuvre pour notre divorce.
J’étais son préféré, comme un fils adoptif.
Je n’avais pas évalué son attachement pour Georgette mon ex-épouse avec qui elle s’était installée après la mort de mes parents. Je crois qu’elle admirait Georgette pour son dévouement à ma mère et pour son énergie à gérer l’élevage des souris de mon père. Georgette aimait mes parents. Et Greta aimait Georgette.
Les deux amies me demandaient maintenant d’aller vivre dans la petite maison familiale, ma propriété, mon unique héritage, tandis qu’elles regagneraient l’immeuble aux trois étages de ma bienfaitrice décidée soudainement d’arrêter les frais en ma faveur. A moi de me débrouiller maintenant ! Je ne plaisais plus, je ne comptais plus. Pour Greta Bollaert, Georgette et les souris rosées passaient avant moi. Orphelin, je perdais ma protectrice.
L’impossibilité de vivre correctement avec les indemnités de chômage, me déprimait. Améliorer mes finances avec un travail « en noir », mais lequel ? C’était prendre des risques avec les lois, m’exposer à des punitions financières et perdre le chômage. Toutes ces hypothèses m’angoissaient. Je n’étais pas de taille à jouer au plus fort. Je devrai économiser et dépenser le moins possible pour l’entretien de ma maison. Si je n’en sors pas, si je ne reçois plus d’aide de Greta, il faudra vendre la maison, vivre avec le petit capital car cette maison ne dépassait pas cent mètres carrés de surfaces construites. Quelques années suffiront à dépenser le prix de la vente. Qu’allais-je devenir ?
J’espérais encore un coup de téléphone suite à ma lettre, afin d’être averti de la date précise de mon déménagement. Quand je sortais, je ne les rencontrais jamais. J’observais le matin, vers neuf heures, la camionnette conduite par Georgette qui partait livrer des souris aux animaleries clientes.
J’eus la tentation de sonner à leur porte, profitant du fait que Greta Bollaert, seule dans la maison, me donnerait plus d’explications, qu’elle continuerait à m’aider financièrement, mais non, je ne poussais pas sur le bouton de la sonnette. J’avais ma fierté.
°°°
Deux semaines s’étaient écoulées depuis l’envoi de ma réponse, quand un soir le téléphone retentit. On me téléphonait rarement. Un célibataire intéresse peu de monde s’il n’a pas de métier ni de vie sociale.
- Allo, c’est toi ? c’est Greta Bollaert ici.
- Oui c’est moi, bonsoir Greta.
- Nous avons mis du temps à te répondre. Ta lettre exprime tes craintes de quitter ma maison.
- Oui, oui, tu sais, Greta, tu m’as fort gâté depuis que je te connais, mais je n’ai pas d’économies, à part la maison de mes parents, mon seul héritage, que vous demandez que je réintègre.
- Ecoute mon Coco, Georgette et moi, nous ne voulons pas te faire souffrir inutilement. Nous avons longuement réfléchi. Il est inutile de penser que tu pourras rester dans ma maison plus longtemps. Nous avons besoin d’espace pour l’élevage des souris vu le don extraordinaire de ton ex-femme comme éleveuse. Elle a un succès fou dans le monde des animaux d’appartements nourris par les souris : serpents, chats et d’autres bêtes rares souvent exotiques raffolent de nos bestioles.
- Je suis content pour vous que l’entreprise marche.
- Nous voulons te faire une proposition. Tu es toujours chômeur ?
- Oui, hélas. Je cherche mais les sociétés contactées ne répondent même plus. Je suis découragé. Et réoccuper la maison familiale m’a donné un choc. Je ne m’y attendais pas.
- Voici ce que Georgette et moi, nous te proposons. Nous sommes prêtes à t’engager dans la nouvelle société que nous avons créée et à te donner le poste de chauffeur-transporteur pour livrer, dans toute la Belgique, les souris bien vivantes, achetées par notre clientèle qui s’est étendue. Tu recevras un salaire fixe, nettement plus élevé que ton indemnité de chômage. Nous signerons avec toi un contrat à durée indéterminée. Cela permettra à Georgette de rester concentrée sur son élevage, car les transports lui prennent du temps et elle n’aime pas conduire la camionnette.
J’étais surpris par cette offre inattendue. Le combat était évité. Je trouvais enfin une activité professionnelle. Je dis : « Je ne demande pas mieux de vous aider et d’avoir enfin un travail fixe et rémunéré. Pouvons-nous en parler ensemble ? Envoie-moi le projet du contrat d’emploi. Je te remercie Greta de ne pas me laisser tomber. »
Je pus enfin m’endormir sans avaler un tranquillisant et me réveiller à sept heures du matin plus léger, plus confiant. L’oisiveté est la mère de tous les vices, dit-on. Je n’étais pas arrivé à ce stade de loque humaine privée de travail vu l’impossibilité d’en trouver, comme tant d’êtres humains piégés, et bientôt sans ressources, vivant dans la dépendance financière peu généreuse d’organismes sociaux gérant une population malheureuse.
Deux jours plus tard, la lettre d’engagement était déposée dans ma boite aux lettres : Greta confirmait ce qu’elle avait proposé. Elle signait comme Administratrice-Directrice. Je gagnerai une rémunération mensuelle nette d’un tiers plus élevé que le chômage. Mon contrat de travail débute le mois prochain et il est d’une durée indéterminée. Je recevrai une avance de trois mois de salaire pour m’équiper.
Du lundi au samedi, je disposerai de la camionnette Renault uniquement pour la livraison des souris; le véhicule devra être garé chaque soir devant la porte de la maison de Greta avant vingt heures sauf en cas de transport en dehors des heures pour certains clients privilégiés.
Je verrai du pays, les petits villages et les villes où des animaleries sont plus nombreuses depuis que la mode des animaux exotiques s’est développée. Mon ex avait eu du flair de continuer l’élevage que mon père avait créé et géré pendant vingt ans sans penser devenir le spécialiste renommé que Georgette était maintenant.
Bien conscient de ne pouvoir vivre sans l’apport d’un salaire, je ferai tout pour satisfaire Greta et Georgette qui dirigent la nouvelle société.
Finis ma paresse et mon manque d’ambition ! La vraie vie commençait.
Je signai « pour accord » le contrat d’emploi et répondis par écrit que je quitterai la maison de Greta à la date qu’elle proposera. Je retrouverai les meubles de mes parents et mon petit lit de camp ; je ne comptais pas rafraîchir la maison par des peintures intérieures ou par de nouveaux rideaux, tout sera nettoyé, m’avaient-elles précisé. Il n’y aura pas d’odeurs.
Une nouvelle vie allait commencer pour moi. Celle de responsable des transports de la société « Les Souris Bollaert ».
Deux jours après avoir renvoyé à Greta ma lettre et le contrat signé pour accord, je fus à mon réveil saisi par un malaise. Le plafond de la chambre et les murs tournaient comme un carrousel. Incapable de sortir du lit, j’attendis que cela passe, mon corps mouillé d’une sueur froide. Nausées. Ma vie était mal engagée depuis ma naissance. J’allais devoir expliquer à Greta que ma santé n’était pas à même d’exercer ce job, ni mes forces de déménager.
FIN
Henri de Meeûs
Réflexions après avoir côtoyé durant avril 2021 à fin septembre 2021 un malade du Covid long.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Vers 16 heures, le 14 avril 2021, bientôt septuagénaire, il fut transporté par une ambulance des Urgences à la clinique XZ, car il avait, depuis quelques mois, de plus en plus de difficultés respiratoires, principalement la nuit, expliquées selon lui par une apnée très forte qui l’épuisait.
Comme cette apnée avait commencé plusieurs mois auparavant, on ne pensait pas au covid, d’autant plus qu’il ne voulait pas se faire tester ni passer un examen médical approfondi à cause des risques de contagion en clinique.
Les deux médecins consultés en leur cabinet particulier ne semblaient pas trouver la solution pour diminuer l’apnée.
Il se méfiait de la médecine et n’était pas vacciné.
J’ignorais le contenu des entretiens qu’il eut avec les deux docteurs, car il évitait de s’épancher sur sa santé.
Mais le 14 avril, je dus appeler les urgences vu sa détresse et le transfert en clinique eut finalement lieu. Il me dit qu’il se sentait mourir.
Il avait peu de famille.
Il reçut une chambre particulière dans la clinique, fit savoir qu’il s’y sentait bien, qu’on allait s’occuper de lui.
Deux jours plus tard, sa famille apprit qu’il était atteint du covid et qu’il avait fait un petit infarctus. Ensuite tout s’aggrava. Pneumonie, cœur fragile, Isolé, fiévreux, respirant de plus en plus difficilement, il fut endormi, et intubé. L’intubation pénétrait sa gorge apportant l’oxygène directement dans les poumons. Ce sommeil comateux avec respirateur artificiel dura deux mois, jour et nuit sans réveil. Soigné par l’équipe médicale des soins intensifs. Nourri par sondes et une quantité de médicaments censés répondre aux multiples attaques du Covid.
La première semaine, une nuit, sans doute victime d’un arrêt respiratoire, il subit une trachéotomie, c’est-à-dire l’ouverture chirurgicale de la trachée au niveau du cou pour permettre une respiration assistée en urgence. Il est vraisemblable qu’il fut aussi victime d’un arrêt cardiaque et que le cœur fut relancé par électrochoc. Mais on nous le dira pas.
Les médecins des soins intensifs donnaient peu de détails. Chaque matin, son frère téléphonait pour s’entendre dire le plus souvent : l’état est stable. On ne recevait jamais d’explications détaillées ; patientez était le mot d’ordre. Les médecins renseignaient le moins possible. Quand il ne fut plus contagieux, je reçus la permission de le visiter vingt minutes chaque jour aux soins intensifs. Visites courtes pour ne pas le fatiguer.
Après deux mois de sommeil-coma, et l’enlèvement de l’intubation, les médecins tentèrent de le sortir du sommeil. Il ne se réveillait pas. Stress. Ce n’est qu’après trois tentatives de réveil étalées sur deux semaines qu’il ouvrit les yeux. Joie.
S’il avait repris conscience, la trachée restait ouverte pour garantir, en cas d’urgence, le complément d’oxygène nécessaire aux poumons, mais la trachéotomie rendait sa parole inaudible; il ouvrait la bouche, formait des mots, mais on ne comprenait rien. Seules certaines infirmières, lisant sur les lèvres, devinaient ce qu’il essayait d’exprimer.
Lors de mes visites les après-midis, je ne vis jamais un médecin, c’était des infirmières ou des assistants d’infirmiers qui surveillaient le patient, les machines, et les ordinateurs gardiens de sa survie.
On le faisait beaucoup dormir à coups de calmants.
A la fin du troisième mois, toujours aux soins intensifs, les médecins mirent fin à la trachéotomie, assurés que l’ouverture de la gorge pouvait être refermée sans risques, l’oxygène de la sonde nasale, toujours présente, suffisant comme appoint. Il parlait à nouveau et on le comprenait. Immense soulagement.
Les sondes demeurèrent pour l’alimentation, les liquides et l’évacuation des urines.
C’est alors que le cœur et la tension furent suivis particulièrement car on passait d’une hypertension à une hypotension et vice-versa. Il dut subir une opération pour calmer l’arythmie cardiaque.
Durant des mois, un escarre au cratère profond au bas du dos le fit souffrir jour et nuit intensément, nécessitant un pansement renouvelé deux fois par jour, puis après des semaines, on ne soigna plus qu’une fois par jour cette blessure. Il ne trouvait pas la position confortable pour s’asseoir ou se coucher. « Cette douleur ne me quitte jamais, cela me mine », disait-il.
A la mi-octobre, rentré dans son logis, sorti de clinique depuis trois semaines, un infirmier passe encore chez lui tous les deux jours pour refaire un nouveau pansement. L’escarre est sur le point d’être guéri maintenant.
Il a réintégré son logement après six mois de clinique ; il se sent intérieurement cassé en mille morceaux. Mais son esprit et sa mémoire sont intacts. Il marche sans avoir besoin d’aide. Chaque effort le fatigue, il est vite à court de souffle. Je le considère comme un martyr tant cette maladie vicieuse dévaste tout l’organisme
Les médecins ont dit qu’il était un miraculé. C’est vrai, il vit toujours.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
sam.
02
oct.
2021
Madame Bollaert
_______________
(Suite de la Nouvelle inédite de Henri de Meeûs, MADAME BOLLAERT, première partie publiée dans les Carnets de juin 2021, deuxième partie dans les Carnets de Juillet 2021, troisième partie dans les Carnets de Août 2021).
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Une fin d’après-midi, on sonna. Greta et moi, nous dînions. Nous allâmes ouvrir la porte de rue. C’était Georgette mon ex-épouse presque divorcée. Elle pleurait.
« Que se passe-t-il ? », dit Greta.
– Ta maman est tombée dans l’escalier, il y a une heure. Elle a glissé. Elle est morte sur le coup. Ton père a appelé immédiatement le docteur Thomas qui n’a rien pu faire. La nuque est cassée, a-t-il dit. Il est encore dans la maison pour signer les papiers et le permis d’inhumer. Si vous voulez la voir, on l’a installée sur le lit de la chambre de tes parents.
– Oui, oui, nous venons, a dit Greta.
Et nous avons suivi Georgette.
J’ai embrassé mon père qui avait les yeux rouges, et nous sommes montés dans l’escalier étroit où ma mère à la jambe raide avait trébuché. Nous sommes entrés dans la chambre. Le docteur repliait les papiers qu’il remit à mon père, salua tout le monde, et dit : « Je vous présente mes sincères condoléances, madame était une femme courageuse. » Et il quitta la maison raccompagné jusqu’à l’entrée par Georgette.
Ma mère était allongée sous un drap immaculé, avec la tête aux cheveux décoiffés sur l’oreiller. Je m’inclinai et baisai son front déjà froid. Je ne ressentais pas grand-chose. Ai-je aimé ma mère ? Elle était plus douce que mon père mais sans autorité et gérant la douleur chronique qui la faisait souffrir jour et nuit, sa pauvre jambe abîmée par sa fuite éperdue de Pologne avec l’oncle chef de la police juive à Varsovie. Elle avait renoncé à bien s’occuper de moi, son unique enfant.
Une personne effacée mais pas méchante. Toujours fatiguée, toujours assise ou couchée.
Greta Bollaert s’approcha du corps de ma mère ; elle traça dans l’air un signe de croix au-dessus du drap qui recouvrait le cadavre, puis baissant la tête, donna un bisou sur la joue de ma mère morte. C’est à ce moment que mes larmes coulèrent. J’étais sec en entrant, mais en larmes en sortant.
***
Le divorce avec Georgette fut prononcé rapidement. Nous vivions une période où un couple sur deux divorçait en Belgique. Magistrats et notaires avaient accéléré les procédures, les avocats ne perdaient plus de temps dans les dossiers, leurs honoraires étaient forfaitisés selon un barème favorable aux couples à faibles revenus.
Georgette s’était domiciliée dans la maison de mon père, et moi dans celle de Greta.
Qu’en pensaient les voisins ? Rien de bien, à mon avis. On ne leur parlait pas. Peut-être faisions-nous scandale pour ces retraités, âgés, avides d’histoires minuscules à croquer chaque jour, qui nous guettaient, Greta et moi, derrière leurs rideaux quand allongés sur nos transats, nous lisions au jardin des revues de mode.
***
Il n’y avait pas de jardin derrière la maison de mon père veuf et de sa seconde épouse Georgette, devenue la nouvelle Madame Vansmet et automatiquement, ma belle-mère, car mon père et mon ex s’étaient mariés dans la plus stricte intimité. Cela faisait rire Greta qui disait : « On se croirait dans une tragédie de Sophocle ! »
Elle ne croyait pas si bien dire.
Deux années après le divorce, ce fut au tour de mon père de mourir. Proprement, sans chichis, tombé de vélo sur la piste cyclable, en rentrant du café où il descendait depuis son veuvage, chaque après-midi vers seize heures pour retrouver d’autres solitaires attablés devant leur bière quotidienne. Une chute à vélo, c’est classique. Un instant de distraction, un cycliste qui l’aurait gêné, on ne le saura jamais. Il fut conduit directement à la morgue des Pompes Funèbres de La Louvière, Au bon repos, toilette, maquillage, petit embaumement, vite couché dans un cercueil blanc capitonné de rose, le choix de Georgette qui n’avait pas demandé mon avis.
Avec Georgette, mon ex devenue la veuve de mon père, le soir, nous nous sommes recueillis, Greta et moi, devant mon père aux yeux fermés, bien coiffé, moustache noircie, avec sur l’estomac un bouquet de fleurs multicolores acheté chez la fleuriste de la Grand-Place de La Louvière.
Mon père du temps de ma mère n’osait pas aller seul dans les cafés. Mon ex, Georgette, sa seconde épouse ne le lui interdisait pas. Ma mère ne permettait pas ces écarts. Mon père n’a pas profité longtemps de sa liberté.
°°°
Mon ex-épouse continua l’élevage des souris non seulement dans la cave mais aussi au rez-de-chaussée de la maison de mes parents décédés. Cette maison m’appartenait maintenant. Greta Bollaert m’avait avancé les droits de succession à payer au fisc. Georgette jouissait de l’usufruit. Je ne voulais pas de dispute et lui promis de lui laisser la maison tant qu’elle ne se remariait pas.
Georgette avait installé les souris dans de petites caisses en bois tapissées de pailles, avec un grillage serré qui empêchait qu’elles s’échappent. Son élevage marchait bien, disait Greta qui l’avait rencontrée dans le grand magasin Traffic avant qu’elle donne son préavis vu le petit héritage, du cash, que lui avaient laissé mes parents. J’ignorais l’existence de sa cagnotte. Mes parents ne m’en avaient pas parlé. Tant mieux pour Georgette de qui je n’étais pas jaloux. Elle avait aidé durant trois années ma mère qui, avec l’âge et la jambe raide, se fatiguait de plus en plus. La présence de Georgette auprès de mes père et mère avait soulagé leurs dernières années. Cela me convenait. Il est toujours pénible de s’occuper de parents âgés.
°°°
Greta allait de plus en plus souvent visiter Georgette dans la maison voisine, disant qu’elle réconfortait Georgette qui se fatiguait avec l’élevage de souris de plus en plus nombreuses. Les caisses en bois où vivaient les petites bêtes occupaient maintenant la cave, le rez-de-chaussée et tout le premier étage.
Georgette dormait toujours sur le lit de camp du salon. Elle décida de vider l’unique chambre, celle de mes parents, de tout le mobilier pour y installer d’autres caissons à souris, celles de la nursery, c’est-à-dire les souris pleines, une centaine, avec un éclairage rosé qui chauffait des casiers séparés par de petites cloisons de verre. L’élevage de souris prospérait.
De l’étranger arrivaient, nombreux, les bons de commandes de firmes spécialisées dans la vente de serpents à l’appétit vorace. Mon ex-femme n’avait pas de soucis d’argent. Dire que les parents Tamisard étaient ravis, j’en doute. Ce qui comptait pour eux, c’est que leur fille ne soit pas à leur charge et qu’ils aient la paix.
Rien n’est plus odieux pour des parents que les soucis causés par les enfants.
Greta Bollaert se partageait entre les deux maisons, dormant une nuit sur deux dans l’une puis dans l’autre. Je m’habituai à cuisiner lors des absences de Greta. J’avais la maison pour moi tout seul Je n’entretenais plus le jardin, les herbes hautes y poussaient, sauvages. Plus de pelouse, plus de chemins ratissés.
La Nature reprenait toute son énergie, ramenant sur le terrain les limaces, les papillons, les taupes, et dans le pommier quelques pies et choucas qui jacassaient sans contrainte.
J’avais acheté un nouveau poste de TV Samsung à large écran ; je passais des heures à regarder des programmes parmi les cent chaînes de mon abonnement Belgacom. Les films de guerre, surtout les combats navals de la seconde guerre mondiale, étaient mes préférés. Je vibrais devant le spectacle de la bataille de Midway au cours de laquelle le Japon perdit en une journée quatre porte-avions ; ou bien je vivais le quotidien des U Boot nazis dans l’Atlantique, avec les torpilles tirées sur les navires de guerre et les cargos alliés sombrant en quelques minutes dans les profondeurs de l’océan, malgré les destroyers, chiens de garde incapables de prévenir les coups mortels.
Je commençai à voir de moins en moins Greta quand elle décida de loger chaque soir avec mon ex-épouse dans la maison de mes parents. Surprise, surprise, comme on dit. Je décidai de ne pas accuser le coup.
Je ne suis pas jaloux. Si elles sont heureuses, tant mieux. Si Greta aime vivre avec mon ex et les souris, grand bien lui fasse. Un matin, je vis qu’un transporteur livrait un lit pour deux personnes, pour remplacer le lit de camp.
Tant que Greta règle les dépenses de son immeuble que j’occupe, qu’elle accepte de payer les notes de chauffage, d’eau, d’électricité et le précompte immobilier, je ne m’en fais pas. Je dois plus souvent pomper dans mon compte à vue pour ma nourriture que je prépare et mange seul, ou pour les pizzas de chez Mario, l’Italien à catogan installé depuis trente ans au Sole Mio de La Louvière avec sa fille célibataire, qui vendent des repas à emporter vite faits, bien faits, pas chers.
Il y a dans ce rez-de-chaussée commercial à la gloire des pizzas, une table minuscule et une chaise, dans l’angle près du four. C’est pour moi. Au mur, un miroir dans lequel je peux me voir mâcher les pâtes siciliennes à la sauce tomate. Ensuite un café serré Stromboli et une petite addition. C’est mon repas chaud quotidien J’emporte avec moi l’odeur de graillon du boui-boui.
°°°
Je vis un matin une enveloppe dans la boite aux lettres, avec mon nom tracé de l’écriture de Greta Bollaert. J’ouvris la lettre dactylographiée : « Nous avons le regret de te demander de quitter ma maison que tu occupes depuis ton mariage.
Nous avons besoin d’espace car l’élevage des souris marche fort et Georgette est d’accord de déménager chez moi avec les bêtes. Elle remet à ta disposition la maison de tes parents où tu as vécu depuis ta naissance. Je ne pourrai plus dorénavant intervenir dans tes frais. Il faudra que tu assumes. Les meubles de tes parents te restent acquis ainsi que le lit de camp. Nous nettoierons la maison de façon que tu la retrouves rafraîchie. Il n’y aura pas d’odeurs car nous demanderons à une firme spécialisée de tout bien désodoriser. Merci de libérer ma maison dans un délai d’un mois au plus tard, svp. Nous te remercions.» C’était signé Greta Bollaert. Et en petit, je lus : « Amitiés, Georgette ».
Je ne m’attendais pas à devoir déménager. C’est stressant. Et que Greta ne finance plus rien pour moi, cela m’inquiète. Il faudra faire face à toutes les dépenses avec la seule indemnité de chômage. Il devient urgent de trouver un emploi. A moins que je demande à une agence immobilière une estimation de la valeur vénale de la maison de mes parents, puis la vendre, et me loger dans un petit appartement ou un flat. Ne plus vivre à La Louvière à côté de mon ex qui a bien manœuvré Greta, vu leur « association ». Chercher un logement à Bruxelles, mais les loyers y sont élevés. Je me sentais menacé par la décision de mes deux voisines qui ne semblaient pas se soucier de mon avenir. Tout change vite dans la vie.
Le fait d’être au chômage, d’avoir renoncé à chercher un job parce que Greta Bollaert payait mes dépenses, c’est ok, mais si elle renonce maintenant à m’entretenir, c’est angoissant : à ma charge la nourriture, les vêtements, le chauffage, l’eau, l’électricité, le précompte immobilier, l’entretien et les réparations, je suis tout seul. Georgette mon ex a réussi à développer l’élevage des souris, elle est contente, a beaucoup de clients, plus qu’en avait mon père. Pour les livraisons elle a acheté une camionnette qui roule dans toute la Belgique, m’a dit Madame Bollaert, quel succès, mon père serait heureux, mais moi je ne le suis pas. Je dois les empêcher de mettre leur plan en exécution, je veux être respecté, elles profitent de ce que leur a laissé ma mère en remerciement pour les soins reçus avant sa mort.
J’ai décidé de leur écrire : « Greta, Georgette, votre décision de réoccuper la maison de Greta où je vis depuis des mois tout seul, et me demander de vivre à nouveau dans la maison de mon enfance, celle de mes parents, me stresse au-delà de tout. D’accord, cette maison m’appartient et j’ai accepté que vous y résidiez à deux avec l’élevage des souris. Je n’ai pas voulu me mêler de vos vies d’autant plus que je suis bien conscient de l’aide que m’a apportée durant des mois et des mois Greta. Je suis bien dans sa maison. Je suis tranquille et sans soucis. Je ne souffre pas de solitude. Je vais manger à midi dans la pizzeria de La Louvière. Cela me suffit un repas par jour. Et l’après-midi, je me repose devant la TV. Déménager va me coûter de l’argent. L’indemnité de chômage est faible. Sans l’aide de Greta, cela n’ira pas. Ne m’obligez pas, svp. Signé …. ». Je postai la lettre avec un timbre sur l’enveloppe alors que j’aurais pu la glisser non timbrée dans la boite de la maison voisine. Je voulais officialiser ma protestation.
(A suivre)
Henri de Meeûs
jeu.
02
sept.
2021
Madame Bollaert
_______________
(Suite de la Nouvelle inédite de Henri de Meeûs, première partie publiée dans les Carnets de juin 2021, et la deuxième partie dans les Carnets de Juillet 2021).
°°°
Je suis marié depuis un an avec Georgette Tamisard.
J’ai obtenu un droit à des allocations de chômage dans l’attente d’une insertion professionnelle. J’attends le premier versement. On ne dit pas à quelle date.
Nous sommes installés au troisième étage de la maison de ma bienfaitrice, un petit salon aux rideaux verts, un canapé deux places, deux fauteuils, une cuisine toute blanche avec four, frigo et une table, quatre chaises, une TV Samsung, une chambre à coucher à rideaux jaunes, un grand lit, une salle de douche avec un lavabo, et un petit w-c. Les sanitaires sont carrelés de faïences blanches et noires.
Nous avons été gâtés. Mes parents ne sont pas intervenus.
Je ne comprends pas pourquoi ma femme est agressive, Fiancée, elle était douceur, câlins, bisous, me défendant auprès de sa mère, madame Tamisard, qui la mettait en garde « Ne l’épouse pas, il est paresseux et sans travail. »
Depuis mon mariage, je cherche un job que je ne trouve pas. Je suis diplômé gestionnaire informatique et cela ne m’aide pas. Les responsables des ressources humaines des sociétés à qui j’adresse mon c-v, ne répondent pas, ou m’écrivent qu’ils n’engagent pas pour l’instant. Soit ils disent garder ma candidature en réserve, soit ils fixent un rendez-vous dans leur département du personnel ; je dois résoudre alors des questions programmées sur ordinateur ; ensuite, il y a de brefs entretiens, mais cela ne donne rien malgré mon pull bleu offert par Greta Bollaert et le pantalon de flanelle gris acheté avec ma mère chez Lézar de La Louvière.
Aucune lettre de candidature n’a abouti jusqu’ici.
Je reste dans l’appartement toute la journée ; mes sorties, ce sont les courses avec Greta qui conduit sa Toyota 1300 ; je me sens obligé de faire quelque chose, de porter les paquets ou les bouteilles d’eau, vu le loyer gratuit ; mon seul revenu sera l’indemnité de chômage, je l’attends.
Jusqu’à présent, mes parents n’ont pas offert de nous aider. Les Tamisard ne sont pas contents. A cause d’eux, ma femme est de mauvaise humeur, mais elle n’explique pas pourquoi. C’est une taiseuse.
Nous n’avons rien dépensé pour les meubles. Le lit conjugal de la chambre, les deux fauteuils du salon, le tapis, le canapé deux places, la TV Samsung, les deux armoires à vêtements, les ustensiles de cuisine, furent achetés par madame Bollaert. Les parents Tamisard ont offert les draps, les couvertures, et le linge de maison. Mes parents ont donné deux vélos (d’occasion) pour nos déplacements et promenades.
°°°
Ma Georgette, chère épouse, ma jeunette, mon poussin de vingt-deux ans, n’est pas contente.
Cela empire de jour en jour. Georgette m’ignore, refuse que je l’approche. Je ne peux plus l’embrasser ni la câliner. Au lit, elle se détourne.
J’en ai parlé à Greta. Je me confie à elle plus qu’à ma mère. Elle n’a pas semblé surprise. Elle a dit : « Le début d’un mariage, d’une vie conjugale, est parfois problématique. Il faut trouver le terrain d’entente. Ta femme devrait patienter. Ce n’est pas gentil de te mettre la pression. Je ne puis vous gâter davantage car j’ai déjà beaucoup donné. Tiens-moi au courant. Mais je ne veux pas qu’elle soit malheureuse. Si nécessaire pour votre harmonie, vous pouvez déménager, chercher un autre logement. Elle est peut-être jalouse de moi. »
J’ignorais ce que ma Georgette pensait de Greta Bollaert car elle n’en parlait jamais. Elle préférait le silence à la plainte. Je me disais, cela passera même si Georgette n’est pas très portée sur l’amour physique. Au début, il fallait toujours lui demander, elle se crispait, fermait les yeux, restait inerte, ne m’aidait pas dans les préliminaires. Je n’osais aucun reproche, mais je suis jeune, chaud, et je ne m’attendais pas à ces débuts laborieux.
Georgette frigide ? Pourquoi pas ? Il faut que je m’informe sur la sexualité féminine en empruntant un ou deux livres à la Bibliothèque communale de La Louvière. Pour voir clair. Les lire avec elle si nécessaire. Cela nous aidera. Ma mère m’a posé la question : « Georgette n’est-elle pas enceinte ? J’ai l’impression que son caractère devient plus difficile. » Je répondais : « Tu le sauras le moment venu. »
Les parents toujours à se mêler des affaires du couple, qui ne les regardent pas. Est-ce que je pose des questions sur leur vie sexuelle, à supposer qu’ils en aient une ? Tout cela me fatigue. Je passe plus de temps chez Greta Bollaert, non seulement parce que nous occupons le petit appartement qu’elle a mis à notre disposition sous le toit de sa maison, mais tout y est gratuit ou presque, pas de chauffage à payer ni de taxes, Chez Greta, je suis plus heureux que dans la maison exigüe de mes parents. Je ne veux plus reprendre la vie commune avec papa-maman.
Chez Greta, je suis bien dans ma peau. Ma femme, elle, c’est le contraire, elle reste le minimum de temps dans notre petit appartement, elle préfère s’asseoir chez mes parents, elle cause avec ma mère, c’est vrai qu’elles s’entendent bien, je ne l’aurais pas cru. Mon père ne se plaint pas car ma femme s’occupe de leur repas de midi ou de la lessive. La jambe de ma mère est un handicap de plus en plus gênant. Elle est obligée de s’étendre maintenant plusieurs heures par jour sur le canapé-lit du salon où j’ai dormi tant d’années. « Souvenirs de la guerre », dit ma mère quand elle masse sa jambe raide.
***
« Il y a eu un gag l’autre jour avec tes parents », m’a raconté Georgette ma femme. « Ta mère et moi, nous causions dans le salon et grignotions des biscuits en buvant du café après le déjeuner. Ton père était dans la cave à nourrir les souris. Tout à coup, nous l’avons entendu crier derrière la porte de la cave : « Venez m’aider, je suis tombé. » J’ai couru lui ouvrir. Il était à moitié couché sur une boite en carton où il avait placé des souris pour une livraison à une animalerie, mais sa chute avait ouvert le carton, et des dizaines, si pas des centaines de souris s’échappaient de l’emballage.
Elles filaient à toute vitesse dans toutes les directions, c’est-à-dire qu’elles redescendaient dans la cave ou se faufilaient dans le corridor du rez-de-chaussée et dans le salon où ta mère poussait des hurlements dans le canapé. « J’ai interdit qu’elles viennent ici ». Il y en avait partout.
Ton père, groggy de sa chute, saignait du cuir chevelu.
Ta mère criait : « Où est mon fils, où est mon fils ?»
Ma femme Georgette qui n’a pas peur des souris, dit qu’elle courait partout pour essayer de les rattraper. Ma mère exigeait de mon père de les faire disparaître par tous les moyens. Dieu sait si les petites bêtes n’avaient pas grimpé à l’étage jusqu’à la chambre de mes parents pour sauver leur vie innocente et se cacher dans les coins sombres.
Je n’ai pas assisté au spectacle décrit par ma femme.
Quand j’ai raconté à Greta Bollaert ce qui était arrivé avec la chute de mon père, elle a dit : « Ton pauvre père, il est plus heureux dans sa cave avec ses souris roses qu’avec ta mère ! »
Je partageais son avis. Chacun s’amuse comme il peut. Mon père aimait ma mère, j’en suis certain. Ils ne se quittaient jamais. Mon père n’avait ni amis ni amies. Rien que ma mère. Je ne les ai jamais vu s’embrasser, ni se tenir la main. Mais si ma mère devait mourir, je pense qu’il n’aurait pas survécu longtemps. Mon père avait toujours mauvaise mine. Jaune comme s’il souffrait du foie. Son peu d’appétit n’améliorait pas sa condition physique.
Mes parents se disputaient rarement. Malgré sa répulsion, ma mère était consciente que l’élevage des souris permettait de lui offrir des petits cadeaux qu’elle ne refusait pas.
***
Le temps passait. Deux ans après le mariage, toujours pas de bébé. Et pas reçu encore l’indemnité de chômage à laquelle j’avais droit. Le Centre régional de l’emploi s’occupe du dossier mais me renvoie d’un employé à l’autre, et je ne reçois pas d’explications pour le retard du paiement. Il manque des pièces, disent-ils, sans préciser. Patientez, jeune homme.
Je m’enracinais chez Greta Bollaert et ma femme passait beaucoup de temps chez mes parents. Cela plaisait à chacun, les habitants des deux maisons se rencontraient rarement et se parlaient peu. Ma femme logeait maintenant trois nuits par semaine dans le salon de mes parents sur le canapé ou sur mon ancien lit de camp. Et moi toujours au troisième étage de la maison de Madame Bollaert, j’avais renoncé à chercher un job, mes lettres de candidature, une centaine environ, envoyées dans toute la Belgique et principalement dans le Hainaut et le Brabant wallon, étaient restées sans réponse et en cas de réponse, c’était un refus pré-imprimé !
Madame Bollaert voulait me dicter d’autres lettres plus « dynamiques » car elle avait été responsable de la gestion des ressources humaines chez Solvay, à La Louvière, mais je refusais son aide car je commençais à comprendre l’inutilité et l’ennui du travail sur un plateau de bureau, bruyant, de 8 heures à 17 heures trente, du lundi au vendredi. Et après le repos du week-end, tout recommence. Non, pas pour moi. Il fallait trouver autre chose.
°°°
Il est agréable d’être seul allongé nu entre les draps du grand lit de la chambre à coucher, la nuit, quand Georgette dort chez mes parents. Je ne me plains pas. J’ai de la place pour mes jambes.
J’avais constaté que Madame Bollaert avait soif de câlins ; elle m’approchait plus souvent pour me caresser la joue ou me toucher les cheveux. Au début, je la laissais faire, elle était la propriétaire avec un loyer gratuit et sans charges pour son jeune ménage protégé.
***
Un soir, avant le coucher, ma femme et moi nous nous disputâmes violemment dans notre chambre. Nous allions nous mettre au lit quand elle me dit : « Je ne suis pas heureuse avec toi, je n’aurais pas dû t’épouser. Depuis notre mariage, tu cherches un job, mais personne ne veut de toi. C’est moi qui paie les notes d’épicerie avec mon salaire, Tu attends toujours de recevoir l’indemnité de chômage. Tu traînes dans l’appartement, tu parles beaucoup avec Greta Bollaert, je ne suis pas jalouse mais je ne suis pas idiote. C’est désagréable. Tes parents l’ont remarqué aussi. »
Je répondis qu’elle se trompait, que je ne pouvais risquer de me brouiller avec la propriétaire. Nous n’aurions trouvé nulle part un appartement à notre disposition gratuite.
Sur ce, Georgette se mit à crier, renverse les bibelots de la commode, piétine mon
cadeau de fiançailles, – je n’avais pas eu assez d’argent pour lui offrir une bague –, trois petits éléphants en porcelaine de Copenhague achetés rue Haute à Bruxelles. Avant de quitter la chambre, elle m’inflige une gifle sur la joue droite, claque la porte derrière elle, et crie : « Je loge chez tes parents, je te quitte. »
Il était presque minuit. Derrière le rideau, je la vis qui sortait, rentrant dans la maison voisine, celle de mes parents, où une lampe était allumée dans le salon.
Le bruit avait réveillé Madame Bollaert qui vint frapper à ma porte : « C’est moi, tu vas bien, je peux entrer ? ». Elle portait une robe de chambre couleur pistache sur une chemise de nuit rose dont le nylon recouvrait les deux pantoufles.
Elle vit la trace des doigts de ma femme sur ma joue, y posa un instant les lèvres, « Mon pauvre petit, les femmes sont méchantes », dit-elle.
***
La décision de ma femme Georgette de s’installer chez mes parents, me laissant seul avec Greta, ne me dérangeait pas. Question d’habitude. Greta préparait chaque jour le repas de midi et le souper du soir. Nous mangions face à face à la table de la salle à manger du premier étage. Nappe jaune à rayures vertes, verre d’eau, verre de vin, un bordeaux toujours le même, agréable mais je n’y connaissais rien. Quand le repas était prêt, si je m’occupais au troisième étage de tout et de rien, par exemple voir des jeux à la TV, elle criait en bas de l’escalier : « C’est prêt, tu peux descendre ! » Je la rejoignais. Elle n’oubliait pas de me présenter sa joue avant que je puisse m’asseoir. Je ne refusais pas.
– Cela va ? disait-elle.
– Oui, oui, ne vous en faites pas, je ne m’ennuie pas.
Nous mangions en silence la plupart du temps. Je la félicitais pour sa cuisine car elle aimait que j’apprécie et le lui dise. Sinon, je ne cherchais pas de sujet de conversation, je répondais à ses questions, pas plus. J’avais dit, ne me parlez pas d’une recherche de job, j’attends l’indemnité du chômage, c’est la crise, je n’ai pas un diplôme qui intéresse les hommes d’affaires, je serai un chômeur comme mon père, et basta.
***
Je ne visitais plus mes parents dans la maison voisine où mon épouse avait pris ses quartiers. Elle aidait ma mère de plus en plus immobilisée par sa jambe raide. Après le bureau au Traffic, elle rentrait chaque fin d’après-midi dans la maison de mes parents où j’avais vécu jusqu’à notre rencontre. Je ne la voyais plus. Je ne la désirais plus.
Mes parents ne cherchaient pas à me contacter.
« Laissons passer l’orage » avait dit mon père à Madame Bollaert rencontrée dans un magasin, « les jeunes ménages actuels, c’est très compliqué. »
Elle me le répéta sans dire ce qu’elle avait répondu à mon père.
Je commençais à songer au divorce. Georgette avait quitté le domicile conjugal, et refusait de le regagner et d’intervenir encore dans mes dépenses.
Greta me conseillait la patience. Elle acceptait de renoncer au loyer aussi longtemps que je resterais chez elle.
Je discutai avec Greta de l’opportunité d’un divorce avec Georgette. Pas question de verser à Georgette une pension alimentaire : abandon du domicile conjugal. Notre couple n’avait pas d’enfant.
Ne pas travailler me convenait, même si cela impliquait de vivre aux crochets de Greta.
Un matin, le facteur me remit le premier chèque des services du chômage de La Louvière et les formulaires pour l’ouverture d’un compte à La Poste afin d’être crédité le premier de chaque mois. Cet argent permettrait de me distraire, d’aller de temps en temps à Bruxelles faire du shopping, de boire une bière dans un estaminet de la Grand-Place, d’acheter un hebdomadaire sportif, ou un vêtement. Greta insistait pour que je sois bien habillé. Pas de jeans ni de chaussures de basket où les pieds transpirent. Greta me souhaitait plus classique.
Je dis à Greta : « Je pourrais dans quelques mois acheter une VW Polo d’occasion pour nos déplacements. »
« Pas question », répondit-elle. « Dès que tu obtiendras un permis de conduire, je t’achèterai une voiture neuve, celle que tu aimeras. Nous pourrions descendre plus souvent dans les Ardennes, dans les petits restaurants renseignés par le Guide Lemaire. Ce sera agréable. »
C’est Greta Bollaert qui entreprit les démarches pour lancer la procédure du divorce ; elle eut un soir, dans la maison de mes parents en dehors de ma présence, un entretien avec Georgette; elles se mirent d’accord pour choisir l’avocat que Greta proposait et pour introduire en justice une demande en divorce par consentement mutuel.
Comme notre couple n’avait pas d’économies, le partage du petit mobilier cadeau fut réglé par Greta qui signa un chèque accepté par Georgette. J’étais libre à nouveau. Chez Greta.
°°°
Quelques mois passèrent. Je vivais toujours au troisième étage de la maison de Madame Bollaert qui m’avait proposé à plusieurs reprises d’habiter dans les appartements du rez-de-chaussée, du premier et du second étage. J’aurais une chambre plus spacieuse pour moi seul. Une belle salle de bain. Un bureau. Mais je dis, il est inutile de modifier mon installation, vivre au troisième détend mes nerfs. J’étais heureux de partager mes repas avec Greta, je la remerciais de s’occuper de mon linge, lessive et couture, de repasser les belles chemises qu’elle me conseillait d’acheter à Bruxelles, de laver mes chaussettes et caleçons que je changeais chaque jour, et tout cela gratuit.
(A suivre)
°°°°°°°°°°°°°°°
Henri de Meeûs
mar.
03
août
2021
Madame Bollaert
(suite du texte de la Nouvelle d’Henri de Meeûs publié dans les Carnets de Juin 2021)
°°°°°°°°°°°°
Mes parents dînent le soir à deux, et sans moi si Greta m’invite à partager son repas du soir, celui du mercredi uniquement, de 19 heures à 20 heures, ni plus ni moins : macaronis au gratin, salades, et tartelette aux cerises. Mes parents sont d’accord pour que je mange chez la voisine chaque mercredi soir vu que je leur apporte les fraises et souvent des salades ou des tomates. En principe, ils refusent que j’y aille les autres soirs.
Madame Bollaert ne me dérange pas, elle est silencieuse quand j’étudie mes leçons. Elle est intelligente, a été cadre chez Solvay. Une bonne retraite lui permet de vivre sans soucis.
Une fois par semaine, elle me tend deux plaques de chocolat Callebaut en même temps que l’argent pour le jardinage. Elle ne se trompe pas dans le calcul des heures notées dans un petit carnet à spirales.
Les autres soirs, je reste chez mes parents et nous soupons à trois dans la cuisine, mon père parle peu, ma mère pousse des soupirs et moi je sers les plats préparés par ma mère qui, une fois qu’elle s’assied, ne se lève plus, car se lever, s’asseoir, et se relever, la fatigue.
Depuis très jeune, fils unique, je m’occupe du repas du soir, des plats, du service, puis je reprends les assiettes, et à moi de laver la vaisselle. Eponger, essuyer, le tour est joué. Ma mère apprécie ma rapidité et mon souci de propreté. Elle préfère s’asseoir dans le canapé, sa jambe étendue sur un strapontin de velours vert.
Ensuite une demi-heure relax à regarder à trois la TV, le programme est choisi par mon père qui garde sur les genoux la télé-commande, puis retour au petit bureau contre le mur, essayant de mémoriser une leçon ou de chercher la solution d’un problème d’algèbre. Parfois je crie : « Un peu moins fort la TV ! » mais sitôt le son baissé, quelques minutes plus tard, mon père hausse la tonalité sous prétexte qu’une chanteuse a une belle voix ou que le match de foot est palpitant.
Contrairement à la voisine, ils ne respectent pas mon travail. Je l’ai signalé à madame Bollaert. Elle a dit: « Mon pauvre petit, tes parents ne sont pas instruits, ils ignorent la difficulté d’apprendre dans les livres, tu as bien du mérite ». Et sa main légère effleure mes cheveux.
Un jour, j’ai découvert les boules Quies, cire molle que j’enfonce dans l’orifice de chaque oreille. Un conseil de Greta Bollaert. Je n’entends plus rien, silence total sauf les battements du sang dans les conduits auditifs. Je peux enfin me concentrer sur mes études et, très vite, les résultats scolaires se sont améliorés.
Vive les boules de cire, vive madame Bollaert. Parfois j’éprouve un saisissement quand mon père me touche l’épaule pour m’avertir de préparer le repas du soir. Je ne l’entends jamais arriver près de moi, je suis concentré dans mes études, et tout à coup sa main sur mon épaule me fait sursauter. Les boules Quies ne sont pas bonnes si on est cardiaque.
°°°
En dernière année d’études secondaires chez les Maristes, est arrivée dans ma classe à la rentrée de septembre, une fille, grande, à peau blanche et taches de rousseur, qui s’appelle Georgette Tamisard. Elle était la seule fille de la classe. Elle a dit venir d’une école dans les Ardennes près d’Arlon. Quand les parents de Georgette se sont installés à La Louvière, elle a dû changer d’école. Son père ingénieur est le nouveau responsable de la distribution et des ventes du grand magasin Traffic.
Elle prend un bus chaque matin qui part de la rue des Anges pour la déposer non loin du collège des Frères Maristes de La Louvière.
Belle fille souriante, en jeans bleuâtre et pull-over jaune, avec des cheveux roux. Je ne suis pas sensible aux charmes des élèves filles souvent boutonneuses, bavardes, mal lavées, rarement peignées, pas coquettes Je préfère les femmes de plus de 25 ans, avec un peu de poitrine, mais pas trop, légèrement maquillées et bien coiffées. Surtout qu’elles soient féminines et ne ressemblent pas à des hommes. Je n’ai jamais fait l’amour, je ne cherche pas de rencontres, je me trouve moche. De rester entre papa maman, cela n’ouvre pas la porte aux grandes aventures. Je découpe parfois des photos de blondes dans les revues de mode que ma mère jette après lecture à la poubelle, et je classe et colle ces illustrations un peu dénudées dans un cahier classé géométrie parmi d’autres cahiers que mes parents n’ouvrent pas ; mes études ne les intéressent pas.
Les premiers jours, de septembre à novembre, j’ai cru être amoureux de Georgette Tamisard. Je pensais souvent à elle, je la regardais car elle était assise non loin de moi, au premier rang, dans la classe. Son profil et ses cheveux rouges. Elle lève souvent la main pour répondre rapide aux profs. Ce qui m’émeut, ce sont ses jambes, ses mollets, parfois ses cuisses quand elle s’assied sur le banc et que sa jupe remonte un instant. Elle ne voit pas mes regards. Du moins je le pense. On ne se serre pas la main et nous ne nous parlons pas. Un matin, cependant, le prof de français, monsieur Frison, – nous le nommions Frisette car il avait de petits cheveux bouclés dans le cou et une fine moustache blonde – eut l’idée de mettre en scène des lectures publiques de grands écrivains de théâtre. Il avait formé dix équipes de deux élèves, avec pour chaque duo, un texte dont la lecture ne dure pas plus de dix minutes. Il voulait améliorer nos intonations et notre accent qui sentaient la province, disait-il en pinçant son français. Il avait fait du théâtre à Paris. Il disait qu’il jouait les rôles de jeune premier. Les élèves filles de l’école le trouvaient charmant.
Je dus lire avec Georgette une scène de Tartuffe, dans Molière. J’étais Tartuffe et elle était la fille d’Orgon qui veut épouser Valère. J’ignore si les élèves ont bien compris le texte car ils n’avaient jamais entendu parler de Molière. Georgette Tamisard eut du succès, il y eut des rires. A moins que notre couple ne fasse rire ?
Après notre lecture, Monsieur Frisette me conseilla de parler plus fort et de prendre un air douloureux. Il nous expliqua la conduite de Tartuffe. Ce qui fut moins drôle pour moi, c’est qu’après ces lectures, les élèves m’ont appelé Tartuffe et non plus Vansmet. Mon équipe avec Georgette m’avait permis de mieux la connaître.
°°°°
Georgette et moi, nous terminâmes nos études avec le diplôme d’humanités modernes. Elle avait trouvé, grâce à son père, un job au Traffic de La Louvière comme caissière, et moi, je m’étais inscrit à la seule école d’informatique de la ville, le Wizz, non loin de l’église saint Antoine aux deux clochers. Je déteste l’informatique mais si on réussit, on reçoit le diplôme de gestionnaire informatique. Cela plaisait à mes parents qui disaient : « Un an, c’est assez, et le diplôme te permettra de trouver un bon métier. Nous n’avons pas l’argent pour dépenser plus pour tes études ».
Madame Bollaert regrettait que je ne tente pas l’université, elle me voyait bien devenir professeur au collège des Maristes, mais quand elle comprit que mes parents ne supporteraient pas le coût de quatre ou cinq années universitaires, elle se tut, me regarda et dit : « Si je t’offrais ces années d’études à l’université catholique de Louvain-la-Neuve ? »
J’en parlai à mes parents. Mon père réagit vite : « Pas question, nous ne sommes pas des mendiants. Elle peut garder son argent. » Ma mère pinçait les lèvres et fermait les yeux. Mon père ajouta : « Tu diras à la Poularde que c’est bien gentil, que tu la remercies, que tu essayes une année au Wizz informatique, c’est mieux pour trouver un emploi. »
Je n’étais pas sorti encore de la maison familiale, Georgette devenue caissière au Traffic logeait encore chez ses parents, mais elle espérait de l’avancement. Son rêve ? Devenir gestionnaire du personnel du grand magasin.
Devenir GRH, disait-elle. Les Ressources humaines ! C’était le mot à la mode chez les dirigeants.
Je me dis, il est temps de sortir avec Georgette vu que nos caractères s’étaient plu dans la lecture de Tartuffe. Je le dis à mes parents : « Je voudrais rencontrer plus souvent Georgette Tamisard, et passer quelques heures avec elle en promenade le samedi ou le dimanche. » Ils ne firent aucune objection. Si cela te distrait, dit ma mère, et nous serions heureux de faire sa connaissance un de ces jours.
C’est à la fin de notre dernière année chez les Maristes, classe de rhétorique, que nous nous sommes parlé vraiment, en la reconduisant à l’arrêt du bus qui la ramène chez ses parents. Au début, conversations courtes, puis de plus en plus longues. Elle aimait lire des livres et avait de l’humour. Contrairement à ma mère qui n’en a pas.
***
Bref, le mariage fut décidé malgré la mauvaise humeur de la mère Tamisard. Mes parents me prévinrent de suite : « Vous êtes trop jeunes, nous n’avons pas d’argent, ce sera très simple : un déjeuner au Trois Lapins, un plat, un dessert, bière et vin, pas plus.»
Les parents Tamisard, plus riches, restèrent silencieux mais n’offrirent pas de recevoir chez eux, ni de choisir un restaurant plus extra que celui de La Louvière. Ils ont de l’argent mais ils ont dit à Georgette, ce mariage ne nous convient pas, tu seras malheureuse, donc nous n’allons pas fêter cela.
Quand j’ai raconté cela à madame Bollaert, j’étais assis sur l’herbe dans le jardinet à côté de son transat. Elle murmura : « Mon pauvre garçon, tu n’es pas gâté ! ». Puis, elle se leva nerveuse, rassembla ses journaux et revues, et dit à haute voix : « J’en ai assez de te voir victime de ta famille et des Tamisard qui ont de l’argent et ne gâtent pas leur fille. Tu diras à tes parents que j’offre le déjeuner du mariage au restaurant Le Canard boiteux, un étoilé au Michelin, je connais bien le patron, je paierai tout, des zakouskis aux pousse-café, que ça plaise ou non aux parents, beaux-parents, et à ta chérie. A toi de décider. Ils peuvent être contents. Je suis ta tantie, non ? »
Elle rit, et d’une main baguée d’un saphir que je ne lui avais jamais vu. cacha sa bouche ouverte.
« Tu leur diras aussi que je prends à ma charge le coût du voyage de noces, et vous aurez une chambre au troisième étage de ma maison, avec petit salon, cuisine et un local douche-sanitaire. Location gratuite. J’ai de l’affection pour toi. »
Quand j’annonçai à mes parents l’offre généreuse de Greta Bollaert, ils ne firent aucune objection.
***
Le mariage fut conclu dans la Maison communale de La Louvière un samedi matin du mois de Mai. Temps froid malgré soleil et ciel bleu. Mon père et ma mère avaient revêtu les meilleurs vêtements de leur garde-robe. Mon père en costume gris, chemise blanche et cravate rouge, ma mère en longue robe grise s’arrêtant aux mollets et sur les épaules une écharpe de laine noire; le père Tamisard en blazer bleu, œillet blanc à la boutonnière et pantalon rouge, et sa femme en robe mauve moins longue que celle portée par ma mère, et un collier doré autour du cou.
Tout le monde souriait ou faisait semblant.
Georgette et moi, nous n’avions pas d’invités n’ayant ni amis ni amies assez proches.
C’est Madame Bollaert qui fit sensation. Elle est arrivée à la maison communale dans une Mercédès grise 280S conduite par un chauffeur de location. Une robe de couleur bleu nuit, avec un décolleté convenable et un chapeau noir en paille sur lequel étaient accrochés des muguets en satin aux feuilles vert émeraude.
A son bras, une sacoche de la marque Hermès. Monsieur Tamisard lui fit un baisemain.
Il y eut des rires quand le bourgmestre raconta une blague qu’il sortait sans doute chaque fois aux mariés, et quand Georgette ne parvint pas à glisser l’alliance à mon doigt. J’étais rouge, j’ai dû aider ma femme à l’enfoncer. On avait essayé deux semaines avant l’achat. Mes doigts avaient gonflé. Le stress sans doute.
Dans le restaurant, un bon déjeuner, un potage aux écrevisses, un poulet aux morilles et avant le dessert et le champagne, surprise, surprise, un jeune homme à mèche blonde apparut dans la petite salle, se dirigea vers madame Bollaert, lui baisa la main, et la mena à côté du piano. Elle nous fit une révérence et dit : « Je vais vous chanter une chanson en l’honneur des jeunes mariés chéris. » Le pianiste blond s’assit devant le piano droit, et madame Bollaert ajouta : « Voici les Roses blanches. »
Elle se lança, – on voyait qu’elle avait répété – tout d’un trait sans s’interrompre, portée par la musique :
C'était
un gamin, un gosse de Paris,
Pour famille il n'avait qu' sa mère
Une pauvre fille aux grands yeux flétris,
Par les chagrins et la misère
Elle aimait les fleurs, les roses surtout,
Et le cher bambin tous les dimanches
Lui apportait de belles roses blanches,
Au lieu d'acheter des joujoux
La câlinant bien tendrement,
Il disait en les lui donnant :
"C'est aujourd'hui dimanche, tiens ma jolie maman
Voici des roses blanches, toi qui les aime tant
Va quand je serai grand, j'achèterai au marchand
Toutes ses roses blanches, pour toi jolie maman"
Au printemps dernier, le destin brutal,
Vint frapper la blonde ouvrière
Elle tomba malade et pour l'hôpital,
Le gamin vit partir sa mère
Un matin d'avril parmi les promeneurs
N'ayant plus un sous dans sa poche
Sur un marché tout tremblant le pauvre mioche,
Furtivement vola des fleurs
La marchande l'ayant surpris,
En baissant la tête, il lui dit :
"C'est aujourd'hui dimanche et j'allais voir maman
J'ai pris ces roses blanches elle les aime tant
Sur son petit lit blanc, là-bas elle m'attend
J'ai pris ces roses blanches, pour ma jolie maman"
La marchande émue, doucement lui dit,
"Emporte-les je te les donne"
Elle l'embrassa et l'enfant partit,
Tout rayonnant qu'on le pardonne
Puis à l'hôpital il vint en courant,
Pour offrir les fleurs à sa mère
Mais en le voyant, une infirmière,
Tout bas lui dit "Tu n'as plus de maman"
Et le gamin s'agenouillant dit,
Devant le petit lit blanc :
"C'est aujourd'hui dimanche, tiens ma jolie maman
Voici des roses blanches, toi qui les aimais tant
Et quand tu t'en iras, au grand jardin là-bas
Toutes ces roses blanches, tu les emporteras"
On l’écouta jusqu’au bout. Madame Bollaert m’avait regardé du début à la fin. Je ne connaissais pas cette chanson si triste. Frissons partout sur ma peau.
Mes parents, d’abord étonnés, s’efforçaient de garder le sourire, puis à la fin du morceau, ils applaudirent poliment tandis que Monsieur Tamisard, enthousiaste, se leva, et alla embrasser madame Bollaert. Madame Tamisard fut prise d’un fou rire. Georgette, mon épouse ne riait pas. Elle vit que j’avais les larmes aux yeux. Me prenant la main, c’était beau, dit-elle.
Mais le clou du spectacle fut quand le patron du Canard boiteux apparut avec un grand bouquet de roses blanches qu’il remit à madame Bollaert. Et tout le monde de se réjouir y compris les serveurs qui préparaient le café et les biscuits. Je crois que le bouquet fut payé par Greta.
(A suivre)
Henri de Meeûs
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
ven.
02
juil.
2021
Au moment où les courbes du Covid atteignent un bas niveau, en avril, AM est transporté aux urgences de la Clinique. En 3 jours, il est atteint d’un petit infarctus, d’une pneumonie, on découvre qu’il est contaminé par le Covid et que ses poumons sont en mauvais état. Après l’intubation, qui ne suffit pas, il sera trachéotomisé une nuit et restera plongé dans un sommeil provoqué durant 45 jours.
Après ce délai et plusieurs tentatives infructueuses de réveil, il ouvre les yeux, et il ne pourra parler tant que l’ouverture pratiquée dans la gorge pour lui donner de l’air ne sera pas refermée.
J’ai assisté impuissant à sa plongée dans le coma de 45 jours. Son frère m’informait de son état chaque jour, à 14 heures quinze, par l’envoi d’un mail court.
AM ne prenait guère de précautions, du type « gestes barrières », se moquait des obsédés du lavage des mains à l’alcool, mais il portait toujours le masque dans les magasins. Rattrapé par le Covid et son cortège de nuisances tout azimut, il est actuellement encore dans sa chambre de clinique, dans la division des soins intensifs, nourri et oxygéné par sonde, (les machines de l’intubation ont été ôtées un peu avant le réveil). Ses progrès sont minuscules mais s’additionnent. Etat critique, me dit une doctoresse au téléphone un matin.
Après 15 jours de réveil, on m’annonce qu’il n’est plus contaminant Covid et que je puis le visiter dans sa chambre. Il me réclame. Je n’hésite pas. Le poste de garde de la clinique a mon nom, je puis descendre dans les étages inférieurs et le rejoindre.
Il est allongé dans un lit, avec de nombreux tuyaux qui partent dans tous les sens.
Ses lèvres bougent, il me parle, je n’entends rien, aucun son ne sort de sa gorge ouverte suite à la trachéotomie, et toujours non obturée. Il est isolé, seul dans une chambre, dont les vitres permettent de voir les allées et venues dans le couloir central et dont la porte reste ouverte pour faciliter le passage du personnel infirmier.
Il s’exprime par des mouvements de la tête, des clins d’yeux appuyés plusieurs fois pour me montrer qu’il ne faut pas croire ce que dit l’infirmière. Il n’a pas perdu son caractère rebelle.
Lors des fortes chaleurs, il transpire recouvert d’une légère chemise qui descend jusqu’aux genoux. Je puis voir l’état de ses pieds, dont la peau a une couleur cacao, c’est la circulation de l’endormi si longtemps, ses mains sont gonflées, ses doigts ne plient pas, restent horizontaux. Il est encore incapable de saisir un objet, d’effectuer un n° d’appel sur son GSM. Il faut attendre, patienter... que ce corps reprenne ses esprits, essaie de se mettre en ordre de marche.
Mais après huit jours, sa circulation veineuse s’améliore, s’éclaircit. C’est le temps des progrès. Un médecin a dit : « Il est un miraculé ».
On parle maintenant d’obturer la trachée vu que l’état de ses poumons s’améliore. Il pourra parler enfin. Mais aucune date n’est avancée, ni pour la gorge à refermer, ni pour la sortie des « soins intensifs » vers un autre département de la clinique afin de poursuivre la résurrection. De la patience, c’est ce qu’ils disent.
Chaque fois que je le quitte, je remercie les infirmières et médecins rencontrés pour leurs soins qui l’ont maintenu en vie.
°°°°°°°°°°°
Pourquoi cette abondance infinie d’astres, de planètes, de galaxies, d’amas de galaxies, et pourquoi cette course vers on ne sait où ? Pourquoi l’expansion infinie de l’univers, et les trous noirs, et l’énergie noire ? Pourquoi un tel spectacle, dans quel but et pour quelle utilité, l’Intelligence infinie a-t-elle créé cet univers infini ? Création grandiose inutile ?
Notre existence est posée sur un grain de sable, la Terre, et nous ses habitants, créatures minuscules, arrogantes, nous nous y faisons la guerre sans possibilité de la quitter, tout en la détruisant, car nous devenons trop nombreux. Nous finirons par nous dévorer les uns les autres. Personne n’aime personne. Chacun pour soi.
°°°°°
°°°°°
MADAME BOLLAERT
__________________
(Nouvelle inédite de Henri de Meeûs)
La maison de mes parents est minuscule. Ils m’interdisent d’éteindre la TV allumée toute la journée. Mon père est chômeur depuis vingt ans. Ma mère est une handicapée qui préfère ne pas sortir, laissant à mon père la corvée des courses.
Ma mère a une jambe rigide.
Entre 10 ans et 16 ans, au retour de l’école, assis au petit bureau à gauche de la fenêtre du salon, je mémorise des leçons que je n’aime pas, je ferme les yeux, rêvant à d’autres paysages. Il faut le silence pour retenir des textes, préparer les examens. Les fils de riches sont incapables d’étudier dans un living bruyant. Obtenir mon diplôme d’humanités modernes fut donc un exploit. Même après le redoublement d’une année. Personne ne m’a félicité.
Quand mes parents vers 23 heures gagnent l’unique chambre à l’étage à côté d’un espace douche et w-c, je déplie le lit rangé derrière le canapé du salon, je sors les draps et couvertures et m’endors jusqu’à six heures du matin.
Au réveil, après des mini-ablutions dans le petit vestiaire, eau chaude, eau froide, je revêts l’uniforme gris du collège, j’avale dans la cuisine deux tartines à la confiture d’orange et une tasse de café Jacqmotte. Mes parents dorment.
Ensuite dehors, vite, vite, attente du bus, rue de la Soude, à côté de l’usine Solvay, en hiver comme en été. Mon père m’oblige, en cas de grève des bus, de prendre mon vélo. Cinq kilomètres jusqu’à l’institut des Frères Maristes. Pluie, vent ou neige, débrouille-toi.
Pas d’amis, ni d’amies, et cloîtré chez papa-maman devant leur TV jusqu’à mes 16 ans.
J’ai une consolation: le terrain de dix mètres sur vingt derrière la maison.
Il appartient à Greta Bollaert la voisine, une veuve de 55 ans. Elle me confie l’entretien de son jardinet, mauvaise herbes, plantations et semis, – elle aime les fleurs et les légumes – sans dépasser deux heures par jour et pour trois euros l’heure. Interdiction d’y venir le week-end.
Si le temps est beau, Greta se repose dans un transatlantique devant un parterre de roses jaunes. A ses pieds, sur l’herbe, des coussins et des journaux. Quand il fait chaud, elle ouvre un parasol orangé, échancre son corsage, remonte sa jupe à mi-cuisses, de telle sorte qu’en se penchant vers moi, son petit jardinier comme elle me nomme, elle offre du spectacle. La peau de sa gorge est rouge avec d’innombrables taches brunes qui annoncent la vieillesse. Ce sont les fleurs du cimetière, dit-elle, en passant les doigts sur son cou.
Ma mère habillée long, corsage boutonné, dit qu’elle a mauvais genre. Pourtant, le maquillage de madame Bollaert est discret, son rimmel ne coule pas au soleil, ses lèvres sont teintes d’un léger rose et sur son front ne perle aucune sueur. Parfois à genoux dans les plates-bandes à sarcler les tiges herbues des carottes, je jette des regards vers Greta en bain de soleil.
Même chez moi, dans la chambre de mes parents, derrière les rideaux, je la regarde s’installer lourdement dans son transat; elle allonge les jambes et commence la lecture du Soir, de La Libre Belgique, ou d’une Marie-Claire. J’aime la surveiller sans qu’elle s’en aperçoive. Elle me fait rire quand elle s’endort la bouche ouverte. Son chapeau de paille tombe sur l’herbe. Mes parents se moquent d’elle.
Mon père déteste les corvées de jardinage, pas question pour lui de descendre dans le jardin de la voisine et d’admirer les plantations. Il me laisse respirer dans le jardinet de Greta.
Avec sa jambe raide, ma mère ne quitte pas notre maison ; elle m’observe peut-être derrière les rideaux de la chambre conjugale quand je travaille chez la voisine.
Ma mère, née en Pologne, s’appelle Wanda Zaleska. Sa famille fut décimée par les Allemands à Varsovie. Très jeune, elle échappa aux rafles de l’été 1942. Pendant huit semaines, les juifs furent déportés chaque jour hors de Varsovie vers Treblinka, a dit ma mère. Six mille à huit mille, précise-t-elle. De jour comme de nuit. C’est mon oncle, membre de la police juive, qui a réussi à sortir du ghetto ma mère, petite fille, cachée dans un sac de pommes de terre. Par l’unique tram, m’a-t-elle raconté. Elle et le frère de sa mère, ils ont fui dans les forêts. Elle a beaucoup marché et peu mangé. De là son handicap, sa jambe raide. Nous avons la photo de l’oncle dans notre salon, un moustachu en uniforme de la police juive. Il est mort en 1947 après avoir vécu à Charleroi deux années après la Libération. Il n’est pas rentré en Pologne. Je ne l’ai pas connu car ma mère a épousé mon père en 1954 et moi je suis né en 1960. Mon père était chômeur.
Nous habitons La Louvière à cinquante kilomètres de Bruxelles via l’autoroute.
Mon père fut un bel homme, mais de rester sans travail, de ne rien faire toute la journée, il s’est aigri. Il se rase deux fois par semaine, s’habille d’un même pantalon bleu et d’une veste de toile sur une chemise à carreaux. Jamais de cravate. S’il fait froid, un pull-over rouge en-dessous de la veste. Des gens croient qu’il est socialiste quand ils le rencontrent. Mais il déteste les syndicats et la politique.
Il n’aime que les souris blanches ou rosées élevées à la cave dans des aquariums dont le plancher est couvert de copeaux et de pailles. Il vend les souris à un laboratoire pharmaceutique de Wavre et à plusieurs animaleries de Wallonie. Cela lui fait des rentrées en plus du chômage.
Deux fortes lampes sont allumées jour et nuit dans la cave. Un vasistas est ouvert dans le mur pour l’aération des bêtes.
Ma mère a peur des souris. Elle ne descend jamais dans la cave. Mon père dit : « Tu es une grosse biesse ! Les souris ne vont pas te manger ! »
Oui, ce sont les serpents qui mangent les souris. Mon père m’a expliqué : « Un élevage de souris est facile et pas cher du tout, une fois que le coût d'achat du matériel et des reproducteurs est amorti. » Il m’a dit aussi que les souris ont une vie sociale très intéressante: il y a une hiérarchie, des conflits, une solidarité entre les femelles qui nourrissent et élèvent les bébés ensemble. En général, les souris vendues chez les commerçants sont parfois dans un triste état, mal nourries ou peut-être malades. Chez mon père, elles sont de première qualité et les clients, une fois qu’ils connaissent mon père, lui restent fidèles. Les souris que mon père élève n'ont rien à cacher, il les connait depuis leur naissance et elles sont bien soignées. Par contre, après une semaine sans nettoyer les cages, ça pue. Ma mère exige qu’aucune odeur ne monte du sous-sol.
Mon père a un acheteur, le magasin Aux jolis reptiles de chez Jolly à Ittre, près de Waterloo. Le commerçant a demandé à mon père une notice explicative sur les souris, un mode d’emploi destiné à la clientèle. Mon père a préféré que j’écrive le texte de la publicité car j’ai de l’orthographe:
LES JOLIS REPTILES de chez JOLLY
« La souris est aliment complet et bien équilibré qui peut servir de routine alimentaire du premier jusqu'au dernier jour de la vie de vos chers
serpents.
Malheureusement, son prix dans d’autres animaleries n'est pas négligeable et lorsque l'on a plusieurs serpents à nourrir cela finit par représenter une somme rondelette en fin d'année.
Chez Jolly, vous aurez le choix : les
souris les plus belles et les plus économiques ! Une souris fraîche est plus nourrissante qu'une souris congelée. La congélation détruit certains nutriments bénéfiques pour nos serpents.
Chez Jolly, il est très facile de trouver la
proie de bonne taille. Un serpent nouveau-né mangera plus volontiers un souriceau rosé d'un jour qu'un gros rosé de 5-6 jours. Un serpent de quelques mois se contentera d'un souriceau blanchon
plutôt que de plusieurs rosés... Dans le commerce on ne trouve généralement que des mélanges de rosés et des adultes. Il est très difficile de trouver des blanchons, des sauteuses.... Visitez
Jolly au Joli reptile ! »
Le commerçant a aimé le texte et a dit à mon père qu’il vendait davantage de serpents grâce à la notice sur les souris. Mon père n’a pas dit que je l’avais rédigée.
Je n’ai pas grand-chose à raconter sur la famille de mon père: des Flamands installés en Wallonie à l’époque où elle manquait d’ouvriers agricoles pour les arrachages de betteraves et de pommes de terre. Les Flamands ont aimé les paysages, la campagne autour de Namur. Mon père s’appelle Jules Vansmet. Il s’est brouillé avec ses frères et sœurs. On ne les voit jamais. J’ignore la raison de leur dispute. A cause de ma mère peut-être, mais elle ne raconte rien à ce sujet.
Mes parents sont des taiseux. Je ne les ai jamais vus s’embrasser. Parfois mon père enlace ma mère quand il est derrière elle, elle pousse de petits cris et cela finit toujours par la même phrase : « Jules, tu me fais mal ». Mon père soupire et s’éloigne, retombe dans le fauteuil ou quitte le living pour la cuisine; il mange un ou deux biscuits Delacre au chocolat, cela calme ses manques. Chaque soir, il descend dans la cave nourrir les souris. Parfois, je l’entends qu’il leur chante de petites chansons.
Mes parents n’ont pas d’amis, n’invitent personne, et moi, je ne puis recevoir de compagnon de classe qui verrait combien notre maison est petite avec une chambre unique à l’étage pour mes parents et moi qui dors dans le living sur un lit de camp. Ils craignent qu’on se moque de nous. Ils ne le disent pas mais j’ai compris cela quand ma mère un soir a crié à mon père : « Ce n’est pas avec ton chômage que nous pourrons recevoir dignement dans cette maison de nains ». Mon père est devenu très rouge, n’a rien dit, il s’est levé, est sorti en claquant la porte. On l’a vu prendre son vélo devant la maison et filer vers le café du Centre.
« Il décompresse », a dit ma mère pas malheureuse d’exprimer ce qu’elle pensait, pour une fois devant moi.
°°°
Madame Bollaert abrite les ustensiles de travail, les râteaux, pelles et bêches, sacs de semences et arrosoirs, dans un petit chalet en bois au fond du jardinet. Je fais pousser pour elle, du printemps à la fin de l’automne, des carottes, de la salade, des poireaux, du persil, des tomates, et en juin les fraises de Wépion, les plus réputées du monde, même si nous n’habitons pas dans cette commune. Elle m’autorise à emporter chaque vendredi quelques fraises que j’ai fait pousser sous les verdures. Elle cueille et les dépose dans une petite boite en carton. Elle compte les fraises. C’est pour tes parents, dit-elle.
La veuve est gentille, la bien gentille madame Bollaert, que mon père appelle parfois « la poularde », ce qui fait rire ma mère. Elle m’a connu enfant. Je jardine entre dix-sept et dix-neuf heures le mercredi et le vendredi. Ensuite, je reçois la permission d’étudier dans son living sur une longue table recouverte d’une nappe plastifiée, vite nettoyée. Un coup de lavette. Je peux étaler mes livres et mes cahiers. Je me concentre chez elle mieux que dans le living familial. Aucun bruit chez Greta. Jamais un coup de téléphone. Elle éteint la radio et la TV, elle respecte mon travail. Mes résultats scolaires sont meilleurs.
Parfois, elle reste assise en face de moi sans rien dire, elle me regarde, ou feuillette les pages d’un magazine de modes La belle Flora acheté à Waterloo chaque lundi. Elle commande par correspondance des pull-overs, des chemisiers ou des robes qui arrivent dans les huit jours avec le facteur. Elle paie par virements. Elle signe les reçus du facteur.
Madame Bollaert essaie devant moi certains vêtements face au miroir du living, elle se tourne et se retourne, ce qui me distrait un peu, mais j‘avoue que ces vêtements livrés par la poste lui vont bien. Elle renvoie rarement ce qu’elle a commandé ; elle est très précise dans les mesures des vêtements achetés par correspondance. Ces achats la mettent de bonne humeur. Je l’aperçois parfois en soutien-gorge quand elle essaie un chemisier. Elle rit de voir que je la regarde.
« Veux-tu que je te tricote un pull en laine d’Ecosse ? », me dit un soir madame Bollaert. Je n’osai refuser. Je répondis : « Oui, mais je devrai avertir ma mère. »
– Pourquoi ta mère ? Tu es encore le fils de maman, le fils de ta Mamy ?
– Non, non, mais je ne veux pas qu’elle soit jalouse.
Madame Bollaert éclata de rire. Je vis ses dents entre les lèvres rouges. Une canine en or. Elle a une canine en or ! Jamais vu ça.
– Ta mère sera contente d’avoir un fils bien habillé, au chaud en hiver. Ce sera un pull à longues manches. J’ai le modèle. On le nomme l’Antonin. Ce sera chic. Je ne t’oblige pas, c’est si tu veux et comme tu veux. Tu n’es pas tenu d’entretenir mon jardinet non plus. Tu es libre.
Elle ne riait pas. Je sentis comme une menace dans sa voix.
Je dis : « De quelle couleur sera le pull ? »
– Bleu foncé avec une bande jaune aux poignets et une ligne rouge à l’encolure. Tu seras bien.
– Ok, dis-je.
Je n’avertis pas ma mère. Pas de complications. Il sera temps plus tard.
Je ne voyais pas Greta en train de tricoter. Elle devait être à son ouvrage quand je n’étais pas dans sa maison à étudier les leçons des Frères Maristes.
Un mois après l’annonce du cadeau, elle me tendit le pull bleu marine aux manches bordées de jaune. Il me plut. Je la remerciai et l’embrassai sur les deux joues.
– Tu aimes ? Je suis bien contente.
Elle posa une main sur ma tête, caressa mes cheveux et dit : « Essaie-le, je verrai s’il y a des corrections ».
La laine sentait bon. Je passai le pull facilement malgré ma grosse tête. Je me regardai dans le miroir accroché au-dessus du feu ouvert.
– Cette couleur va bien avec tes cheveux blonds, dit-elle. Les filles vont te courir après.
Je n’avais pas de succès auprès des filles, mais inutile de le lui dire.
J’étais timide, je n’avais jamais caressé personne.
°°°
Henri de Meeûs
(A suivre)
dim.
30
mai
2021
Extraits de Maîtres anciens de Thomas Bernhard : il s’agit d’une méditation sur la littérature, les arts, anéantis face à la mort de l’être aimé. Bernhard et Kafka sont les plus grands écrivains de langue allemande du XXème siècle.
« Je n’ai tout de même rien à cacher et rien à taire, a-t-il dit, avec mes quatre-vingt-deux ans, je n’ai plus la moindre chose à cacher ou à taire, a dit Reger, je n’ai donc pas à taire, non plus, que tout d’un coup j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps et toujours à nouveau pleuré toutes les larmes de mon corps, pendant des jours j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps, voilà ce qu’a dit Reger. J’étais assis là et je regardais les lettres que ma femme m’a écrites au long des années, et je lisais les notes qu’elle avait prises au long des années et je pleurais toutes les larmes de mon corps. Au cours des décennies, nous nous habituons naturellement à quelqu’un et nous l’aimons pendant des décennies et pour finir nous l’aimons plus que tout et nous nous enchaînons à lui et, quand nous le perdons, c’est effectivement comme si nous avions tout perdu. J’ai toujours cru, c’est la musique qui représente tout pour moi, et parfois aussi, c’est la philosophie, la grande et la très grande et la toute grande littérature, tout comme j’ai cru que c’était l’art, tout simplement, mais tout cela, tout l’art, quel qu’il soit, n’est rien comparé à ce seul et unique être aimé. Que n’avons-nous pas fait à ce seul et unique être aimé, a dit Reger, dans combien de milliers et de centaines de milliers de souffrances n’avons-nous pas précipité cet être que nous avons aimé plus que tout autre, comme nous avons tourmenté cet être, et nous l’avons pourtant aimé plus que tout autre a dit Reger. Quand l’être aimé par nous plus que tout autre au monde est mort, il nous laisse une terrible mauvaise conscience, a dit Reger, avec une mauvaise conscience atroce, avec laquelle il nous faut exister après sa mort, et qui, un beau jour nous étouffera, a dit Reger. Tous ces livres et ces écrits que j’ai rassemblés au cours de ma vie et que j’ai apportés dans l’appartement de la Singerstrasse pour en bourrer toutes ces étagères n’ont finalement servi à rien, j’étais abandonné par ma femme et tous ces livres et ces écrits étaient ridicules. Nous croyons alors que nous pouvons nous raccrocher à Shakespeare ou à Kant, mais c’est une illusion, Shakespeare et Kant et tous les autres qu’au cours de notre vie nous avons élevés au rang de ceux que nous appelons les grands, nous laissent en plan au moment précis où nous aurions eu tellement besoin d’eux, voilà ce qu’a dit Reger, ils ne sont pas une solution pour nous et ils ne nous sont d’aucune consolation, tout d’un coup ils ne nous paraissent plus que répugnants et étrangers, tout ce que ces soi-disant grands hommes, ce que ces hommes remarquables ont pensé, et aussi ce qu’ils ont écrit par-dessus le marché, nous laisse froids, voilà ce qu’a dit Reger. Nous croyons toujours que ces hommes remarquables et ces grands hommes, comme on dit, peu importe, au moment décisif, c’est-à-dire au moment qui décide de la vie , nous pouvons nous reposer sur eux, mais c’est une erreur, juste au moment qui décide de la vie, nous sommes abandonnés par tous ces hommes remarquables, ces grands hommes et ces hommes soi-disant Immortels, dans cet instant qui décide de la vie ils ne nous donnent rien de plus que le fait que parmi eux aussi nous sommes seuls, livrés à nous-mêmes dans un sens tout à fait effroyable, voilà ce que ma dit Reger. Uniquement Schopenhauer m’a aidé, parce que j’ai tout bonnement abusé de lui dans le but de survivre, voilà ce que m’a dit Reger à l’Ambassador. Si, plus que tous les autres, Goethe, Shakespeare, Kant, par exemple m’ont dégoûté, dans mon désespoir, je me suis tout bonnement jeté sur Schopenhauer et je me suis assis avec Schopenhauer sur le tabouret tourné vers la Singerstrasse pour pouvoir survivre, car tout à coup j’ai tout de même voulu survivre et ne pas mourir, ne pas suivre ma femme dans la mort, mais rester là, rester au monde, vous entendez, Atzbacher, voilà ce qu’a dit Reger à l’Ambassador. Mais naturellement aussi, je n’ai eu une chance de survivre avec Schopenhauer que parce que j’ai abusé de lui à mes propres fins, et que je l’ai effectivement falsifié de la façon la plus infecte, voilà ce qu’a dit Reger, en faisant tout bonnement de lui un médicament de survie, ce qu’il n’est pas du tout en réalité, tout comme ceux que j’ai déjà nommés. Toute notre vie nous nous reposons sur les grands esprits, sur les soi-disant maîtres anciens, voilà ce qu’a dit Reger, et alors nous sommes mortellement déçus par eux, parce qu’ils ne remplissent pas leur office au moment décisif. Nous thésaurisons les grands esprits et les maîtres anciens et nous croyons qu’ensuite, au moment décisif pour la survie, nous pouvons les utiliser à nos fins, ce qui ne signifie d’ailleurs rien d’autre qu’en abuser à nos fins, ce qui se révèle une funeste erreur.
Nous remplissons de ces grands esprits et de ces maîtres anciens le coffre-fort de notre esprit, et nous revenons à eux au moment décisif de la vie ; mais lorsque nous ouvrons ce coffre-fort de l’esprit, il est vide, voilà la vérité, nous sommes là devant ce coffre-fort de l’esprit, vide, et nous savons que nous sommes seuls et, en vérité, dans un dénuement complet, voilà ce qu’a dit Reger. Sa vie durant l’homme thésaurise dans tous les domaines et à la fin il se retrouve tout de même vide, voilà ce qu’a dit Reger, même en ce qui concerne ses capacités d’esprit. Quelles immenses capacités d’esprit n’ai-je pas thésaurisées, voilà ce qu’a dit Reger à l’Ambassador, et à la fin je me retrouve tout de même complètement vide. Ce n’est que grâce à une ruse grossière que j’ai réussi à abuser de Schopenhauer à mes fins, à savoir aux fins de survivre, voilà ce qu’a dit Reger. Tout à coup vous savez ce que c’est, le vide lorsque vous êtes là, parmi des milliers et des milliers de livres et d’écrits, qui vous ont complètement abandonné, qui, tout d’un coup, ne sont rien pour vous sinon justement ce vide affreux, voilà ce qu’a dit Reger. Lorsque vous avez perdu l’être qui vous était le plus proche, tout vous paraît vide, vous pouvez regarder où vous voulez, tout est vide, et vous regardez et regardez et vous voyez que tout est vraiment vide, et cela pour toujours, voilà ce qu’a dit Reger. Et vous reconnaissez que ce ne sont pas ces grands esprits et pas ces maîtres anciens qui vous ont maintenu en vie pendant des décennies, mais que ce n’a été que ce seul être que vous avez aimé plus que tout autre ».
(Extraits de Maîtres anciens, de Thomas Bernard, p. 232 à 235, Gallimard 1988))
Biographie tirée de Wikipedia :
L'enfance de Thomas Bernhard est marquée par de multiples déménagements et par une maladie pulmonaire dont il souffrira jusqu'à sa mort. Au cours de sa vie, l'écrivain a plusieurs fois « pris la direction opposée », le contre-pied de ce qu'on attendait de lui, ou s'est mis à détester ses goûts et ses relations antérieures. Pur Autrichien, Thomas Bernhard n'a jamais eu de mots trop durs envers son pays, tout en enracinant une partie de sa vie dans la campagne autrichienne la plus profonde.
Thomas Bernhard naît le 9 février 1931 à Heerlen aux Pays-Bas. Sa mère Herta, Autrichienne qui y travaillait comme gouvernante, revient à Vienne en 1932, et le confie d'abord à ses grands-parents. Elle se marie en 1936. Thomas Bernhard passe ses premières années à Seekirchen, dans la campagne près de Salzbourg. L'influence de son grand-père, l'écrivain Johannes Freumbichler, récompensé en 1937 par le prix d'État pour la littérature pour son roman Philomena Ellenhub, le marquera toute sa vie. Ce sont des années heureuses. En 1938, il part vivre en Bavière avec sa mère, mais garde la nostalgie de Seerkirchen. Ses résultats scolaires deviennent catastrophiques, il vit l'école comme un cauchemar. Ses grands-parents s'installent dans la région en 1939.
En 1942, il fait un séjour dans un centre d'éducation national-socialiste pour enfants en Thuringe, où il est maltraité et humilié. Placé dans un internat nazi à Salzbourg en 1943, il revient en Bavière en 1944 à cause des bombardements alliés, puis retourne au même internat salzbourgeois en 1945. Il raconte dans L'Origine comment l'éducation après-guerre y est la même que sous le nazisme. En 1947, Thomas Bernhard arrête ses études au lycée. Il décide « de prendre la direction opposée » et commence un apprentissage dans une épicerie. Quand, début 1949, il est hospitalisé pour une grave pleurésie purulente, son état est si désespéré que les médecins le considèrent comme condamné1. Son grand-père meurt brusquement en 1949, sa mère l'année suivante, et il apprend ces deux décès par hasard dans le journal. Il ne quitte l'hôpital qu'en 1951, mais reste malade.
La période 1949-1952 marque un tournant dans la vie de Bernhard. Il profite de ses hospitalisations pour écrire de la poésie. Il tente aussi de devenir chanteur professionnel. En 1950, il rencontre au sanatorium Hedwig Stavianicek, de 35 ans son aînée, qui devient sa compagne et amie, son être vital, dont il partage désormais la tombe. Hedwig est, jusqu'à sa mort en 1984, son soutien moral et financier. Elle est la première lectrice de ses manuscrits et sans doute la seule se permettant une vive critique du travail de Bernhard.
De 1952 à 1954, Bernhard travaille comme collaborateur indépendant au journal Demokratisches Volksblatt, y écrivant surtout des chroniques judiciaires et culturelles. Il y publie ses premiers poèmes. Parallèlement, il étudie au conservatoire de musique et d'art dramatique de Vienne ainsi qu'au Mozarteum de Salzbourg. Il se lie à la société intellectuelle de Vienne, dont il fera plus tard un portrait féroce dans Des arbres à abattre. Jusqu'en 1961, il écrit essentiellement de la poésie. Il publie, en 1963, son premier roman, Gel. Il rencontre en 1964 l'éditeur Siegfried Unseld, qui dirige les éditions Suhrkamp, où la quasi-totalité de ses textes seront publiés (à l'exception notable des cinq volumes autobiographiques).
En 1965, il achète, grâce en partie au succès de Gel, une ferme à Ohlsdorf en Haute-Autriche qu'il s'attache à remettre en état. Il fait l'acquisition de deux autres maisons dans la même région en 1971 et 1972. Jusque dans les années 1980, il partage son temps entre Ohlsdorf, Vienne, et des voyages, avec une prédilection pour les pays méditerranéens (Italie, Espagne, Yougoslavie, Turquie, ainsi que le Portugal). Opéré des poumons en 1967, il séjourne de nouveau à l'hôpital en 1978, et apprend que son état est incurable. Thomas Bernhard est toute sa vie un personnage exigeant, presque maniaque. Il demande à son entourage des soins constants et, s'il est un bon vivant et d'une compagnie cordiale quand il se sent en sécurité, il suffit d'un mot pour qu'il se ferme complètement et définitivement.
La première grande pièce de Bernhard, Une fête pour Boris, est créée à Hambourg en 1970. En 1971, le téléfilm L'Italien (Der Italiener, de Ferry Radax), dont le scénario est de Bernhard, est tourné au château de Wolfsegg. Ce château est le décor de son grand roman Extinction, publié en 1986. En 1988 la création de sa pièce Place des Héros au Burgtheater de Vienne, « repaire du mensonge » comme il le dit dans sa pièce, déchaîne, dans son pays, huées, insultes, boycott et même jets de pierres de la part des nationalistes. La pièce représentée cent fois reçoit pourtant un grand succès. Elle entre au répertoire de la Comédie-Française le 22 décembre 2004.
Thomas Bernhard meurt des suites de sa maladie pulmonaire en février 1989. Dans son testament il demande que rien de son travail ne soit représenté ou publié en Autriche durant la durée légale.
Œuvre
· Gel (Frost) - 1962
· Amras - 1964 - Paris, Gallimard, 1987 (Contient Marcher (Gehen) initialement paru en 1971, repris dans l'édition de 1987.)
· Perturbation (Verstörung), 1967 (ISBN 978-2-07-070907-6)
· La Plâtrière (Das Kalkwerk), 1970
· Trois jours (Drei Tage), 1971 in Récits 1971-1982 - Paris, Gallimard, 2007, coll. « Quarto » (ISBN 2-07-078372-3).
· La Force de l'habitude (Die Macht der Gewohnheit), 1974 / Paris, L'Arche 1983 (ISBN 978-2851810304)
· Corrections (Korrektur), 1975 / Paris, Gallimard, 1978 (ISBN 2-07-077352-3)
· L'Origine (Die Ursache), 1975 / Paris, Gallimard, 1981.
· La Cave (Der Keller), 1976 / Paris, Gallimard, 1982.
· Oui (Ja), 1978 / Paris, Gallimard, 1980.
· Le Souffle (Der Atem), 1978 / Paris, Gallimard, 1983.
· L'Imitateur (Der Stimmenimitator), 1978.
· Emmanuel Kant (Immanuel Kant), 1978 / Paris, L'Arche, 1989 (ISBN 2-85181-234-3).
· Avant la retraite (Vor dem Ruhestand), 1979 / Paris, L'Arche, 1987 (ISBN 2-85181-066-9)
· Maître (Über allen Gipfeln ist Ruh), 1980 / Paris, L'Arche, 1994 (ISBN 2-85181-334-X).
· Les Mange-pas-cher (Die Billigesser), 1980 / Paris, Gallimard, 2005, coll. "Folio", n°4628, (ISBN 2-07-034802-4)
· Au but (Am Ziel, théâtre) - 1981 / Paris, L'Arche, 1997.
· Le Froid (Die Kälte), 1981 / Paris, Gallimard, 1984.
· Béton (Beton), 1982 / Paris, Gallimard, 1985 (ISBN 2-07-070388-6).
· Le Neveu de Wittgenstein (Wittgensteins Neffe), 1982 / Paris, Gallimard, 1992, coll. "Folio" n° 2323.
· Un enfant (Ein Kind), 1982.
· Le Naufragé (Der Untergeher), 1983.
· Des arbres à abattre : Une irritation (Holzfällen), 1984, (ISBN 2-07-071063-7).
· Déjeuner chez Wittgenstein (Ritter, Dene, Voss, théâtre), 1984.
· Le Faiseur de théâtre (Der Theatermacher, théâtre), 1984.
· Maîtres anciens (Alte Meister), 1985 / Paris, Gallimard, 1988 (ISBN 2-07-038390-3).
· Extinction (Auslöschung), 1986.
· Dramuscules, 1988 - Paris, L'Arche, 1991, (ISBN 2-85181-280-7).
· L'Origine : Simple indication - Paris, Gallimard, 2007, (ISBN 2-07-078384-7).
· Récits 1971-1982 - Paris, Gallimard, 2007, coll. "Quarto", (ISBN 2-07-078372-3).
· Simplement compliqué (Einfach kompliziert, théâtre), 1986, Paris, L'Arche, 1988, (ISBN 2-85-181-082-0).
· Place des Héros (Heldenplatz, théâtre), 1988 / Paris, L'Arche, 1990, (ISBN 978-2-85181-257-5).
· Mes prix littéraires (Meine Preise) - Paris, Gallimard, 2010, coll. "Du monde entier", (ISBN 978-2-07-012551-7).
· Sur la terre comme en enfer (Gesammelte Gedichte), recueil de poèmes traduit de l'allemand et présenté par Susanne Hommel, Paris, La Différence, coll. "Orphée", 2012.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
mar.
04
mai
2021
Le Fils
______________ (récit inédit de Henri de Meeûs)
Il y a des jours où c’en est assez d’être poursuivi, contrarié, après tant de dévouement à ma mère malade, je n’en puis plus. Mes deux sœurs, qui viennent rarement la voir, ont estimé que je la soignais mal. Elles m’ont dit de quitter la maison, qu’elles s’occuperont de notre maman octogénaire qui passe ses journées, ses nuits, au lit, à qui je donne tous les remèdes sur les ordonnances du docteur Poep.
Il faut être attentif pour déchiffrer l’écriture du médecin. Toutes les deux heures, entre huit heures du matin et minuit, un remède différent de la pharmacie de la rue des Tongres, proche de notre maison : pilules, comprimés, collyre et autres médicaments aux noms impossibles.
J’habite seul avec ma mère. Mon nom est Didier Donet. J’ai quarante-cinq ans, je suis célibataire.
Tout était supportable jusqu’au jour où mes deux sœurs ont téléphoné : « Nous te demandons de ne plus soigner maman, elle ne va pas bien, tu lui donnes trop de médicaments. Il faut la placer dans une maison pour ceux qui souffrent de démence. »
Je n’ai pas répondu, j’attends leur visite.
Elles ne prendront jamais maman, elles veulent la placer, leur mari ne s’encombrera pas de la belle-mère. C’est un combat : les deux sœurs contre le frère. Ma mère n’est plus à même d’arbitrer, elle ne nous reconnaît plus. Elle ne parle plus.
Tout est une question d’argent, je gère les économies de ma mère, je paie les honoraires du docteur, le coût des analyses du labo. Je me demande d’ailleurs si toutes ces analyses sont utiles, s’il est nécessaire qu’une infirmière pompe le sang de maman pour le centre médical de Linthout – elle prend du temps à trouver la bonne veine, les bras de maman sont couverts de bleus – elle n’est pas adroite cette infirmière, elle tâtonne, je reste poli, sinon on ne la verra plus.
Il ne faut pas trop dépenser. Il y a une garde qui vient deux fois par jour pour les soins, eau tiède, gants de toilette, serviettes, pampers pour adultes, talc pour les fesses, pommades pour la peau. Maman n’a pas d’escarres. J’en suis fier, on me félicite.
Je paie les notes une fois par mois; l’infirmière est gentille, ma mère ne crie pas, même si les prises de sang sont pénibles. Ma mère est une femme qui ne s’est jamais plainte.
Je prépare seul la nourriture du midi et du soir. Ma mère mange peu, je lui donne, à la cuillère, une purée de pommes de terre, de carottes et d’épinards, mélangée à de minuscules morceaux de viande ou de poisson que ma mère, qui a perdu ses dents et refuse un dentier, avale sans mastiquer. Parfois un petit potage aux tomates ou aux asperges – du Royco en poudre le plus souvent – dans lequel je verse de l’eau pas trop chaude, et je tourne, tourne, tourne la cuillère, pour refroidir la soupe et ne pas brûler la langue de maman.
Chaque repas dure une demi-heure, moi assis à côté du lit ; j’ai aidé à redresser son torse pour ne pas salir les draps. Elle a une grande serviette autour du cou.
Ses yeux sont très bleus quand elle les ouvre et la peau de son visage est sillonnée de tant de rides qu’il est impossible de les compter.
La garde et l’infirmière sont contentes. Quand je leur dis que mes deux sœurs veulent placer maman, elles s’écrient : « Mais comme c’est méchant ! Elles sont égoïstes ! »
Je n’ai jamais travaillé, j’ai vécu avec ma mère depuis ma naissance, c’est-à-dire depuis quarante-cinq ans. Mon père a quitté maman deux ans après mon arrivée sur terre. Il est mort peu après. Je n’ai jamais connu les détails de leur séparation ni de son décès. Maman ne parlait pas de lui, elle avait déchiré les photos de mon père prises depuis les fiançailles jusqu’au départ définitif. Je n’ai aucun souvenir de papa. Vivre en couple, c’est difficile. Les enfants obligent les parents à ne pas se fuir. Maintenant on parle de burn-out causés par les enfants. Cela me fait rire. Moi, c’est ma mère qui m’épuise.
Je dois me préparer à l’arrivée de mes sœurs, elles n’ont pas annoncé la date de leur venue, elles ont la clé de la maison, elles peuvent venir la nuit, je ne vais pas me barricader, mais il serait désagréable de les recevoir en pyjama à une heure du matin dans le petit salon du rez-de-chaussée.
Ma sœur aînée, soixante ans, s’appelle Bernadette ; l’autre sœur, c’est Myriam, elle a cinquante-huit ans. Elles s’entendent bien, leur mari se supportent, ils aiment le football et les variétés à la télévision. Elles ont chacune un enfant, une fille chez Bernadette, un fils chez Myriam, à l’université déjà, qui se débrouillent bien, disent-elles, dans des études de biologie ou de chimie, je ne sais plus. Ils ne viennent pas saluer leur grand-mère depuis sa maladie ; elle est incapable de les reconnaître, de se souvenir de leur visite. Elle est démente, et toujours au lit.
Quand je me plains dans les magasins, à la caisse, disant : « Les célibataires se sacrifient toujours pour leurs vieux parents », je vois les regards de la vendeuse ou de la patronne qui s’attardent sur moi, se demandant si je ne suis pas un bizarre, un fils à sa maman ; elles ont connu ma mère avant qu’elle ne sombre, elle m’envoyait faire du shopping pour nous deux au Carrefour.
Cela m’amuse de paraître la victime, cela donne de l’importance, ma vie n’est pas inutile. Ma mère m’a toujours défendu, moi le chéri, l’unique, l’abandonné par papa. C’est maman la gentille m’entourant de sa protection, qui m’aidait à avancer dans les années primaires, mon esprit perdu dans les devoirs, les leçons à connaître par cœur, les calculs et l’orthographe. Misère de ces années de jeunesse. A la récréation, peu d’amis, j’étais seul à marcher le long des murs. Personne pour jouer avec moi aux billes sur la partie sablée de la cour de l’école.
Ma mère, chaque fin d’après-midi, s’installait à la table de la cuisine pour m’aider à comprendre, à retenir, à réciter. Elle souffrait de ma laide écriture, impossible à améliorer, des fautes qu’elle refusait de corriger ; c’était moi l’auteur du travail, même si les professeurs émettaient des doutes sur mes capacités.
Quand ma mère est tombée malade, si une de mes sœurs téléphonait pour demander des nouvelles de maman, je ne parvenais jamais à reconnaître la voix de l’une ou de l’autre de mes soeurs. Je me trompais, j’entendais leur rire moqueur. Cela me contrariait et je bégayais.
Je disais : « Maman va bien, elle a de l’appétit, elle est constipée, l’infirmière a administré la piqûre », et toutes des choses comme celles-là. Bernadette et Myriam répondaient par des cris. La conversation ne se prolongeait pas tandis que notre mère dans la chambre, la porte ouverte, pouvait entendre ce que je disais, si elle écoutait, mais notre mère rapidement n’a plus prononcé un mot. Savait-elle que ses filles existaient ?
Mes sœurs n’ont jamais demandé si j’allais bien, si je n’étais pas fatigué.
Le docteur disait : « Votre mère est mutique. » Quel mot ! J’avais compris d’abord que maman devenait un moustique.
Arrêt de mes études à la fin des primaires. Ma mère me fit passer entre les mains de plusieurs docteurs en blouse blanche, dont certains psychiatres, qui décidèrent que je serais toujours un ralenti, que le scolaire était trop difficile pour moi, qu’ils conseillaient de rester avec maman, qu’elle aura la patience de m’instruire petit à petit.
Nu ou habillé, que d’examens et d’interrogatoires je dus subir de la part de ces hommes en blanc, à lunettes ou sans, stéthoscope au cou, yeux froids, me tripotant parfois pour vérifier mes réflexes, disaient-ils.
Je fus déclaré handicapé mental avec le versement mensuel d’une invalidité indexée, basse au début. Actuellement, elle est de mille euros versés par la Mutualité et tombe sur mon compte à chaque quinze du mois.
On me conseilla d’avoir un chien pour compagnon de vie. Ma mère ne dit pas non, à condition que je me charge de le nourrir, que je le sorte, qu’il ne salisse pas la maison. Un bichon blanc, mouton minuscule. Le jour, il couchait dans un des fauteuils du salon, en face de moi. Je lui achetai une laisse rouge. Je le sortais trois fois par jour, chaque fois une demi-heure, après avoir vérifié que maman avait les yeux fermés, que je pouvais fermer à clé la porte de sa chambre. Précaution superflue vu qu’elle est incapable de sortir de son lit. Mes promenades avec le bichon toujours entre les visites de la garde ou de l’infirmière aux piqûres. Je devais noter sur un carnet de poche les heures de leur venue qui changeaient parfois.
Le chien s’appelle Johnny.
La nuit, Johnny dormait dans un panier au bout de mon lit. Ma chambre au premier étage à côté de celle de ma mère, la porte toujours ouverte afin d’entendre les gémissements même la nuit, si elle réclamait ma présence. Je dormais mal avec beaucoup de rêves agités.
Il est scandaleux, je me dis, que Bernadette et Myriam veuillent me retirer la garde de notre mère que je soigne depuis trois ans. Mes sœurs ne m’ont jamais aimé, elles sont plus âgées que moi, je suis le fils unique, le chéri. Il est difficile pour elles d’accepter que, des trois enfants, je sois le préféré de maman.
***
Notre maison de la rue Braffort est une haute maison blanche de trois étages, étroite, avec un jardin entouré de murs de briques rouges, qui descend vers l’avenue de Tervuren : pelouse, buissons, des fleurs et un pommier. Un homme du quartier vient chaque semaine entretenir le jardin. C’est ma mère qui a voulu cela car elle aime les fleurs. Depuis sa maladie, mes deux sœurs se plaignent de cette dépense d’un jardinier, disent-elles, mais je leur réponds qu’il ne faut pas être mal vu des voisins, avec des plaintes si le jardin devient une brousse ou une jungle.
Mes sœurs se fichent du jugement des voisins. Pour elles, tout est toujours trop cher. Je pense qu’elles limiteraient aussi les dépenses pour les soins à ma mère si elles le décidaient ; elles sont capables de prendre un avocat et de courir au greffe pour m’assigner, afin qu’un juge fixe une limite des coûts et décide la mise sous tutelle de maman. Je crains toujours que mes sœurs ne me placent dans un institut psychiatrique quand maman sera morte, bien morte. Qui me défendra ? Elles connaissent une quantité de médecins car l’une comme l’autre au moindre bobo prennent des rendez-vous, se soumettent aux hommes en cache-poussière blanc et stéthoscope au cou, alignent les séances de radiographies, de kinésithérapie, d’examens oculaires, mesurent leur ostéoporose, palpent leurs seins, cherchent les fibromes, etc. Elles vivent des angoisses horribles, persuadées qu’elles vont mourir dans l’année. Bernadette comme Myriam, l’une comme l’autre, et parfois ensemble, ne croient qu’aux dires médicaux. Elles ignorent les miracles de Jésus.
Elles ne m’ont jamais aimé et c’est réciproque. Leur mari idem. Ils ne s’intéressent pas à moi, qu’ils jugent simplet ou inadapté. Je le sais, on me l’a dit. « Ils t’appellent le benêt », m’a dit une cousine qui venait saluer maman au Nouvel-An.
Depuis la maladie de maman, on ne voit plus la cousine.
Que deviendrai-je si mes deux sœurs réussissent à placer notre mère dans un institut pour vieillards en bout de course, obligés de rester au lit jour et nuit, qu’il faut nourrir, laver de A à Z, surveillés par des infirmières, sous-infirmières ou ouvrières de santé non diplômées qui, sans frapper à la porte, entrent dans les chambres, tutoient les vieux, les vieilles, leur reprochent les gémissements ou forcent les bouches aux dents serrées par le refus de la nourriture, pas chaude et sans goût, à ouvrir les lèvres, pour les purées du midi et du soir, et ensuite les déshabillent pour changer les couches ?
Il faut les changer sinon pipi caca partout, leur parler même s’ils n’ont pas l’air de comprendre, leur dire : « Il faut manger, une cuillerée pour Fifi, – c’est le canari en cage de l’Institution –, une cuillerée pour Myriam, une cuillerée pour Bernadette. » J’imagine, j’imagine. C’est la clinique du docteur Mengele. On y meurt sans un cri. Je deviens parano. Cela me fait peur de placer maman, elle est mieux dans sa chambre, avec moi qui la garde. Je refuse le projet de mes deux sœurs.
Maman n’a personne que son fils pour la garder, pour vivre avec elle, nuit et jour, été comme hiver, pour aérer la chambre juste comme il faut, ni trop chaude ni trop froide, éviter qu’elle s’enrhume, sinon c’est la bronchite, la toux et les glaires.
Tout cela me stresse. Pauvre de moi toujours enfant, victime, fils de ma mère.
***
Quand ma mère était en bonne santé, nous vivions au rez-de-chaussée où sont situés le salon, la salle à manger, la cuisine, un w-c, et au premier étage les trois chambres à coucher et le bureau de ma mère, nous allions chaque mercredi matin au second, dans la chambre à la fenêtre minuscule, pour la mise en marche de la machine à laver le linge. Ensuite séchage à la vapeur et le fer à repasser Philips.
Il suffit d’appliquer le fer sur les vêtements. En réalité il y a quelques subtilités, surtout quand il s’agit de repasser une chemise. On peut utiliser un peu de vapeur, varier la température en fonction du tissu. En cas de doute, maman jette un œil sur l’étiquette des vêtements où des conseils d’entretien sont lisibles.
Côté mouvement, du fer sur le linge, maman évite les circulaires et les aléatoires. Il faut aller du bas vers le haut, du plus large au plus étroit. Par exemple sur une jupe à plis, on part du bas et on remonte la pointe effilée du fer vers les plis. A la fin du repassage, maman laisse le fer refroidir un peu, puis nettoie la semelle avec un chiffon doux, voire avec un peu d’eau savonneuse et une éponge douce. Elle n’utilise jamais le côté vert de l’éponge ! Maman est très habile. A l’aise avec la blanchisserie. Elle aurait pu ouvrir un magasin. Moi, je suis maladroit. Elle m’explique mais je n’ose plus repasser car j’ai raté les essais en brûlant des chemises.
Cette chambre, dite du linge sale, est voisine de celle où j’ai installé une table pour mon train électrique Märklin miniature acquis pièce par pièce durant la période de mon âge entre mes 15 et 40 ans, qui reste un des plaisirs de ma vie.
Quand j’économise, je ne résiste pas à entrer, avenue des Celtes, dans le magasin de jouets « Au beau Tambour » qui a la représentation exclusive de Märklin.
Je passe des heures à feuilleter les pages de leur catalogue. Je choisis sur place les éléments de construction du circuit de mon train, les petites gares, les ponts, les montagnes en carton, les arbres, les garages et les maisons, les autos de couleurs variées, les postes de garde-barrière, mais surtout les locomotives et les wagons de taille et de couleurs différentes, anciens ou très modernes, TGV et autres monstres de vitesse ferroviaire. Personne n’a jamais vu mes beaux trains. Ni mes sœurs, personne.
J’avais commencé à dix-huit ans la construction d’un premier train électrique miniature grâce à un coffret-cadeau reçu de ma mère.
Bienvenue chez Märklin ! « Que vous plongiez dans le grand monde miniature de Märklin H0, que vous vous laissiez séduire par de nobles modèles de l’écartement 1 ou que vous souhaitiez profiter du charme exclusif du Z : cela commence toujours par un ovale de voie sur lequel circule le premier train. Les coffrets de départ Märklin contiennent tout pour un bon début », lisait-on sur un dépliant explicatif du premier coffret.
C’était leur publicité ! J’aimais les trains Märklin. J’étais occupé au second étage, tranquille, je ne dérangeais pas, j’étais assis sur une chaise au bord de la table et j’actionnais un petit tableau électrique pour faire démarrer le train, le stopper en gare, ou l’arrêter dans un tunnel de la montagne en carton. Je riais tout seul. Je m’imaginais assis dans un wagon que j’allais faire dérailler quelques minutes plus tard à un passage à niveau où une des voitures Dinky Toys posée sur la voie se serait arrêtée. Je n’étais ni triste ni blasé.
Ma mère avait fait installer, du temps de sa bonne santé, un petit téléphone qui reliait la chambre des trains du second étage à la cuisine au rez-de-chaussée. Inutile, pour elle, de monter et de descendre l’escalier sans nécessité.
Au troisième étage, quatre chambres vides, de même volume, tapissées de rouge, sauf la plus grande, aux murs gris, qui sert de grenier rarement visité, où ma mère a rangé les souvenirs de son passé, les meilleurs sans doute ; elle avait détruit les plus désagréables.
Quatre fois l’an, une femme de ménage s’activait pour le grand nettoyage de tous les étages : savon de Marseille, seaux d’eau, torchons, brosses et raclettes. Cela sentait bon. Ma mère inspectait la fin des travaux et se montrait généreuse envers celle qui avait mis du propre partout.
***
Ce que je craignais est arrivé. Rentrant du salon de coiffure de la rue Gérard, où j’avais dû attendre une demi-heure avant de m’asseoir dans un des fauteuils de cuir synthétique, et demandé la coupe « comme d’habitude », c’est - à - dire courte sur les côtés et à l’arrière du crâne, et demi longue sur le dessus de la tête, ce qui prit une demi-heure à l’apprenti qui hésitait entre les ciseaux et la tondeuse, je rentrais d’un pas rapide rejoindre ma mère, seule dans la maison, enfermée à clé dans sa chambre.
Je vois devant notre immeuble une ambulance à l’arrêt en double file, avec le feu tournant allumé. Je me précipite. La porte est ouverte. Je grimpe l’escalier. Je vois Myriam ma sœur aînée parler à deux infirmiers. Elle s’approche de moi et crie : « Nous avons été obligés de forcer la porte de la chambre de maman, tu n’étais pas là, nous n’avions pas la clé, c’est scandaleux. »
Les infirmiers se taisent, redescendent l’escalier, rassurés sans doute pour maman, nous laissant dans mes explications bégayantes : ma sœur était venue sans prévenir, même pas par téléphone.
Il fallait raccourcir mes cheveux devenus trop longs, elle aurait pu m’attendre ou contacter la garde qui venait de toute façon vers dix-huit heures pour les soins. Myriam a la clé de la porte de rue mais pas celle de la chambre de notre mère. Elle ignore que j’enferme Maman quand je sors et que j’emporte la clé dans ma poche.
J’étais essoufflé, mon cœur battait trop vite. J’eus le temps de voir que ma mère était dans l’état où je l’avais quittée avant de sortir, couchée sur le dos, le teint pâle, la bouche fermée, les bras allongés au-dessus des draps et couvertures. Elle ne semblait pas inquiète, faisait-elle semblant de dormir ?
Ma sœur, les sourcils froncés, les yeux méchants, redressait sa petite taille et criait : « Nous en avons assez de te voir ici avec maman, il est temps qu’elle entre dans une maison de soins, tu comprends, est-ce que tu comprends ? »
Je la repoussai car elle venait trop près de moi, je sentais son haleine. Je dis : « Il faut une réunion avec le notaire et le médecin avant de prendre une décision. Je m’oppose au départ de notre mère, elle ne résistera pas, on ne déracine pas les vieux arbres. Tu ne peux m’interdire d’aller, une fois tous les deux mois, chez le coiffeur. Mon absence fut de courte durée. Je ne mérite pas cette scène alors que je consacre ma vie à maman. » J’avais crié VIE !
Je ne disais pas qu’avant le coiffeur, j’étais passé Au beau Tambour admirer le nouveau modèle de locomotive Märklin SPK III que je désirais acheter.
L’ambulance avait quitté les lieux sans Maman. Myriam ne restait pas non plus, même pas dix minutes auprès de sa mère, ne lui tenant pas la main dans sa main de fille fâchée. Elle partait rejoindre son mari retraité, mon beau-frère qui ne m’aimait pas, un homme impatient et nerveux, un raté du travail, qui ne ménageait personne.
Aigrie, elle lui préparait chaque jour les repas qu’ils partageaient à deux dans leur petite salle à manger, sans se parler, le silence interrompu par le tic de ma sœur qui se raclait la gorge toutes les cinq minutes et lui, le mari, mon beau-frère, Emile, se demandant pourquoi il restait depuis vingt ans en face d’une épouse mal habillée, en pantalon, la plupart du temps, jamais maquillée, rarement coiffée. Avec elle, chaque nuit, la farce du lit conjugal, le grand matelas de la marque Désir d’amour sur lequel, depuis longtemps, les ébats avaient pris fin.
Myriam, ma sœur aînée, aimait la couleur rouge. On la voyait de loin. Je me disais souvent c’est Chaperon rouge, petite de taille, qui s’entendait bien avec ma sœur Bernadette toujours en jaune.
Quand elles sortaient en ville, mes deux sœurs ressemblaient aux oiseaux jacasseurs des îles, avec des crêtes et de longues plumes, se donnant des airs convenables.
Leur cœur était sec et des yeux de rapaces pour agripper l’argent devenu une obsession depuis que notre mère s’enfonçait dans l’Alzheimer.
Bernadette, ma seconde sœur, préférait les nuances du jaune. Mieux habillée que Myriam, plus coquette, parfumée, bien coiffée, maquillage et lèvres rouges, hauts talons, robes élégantes, elle avait épousé à trente ans un homme fils unique comme moi, à l’aise financièrement, orphelin très jeune qui, sans diplôme, avait été durant vingt ans le représentant d’articles de bureau, papiers à lettres, cachets, stencils, cartouches d’encre, cartes de visites, boîtes d’allumettes, bref tout le petit matériel qui avec le temps se modifiait sans cesse dans des catalogues de plus en plus épais, avec des prix bas de gamme, vu la nouvelle civilisation numérique des PC, les ordinateurs de toutes marques et de tous pays qui ruinaient les imprimeurs.
Mon beau-frère fut vite dépassé ; il renonça à travailler à quarante ans, vivant d’indemnités de chômage et du portefeuille d’actions de ses parents tués en vacances dans un accident d’autocar en Crète. Pour une fois, leur fils ne les accompagnait pas. Sa vie fut sauvée d’être resté à Bruxelles.
La visite de Myriam était une violence. Même si je n’avais reçu de sa part ni douceur ni baisers depuis mon plus jeune âge, ma sensibilité innocente, sans armure, encaissait de plein fouet ses mots acariâtres, sans pitié pour moi gardien de maman.
Ce qui m’effrayait le plus était la dureté de ses regards, les sourcils froncés et la bouche méchante. Le laisser-aller de sa tenue la faisait ressembler à une gardienne de prison.
Je ne comprenais pas l’entente de mes deux sœurs, sinon que l’aînée, Myriam dominait la plus jeune, Bernadette.
Quand Myriam sortit en claquant la porte, avec des cris, pour rentrer chez elle retrouver son mari, je dus me retirer dans ma chambre et m’allonger sur mon lit pour récupérer. J’avais ouvert le col de ma chemise et ôté mes souliers pour m’étendre le mieux possible sur l’édredon. C’était le moment d’écouter un opéra d’Haendel. De la musique, oui, mais uniquement dans ma chambre solitaire. Maman n’aimait pas la musique, qui la fatiguait, disait-elle.
Ô gloire de Haendel, mon sauveur, cadeau du Ciel, ma consolation. Après un quart d’heure d’écoute, je m’endormais.
Je me réveillais vers dix-huit heures pour nourrir Maman.
***
Je vois le cercueil de ma mère allongé devant l’autel, avec quatre hauts cierges qui scintillent et, sur le cercueil, un drap noir cousu de fils d’argent. Je puis lire A Madame Lucie Donet, mère de Myriam, de Bernadette et de Didier, regrets éternels.
Didier était mon prénom, même si jusqu’à quinze ans, on m’appelait Didi, ce que je finis par refuser. Les diminutifs sont grotesques.
Il y a des glaïeuls blancs, à terre, tout autour du cercueil. A l’offrande, les personnes qui défilent devant la photo encadrée de Maman rajeunie, écrasent les fleurs blanches. Ô ma chère mère, toute seule enfermée entre quatre planches, comme tu dois t’ennuyer, comme c’est triste, où es-tu ? Penses-tu à nous, à moi, ton fils ralenti ?
Je suis assis au premier rang entre mes deux sœurs. Mes beaux souliers et mon manteau de deuil ; mes sœurs ont renoncé au rouge, au jaune, et vêtues en gris, un petit chapeau noir sur la tête, elles regardent du coin de l’œil les personnes qui défilent pour l’offrande devant le prêtre ; certaines baisent la croix qu’il leur tend, d’autres se contentent d’y poser un doigt, puis retournent à leur place après avoir laissé dans le panier de l’enfant de chœur quelques cents ou un billet.
Un prêtre africain inconnu, qui comblait les vides dans les rangs ecclésiastiques décimés par les crises d’après le Concile, prononça une courte homélie, d’autant plus abrégée que maman n’allait pas à l’église depuis sa maladie et qu’il ne l’avait jamais vue.
Au moment où l’assistance se mit debout, on entendit un craquement. Le cercueil avait dévissé ; mal accroché sur le support horizontal à six pieds, il avait glissé à terre. Je me précipite avec le personnel des pompes funèbres pour le remettre à l’horizontale, mais j’ignore ce qui s’est passé, j’entends mes deux sœurs pousser un cri. Le cercueil s’est ouvert ; on voit un bras de maman se dresser tout droit vers le Ciel.
Je m’éveille tout en sueur. Maudit rêve. Il est temps de préparer le frichti de ma mère à la cuisine.
***
Je suis seul dans la cuisine. Maman a mangé. Elle est couchée. Je ne sais pas si elle dort ou si elle est éveillée. J’ai lavé son visage et ses mains avec un gant de toilette trempé dans de l’eau tiède. Une petite sainte Vierge, veilleuse bleuâtre, est allumée sur sa table de nuit.
Je fais cuire pour moi un morceau de poulet avec des morilles et des pommes de terre rissolées. C’est bon. J’aime le poulet, je déteste la viande rouge. Comme ton père, disait ma mère.
Un verre de vin, un Côte de Blaye. Boire du vin me donne des forces, je n’exagère pas. Ensuite j’irai au salon et allumerai la TV pour écouter les nouvelles du soir. Ensuite, vers 21 heures, je remonterai au premier étage vérifier que maman va bien, qu’elle n’a besoin de rien, que ses protections urinaires ne sont pas relâchées. Ensuite, je l’embrasse, lui caresse du bout des doigts les tempes. Elle a les yeux fermés. Elle respire doucement. Sait - elle que je suis là ? Que son fils la protège de ses filles rapaces, qui ne pensent qu’à la placer dans une clinique pour personnes démentes en fin de vie ?
Si j’ai quarante-cinq ans, j’en fais soixante, car je ne suis pas soigné de ma personne. Tant que Maman allait bien, habile couturière, elle entretenait mes vêtements ; jamais un bouton ne manquait à mes vestes ni à mon manteau.
Je me rase une fois tous les deux jours, ce qui fait dire à ma mère : ne te néglige pas, tes joues piquent. En réalité, je suis paresseux, je n’aime pas la corvée du rasoir. Je me lave dans la baignoire une fois par semaine, le vendredi matin, toilette complète, des pieds à la tête, avec un savon Cadum qui sent bon. Les autres jours, je me lave vite, nu devant le lavabo ; je change de linge tous les deux jours vu que maman s’occupe du linge sale qui, après le passage dans la bruyante machine, est repassé par elle, pas encore démente ; elle le dépose frais et sentant bon dans mon armoire. Depuis que maman a cessé de s’occuper du linge, des chemises, et de nos effets personnels, j’ai pris le relai sans atteindre la perfection, car je ne repasse pas. Cela m’ennuie. Ma mère ne fait aucune remarque.
Avant l’Alzheimer de ma mère, elle acceptait que je me promène chaque après-midi toujours selon un même circuit : je descends la rue des Tongres, je marche sur le trottoir de l’avenue de Tervuren jusqu’au Parc du Cinquantenaire. Là, il y a des bancs où je m’assieds quand le temps est agréable. Il y a un bassin central avec des fontaines ; leurs jets retombent dans l’eau verdâtre où s’ébattent des canards.
Je regarde devant moi. En semaine, à cette heure, on voit des mères poussant des voitures à bébés, ou tenant par la main des mioches criards, qui parfois leur échappent. Je ris de voir ces jeunes mères pousser des cris pour rattraper les enfantelets courant droit vers l’avenue avec le risque d’être écrasés par les voitures qui ne freinent pas tant les conducteurs sont pressés d’arriver je ne sais où, toujours en mission pour le patron ou pour l’épouse qui a remis une liste de courses, tu n’oublieras pas, c’est ennuyeux de te le rappeler, je t’ai donné un papier, écarquille les yeux, je t’en prie, je suis fatiguée par ta petite mémoire ! Il oublie toujours quelque chose, il invente, il dira que l’article manque.
Je regarde les oiseaux, il y en a de moins en moins, qui picorent les miettes de pain répandues par des âmes sensibles. Les moineaux ont disparu. Ce sont les croassements des choucas qui les ont remplacés. Ils sont les chefs noirs. Il y a aussi un ou deux hérons, aristos à longues pattes, qui observent, à l’écart, perchés sur les branches des saules pleureurs.
Il y a des couples d’amoureux qui apparaissent à la sortie des bureaux ; notre quartier est situé près du Rond-Point Schuman, le centre des bureaux occupés par les services européens. La moitié des travailleurs sont de riches fonctionnaires en dépression, m’a-t-on dit, ils rédigent à longueur de journée des notes que personne ne lit. Ils sont payés généreusement mais cela ne fait pas leur bonheur. On dit aussi que beaucoup sont terriblement endettés. Riches et malheureux.
Mes promenades me font remarquer, ma démarche est lente, à petits pas, bras tendus le long du torse, doigts écartés sur mes cuisses. Je suis incapable de balancer les bras au rythme de la marche. Je préfère qu’ils restent raides, les mains en dessous des hanches. Quand le chien m’accompagne, il n’est pas facile de le tenir en laisse.
Depuis la maladie de maman, j’ai dû raccourcir la durée des promenades, me contentant du jardin de notre maison. Il y a un fauteuil de paille léger à transporter, que j’installe sous le tilleul s’il fait chaud. Assis, je lis le journal du matin, La Libre ou Le Soir, ou les catalogues de Märklin que j’annote d’un Bic à encre rouge.
Le bichon Johnny est couché dans l’herbe près de moi. Il dort ou regarde le ciel quand un oiseau passe trop bas à son goût ; dans ce cas, il pousse des aboiements que je dois faire cesser pour éviter les plaintes de voisins. Ma mère est dans un autre fauteuil à l’ombre, assise à deux mètres de moi, attachée au dossier de son fauteuil afin d’éviter qu’elle ne tombe en avant. Elle gémit parfois dans son sommeil, ce qui m’oblige à me lever pour voir si elle a un problème.
C’est une vie lente. Je ne pourrai jamais être rapide. J’espère rester en activité tant que vivra ma mère. J’ai assez de force pour la ramener dans sa chambre au premier étage. Nous avons installé sur la rampe de l’escalier un fauteuil électrique pour lui éviter tout effort. Elle a un peu maigri, ma mère, ces derniers mois, il n’est pas fatigant de la transporter jusqu’à son lit.
***
J’ai reçu hier une lettre d’un avocat, Maître Bontinckx, qui dit avoir reçu un mandat de mes deux sœurs pour exécuter le déménagement de maman vers la maison de soins Les Lilas rouges à Boitsfort. Il dit que je ne verrai pas mes sœurs pour éviter les discussions, qu’il essaie de trouver une solution sans disputes familiales. Il me propose de le rencontrer à son Cabinet sis avenue de Tervuren, à dix minutes de notre maison. Il ne donne pas de détails. Je lis que Bernadette et Myriam ont signé pour accord sa lettre. Que faire ? Consulter un avocat pour connaître mes droits et ceux de maman ? Les honoraires d’avocats sont élevés.
Il ne manquait plus que cela. Mes deux sœurs me déclarent la guerre. Je ne veux pas être séparé de maman. C’est deux contre un. Je suis le plus faible. S’il faut aller devant un juge, je suis incapable d’argumenter, de défendre ma mère, d’éviter la désignation d’un curateur, dévoué (certainement) à mes deux sœurs, qui gérera le petit patrimoine de maman, qui fera vendre la maison avec le mobilier, qui forcera mon déménagement, qui lancera une procédure pour me placer en psychiatrie, car mes sœurs sont capables de tout. Elles veulent de l’argent. Je n’ai pas dormi. A deux heures du matin, je suis entré dans la chambre de maman et je me suis accroupi près de la table de nuit éclairée par la veilleuse, j’ai dit à maman dont les yeux étaient fermés : « Tu sais, Bernadette et Myriam veulent te placer dans une maison de soins à Boitsfort. Elles ont un avocat. Je dois le voir bientôt. Elles finiront par vendre TA maison. »
Maman n’a pas bougé, mais j’ai entendu un petit gémissement. Je lui ai caressé la joue, j’ai touché sa main droite qui était chaude au-dessus du drap et je suis rentré dans ma chambre.
Je ne dors toujours pas, j’ai des palpitations, je me relève pour ouvrir un peu la fenêtre, de l’air, de l’air, je ne veux pas mourir, je me rallonge dans mon lit de célibataire à une personne, où personne d’autre que moi n’a jamais dormi, pauvre de moi sans amie, sans amour, sans sexe en vérité. Je suis vierge, a dit ma mère.
Mes deux sœurs, ces pestes, finiront par avoir ma peau. Depuis la dispute, j’ai l’impression de vaciller ; immobile, debout, j’ai le tournis.
J’utilise la canne de maman pour assurer mon équilibre quand je marche rue des Tongres, chaque matin, pour les courses. Parfois, je m’arrête, la main sur un mur, pour me reposer, puis je repars vers le grand magasin Carrefour à la recherche des produits (nourriture pour maman, Johnny et moi, drogueries, eaux minérales, etc.) dans les immenses rayons débordant de marchandises.
C’est stressant. Je heurte, avec mon sac, de nombreux clients impolis qui parfois m’insultent pour ma lenteur. Rentrer à la maison avec ces achats m’essouffle, mon cœur bat trop vite, je ne puis laisser maman longtemps seule. J’apporte les paquets, que je sors du sac de courses, à madame Latourière qui est la garde matinale de maman. Elle déballe, met au frigo, nous échangeons quelques mots avant que je monte avec elle pour sortir maman de son lit afin de la laver. Je les laisse seules, je ne veux pas regarder ma mère nue, c’est au-dessus de mes forces. Madame Latourière comprend cela. Quand maman est revêtue d’une chemise de nuit propre, la garde m’appelle pour l’aider à la remettre au lit. Je suis en sueur après tous ces efforts, et j’ai mal au dos. Madame Latourière est une femme énergique, elle a bien compris la méchanceté de mes sœurs, elle me plaint, je lui ai lu la lettre de maître Bontinckx, elle ne connaît pas d’avocats qui pourraient m’aider. Elle n’aime pas mes sœurs.
***
Je suis arrivé à quinze heures au cabinet de l’avocat Bontinckx, avenue de Tervuren. Je n’ai pas attendu longtemps dans la petite salle d’attente. J’étais seul. Il est apparu, assez costaud, trapu, à moitié chauve, rouge de teint, lunettes à montures épaisses. Un costume bleu à veste croisée. Il fume un cigarillo. Il m'a fait entrer dans son bureau où des piles de dossiers, aux couvertures de couleurs les plus diverses, grimpent le long des murs. Comment s’y retrouve-t-il ?
Il dit : « Assieds-toi, Didier, je suis content de te voir. Tes sœurs m’ont beaucoup parlé de toi et de tes problèmes avec ta mère. »
Détestant le tutoiement, je répondis : « Maître, j’ai quarante-cinq ans, nous ne nous connaissons pas, je ne vous permets pas de me tutoyer. »
– Ah bon ! Je croyais être gentil. Désolé. Excusez-moi.
– Vous m’avez demandé de me voir à la demande de mes sœurs. Je vous écoute.
– Oui, elles estiment qu’il est temps que ta mère, excuse-moi, votre mère ne devrait plus rester dans sa maison, qu’il est temps de la placer dans une maison de soins. Tes soeurs veulent que je sois désigné tuteur de votre mère. Il paraît que tu, ah zut ! vous souffrez d’un handicap, qu’il devient difficile de vous occuper d’elle jour et nuit.
– Mais il y a une garde qui vient le matin et une infirmière le soir pour la toilette et la préparer pour la nuit.
– Cela coûte. Vos sœurs voudraient vendre la maison.
– Cela ne m’étonne pas. L’argent compte plus pour elles que leur mère.
– Ah ! elles sont réalistes !
– Je refuse de donner mon accord.
– C’est très embêtant cela, mon petit Didier. Car si tu t’opposes à une solution raisonnable, tes sœurs sont décidées de te soumettre à une expertise psychiatrique et au besoin de te faire colloquer. Dans ce cas, on sait quand ça commence et jamais quand cela finit.
Il avait repris le ton familier qui me réduisait à l’image que mes sœurs lui avaient donnée de moi. Il ne perdait pas du temps dans les circonlocutions. Droit au but : « Ta mère dans une clinique spécialisée ou bien, si tu refuses, ce sera la bagarre et toi à l’asile ! »
Je me levai d’un coup et sans le regarder ni lui donner la main, je quittai son bureau. J’eus le temps d’entendre qu’il me lançait : « Pauvre con ».
Dans la rue, j’eus un étourdissement. Je m’assis sur le trottoir, ramenant les pans de mon manteau sur les genoux. Les piétons passaient sans s’arrêter. Certains jetaient un coup d’œil ou s’écartaient de moi. Une dame âgée enfin s’arrêta : « Vous n’êtes pas bien, Monsieur ? » « J’ai eu un malaise, cela va passer. » « Ah oui, vous avez bonne mine, ce n’est pas grave », et elle poursuivit sa marche.
***
C’est décidé. J’ai réfléchi. Nous allons quitter la maison, maman et moi, ce soir. J’ai loué une voiture pour quarante-huit heures. Le véhicule est stationné dans l’entrée du jardin entre les battants de la grille. J’ai bien regardé une carte routière. Nous partons pour le Danemark. Je roulerai toute la nuit. J’emporte mes économies retirées hier sur mon compte en banque, pour l’essence, l’hôtel, et les dépenses une fois arrivés au centre du Danemark. J’ai réservé une chambre à deux lits par téléphone. J’ai un permis de conduire qui fut peu utilisé mais je sais conduire. Je ne vais pas m’endormir en roulant la nuit. Ce n’est pas mon genre. D’abord l’autoroute Bruxelles vers Aix-la-Chapelle, puis monter en Allemagne vers Hambourg, puis le Danemark, rester sur l’autoroute jusqu’à Thisted, dans le Jutland, au bord d’un fjord magnifique où j’ai séjourné une semaine de vacances solitaires il y a dix ans. Un paradis. 1200 kilomètres de voyage. Arrivée vers midi, à mon avis. Il y aura des provisions dans la voiture, de l’eau, des pampers. Ma mère dormira.
Je ne réponds plus au téléphone, je fermerai les compteurs de gaz et d’électricité, et les portes. Je baisserai les volets. Je ne laisse pas de traces. Mes sœurs n’auront qu’à lancer des recherches qui seront trop tardives.
A dix-neuf heures, j’emporte maman bien emballée dans une couverture et la dépose doucement à l’arrière de la voiture louée, une Peugeot 4 portières. Maman a de la place pour étendre les jambes et un petit oreiller soutient sa tête.
J’emporte une valise avec nos effets que je place dans le coffre. Pour bien voyager, il faut voyager léger. J’enferme Johnny dans la cuisine avec des croquettes et de l’eau. Je regrette de n’avoir pas la place pour emporter les boîtes du train Märklin. Tant pis. Maman d’abord.
Voilà nous sommes partis. Je donne un peu d’air en ouvrant légèrement ma fenêtre. Je transpire beaucoup. Ma vue est bonne. Je distingue clairement, de loin, les panneaux indicateurs des villes repérées sur la carte routière pour mon voyage. La voiture roule bien. Elle est confortable. De temps en temps, je dis à Maman : « Tout va, tu n’as pas soif ? » Elle ne répond pas, elle dort ou parfois, elle pousse un gémissement.
Après la frontière, en Allemagne, je stoppe la voiture à une station-service pour un premier plein, puis pour désaltérer maman. Je lui lève la tête pour qu’elle ne s’étouffe pas. Je lui présente un biscuit Delacre devant les lèvres qu’elle garde fermées. Alors, c’est moi qui croque le biscuit. Je bois aussi cette bonne eau de Spa. Je change les pampers. Je vais vite vers les toilettes après avoir fermé les portières de la Peugeot. Cela dure cinq minutes.
Nous repartons vers Hambourg. Des voitures Mercedes, BMW, Audi nous dépassent à une allure folle, m’obligeant à garder un œil sur le rétroviseur car ces monstres, à peine aperçus derrière vous, très lointains, vous dépassent comme dans une course automobile et disparaissent. Tout cela m’excite. Je reste bien éveillé. De moins en moins de voitures au fur et à mesure que les heures passent.
Le jour se lève, il est six heures, je quitte l’Allemagne et roule sur l’autoroute du Jutland du sud, direction la ville de Kolding. J’accuse soudain la fatigue avec les paupières qui se ferment. Pas moyen de m’arrêter ici, il n’y a pas d’aire de repos ou de sorties. J’ouvre grandes les fenêtres. Je dis Maman, tu n’as pas froid ? Elle ne répond pas. Et ce qui devait arriver est arrivé. J’ai lâché prise. Je me suis endormi. Personne sur l’autoroute. La voiture a poursuivi une direction à l’aveugle, droit sur des rambardes métalliques du bas-côté. Je suis réveillé par le crissement aigu des taules déchirées. Quel choc ! Trop tard. La Peugeot a fait un cumulet. Toute neuve, elle est sur le toit maintenant. Je puis ouvrir ma portière. Je m’extirpe. Je n’ai pas mal. Maman a été éjectée, par la vitre arrière, à trois mètres sur le talus. Je la vois sur le dos, bras en croix. Sa couverture s’est ouverte. La chemise de nuit est relevée sur les cuisses. Il y a du sang. Je suis resté debout immobile à regarder.
Maman est morte au Danemark. C’est mieux pour elle. Elle n’a pas souffert, ont dit les secouristes de l’ambulance et la police danoise qui m’a fait monter dans leur Mercedes blanche.
****
J’écris ces notes dans une chambre aux murs roses à un lit de la clinique du Docteur Van Zeek au milieu de la Forêt de Soignes, tout près de Bruxelles, où je suis enfermé depuis six mois. La clinique « Claire Forêt » du docteur Van Zeek soigne les malades mentaux. Le Juge a suivi la demande de Maître Bontinckx nommé tuteur qui conseille mes sœurs. Notre maison de la rue Bâtonnier Braffort
sera mise en vente. Il faut payer mon traitement psychiatrique, disent-elles.
Le corps de Maman est enterré dans le petit cimetière de la commune où la Peugeot a fait sa cabriole. Mes sœurs ont refusé une cérémonie religieuse en Belgique.
Henri de Meeûs
Janvier-Avril 2019
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
lun.
29
mars
2021
Jésus, Fils de Dieu, Dieu lui-même, seconde personne de la Trinité, a connu l’agonie solitaire au Jardin des Oliviers, - les disciples dormaient, le laissant seul à ses gémissements de terreur -, puis durant toute une nuit, jouet de la soldatesque qui riait de le torturer, de le salir, de l’humilier, de le flageller : supplices, crachats, insultes des gardiens des palais, qui le déguisèrent en le revêtant d’étoffes criardes, lui enfonçant à coups de marteau dans le crâne une couronne de longues épines.
Lui le plus beau et le plus intelligent des hommes et, face à Lui, l’abandon total de son Père qui ne bouge pas pour sauver son Fils.
Sur la Croix, quand on enfonça les clous dans les poignets et les racines des pieds, même détresse, même solitude.
Marie sa mère, Jean, et Marie-Madeleine furent les seuls à gravir le Calvaire derrière Lui, à pleurer et crier leur désespoir sous la Croix où ensanglanté, l’Agneau de Dieu, plus seul que seul, allait mourir en criant à son Père : « Pourquoi m’as-Tu abandonné ? »
Les souffrances de grande solitude vécue par des millions d’humains au cours de leur vie accompagnée de tortures physiques ou mentales, rejoignent l’abandon du Christ, victime de la Force des Mauvais. Celle qui règne sur le Monde.
Les états de souffrance vécus par les êtres humains peuvent être éclairés par le vécu du Christ dans son atroce abandon : les amis avaient fui, de crainte de subir un sort semblable.
Si c’est à notre tour de vivre dans la souffrance, approchons-nous de Notre Seigneur, et confions-nous à Lui, vu qu’Il est passé par les mêmes horreurs où l’âme se cabre, où les cris ne sont entendus de personne.
Lui seul peut nous comprendre. Il est Celui qui nous regarde avec tendresse dans ces moments où nous sommes face à la mort qui approche.
Lui, le roi de l’univers, devenu animal de boucherie écorché jusqu’à l’os, étalé sur le bois des supplices, Lui l’assoiffé sur la Croix, à qui on tend une éponge mouillée de vinaigre, ne hurla pas aux Anges de venir à son secours.
°°°
L’incroyable chaos sanitaire dans toute l’Europe, avec la pagaille des vaccins commandés à des labos incapables de les livrer en temps et quantités prévus dans les contrats signés par des fonctionnaires européens trop lents, trop prudents, qui se sont fait dépasser par des pays plus pragmatiques, comme le Royaume-Uni, Israël, les USA. C’est la grande bagarre dans l’Europe divisée.
°°°
Il compte changer d’emploi, il cherche, il trouve. Moins bien payé, mais l’ambiance lui semble plus agréable, il aura moins d’heures à prester. Tout est bien. Il doit donner son préavis là où il travaille depuis 15 ans. On ne le lâchera que s’il exerce durant trois mois encore son job avant de reprendre sa liberté et exercer son nouveau métier dans l’autre société. C’est le préavis légal.
Il n’est pas content et va essayer de raccourcir le délai des trois mois sans être certain d’y parvenir. La cheffe du personnel ne l’aime pas et ne veut pas transiger. Cette contrariété augmente son stress même s’il est certain d’avoir le nouveau poste car le contrat est signé et les nouveaux patrons sont d’accord qu’il preste le préavis de trois mois avant de venir chez eux. Le fait de demeurer trois mois encore dans son ancien métier, est insupportable. Sa joie d’avoir trouvé un autre emploi s’assombrit. Il s’inquiète maintenant : s’habituera-t-il dans la nouvelle société ? Il quitte un job détesté et pense maintenant que le nouveau métier sera plein de surprises dangereuses. Anxiété quand tu nous tiens !
°°°
Johannes Scheffler, dit Angelus Silesius
né en décembre 1624 à Breslau (en Basse Silésie, alors sous domination de la dynastie autrichienne des Habsbourg) et mort le 9 juillet 1677 dans la même ville, est un poète, médecin, théologien, prêtre(franciscain) et mystique allemand.
Ses épigrammes profondément religieuses, d'un mysticisme très aigu et particulier, sont considérées comme l'une des œuvres lyriques les plus importantes de la littérature baroque. Il est à ce titre parfois surnommé « le Prophète de l'Ineffable ».
Élevé dans le luthéranisme, il découvre au cours de ses études les œuvres de certains mystiques du Moyen-Âge ainsi que celles de Jakob Böhme par l'intermédiaire d'Abraham von Franckenberg. Son mysticisme et ses critiques de la confession d'Augsbourg le placent dans une position difficile vis-à-vis des autorités luthériennes ; il entrera donc dans l'Église catholique en 1653. C'est alors qu'il prend le nom d’Angelus Silesius (en latin), soit en français : « le messager de Silésie ». Il choisit ce patronyme parce qu'il souhaite prendre comme référence Jean-Baptiste tel qu'il est présenté dans l'évangile selon Marc en Mc 1,2 : Ecce ego mitto angelum meum, ante faciem tuam, qui præparabit viam tuam ante te (« Voilà que j'envoie mon ange (messager) devant toi, qui préparera ton chemin avant toi »). On ne sait pas avec certitude pourquoi il ajoute Silesius (« le Silésien ») à son patronyme, peut-être pour honorer la mémoire du théosophe, silésien comme lui, Jakob Böhme, et pour se distinguer lui-même d'autres écrivains connus à son époque : peut-être le poète mystique franciscain Juan de los Ángeles ou encore le théologien luthérien de Darmstadt Johann Angelus, prénommé donc, comme lui, Johann. D'ailleurs, de 1653 jusqu'à sa mort, il n'utilisera plus que le nom d’Angelus Silesius, parfois en y adjoignant son prénom : sa signature complète est alors Johannes Angelus Silesius, soit en latin Iohannis Angelus.
Entré chez les franciscains conventuels, il est ordonné prêtre en 1661. Il se retire dix ans plus tard dans une maison jésuite, où il passe le reste de sa vie.
Converti enthousiaste, Angelus Silesius cherche à ramener au catholicisme les protestants de Silésie, écrivant au moins 55 tracts et pamphlets, publié en deux volumes sous le titre Ecclesiologia en 1677. Il est principalement connu aujourd'hui pour sa poésie religieuse, en particulier pour deux ouvrages publiés en 1657 : Les Saints Désirs de l'âme (Heilige Seelenlust), un recueil de 200 hymnes qui ont par la suite été utilisés aussi bien par les catholiques que par les protestants, et Le Pèlerin chérubinique (« Der Cherubinischer Wandersmann »), un recueil de 1 676 poèmes courts, principalement en alexandrins. Sa poésie explore les thèmes du mysticisme, du quiétisme et semblerait tendre dans une certaine mesure au panthéisme pour certains de ses lecteurs, ou plutôt au panenthéisme, un peu comme son contemporain Spinoza, tout